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Photo du rédacteurGoodstone

Peugeot 305 V6 Groupe-B (1980-81)

Celle qui aurait pu être le porte-drapeau de Peugeot quand le Groupe-B apparaissait en rallye...






L’histoire de Peugeot en rallye a débuté tôt, très tôt : au début des années 1930. Par la suite, la marque de Sochaux continue dans cette discipline en remportant plusieurs succès dans les épreuves de marathon et surtout africaines, que ça soit avec la 404 ou avec la 504 (en coupé comme en berline) durant les années 60-70.


Les terrains en Afrique n'ont jamais fait peur à Peugeot. Ici au Maroc 1976 avec Jean-Pierre Nicolas au volant de la 504 (©?)

En Europe, ce sont généralement les 304 ou les petites 104 qui représentent Peugeot en Europe. Malgré des résultats et des performances plus qu’honorables, elles ne peuvent jouer la victoire face à ses rivales homologuées en Groupe-4 à cette époque, les Peugeot étaient pour la plupart du temps en Groupe-2, plus proches des véhicules de série.



Alors basé à Sochaux (soit au siège de la marque), le département sportif de la marque au lion n’a rien avec ce que l’on connait aujourd’hui. Les moyens étaient moindres comparé au Peugeot Sport actuel et comptaient parfois sur les concessionnaires locaux.


Plus près de chez nous, la petite 104 se débrouillait bien malgré ses caractéristiques "modestes". Ici Jean-Claude Lefebvre (et un certain Jean Todt en copilote) au rallye d'Antibes 1977. Quelques 104 radicales ont courus en Groupe-5 (©Jean-Yves Leguyader)

A l’aube des années 1980, le constructeur franc-comtois semble poursuivre son petit bonhomme de chemin toujours dans cette discipline quand un événement majeur va secouer celle-ci (et d’autres séries) : les groupes numérotés seront remplacés par le Groupe-B dès 1982. Beaucoup moins restrictives en ce qui concerne la réglementation et l’homologation des voitures, l’apparition de cette classe va grandement bouleverser le monde des rallyes…


Chez Peugeot, on ne reste pas insensible à cette annonce et on réfléchit peu après l’annonce de tout ceci (en automne 1980) et on se décide à construire une nouvelle machine répondant à cette réglementation.


Mais comme on l’a dit juste au-dessus : les moyens du département compétition, sous l’égide de Gérard Allegret, n’est pas énorme et la maison-mère (Peugeot et surtout le groupe PSA qui venait de racheter la branche européenne de Chrysler, incluant Simca notamment) n’est pas au top de sa forme) cette époque. Il va falloir se débrouiller avec les moyens du bord.


Pour le modèle choisi, ce ne sera pas la petite 104 ni la bonne vieille 504 Coupé qui seront choisis. Non, la future machine du Groupe-B sera plutôt basée sur la 305, honnête berline familiale lancée en 1977 et à priori, n’avait rien d’une sportive. L’avantage est qu’elle est tout de même moins encombrante qu’une 504 et moins lourde…


La 305 de série

Dès la fin de l’année 1980, on travaille d’arrache-pied sur cette machine. La voiture se retrouvera allégée et très certainement, celle-ci recevra pas mal d’éléments venant de la 504 de rallye. Heuliez aidera la marque à la construction des prototypes.


La 305 de série est une traction avant, les ingénieurs vont la transformer en une propulsion, ce qui fait que la voiture s’est quelque peu élargie à l’arrière (les portes sont d’ailleurs modifiées). Concernant le moteur, c’est un V6 PRV, retravaillé pour obtenir la puissance de 250 chevaux, peut-être capable de frôler les 300 ch plus si celui-ci continue à être amélioré…


Pour le reste, c’est du grand classique. Comme on l’a dit juste au-dessus, c’est une simple propulsion la où la transmission intégrale commence à apparaitre via l’Audi Quattro et elle reste très classique dans sa conception (pas de turbo par exemple). A noter que le capot avant est en polyester présentant une bosse. La 305 V6 de Groupe-B pèse moins de 900kg.


©Cédric Janodet

De loin et au regard de ses caractéristiques techniques, on dirait que cette 305 V6 est destinée à briller dans les épreuves du Safari ou du Bandama, les épreuves africaines inscrites au championnat du monde des rallyes et domaine où Peugeot brille sur ce type de terrains, d’autant plus qu’il n’est pas forcément nécessaire d’avoir une grosse voiture superpuissante ou dotée de quatre-roues motrices (l’histoire le prouvera par la suite, jusqu’à la fin des 80s)



Tout semble être presque prêt en 1981. Il est fort possible qu’on voie cette 305 dès l’année suivante. Il reste juste à produire les 200 exemplaires nécessaires à l’homologation. C’est Heuliez qui sera chargé de la construction de ces dernières.


Cependant, il n’y aura pas de 200 exemplaires construits. En fait, il n’y aura pas de 305 V6 en compétition tout simplement. Si on savait que PSA était en grandes difficultés à ce moment-là, sa conception archaïque et trop « simple » a certainement refroidi les dirigeants de la marque à l’engager en rallye.



De plus, un des personnages majeurs de ce projet, Gérard Allegret, n’est plus de la partie durant son développement suite à des soucis de santé, ce qui fait que le programme s’est fragilisé en son absence…


Enfin, n’oublions pas un autre point : à la fin de l’année 1981, le département compétition de Peugeot fusionne avec celui de Simca et de Talbot (alors engagé au championnat du monde en 81 justement, en étant remportant le titre constructeur avec la Sunbeam Lotus) pour former le Peugeot-Talbot Sport.


Avant la fusion, Talbot Sport a remporté le titre mondial coté constructeurs en 1981. Ici au Tour de Corse avec Guy Fréquelin et Jean Todt (©McKlein Photography)

Désormais siégé à Vélizy-Villacoublay (Yvelines), le programme de la 305 V6, mais aussi de la Talbot Horizon (à moteur Lotus et installé en position central-arrière), sont déjà comptés. Finalement, Peugeot Talbot Sport (sous la houlette de l’ancien copilote de rallye, Jean Todt) va miser sur un projet bien plus ambitieux et radical inspiré de la future citadine qui sera déterminante pour l’avenir de PSA. Ce sera bien sur la 205 Turbo 16, on connaitra la suite. Tout le programme sportif sera concentré sur ce projet, quitte à sacrifier les anciens plus le partenariat avec Ligier en F1 (qui prendra fin en 1982).


Le V6 PRV était également lourd, ce qui était une des raisons de l'abandon du projet (©Peugeot)

Deux prototypes de la 305 ont été construites, une en gris métal et l’autre en blanc avec un liseret bleu et doté d’un aileron arrière, surement celle qui est censée être la version de compétition.




Fiche auto :


Moteur : PRV V6 24v 2500cc doté de deux carburateurs

Aspiration : atmosphérique

Implantation : à l’avant

Puissance : 250 chevaux

Châssis : basé sur la 305, plusieurs éléments probablement repris sur les 504 de rallye

Boite de vitesses : manuelle 5 vitesses

Transmission : propulsion

Poids : +/- 890kg



Liens/sources:


Rallye Magazine, hors-série sur les Groupe-B, été 2013.


Dès le projet de la 305 V6 entériné, place à un nouveau: encore plus radical et inspiré de la 205 coté look. (©?)


K.N


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