Goodstone

2 nov. 20226 Min

Saison d'enfer: Williams en 2011 (F1)

Mis à jour : 3 nov. 2022

Une livrée rétro n'aura pas suffi à la fameuse équipe britannique à sortir de l'ombre...

Inutile de tourner autour du pot quand il s’agit d’évoquer l’écurie fondée par Sir Franck Williams, celle qui a connu ses heures de gloire dans les années 1980-90 est depuis le milieu des années 2000 (après la fin du partenariat avec BMW), une équipe du milieu du peloton, capable à quelques reprises de faire des coups d’éclat. Mais sans le soutien d’un grand constructeur et en voulant rester à tout prix indépendant, impossible de viser mieux…

2010 est dans la continuité de ce qui a été dit. Avec l’expérimenté Rubens Barrichello et le débutant Nico Hulkenberg au volant de la Williams FW32, l’équipe termine 6e au classement des constructeurs. On retiendra de cette saison des performances globalement régulières dans le milieu du tableau et surtout, la pole-position d’Hulkenberg au GP du Brésil. Hormis ceci, pas de podium (comme en 2009). Cette fin d’année est également marquée par le départ de plusieurs sponsors comme Air Asia, RBS et Phillips. Il va falloir trouver d’autres partenaires, voire chercher un pilote ayant les valises pleines pour compenser ces départs…

Une pole aquatique à Interlagos n'aura pas suffi à Nico Hulkenberg de sauver sa place...(©?)

Malgré une première saison convaincante, Nico Hulkenberg ne sera pas de l’aventure pour 2011 faute de budget suffisant. Il sera remplacé par le champion 2010 de GP2 : Pastor Maldonado. Le pilote vénézuélien apporte également avec lui la compagnie pétrolière PDVSA. Sur la première voiture, ce sera toujours ce bon vieux Rubens Barrichello qui mènera l’équipe. Le pilote brésilien va effectuer sa dix-neuvième saison en F1.

La nouvelle monoplace, la Williams FW33 dotée du V8 Cosworth comme en 2010, est dévoilée pour la première fois le 1er février 2011 sur la piste de Valence, en Espagne. Si la voiture est dans la lignée de sa devancière, celle-ci cache quelques points intéressants.

La conception de l’aileron avant semble plus agressive comparé à la FW32. Toute l’équipe technique dirigée sous la houlette de Sam Michael a conçu un train arrière tout en finesse comparé à la concurrence. Ceci s’explique par le fait que la boite de vitesses est plus compacte et plus basse de même en ce qui concerne le différentiel. Ceci donne également une meilleure fluidité aérodynamique à l’arrière de la FW33. C’est en tout cas l’objectif principal de ces changements…

©Williams

2011 marque également l’arrivée des pneus Pirelli et du DRS, la Williams ne fait pas exception à cette règle et est également équipée de ceci. Il en est du même en ce qui concerne le système de récupération d’énergie cinétique, alias le KERS, qui fait son retour en F1 après ses débuts en 2009. En coulisses, Williams bouge également puisque l’équipe britannique dirigée par Adam Parr (Sir Franck conserve un rôle symbolique) va entrer en bourse à partir de mars.

Pendant que les essais hivernaux se poursuivent avec satisfaction, la livrée finale se dévoile sur la piste, pour un joli résultat rappelant les couleurs Rothmans inspirées du milieu des années 90. Cela dit, les résultats seront loin de rappeler le passé glorieux de Williams de cette époque…

Une livrée très rétro, le nom Rothmans en moins...

Au premier GP de l’année, sur le circuit australien de Melbourne, les FW33 déçoivent malgré des performances intéressantes durant les essais libres. En fait, c’est surtout les pilotes qui sont à blâmer dans l’histoire. Si Maldonado découvrait le tracé et ne faisait qu’apprendre pour son premier GP, avec une élimination dès la Q1 et un abandon anonyme sur casse de transmission, son compère brésilien lui, multipliera les fautes. Une sortie de piste en Q2 ruine ses chances de bien figurer au départ (16e), puis le vétéran du plateau remet le couvert au premier tour de la course….avant d’harponner la Mercedes de Nico Rosberg peu avant la mi-course après une manœuvre bien trop optimiste alors qu’il était remonté à la 9e place. Il renoncera quelques boucles plus-tard sur une panne de transmission.

L’équipe et les pilotes ont certainement manqué une grosse opportunité de bien scorer, car les courses suivantes seront désastreuses. En Malaisie, les deux voitures sont hors du coup et abandonnent sur des casses mécaniques. En Chine, les Williams verront enfin l’arrivée, mais sans jouer le moindre rôle en course dans le peloton. Maldonado terminera même derrière la modeste Lotus d’Heikki Kovalainen à la régulière (18e) !

Accident de Pastor Maldonado à l'entrée de la voie des stands, durant la deuxième séance d'essais libres du GP de Malaisie (©?)

L’arrivée des GP en Europe ne changera rien, si la fiabilité a été corrigée, la Williams FW33 reste lente et inefficace sur le plan aéro. Néanmoins, on peut noter la belle 9e place de Maldonado après les qualifications du GP d’Espagne même s’il ne confirmera pas le lendemain. Mais c’est à Monaco que les Williams signeront leur meilleure prestation en qualifs’ : 9e et 11e avantage Maldonado. En course, le vénézuélien pouvait accrocher à cette même position quant à la fin de la seconde neutralisation de l’épreuve (consécutive à un incident impliquant plusieurs voitures, provoquant l’interruption de la course) et à moins de cinq tours de l’arrivée, la McLaren de Lewis Hamilton tente une manœuvre un peu trop optimiste au virage de Sainte Dévote et harponne le pauvre Pastor…

©Sutton Images

Monoplace dans le mur, c’est fini pour le champion 2010 de GP2. Barrichello lui, récupèrera cette position et donne les deux premiers points de l’équipe cette saison. Le vétéran du plateau récidivera quinze jours plus-tard à Montréal, où, profitant des conditions de courses pluvieuses, amènera sa médiocre machine à une nouvelle 9e position.

Ce seront les seuls moments positifs de l’année. Passé le GP du Canada, plus-rien ou presque. L’équipe connait des bouleversements en ce qui concerne le staff : Sam Michael et l’aérodynamicien Jon Tomlinsson sont en quelque sorte, placardisés durant le printemps (le premier cité quittera Williams plus-tard dans l’année. Il travaillait chez Williams depuis 2001). Un nouveau directeur technique arrivera un peu plus-tard et il s’agit de Mie Coughlan qui fait son retour en F1 après ‘affaire du Spygate. En attendant, les FW33 stagnent toujours dans le ventre mou du peloton, sans jamais espérer grapiller quelques petits points à la régulière. Au moins, l’équipe est bel et bien devant les très modestes Lotus, Virgin et HRT…

Au moins les FW33 sont devant les HRT, c'est déja pas mal (©?)

Il n’y a pas grand-chose à dire sur les résultats de Williams au cours de l’été, hormis quelques exploits isolés comme la performance en qualifs’ sous la pluie à Silverstone de la part de Pastor. Ce meme pilote qui marquera son premier point à Spa-Francorchamps après une solide prestation d’ensemble…bien qu’il ait volontairement percuté Lewis Hamilton en qualifs’ après que celui-ci l’ait géné durant son dernier tour chronométré en Q2, ce qui a valu au pilote Williams cinq places de pénalité (16e).

Pendant que Maldonado (#12) arrachera un point à Spa , Barrichello terminera 16e...mais avec le 3e meilleur tour en course: il a changé ses pneus à trois tours de la fin après une crevaison

La fin de saison sera anecdotique, le développement de la FW33 est stoppé au milieu de l’été et aucun résultat notable est à signaler. Enfin si…Les deux Williams ont occupé la dernière ligne au départ du GP à Yas Marina, suite à une panne lors des qualifs’ pour l’un et à une pénalité pour l’autre.

Plus que ça, les pilotes avaient une petite tendance en fin de saison à ignorer les drapeaux bleus. L’exemple le plus flagrant est à Yas Marina justement, où Maldonado réussira l’exploit d’etre pénalisé en course pour non-respect des drapeaux bleus (d’abord un drive-through, puis de 30s après la course pour la même cause !

Au final, Williams a connu sa pire saison depuis son existence officielle en 1978 : neuvième au classement des équipes avec cinq petits points et deux neuvièmes places comme meilleurs résultats en course. Le départ des sponsors l’hiver dernier et le manque de moyens a fait mal à l’équipe ainsi qu'au développement de la FW33.

Parfois, ca passe ou ca casse, ici Pastor au GP d'Inde (© Getty Images)

Après une saison très compliquée et pratiquement anonyme, Rubens Barrichello ne sera plus de la partie pour 2012 malgré le fait qu’il déclarait être toujours « motivé » pour continuer l’aventure, que ça soit chez Williams ou ailleurs. Personne n’aura entendu son SOS, il faut dire qu’il a coulé avec l’équipe, surtout en fin de saison où il semblait avoir la tete ailleurs. A l’inverse, Maldonado sera toujours chez Williams en 2012 malgré une première saison compliquée et parfois chaotique. Ses performances en fin de saison se sont un peu améliorées, notamment en qualif’ où il se permettra de devancer à quelques reprises son partenaire et vétéran brésilien.

Bruno Senna va remplacer Rubens, un Brésilien qui remplace un autre (on avait pensé à d'autres noms, comme Kimi Raikkonen, rien que ca !). Et formera avec Pastor, un duo disons…très « intéressant ». Mais pour Williams, il faut survivre à tout prix, tant pis si le lineup n’est pas très sexy. Autre information notoire, l’équipe va opter pour un bloc Renault à partir de 2012 également. Le retour d’un duo mythique…Suffisant pour retrouver quelques couleurs ?

GP du Brésil 2011: 323e et dernier GP pour Rubens. Derrière lui, Pastor sortira de la piste au premier tour de course (©LAT Images)

Liens/ sources

Motorsport.com, Nextgen-Auto, STATS F1, Zone F1, F1i Magazine....

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