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  • Photo du rédacteurGoodstone

Vector M12 GT2 (1998)

Dernière mise à jour : 17 janv. 2022

Quoi, vous ne connaissez pas la M12? Et encore moins la version de compétition? Eh bien, je suppose que vous n'aviez pas joué à Gran-Turismo 2...




Ingénieur dans le monde de l’automobile, Gerald Wiegert (1944-2021) fonde sa propre compagnie en 1971 : Vehicle Design Force. Son objectif ? Concevoir sa propre supercar, made in USA !



Après un premier concept dévoilé au salon de Los Angeles en 1972, puis d’autres en 1978 et 1980, il faudra attendre 1989 pour voir le projet enfin lancé. La compagnie s’appelle désormais Vector Aeromotive et devient un constructeur à part entière.


La W8 est le premier modèle commercialisé, avec son V8 biturbo installé en position central-arrière, son look d’enfer et l’utilisation de matériaux avancés (kevlar, fibre de carbone, châssis construit avec du matériau issu de l’aérospatial). Malgré un succès auprès du public lorsque cette machine fut dévoilée, les commandes étaient faibles en raison de son prix très élevée. Seuls 17 exemplaires ont été construits jusqu’en 1993.


Un look d'enfer, une fiche technique plus qu'intéressante...voila la W8

Mais Vector a un plus gros problème : sa santé financière a toujours été problématique, d’où le fait que la mise en production fut longue, et la W8 aura mis à mal la compagnie californienne. Malgré tout, cela n’empêcha son ambitieux (et obstiné) fondateur de bosser sur deux nouveaux prototypes destinés à remplacer la W8, à savoir la Avtech WX-3 en version coupé et convertible. On parle moteurs surboostés, pouvant atteindre les 1000 chevaux !


Aperçues au salon de Genève en 1992 et 93, il est prévu de les mettre en production à partir de 1993 justement. Cependant, les finances sont toujours aussi fragiles et au même moment, Vector Aeromotive tombe entre les mains d’un mystérieux groupe au nom de MegaTech. Derrière ce groupe obscur basé aux Bermudes se cache plusieurs investisseurs et actionnaires venant pour la majorité d’Indonésie. L’un des gros noms est une personne controversée au nom de Tommy Suharto, fils du très très controversé président du pays à cette époque au passage.


Les Avtech présentées au salon de Genève 1993 (©Joshua Beasley)

MegaTech en profite pour très vite faire un coup de « putsch » et dégager Wiegert. Ce dernier va intenter un procès à l’encontre de la société et gagne (il va ensuite créer une compagnie spécialisée dans la construction de jet-skis), empochant les deux Avtech et l’usine en Californie. Ce qui n’empêcha pas MegaTech de poursuivre sa route et de s’installer en Floride (plus précisément à Green Cove Springs). Mieux : celui-ci s’offre Lamborghini alors propriété de Chrysler ! Voilà un groupe bien ambitieux pour s’aventurer dans l’automobile (ou alors un moyen idéal pour blanchir l’argent…enfin bref, cela ne nous concerne pas).



Concernant Vector Automotive, les nouveaux proprios envisagent de lancer un modèle inédit. Pas question de se baser sur la W8 ou des Avtech (de toutes façons propriété de Wiegert et ne peuvent donc les utiliser), mais on pioche chez Lamborghini pour concevoir une machine basée sur la Diablo.

Le moteur viendra également de chez Lambo, ce sera un V12 implanté en position central-arrière. En fait, pas mal de pièces viennent du constructeur italien et plus précisément de la Diablo. La principale différence est que le châssis est légèrement allongé…


Produite dans les locaux de Vector en Floride, la nouvelle supercar, baptisée M12, est produite à partir de 1995. Cette machine au look très « Vector », à défaut d’être beau, se considère comme une alternative à la Diablo, en plus exotique.



Mais entre son poids trop élevé (plus de 1600 kg), ses performances décevantes (malgré son V12 crachant 490ch), son style étrange justement, sa qualité de construction et sa fiabilité douteuse, son prix logiquement élevé (mais un peu moins que la Diablo) ainsi que son manque d’image auront eu raison de la carrière de la M12 auprès de la presse. 17 exemplaires seront produits jusqu’en 1999, dont 14 vendus. Au moins, elle aura connu un petit succès auprès des fans de Gran Turismo 2 ou de Sports Car GT…


Pendant ce temps chez MegaTech, on cherche un moyen de faire parler de la M12 d’une manière plus positive. Pourquoi ne pas l’engager en compétition ? Banco !


Affublée d'un style trop déséquilibrée et n'étant pas meilleure que la Lamborghini Diablo dont elle se base, la M12 n'aura pas eu le succès espéré

Malgré le manque d’expérience de la marque et de moyens (la crise asiatique commence à faire un peu mal chez MegaTech), on prend un exemplaire de série et on la modifie afin de la faire courir dans les courses GT et d’endurance. Tout (ou presque) a été monté dans les ateliers de la marque en Floride. L’objectif est de participer aux manches de l’IMSA GT en 1998, la série principale d’endurance en Amérique du Nord qui entamera son ultime année d’existence avant d’être relayé par l’American Le Mans Series (ALMS).


Il semble que la marque dirigée par MegaTech avait déjà prévu de développer une version compétition à la M12 en 1996. Cette machine (une vraie tentative ou juste un show car?) aurait servi de base à la future M12 qui courra deux ans plus tard (©Gregg Feldmann)

Vector fait appel à une équipe présente dans ce championnat pour l’aider à exploiter et engager la M12 de compétition : il s’agit de l’American Spirit Racing (ASR), elle-même participant en IMSA GT depuis la fin des 80s (et en parallèle en Trans-Am).


©Gail Kapusnick

La M12 subit quelques retouches aéro, la boite de vitesses gagne un rapport (5 de série, 6 sur la version course), le poids a drastiquement diminué pour passer en dessous des 1250 kg (1180 ou 1190 kg désormais) et le moteur V12 atmo’, toujours d’origine Lamborghini, voit sa puissance légèrement augmenter pour atteindre les 500ch. Hormis ceci, les différences avec la version de série sont minimes hormis un nouvel aileron arrière. Celle-ci sera engagée en catégorie GT2 bien que son look et les ambitions de MegaTech feraient croire qu’elle serait homologuée en GT1, fameuse classe GT bien plus radicale et qui se rapprochait davantage des GT-Prototype à cette période (avec les CLK-GTR, Porsche 911 GT1, Nissan R390 ou la Panoz GTR-1 par exemple).


Oui les autres voitures en GT2 sont proches de la série (règlement oblige), mais tout de même : surement par manque de temps et/ou de budget, on dirait une M12 « normale » à peine remaquillée pour courir en IMSA, comme si les ambitions de ce programme sportif sont quasi-nulles…Enfin bon, il faut bien commencer la saison et ce sera sur le périlleux circuit de Sebring pour l’épreuve des 12 heures. Problème : le manque cruel de roulage durant l’hiver car ASR n’a reçu la voiture que deux semaines avant Sebring…


©Gail Kaspunick

Pour la Vector M12 GT2 engagée par ASR, pas question de se battre avec les protos ouverts et les GT1 hein, mais de faire bonne impression face aux autres GT2, à savoir plusieurs Porsche 911 GT2, une Acura NSX privée, une 944 Turbo (oui…), une Saleen Mustang, ainsi que les BMW M3 du Team PTG. 9 GT2 sont inscrites lors de cette épreuve inaugurale d’IMSA GT 1998. Bill Eagle et l’expérimenté Dorsey Schroeder (vainqueur en Trans-Am et en IMSA en 1990 dans la classe GTO) seront les pilotes pour l’épreuve.


Dès les premiers essais, ça commence mal : sur ce tracé réputé éprouvant pour la mécanique (revêtement de la piste bosselé), la M12 rencontre pas mal de soucis et n’arrivera pas à signer le moindre chrono lors des qualifications. La course de sera guère meilleure, une casse mécanique mettra fin à l’épreuve pour ASR, après seulement 16 boucles parcourus et moins d’une heure de course…Ce qui n’est pas si mal étant donné les multiples problèmes évoqués au-dessus.



L’épreuve suivante, les 3h45 de Las Vegas (en Roval, utilisant donc une partie de l’ovale utilisé en NASCAR), la M12 subit un pas mal de changements aéros, dont un gros radiateur sur l’avant et un poids qui a encore baissé. Malgré ceci, la machine pilotée par Eagle et Schroeder une nouvelle fois ne brille pas : derrière les deux autres GT2 inscrites à cette manche (une M3 PTG et une 911 GT2, 3 secondes plus rapides) et même certaines GT3 : 18e sur la grille sur les 21 voitures au total. Pas grand-chose à dire pour la course : abandon sur une surchauffe du moteur après trois tours…


Quelques modifications, mais aucune amélioration à Las Vegas (©?)

Il est également prévu que l’équipe engage la M12 en USRRC (United States Road Racing Championship, futur Grand-Am), autre série d’endurance rivale de l’IMSA et qui est née cette année-là, et plus précisément à Homestead-Miami. Mais l’équipe ne participera pas à l’épreuve. Idem pour la troisième manche de l’IMSA à Lime-Rock.


On la retrouve lors de la course à Road-Atlanta (3h45, pas le Petit Le-Mans, d’une durée de 10h, qui aura lieu hors-championnat en fin d’année). ASR en profite également pour repeindre la M12 en noire et de changer de lineup coté pilotes avec Randy Pobst et Kevin Allen. Hormis ceci, pas de changements coté performances…


Nouvelle couleur (et nouvelle coque également?) pour la M12 GT2 à Road-Atlanta (©Kevin Allen)


La course sera meilleure que les deux précédentes : la M12 a tenu le tiers de l’épreuve avant que la boite de vitesses rende l’âme. Ce sera la dernière apparition de la curieuse machine en compétition, MegaTech est durement frappée par la crise en Asie et préfère ne pas insister avec ce programme sportif avec la Vector M12 GT2 tandis que ASR n’est pas trop motivé de continuer seul avec cette machine perfectible…


Peut-être pas faite pour le monde de la compétition, pataude sur la piste et insuffisamment mise au point, la M12 GT2 sera vite rangée au rayon des voitures oubliées. Comme quoi, supercar ne rime pas forcément avec succès…


Pas compétitive, pas assez bien développée, ASR ne peut pas tirer grand chose de la M12 GT2, la moins véloce parmi les quelques GT2 (et meme certaines GT3) engagées cette saison en IMSA GT...(©Gail Kapusnik)

La même année, MegaTech en profite également pour céder Lamborghini à Volkswagen, mais garde Vector. Cette dernière deviendra en quelque sorte une coquille vide en laissant derrière elle pas mal de factures à payer vu que MegaTech délaisse ce constructeur américain en 1999 et prend la fuite on ne sait où. Gerald Wiegert reviendra tenter de sauver « son » entreprise qu’il avait créé, en vain. Il a modifié la M12 GT2 en intégrant un V8 Chevrolet qui cracherait plus de 1200 ch ! Ce projet nommé SRV8 n’aura pas de suite. Malgré d’autres promesses et un concept lancé en 2007, on ne verra jamais le retour de Vector…


Wiegert va modifier la M12 GT2 en y ajoutant notamment un V8 Chevrolet (fini le V12 Lamborghini, qui appartient à VW et suite à des impayés)


Fiche auto


Moteur : V12 Lamborghini 5700cc

Aspiration : atmosphérique

Implantation : central-arrière

Puissance : ~500 chevaux


Voiture : basée sur la M12 de série, elle-même basée sur la Lamborghini Diablo.

Boite de vitesses : manuelle 6 vitesses

Transmission : propulsion

Poids : 1180-1190kg

Dimensions : 4,78m (L) * 2m (l)

Pneumatiques : Goodyear


La M12 était également imposante en termes de gabarit face aux autres GT2, ce qui était certainement un de ses handicaps (©?)


Sources:







Prise en début d'année 2021, la coque, ou alors l'une des coques, de la M12 GT2 a été retrouvée quelque part à l'abandon...(©Rob Lewis)


La M12 GT2 connaitra une seconde "via" via les jeux-vidéos, ici Gran Turismo 2 ! (GT Planet)

K.N








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