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  • Photo du rédacteurGoodstone

Course d'enfer: Mercedes GP - Sakhir 2020

Ou comment passer d'un doublé facile à un fail improbable.



Le 29 novembre 2020, Lewis Hamilton remporte le Grand-prix de Bahreïn, sur le circuit de Sakhir. Plus que la onzième victoire de la saison pour le pilote britannique de chez Mercedes et de son septième titre de champion du monde (acquise avant ce meeting, en Turquie), on retiendra surtout de cette course le terrifiant accident de Romain Grosjean, dont la Haas se coupe en deux, puis s’embrase sous le choc avec les rails de sécurité. Plus de peur que de mal : le pilote français a certes des brulures aux mains et des douleurs au pied gauche, mais il est toujours la…


95e victoire pour Lewis Hamilton lors du GP de Bahrein 2020. Mais one ne retiendra pas forcement ce succès au vu des multiples incidents durant l'épreuve...(©?)


Revenons à nos moutons : La Formule-1 restera toujours au sein du royaume bahreïni pour la course suivante qui aura lieu dans sept jours. On restera toujours sur le circuit de Sakhir, mais le tracé sera inédit.


Non seulement celui-ci n’a plus grand-chose à voir avec le tracé permanent, mais en plus, il n’est composé que de 11 virages et se présente comme un circuit rapide : moins d’une minute est nécessaire pour parcourir les 3,5 km. de ce que l’on appelle l‘Outer track, parfois grossièrement considéré comme un oval (avec tout de même un enchainement de virages entre deux secteurs rapides). Voilà qui promet 16e et avant-dernière épreuve (cette course a été rajoutée en cours d’année après que le coronavirus a bouleversé le monde du sport-auto, et pas seulement…) intrigante et intéressante…tout en faisant gaffe au trafic au regard de la modeste longueur du tracé ! A noter que l’épreuve sera nommée « Grand-Prix de Sakhir » puisque Bahrein est déjà pris.


Ceux qui espéraient un Daytona ou un Talladega-bis sont déçus, ou presque !

Une première édition sur cet « oval » que Lewis Hamilton ne pourra courir, et pour cause : au lendemain de sa victoire, le désormais septuple champion est testé positif à la covid-19 ! « King » Lewis a beau être en forme malgré tout, il devra déclarer forfait pour la prochaine course.


Chez Mercedes, panique à babord ! Si les titres au championnat sont déjà bouclés (et heureusement), il faut trouver un remplaçant pour le GP de Sakhir. On pense aux réservistes de l’équipe, à savoir Stoffel Vandoorne et Esteban Gutierrez. Cependant ni l’un ni l’autre ne sera au volant (le belge est concentré sur la Formule-E et indisponible, tandis que le mexicain n’a pas renouvelé sa super-licence, au grand dam de Jacques Villeneuve et de Gaetan Vigneron, haha). On avait un temps pensé à l’intérimaire de service cette saison, à savoir Nico Hulkenberg. Mais au final, ce sera quelqu’un d’autre…


Indice, il pilote une Williams et a marqué moins de points que R. Kubica en 2019 (©Williams)

Il s’agit d’un pilote britannique qui a été champion de Formule 2 en 2018. Il monte ensuite chez une équipe Williams moribonde depuis 2019 et n’a toujours pas marqué des points malgré un potentiel intéressant et le fait qu’il domine ses partenaires depuis deux saisons. Son nom ? George Russell, lui-même « protégé » de Mercedes et de son directeur Toto Wolff.



L’annonce est officialisée mercredi : il pilotera la Mercedes W11 pour ce weekend, la meilleure monoplace du plateau. Voila le pilote britannique et le numéro 63 qui passent pour un GP du fond de peloton aux hautes sphères sur la grille. De quoi se permettre de rêver à signer un gros résultat (voire la victoire) ? Soyons réalistes, Russell débarque à moins de deux jours des premiers essais libres. Le temps qu’il adapte ses 1m85 dans le cockpit d’Hamilton, de faire connaissance avec l’équipe et de son ingénieur de course Peter Bonnington, etc…on ne voit pas trop comment il pourrait faire de l’ombre à l’autre pilote Mercedes, le finlandais Valterri Bottas qui est cette saison 2020, en mode Windows Vista. Et pourtant…


Non, la 63 ne se battra pas dans l'arrière du peloton pour ce weekend (©?)

Dès les deux premières séances d’essais libres, le p’tit nouveau réalise le meilleur temps. Volonté de marquer temporairement son territoire et de montrer qu’il a sa place dans l’équipe ? En tout cas, les perfs du britannique sont tout, sauf un feu de paille : les Mercedes monopolisent la première ligne et c’était prévisible, mais Bottas signe la pole pour seulement 0,026s derrière son partenaire du weekend ! Il va falloir que le finlandais se réveille un peu pour la course nocturne…


Pole de Bottas, mais de justesse (©Mercedes)

La course, justement, verra ce dernier patiner au départ et Russell en profitera immédiatement. Les deux Mercedes gardent la tête de la course, ce qui leur permet d’être épargné par l’incident au début du secteur 2 impliquant Max Verstappen, Charles Leclerc et Sergio Perez (seul le dernier cité continuera sa route). L’intervention de la Safety-Car n’entamera en rien les positions des monoplaces noires.



On pense alors qu’on aura droit à une énième parade des Merco durant ces 87 tours de l’Outer Track. Mais qui va s’imposer ? Vu que Russell domine les débats et que Bottas semble se contenter de la médaille d’argent, il est fort possible que le jeune britannique réalise le hold-up parfait pour son intérim ce weekend !


Mais au 61e tour, un aileron avant traine sur la piste. Une Williams semble être sortie de la piste dans le tout dernier virage : c’est Jack Aitken, celui qui remplace justement Russell dans l’équipe pour cette épreuve. Il est juste parti en glissade dans ce secteur avant de toucher le mur. Il pourra toutefois repartir…Mais tout ceci entraine la « Virtual Safety-Car » : tous les pilotes doivent ralentir, peu importe où ils sont.


XPB Images

Finalement, la voiture de sécurité intervient au tour suivant. Il faut donc revoir les stratégies de course et anticiper les arrêts aux stands. A ce jeu, Mercedes prévoit un double-arrêt dans l’immédiat, un choix que l’équipe connait bien mais attention à ne pas commettre la moindre erreur, surtout si le second pilote se trouve juste derrière son partenaire…Et justement, c’est à partir de ce moment-là que tout va partir en cacahuète.


Alors qu’ils se trouvaient peu avant la voie des stands, les ingénieurs de Russell et de Bottas préviennent leurs pilotes respectifs d’aller au pit, on va échanger les pneus durs contre des médiums. Le hic, c’est que les pilotes ont bien reçu l’appel de leurs ingénieurs de même que l’équipe au bord de la piste…sauf certains : les mécanos de Russell.


©?

On ne le saura qu’après la course, mais une interférence a empêché ces derniers d’avoir pu comprendre le message radio (Russell a parlé en même temps, ce qui aurait expliqué ceci). Du coup, on a que les gommes médium pour Bottas de disponible pour l’arrêt…et les deux voitures sont dans la voie des stands, quasiment l’un derrière l’autre !


Déjà c’est la panique, étant en tête de la course à ce moment-là, Russell, dont l’équipe ne s’attendait pas à le voir, est logiquement le premier à effectuer le premier pit-stop…bien que ses pneus ne soient pas prêts ! Au moins le britannique n’a pas trop attendu lors de son arrêt : 5,3 secondes, ce qui est un moindre mal au vu de la confusion…bien qu’on lui ait mis les pneus medium supposés être à son coéquipier. Il gardera la tête de la course.


Panique à bord, meme si l'arrêt n'est pas si long que ca...(©Autoaction/ LAT Images)

Mais pour Bottas, qui attendait un peu derrière Russell quand il s’arrêtait, ce ne sera pas du tout la même histoire quand c’est à lui de faire son pit-stop : les mécanos se rendent compte que les médiums ne sont plus là ! C’est la grosse me*de, on lui enlève ses pneus durs usés…mais que faire après ? « Long » moment de flottement chez les mécanos, les freins surchauffent (et l’avant-gauche prend un moment feu !), on lui propose les médiums initialement à destination de Russell…et au final, on lui remet les durs qu’il venait tout juste de se débarrasser. La guigne, 27 secondes d’arrêt, ce qui aurait été bon en 1988, mais en 2021…Le voila désormais sixième, ça va être compliqué de remonter avec des pneus usés…


©Getty Images

Deux tours plus tard (la 64e), Russell revient aux stands. Et oui : il est formellement interdit de chausser des pneus qui lui ne sont pas alloués. Il récupère ses propres gommes médium mais le mal est fait : il est possible que la disqualification soit envisagée pour le pilote britannique suite à cette confusion. Il est désormais 6e derrière son compère finlandais. Tout est à refaire pour Mercedes…


La course reprend cinq tours plus-tard et tout n’est pas fini pour les monoplaces noires, enfin pour Russell précisément. Avec ses gommes neufs, il chasse son coéquipier et au tour suivant, ce dernier part un peu large au début du second secteur (virage 4) et, dans une jolie manœuvre, Russell grille Bottas dans l’enchainement de virages, et dans la trajectoire extérieure s’il vous plait !



"LA HONTE POUR BOTTAS" (©Motorsport Images)

Le britannique est déchainé : il dépasse sans problème la Racing-Point de Lance Stroll et la Renault d’Esteban Ocon. Au 76e tour, il signe le meilleur temps en course et revient à moins de trois secondes de l’autre Racing-Point, celle de Sergio Perez, surprenant leader de l’épreuve. Reprendre la tête de course semble être acquis pour Russell… Mais à l’issue de ce tour, coup de tonnerre : la #63 s’arrête à nouveau au stand, l’équipe soupçonne une crevaison lente !


A l’issue de ce pit-stop, il repart en 14e position (sur 19). Il a désormais 25 secondes de retard sur Perez et toute chance de victoire, et de podium d’ailleurs, s’envolent. Même avec une fusée entre les mains, impossible de rattraper le temps perdu en dix tours. Le grand George aura beau cravacher, enchainer les meilleurs temps en course, il ne pourra faire mieux qu’une poignée de points…


©?

Pendant ce temps, Bottas joue littéralement les bouchons avec ses gommes « hard » (durs) ultra fatiguées. Il se fera dépasser par Carlos Sainz, Daniel Ricciardo, Alex Albon et Daniil Kvyat. S’arreter une nouvelle fois est impossible car en plus d’être loin derrière, rien ne garantir qu’il remonterait facilement. La aussi, ces dix derniers tours seront longues pour le finlandais.


A l’issue de cette course folle et surprenante (enfin, dans le dernier tiers), c’est la Racing-Point de Sergio Perez qui gagne. Belle récompense pou le pilote mexicain qui repartait dernier après le premier tour (impliqué dans l’accrochage provoqué par Leclerc pour rappel). Le second est le non moins surprenant Esteban Ocon, il sera suivi par l’autre Racing-Point de Lance Stroll, un podium surprenant en quelque sorte ! Quinze secondes plus loin, on retrouve la première Mercedes, celle de Bottas, à la huitième position…juste devant un Russell « dégouté » de ces coups de sort (dont un provoqué par une Williams, et par celui qui le remplaçait à cette occasion, oh l'ironie)…


On était bien parti pour un doublé des flèches noires...(©Giuseppe Cacace)

Bien qu’on pourrait presque remercier Merco d’avoir en grande partie provoqué une fin de course pimentée (plus le joli podium), on ne comprend pas trop comment l’équipe déjà titrée cette saison a pu se viander de la sorte lors de son double pit-stop. Si on comprend mieux les raisons un peu plus-tard, nul doute que ce « fail » restera un moment fort de ce GP, et de l’année même. On se dit qu'avec Lewis, cette interférence n'aurait surement pas existé...qui sait ?


C’était surement écrit qu’il ne remportera pas l’épreuve pour son unique passage chez Mercedes, mais George Russell n’en a pas moins fait forte impression durant ce week-end. Ce n’est pas le meilleur tour en course ou les excuses de Peter Bonnington et de Toto Wolff qui vont le consoler…Au moins il n’est pas disqualifié (la FIA va se contenter d’une amende de 20 000 $ à l’encontre de Mercedes) et marque ses trois premiers points (deux de la 9e place + un du meilleur temps en course) de sa carrière en F1. Il a prouvé qu’il peut avoir sa place sans l’équipe, si un jour on devait succéder à Lewis Hamilton.


Il l'aura un jour, sa chance de piloter une Mercedes full-time, ca viendra en 2022...

A l’inverse, c’est un week-end à oublier pour Valterri Bottas. Certes pas verni dans le dernier tiers de l’épreuve (on n’était pas forcément au courant pour ses pneus à ce moment-là), il a toutefois montré des signes de fébrilité face à son partenaire (la preuve au départ). Critiqué par la presse, moqué sur les réseaux (notamment quand il s’est fait dépasser par son jeune compère par l’extérieur), il va falloir relever la barre…






K.N






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