Alors que la réglementation change sensiblement pour cette année 2003 de Formule 1 et que Christophe Malbranque prend la place de Pierre Van Vliet dans la cabine de commentateurs chez TF1, une équipe britannique aurait pu remporter au moins un des deux championnats cette saison la…
Fin 2002 : Voilà plus de cinq ans que l’écurie de Sir Franck Williams n’a plus remporté la couronne…Il y’a bien le partenariat majeur avec BMW depuis 2000, un duo de pilotes explosifs, une équipe toujours de qualité, un moteur allemand qui est parmi le plus puissant du plateau ou encore sept pole-positions signées (toutes par Montoya), il va falloir se contenter de la médaille d’argent à la fin du championnat derrière les quasi-invincibles Ferrari. Plus que cette position plutôt flatteuse sur le papier, l’écart avec la Scuderia a été énorme : 221 points marqués contre..92 au sein de la structure britannique, et 15 victoires à une seule. Un gouffre !!
Alors oui, Ferrari était littéralement sur une autre planète cette-année-là, mais il faut avouer que tout n’allait pas si bien chez Williams : châssis perfectible et peu évoluée par rapport à 2001, fiabilité prise en défaut, trop d’erreurs humaines (pilotes comme équipe)…c’est beaucoup trop. Il va falloir changer certaines choses pour 2003, du moins en ce qui concerne la monoplace : les changements seront plus importants et la nouvelle Williams-BMW, la FW25, a un empattement un peu plus raccourci et son aéro a été retravaillée. Enfin, le V10 BMW est lui aussi amélioré et développe près de 870 chevaux (+15 par rapport à 2002). Comme la saison précédente, la monoplace es chaussée de pneus Michelin.
Et les pilotes ? Comme depuis 2001, Juan-Pablo Montoya et Ralf Schumacher seront de la partie, malgré leur entente toute relative !
Les premiers essais ont montré que la FW25 était fiable…mais les problèmes vont rapidement arriver : elle souffre également d’un comportement imprévisible et est délicate à la mettre au point. Trop radicale ? En tout cas, il semble que la Williams souffre de lacunes aérodynamiques durant ces essais…
Place maintenant au championnat 2003 de F1. C’est justement l’année de tous les changements avec par exemple le changement du barème de points ou encore l'apparition de deux séances de qualification (vendredi et samedi) sur un tour chronométré dans chacun des cas…Suffisant pour se frotter face à Ferrari cette saison ?
Ce qui est sûr, c’’est que la première manche de l’année est une jolie occasion manquée de briller. Sur le circuit de Melbourne, Montoya se qualifie certes 3e…mais à quasiment une seconde des Ferrari ! Néanmoins, la course sera totalement différente. Les conditions météo changeantes et les incidents sur la piste permettront au colombien de mener la course dès le 7e tour. Il perdra cette position au 42e des 58e tours en ravitaillant, laissant sa place à la Ferrari de Michael Schumacher. Sauf que quelque tours plus-tard, le pilote Allemand s’arrête : les déflecteurs de sa voiture sont endommagés et il faut les enlever, le colombien reprend le leadership et semble parti pour une victoire…avant de partir à la faute, tout seul comme un grand, à dix tours du but. Petit tête à queue dans le premier enchainement de virages et la McLaren de David Coulthard profite de cette erreur. Au moins la deuxième place est conservée à l’arrivée…Quant à Ralf, parti plus loin, il connaitra une course encore plus agitée entre contacts dans le peloton et sorties de routes, il finira hors des points…
Les courses suivantes montreront les problèmes entrevus en hiver de la FW25, les qualifications seront décevantes, surtout pour un Ralf Schumacher qui semble avoir du mal avec le nouveau système de qualifications. Si en plus la malchance s’en mêle…difficile d’aller saisir les opportunités. En Malaisie, la course de Montoya était vite perdue dans le premier tour lorsque la Jaguar de Pizzonia le percute et arrache l’aileron arrière, Ralf partait de très loin pour finir au pied du podium. Lors du fameux GP du Brésil, celui-ci doit se contenter des deux points de la 7e place tandis que son compère colombien sort de la piste sous la pluie….16 points marqués lors des trois premières courses et Williams est 4e ex-aequo avec Ferrari et 23 points derrière McLaren !
Peut-être que les premiers GP européens de la saison seront plus favorables à la structure britannique ? Pas totalement, car à Imola, Ralf manque de peu le podium tandis que Montoya doit se contenter de la 7e place après des soucis avec le ravitailleur lors de ses arrêts (le contraignant à effectuer quatre arrêts !). Barcelone verra les Williams terminer au pied du podium (4e et 5e, avantage au colombien). La FW25 est fiable, mais elle reste en retrait face à Ferrari, McLaren et parfois même Renault…
Zeltweg est une occasion manquée de retrouver le podium : Montoya semblait bien parti pour terminer second quand son moteur casse. Cela n’est que partie remise puisqu’il s’imposera sans trembler dans les rues de Monaco deux semaines plus-tard. Mieux encore, les Williams seront pratiquement la force principale du plateau de mai jusqu’à la fin de l’été. Les améliorations aéro (entrainant également une réorganisation du staff dans le domaine) et l’efficacité des Michelin contribuent largement à ces performances.
Pour résumer cette période, disons simplement que les Williams ont davantage scoré que Ferrari (qui alternait le bon et le moins bon) et McLaren (un ton en dessous malgré un excellent Raikkonen) en marquant 94 points entre Monaco et Budapest contre 52 chez McLaren et 57 chez Ferrari, pas mal !
Après le succès monégasque, Ralf Schumacher s’y met également en s’imposant deux fois consécutivement au Nurburgring et à Magny-Cours (après avoir signé la pole dans le dernier cas). En fait, une troisième victoire à la suite viendra en Allemagne où Montoya domine les débats. Ce dernier ne manquera pas le podium durant cette période !
Quelques petits regrets toutefois : la victoire au Canada est manquée de peu après un tête a queue de Montoya, ce qui profite à la Ferrari de Michael Schumacher. A Silverstone, celle de Rubens Barrichello était pratiquement intouchable et il va falloir se contenter de la deuxième place pour le colombien la où Ralf a joué de malchance en étant contraint de passer dans les stands quelques tours après son premier ravitaillement suite à un souci. Première fois que le petit frère de Michael ne marque pas de points cette saison.
Si Montoya s’impose en Allemagne, son partenaire aurait pu l’accompagner sur le podium et réaliser le doublé pour Williams quand son moteur rend l’âme. Enfin, en Hongrie, une petite erreur de Montoya le relègue au troisième rang final, derrière Alonso et Raikkonen. Pourtant, Williams passe en tête au classement des constructeurs avec 129 points, huit points devant Ferrari. Bref, à la fin du mois d’aout et à trois courses de la fin de saison, tout est possible pour l’équipe Williams, d’autant que Montoya n’est qu’à un point de Michael Schumacher au classement des pilotes (71 contre 72).
Le début du mois de septembre ne permettra pas à Williams de confirmer cette bonne dynamique, au contraire, tout va pratiquement s’écrouler en l’espace de six semaines.
D’abord, une histoire à la gomme éclate au grand jour quand Michelin est accusée (par Bridgestone) de fournir des pneus pas très très conformes au règlement : la bande de roulement est jugée trop large aux yeux de la FIA, notamment pour les pneus avant. Il va falloir revoir ces gommes et de nouveaux pneus plus classiques (mais efficaces) feront leur apparition dès le GP suivant, en Italie.
Au GP d’Italie justement, sur le tracé rapide de Monza, tout part mal : Ralf Schumacher se crashe durement lors des essais privés précédant ce GP. Insuffisamment rétabli après les essais et la qualif du vendredi, l’allemand cédera sa place au pilote-essayeur de Williams, l’espagnol Marc Gené. Il effectuera une belle prestation au pied levé en finissant 5e de cette course qui voit Montoya manquer la victoire face à un Michael Schumacher, la tentative de le dépasser au premier tour dans la deuxième chicane n’a pas fonctionné et la Ferrari était jute devant le colombien sur le reste de l’épreuve. Au moins, l’équipe reste toujours devant au championnat, quatre petits points devant la Scuderia.
Arrive le GP des Etats-Unis et c’est le début de la fin : la piste d’Indianapolis est globalement mouillée au départ et Montoya, parti 4e, perd tout au départ…et encore davantage au troisième tour en s’accrochant avec Barrichello, provoquant l’abandon de ce dernier. Cerise sur le gâteau et alors qu’il patauge avec ses slicks sous la pluie au quart de la course, il reçoit un drive-through aussi sévère que contestée suite à l’accrochage au début de l’épreuve…Tout espoir de bien figurer est anéanti malgré une fin de course rageuse et trois points sauvés (6e). Quant à Ralf Schumacher, eh bien, il sortira de la piste au 21e tour, se payant le luxe de s’embrouiller également avec son équipe après ceci…Et pendant ce temps, c’est la Ferrari de Michael qui l’emporte et prend une très grosse option pour le titre avec 92 points inscrits alors que Montoya est à 82. En plus du fait que Kimi Raikkonen lui chipe sa 2e place au championnat pour un point de plus, toute chance de titre s’envole pour le colombien à un GP du but même si il peut s’imposer à Suzuka et que Schumacher n’en marque aucun en raison du nombre de victoires à l’avantage du pilote Ferrari (six à deux). Toutefois, rien n’est encore joué pour celui des constructeurs même si la Scuderia passe devant (147 à 144), mais aucune erreur n’est permise…
Arrive donc le GP du Japon pour la 16e et ultime manche de l’année. Montoya parvient à se qualifier deuxième derrière la Ferrari de Barrichello après une deuxième séance perturbée par la pluie, piégeant notamment les frères Schumacher. Au départ de la course, le pilote Williams prend le dessus au premier virage et mène la danse…quand le moteur casse au huitième tour. De toutes manières le titre constructeur était perdu d’avance avec Barrichello juste derrière Montoya à ce moment (et gagnera) et Ralf Schumacher était complétement à côté de ses pompes excursions hors-piste, manque d’empaler son grand frère…) avant de lui-aussi, renoncer sur panne hydraulique. Zéro pointé pour l’écurie Williams et Ferrari rafle le championnat une fois encore, avec 16 points d’avance sur Williams qui doit se contenter de la médaille d’argent, tout juste devant McLaren !
Pour l’écurie de Grove, on repart une fois encore bredouille et pourtant, la FW25 était fort performante durant la saison et les hommes de Franck Williams auraient dû décrocher au moins un des deux titres. Un début de championnat laborieux et l’« affaire » Michelin couplée à la malchance auront eu raison de leurs espoirs de titre. Qu’en cela tienne, Williams prépare sa revanche pour 2004 avec une nouvelle monoplace entièrement radicale, parait t-il…Espérons-le car BMW commence à tout doucement s’impatienter…
Pour les pilotes, on ne changera rien, JP Montoya s’est montré quasi-irréprochable en 2003. Peut-être sans ses quelques petites ( ?) erreurs à Melbourne ou au Canada, sans compter les casses moteur à deux reprises ou la pénalité contestable à Indianapolis, qui sait si le bilan aurait été encore plus féerique ?
Ralf Schum’ sera également de la partie, hormis ses deux victoires et sa régularité de Melbourne à Magny-Cours, il a pratiquement disparu de la circulation à partir d’Hockenheim, bien aidé en partie par les pannes mécaniques de temps en temps et les maladresses au plus mauvais moment. A revoir au plus vite.
Liens/sources
STATS F1, Zone F1, archives Autosport....
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