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Photo du rédacteurGoodstone

Lancia 037 -> Première version (1982)

Petit "hors-série" en parlant d'une des voitures mythiques de rallye, à la grande époque du Groupe-B...Cela n'empêcha pas la 037 d'avoir des débuts laborieux, conduisant Lancia a concevoir une nouvelle version très rapidement. Pas un "fail-auto" contrairement aux autres thèmes, mais quelques points pourraient permettre qu'elle pouvait partiellement intégrer cette catégorie.



En 1980 et alors que Fiat ainsi que son pilote Walter Rohrl sont sacrés champions du monde en rallye à l’issue de la saison avec la fameuse 131 Abarth, la FISA (Fédération Internationale du Sport Automobile) annonce un changement majeur dans le monde du sport-auto à partir de 1982 : fini le classes avec des numéros, place à une catégorisation utilisant les lettres de l’alphabet. En plus de ça, la réglementation sera également modifiée en profondeur : en rallye, place désormais au nouveau Groupe-B pour 1982 également. Derrière ce nom devenu célèbre pour les amateurs de la discipline cache une catégorie réservée aux voitures de tourisme beaucoup moins restrictive en termes d’homologation (200 exemplaires minimum) par rapport à son prédécesseur, le Groupe-4, et autorisant pas mal de libertés sur le plan technique. Bref, un bon moyen d’attirer des constructeurs sans trop de contraintes.


Walter Rohrl et Fiat seront sacrés champions du monde en rallye en 1980.

Parallèlement à ceci, Fiat s’intéresse rapidement à cette future catégorie-reine des rallyes, et dès 1980 même, le projet est mis en chantier. Après avoir un temps pensé à une 131 Abarth sous hormones, il est décidé de concevoir une machine inédite, et c’est Lancia, intégrée dans le giron Fiat depuis 1969, qui aura la tâche de représenter les couleurs du groupe dans cette discipline, accompagnée également d’Abarth qui, fidèle à ses œuvres depuis les années 1970, aidera à la conception de la voiture et à l’exploitation sur la piste.


Après son retrait fin-1976, la marque fondée en 1906 fera donc son retour officiel en rallye à partir de 1982. Pour le moment, on sait déjà que la voiture sera esthétiquement basée sur la Beta Montecarlo Groupe-5 (qui sévit en endurance/ tourisme) et sera exclusivement pensée uniquement pour de la compétition, comme la Stratos en somme.


Meme après le retrait temporaire de Lancia après 1976, la Stratos continuait d'être compétitive au mains des privés (ou semi-privés). Ici Bernard Darniche au Portugal en 1980 (©?)

Le projet de celui que l’on nommait encore Abarth SE037 fut achevé en fin-1980 pour y être testé à la même période. Comme on le pensait : c’est bien une machine dédiée au rallye et rien d’autre.


La voiture est basse, agressive et même si on voit bien qu’il s’agit plus d’un brouillon que du produit final, on peut apercevoir que le moteur est implanté en position central-arrière, contrairement aux autres voitures de rallye et à l’instar de la Stratos (encore !).


L'Abarth SE037 (©?)

En 1981, pendant que la SE037 effectue des essais, le produit final, la Lancia 037, est construite à la fois pour le rallye et pour la « série ». Si le concepteur de la SE037, Sergio Limone, s’occupe du développement, d’autres interviennent également dans la partie : Dallara se charge du châssis, Aurélio Lampredi du moteur, Pininfarina pour la construction des voitures et l’équipe officielle Lancia Martini (sous la houlette de Cesare Fiorio) va s’assurer que la 037 soit prête dès 1982 pour les participations en rallye.


©?

Lorsque cette dernière fut dévoilée, les lignes se sont adoucies, mais reste toujours aussi basse et originale. De près, la ressemblance avec la Beta Montecarlo n’est pas très évidente malgré les phares arrière identiques. Les deux n’auront qu’en point commun la cellule centrale identique.

L’aérodynamique a également été une priorité dans la conception de la 037, ce qui explique sa forme particulière (plus un aileron arrière sur la version de compétition). A noter également la présence de deux bossages sur le toit afin de dégager un peu d’espace pour les pilotes casqués !




Sur le plan technique, le châssis à la fois monocoque et tubulaire en acier est recouvert d’une carrosserie et fibre de verre et en polyester qui a l’avantage d’être léger et facilement démontable, donc pratique en cas de réparation par exemple.



Le moteur quant à lui, est un 4-cylindres de 2 litres qui propulsait déjà la 131 Abarth. Lancia et Abarth ont décidé de conserver bloc éprouvé et qui a déjà fait ses preuves en compétition. Celui-ci restera un simple atmo’ alors que le turbo commence à être à la mode (comme on le voit à cette époque avec la révolutionnaire Audi Quattro), Lancia a pourtant testé cette solution mais a préféré abandonner faute de mise au point et de temps. Sur certains autres points également, c’est du classique : ça reste une « simple » deux-roues motrices (à l’arrière), le moteur est alimenté par un carburateur Weber et la boite de vitesses est un traditionnel ZF à 5 rapports.


En 1982, Lancia était présente en rallye, mais également en endurance, avec la LC1. (©Lancia)

En fait, la principale originalité (en dehors de sa forme) est l’ajout d’un compresseur volumétrique dit « Volumex » et conçu par Abarth. Ce procédé a l’avantage de donner de la puissance même à bas-régime et sans temps de réponse. Avec ceci, le moteur produit plus de 255 chevaux (50 de plus que la version routière).


Vous l’aviez surement noté, la 037 ne dispose donc pas de transmission intégrale, élément qui commence, comme avec le turbo, à s’implanter doucement dans le monde des rallyes, toujours avec l’Audi Quattro. Lancia juge que 4 roues motrices n’est pas encore un élément essentiel à la victoire, d’autant plus que l’objectif même de la 037 est de privilégier la légèreté, l’aérodynamique et l’accessibilité mécanique, chose assez délicate en intégrant ces dernières technologies en 1982…On a fait le tour de celle qui est considérée comme la première vraie Groupe-B (il y’a bien la Citroën Visa Trophée lancée à la même période, mais dans une moindre mesure au regard de ses modestes caractéristiques techniques)


L'arrière de la 037, avec ses phares empruntés à la Beta Montecarlo (©?)

Prête à temps pour cette année-là, la 037 va faire ses débuts le 1er avril au Costa Smeralda, manche du championnat européen de rallye. Ça tombe bien : la voiture vient tout juste d’être homologuée et l’équipe Lancia Martini engage deux voitures avec les pilotes « maison », à savoir le finlandais Markku Alén et Attilio Bettega. Du coté de la concurrence, les bonnes vieilles Groupe-4 restent toujours de la partie en 1982 avec plusieurs Fiat 131 Abarth, une Lancia Stratos et une Audi Quattro pour Michele Cinotto.


Sur les spéciales de Sardaigne, les Lancia ne se montrent pas dans le coup, se montrent délicates à piloter et, c’était prévisible, rencontrent des problèmes de fiabilité, la boite de vitesses a fait des siennes et c’est l’abandon pour les deux 037. En parallèle, l’équipe découvre qu’il y’a encore du travail à faire sur cette machine, le poids et un peu trop élevée (1020 à 1050 kg), mais c'est un peu logique, elle reste encore un peu trop proche de la version routière à l'occasion de ses débuts en rallye. Des améliorations sont à venir peu après...


Débuts moyens au Costa Smeralda '82 (©Giuseppe Depalmas)

Après une autre participation à l’Isola d’Elba avec une voiture engagée (avec Adartico Vudafieri, qui finira 7e après avoir un temps lutté pour le podium), la 037 fait sa toute première apparition au championnat mondial au Tour de Corse, au début du mois de mai. Le poids a été abaissé pour passer désormais sous la tonne.


Avec deux voitures engagées et toujours avec les deux pilotes-titulaires de l’équipe, le team est toujours la seule à engager (avec Citroën et les Visa) des Groupe-B (c’était une année de transition en autorisant encore les Grp-4, entre autres). Du côté de la concurrence, il va falloir se méfier des Audi Quattro de Michèle Mouton et D’Hannu Mikkola, de l’Opel Ascona de Walter Rohrl, des Porsche 911 engagées par Almeras, des R5 Turbo ou encore de la Ferrari 308 de Jean-Claude Andruet.


©Paolo Farina

Sur le goudron, les Lancia tirent la langue face à la R5 de Ragnotti et à la Ferrari, mais Bettega parvient tout de même à se maintenir dans le tiercé de tête malgré un souci d’embrayage à la fin du premier jour. Mais dès le début de la deuxième journée et sur la spéciale Vescovato/ Ponte Nuovo, celui-ci sort violemment de la route, percute violemment un mur et la voiture est détruite.


©?

Pour le pilote italien, le bilan est sans appel : blessé aux deux jambes, sa saison s’arrête là. Son copilote Maurizio Perissinot s’en sort un peu mieux : doigt cassé. Pendant ce temps, Alén réalise un prestation plus discrète et rencontre quelques soucis de moteur. Il finira tout de même l’épreuve à une neuvième place. Seule consolation au milieu de ce rallye difficile : le finlandais termine premier parmi les voitures du Groupe-B (ce qui ne signifie pas grand-chose).


Essais avec la 037 (©?)

L’accident de Bettega a mis en évidence le manque de solidité de la 037. L’équipe prépare déjà une nouvelle version qui sera effective à partir de l’été. En attendant, la voiture continue toujours de participer à plusieurs épreuves. C’est le cas au 4 Rigioni Rally deux semaines après la Corse. Sur cette manche italienne et comptant pour le championnat Européen. Une voiture est engagée par le Jolly Club (avec l’aide de l’équipe officielle) pour Andrea Zanussi. Rencontrant des soucis de boite et n’ayant pas encore « dompté » la voiture, il finira quatrième derrière les Opel Ascona.



Les Lancia font leur retour au mondial dans le cadre du rallye d’Acropole, en Grèce. Si Alén et Adartico Vudafieri (qui remplace Bettega) doivent renoncer, leurs performances sont en léger progrès, le finlandais a d’ailleurs un temps mené ce rallye cassant avant que les soucis s’accentuent.


Abandon dès la première journée pour Adartico Vudafieri en Acropole, compresseur cassé (©Alex Khaimsky)


La dernière épreuve majeure à laquelle la toute première version de cette Lancia a participé fut le rallye d’Ypres (championnat d’Europe), avec un abandon à la clé pour Andrea Zanussi.


Rally D'Ypres, abandon pour Zanussi (©?)

Par la suite, la 037 effectuera d’autres participations dans les rallyes italiens (comptant pour le championnat européen ou non) avec quelques résultats significatifs (Vudafieri finit 3e au Ciocco et Serchio), preuve que celle-ci a bien progressé en moins de deux mois, pas assez toutefois pour faire de l’ombre aux vieilles Groupe-4, la fiabilité n’est pas encore parfaite. Le manque de robustesse de la voiture est une nouvelle fois mise en cause lors du rallye de Romagne lorsque Fulvio Bacchelli et son copilote Paolo Spollon se blessent durant l’épreuve après une série de tonneaux et que la machine est totalement détruite. Deux gros accidents en six semaines, ça fait déjà beaucoup…C'est au niveau des portières que la 037 est plus sensible.


La 037 privée pilotée par Fulvio Bucchelli (©Paolo Neri)

En aout apparait la nouvelle version de la 037 au rallye de Madère sous l’appellation « Evo 1 ». Lancia laisse le soin de confier au Jolly Club de faire son premier vrai test en compétition. Les différences avec celle qu’on a évoqué sont importantes : aéro modifiée (avec un arrière remodelé notamment), le comportement a été revu, de même en ce qui concerne le compresseur et les suspensions, le moteur qui gagne énormément de chevaux reçoit l’injection Bosch au lieu des carburateurs. La sécurité a également été renforcée avec une carrosserie en partie recouverte de kevlar. Le poids est désormais de 965 kg (juste au-dessus de la limite réglementaire). Les performances sont au rendez-vous, la fiabilité doit encore être améliorée, mais l’histoire est en marche…



Rallye de l'Ile d'Elbe 1982 (©?)


Fiche technique de la première version :


Moteur : 4 cylindres en ligne de 1995cc

Aspiration : atmosphérique, moteur couplé à un compresseur volumétrique

Implantation : central-arrière

Puissance : Entre 255 et 260 chevaux à 7000 tr/min


Châssis : monocoque et tubulaire en acier, carrosserie recouverte en fibre de verre.

Suspensions : roues indépendantes, ressorts hélicoïdaux.

Boite : manuelle à 5 vitesses d’origine ZF

Transmission : à l’arrière

Poids : 1020 kg, puis 980 kg

Dimensions : 3,967 m (L) * 1,8 m (l)

Hauteur : 1,2 m

Pneumatiques : Pirelli



Débuts de la 037 "Evo 1" (selon plusieurs sources) au rallye de Madère, avec Andrea Zanussi au volant (©?)

Liens - sources:


Rallyes Magazine, Hors-Série Les légendes du rallye : Groupe-B, été 2013.



La 037 "Evo 1" fera ses débuts dans le championnat mondial lors des 1000 lacs avec Markku Alén au volant. Les progrès sont la même si le moteur casse. L'histoire de cette voiture commence vraiment à prendre marche. (Rallyes Magazine, Hors-Série Les légendes du rallye : Groupe-B, été 2013. Rainer Nyberg / LAT Images)




K.N

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