Cantonné à des rallyes sur le continent asiatique et océanique, la première apparition de Hyundai dans cette discipline en Europe s'est faite de manière trèèèèèès discrète avec une modeste monture
Si Hyundai est présent dans les épreuves actuelles de rallye, avec les i20 WRC pilotées par Ott Tanak, Thierry Neuville ou encore Dani Sordo, les débuts du constructeur coréen dans cette discipline remonte aux débuts des années 1990. Toutefois, ces premiers pas ont été effectués de manière privée avec le pilote et préparateur australien Wayne Bell. Courant essentiellement dans les rallyes de son pays, les résultats sont suffisamment probants pour que Hyundai s’intéresse à une venue officielle.
A partir de 1992, l’équipe Hyundai Rally Sport est née. Derrière cette appellation se cache toujours l’équipe de Bell dont il s’occupe de la préparation des voitures, le tout avec le soutien financier du conglomérat basé à Séoul (en fait, via les concessionnaires australiens pour être précis). Avec la Lantra, puis l’Elantra aux caractéristiques proches d’une Groupe-N (voitures de production avec des modifications limitées), Bell multiple les bonnes performances et les victoires de classe dans les championnats d’Australie, Asie-Pacifique ainsi qu’à quelques manches du mondial lorsque ce dernier se déplace aux Antipodes et en Indonésie.
A la fin de l’année 1996, Hyundai réfléchit à quelque chose de plus ambitieux que des Groupe-N très proches de la série, comme développer une machine plus performante, répondant à la réglementation du Groupe-A, toujours proches de la série, mais plus performantes. Pas question toutefois de rivaliser avec Mitsubishi, Ford ou Subaru hein, mais plutôt s'engager à un échelon inférieur: du 2-litres atmo/ 2 roues motrices ou F2 (featuring les Kit-Cars) . Un choix judicieux de la part de la marque coréenne puisque cette catégorie « inférieure » est idéale pour un constructeur de venir officiellement sans trop dépenser. Une nouvelle fois, Wayne Bell est chargé de la construction et des essais. C’est la Coupé F2 qui fera ses débuts en 1997. Ceci incitera Hyundai à créer un programme hors-Asie, et plus précisément pour le WRC dès 1998, toujours dans la classe "en dessous",.
Petit problème, on ne sait pas encore quel modèle va représenter Hyundai pour cette future participation majeure en rallye. Il y’a bien la Coupé F2 de Wayne Bell qui semble être une base solide, mais on réfléchit longuement chez le constructeur coréen. Au final cette dernière va développer elle-même, et sans l’aide de Bell, une voiture homologable en Groupe-A et pouvant courir en coupe F2 courant 1997 malgré la maigre expérience de la firme en rallye et du manque de temps… C’est sur la base de la compacte Accent 3-portes, plus connu chez nous sous le nom de Pony et Excel dans quelques autres pays, que la marque va entamer son travail. En réalité, celle-ci existait déjà en 1996 lorsqu'elle était préparée par Bell (encore) et pilotée Greg Carr et avec le soutien de la marque. Avec cette modeste machine, Il ne voit pas l’arrivée lors de ses deux apparitions, en Australie et en Indonésie. Il est fort possible que Hyundai ait récupéré cette voiture pour l’acheminer vers le pays du matin calme.
Et quand l’Accent de rallye, appelée abusivement "Kit-Car", apparait améliorée par Hyundai, les différences avec celle que Carr avait conduite l’an passé sont très minimes, d’autant plus qu’elle ressemble à tout, sauf à une véritable caisse de Grp-A : aucun travail sur la carrosserie alors que le règlement le permet comme sur les autres F2 ou Kit-Car, voiture ressemblant toujours à une Groupe-N qu’à autre chose…En sur le plan mécanique, pas de grandes modifications ou de nouveautés. Outre le travail nécessaire sur les suspensions ou la boite pour l’adapter au rallye, le moteur basé sur les Hyundai de série crache plus de 140 chevaux, à peu près la même chose que la version de Greg Carr. Pas énorme, en plus la cylindrée du moteur ne dépasse pas les 1600cc, ce qui n’est pas un gros gros problème pour se montrer compétitif (cf Skoda Felicia, la puissance en plus), mais on s’attendait à quelque chose de plus ambitieux…D’autant plus que la Coupe a un 2 litres sous le capot, pourquoi ne pas l’emprunter ?
Pourtant, il y’a un point intéressant si on la compare avec la Coupe : l’Accent est plus compacte, plus légère, des qualités non négligeables en compétition. Enfin, comme toute voiture non-WRC qui se respecte, c’est une simple traction.
Les débuts de l’Accent sont programmés fin-novembre 1997 pour la dernière manche du WRC, en Grande-Bretagne dans le cadre du fameux RAC Rally. A cette occasion, les concessionnaires britanniques de la marque coréenne sont sollicitées et on confie la voiture au préparateur Motor Sports Developments (MSD) pour l’exploitation et l’assistance (en plus de surement l’améliorer un peu) durant le rallye.
L’unique pilote engagée n’est d’autre que le quintuple vainqueur du championnat britannique et semi-retraité Jimmy McRae. Oui, le père de Colin et d’Alister se porte volontaire pour accompagner les véritables débuts (en toute discrétion) de Hyundai sur la scène internationale et sa première apparition hors-Asie.
Et quid des autres Kit-Car ? Pas mal de voitures intéressantes présentes avec les Seat Ibiza, une Renault Maxi Megane engagée par Renault UK, la nouvelle Nissan Almera ou encore une Golf GTI conduite par Alister McRae… Mais si on veut être plus objectif, l’Accent F2 se range davantage avec les petites voitures de faible cylindrée/puissance telles que les quelques Skoda Felicia engagées, les Vauxhall Corsa ou encore la Nissan Micra. Inutile de préciser que seule la Hyundai est engagée officiellement. L’objectif est d’accumuler les kilomètres et d’apprendre un peu plus sur les rallyes en Europe.
Du début à la fin de cette épreuve, face à une certaine concurrence et avec une voiture qui débute à peine, difficile pour Jimmy McRae de faire mieux que de la figuration, pointant loin derrière plusieurs autres voitures aux performances à peu près similaires. Alors au-delà de la 70e position à l’issue de la première journée, il profite des soucis de certains de ses concurrents et de son expérience pour remonter dans le classement. Il terminera ce rallye à la 32e position. Pas impressionnant, mais l’Accent s’est montré fiable et n’est devance que par une Honda Civic privée parmi ses homologues de même performance.
Le programme avec cette Accent n’aura pas de suite, bien qu’il semblerait qu’une version 2 litres (toujours Kit-Car) était en projet, Hyundai s’est décidée après moult hésitation de privilégier la Coupe surement jugée un peu plus sexy qu’une banale compacte, pour représenter la marquer au championnat du monde des rallyes à partir de 1998 avec l’aide de MSD.
Davantage un gros brouillon qu’une machine finie, pas très ambitieux et n’ayant pas servi à grand-chose, l’Accent F2 aurait bien eu la mention « Fail-Auto »…mais au final pas réellement comme c’était, disons-le, volontairement (ou presque) une séance d’essais grandeur nature dans une épreuve officielle . Bien que rien d’exceptionnelle, l’Accent F2 a toutefois permis à Hyundai de débroussailler le terrain sans prise de risque et de gouter aux joies des rallyes internationaux hors de la zone Pacifique tout en récoltant quelques datas au cours de ce RAC Rally et de montrer que le constructeur a la volonté de s’engager dans la coupe 2-litres (atmo) / Kit-Car dès l’année suivante.
NB: Difficile de trouver des images concernant cette machine tant celle-ci n'a fait qu'une brève apparition et que l'histoire est méconnue.
Fiche technique :
Moteur : 1600cc
Aspiration : atmosphérique
Puissance : entre 140 et 150 chevaux.
Châssis basé sur l’Accent de série (Pony en France)
Boite de vitesses : manuelle à 5 vitesses
Transmission : à l’avant
Poids : - 1000 kg
Pneus : Michelin
Liens/ sources
K.N