top of page
  • Photo du rédacteurGoodstone

BMW 325i Linder Rennsport / DTM (1993-94)

Autrefois une des équipes attitrées par BMW, Linder tentait de se faire une place au soleil en DTM quand la Classe-1 apparaissait.



Révolution dans le monde de la Deutsche Tourenwagen Meisterschaft (DTM) : comme sur pas mal d’autres championnats de tourisme, les voitures du Groupe-A sont mortes et enterrées. On fait place à une nouvelle catégorie à partir de 1993.


Toutefois, il n’est pas question d’utiliser les fameuses Super-Touring (ou Class 2) dans ce championnat comme on en voit dans le championnat britannique ou italien. Non, on a une autre idée en tête : créer quelque chose de plus radical et de plus performant, de plus « raffiné » grosso-merdo. C’est ainsi, avec l’aide de la FIA, que la Class-1 est née.


Adieu les Groupe-A fin-1992... (©DTM)

Hormis le fait que le moteur doit être un V6 de 2.5 litres dérivé de la série, la réglementation est extrêmement souple : les éléments technologiques ou les aides au pilotage (comme par exemple la transmission intégrale, l’ABS…) sont autorisés. Plus fort encore, ces Touring Cars ressembleront plus à des Silhouette contrairement aux machines du Groupe-A.


Toutefois, seul un constructeur est prêt à entamer la saison 1993 avec une machine qui répond totalement au règlement. Il s’agit d’Alfa Romeo (avec la 155 V6) qui débutera par ailleurs dans la discipline. Pour les autres, on n’est pas prêt à 100% : Mercedes recycle sa bonne vieille 190E (autorisée à courir, avec des améliorations) en attendant la nouvelle voiture, Opel préfère attendre 1994 pour se lancer dans le grand bain. Reste deux autres marques, Audi n’est pas intéressé par cette nouvelle formule et quitte le DTM. Quant à BMW, un projet avec la M3 E36 est dans les cartons. Mais la marque bavaroise ne viendra pas non-plus, apparemment suite aux difficultés à développer et à homologuer le 6-cylindres dans ce championnat (volonté de le placer en position un peu plus centrale) …


BMW a déja effectué des essais avec cette M3 (avec Johnny Cecotto) fin-1992. Mais la marque bavaroise quittera le DTM...(©BMW Motorsport/Bimmertoday)

Pourtant, on verra bien des BMW cette année-là, certes des M3 E30 privées désormais dépassées et n’ayant aucune chance de briller, mais une équipe va développer elle-même une BMW : Linder Rennsport.


Fondée à l’aube des années 1980 par Ludwig Linder, la structure basée à Fussen (en Bavière) se spécialise d’entrée dans les championnats de tourisme, et plus précisément de DTM. Assez rapidement, Linder devient une des équipes soutenues par BMW à la fin de cette décennie et jusqu’au début des 90s.



Linder n'est pas resté qu'en DTM, elle était un moment présente dans le championnat européen de tourisme, ici à Jarama en 1986 (©Otto Rensing)


A la fin de la saison 1992, difficile pour le team en termes de résultats, le DTM change de réglementation comme on l’a vu. Et comme BMW s’en va, Linder hésite à continuer avec les M3 E30 ou à changer de constructeur. Finalement, celle-ci va continuer à engager une E30 pour Harald Becker…et dans le même temps développer une nouvelle machine.


Une saison 1992 à oublier pour Linder en DTM, qui n'est plus officiellement soutenu par BMW...(©Michael Stachowski)

Le timing étant trop serré, cette dernière ne sera pas prête à temps pour le début de saison 1993. Les moyens seront également un peu limités sans le soutien de BMW et malgré la présence du sponsor Jagermeister (fabricant de liqueur). L’équipe sera également un peu assistée du préparateur britannique John Thompson dans l’affaire. La voiture aura pour base la BMW Série 3 E36.


Toutefois, il convient de noter que de nombreuses pièces mécaniques seront reprises à la M3 de la génération précédente, l’E30 Evo, et notamment le 4-cylindres en ligne de cette dernière. Avec quelques modifications, le moteur a plus de 370 chevaux sous le capot.



Contrairement à ce que certaines sources affirment, ce n’est pas une M3 « by Linder », mais une 325i sur les feuilles d’homologation. Cela fait référence à une version déjà existante parmi la gamme de la série 3 en plus de la cylindrée du moteur (2,5L). Enfin, l’équipe utilisera des pneus Pirelli et à l’instar des Alfa-Romeo ou des Mercedes, la voiture est dotée de l'ABS.


La voiture est présentée dans le paddock du championnat lors de la troisième manche, au Nurburgring au début du mois de mai. C’est Armin Hahne, vétéran de la discipline, double vainqueur des 24h de Spa, des 24h du Nurburgring et pilote Linder depuis 1992, est choisi pour faire débuter la 325i orange. Mais celle-ci n’est pas tout à fait terminée, les premiers tours de roue en compétition auront lieu un moi plus-tard sur ce même endroit, mais sur le tracé de la Nordschleife (en lever de rideau de la course de 24 heures) dans le cadre de la cinquième manche du DTM.


Nouvelle ère pour le DTM en 1993 avec l'introduction des Classe-1. (©?)

Face aux Alfa 155 V6 et aux 190 E, la 325i se montre d’entrée « obsolète » et on voit mal la voiture de Linder se battre pour la gagne. Se contenter de devancer les vieilles M3 E30 Evo (incluant celle d’Harald Becker, engagée par Linder également), les Mustang 5.0 ou une Omega 3000 est déjà le minimum en soit.


Mais très vite, la BM orange montre ses limites sur la piste infernale de 22km. Pas compétitive tout simplement, le moteur, qui n’est pas le plus puissant du lot, a également tendance à s’essouffler assez rapidement dans les lignes-droites. Hahne ne fera pas de miracles au volant et se qualifie même derrière son partenaire Becker (avec une machine plus ancienne pour rappel). Au moins, la 235i est devant toutes les autres voitures « ancienne génération » et voit l’arrivée lors des deux courses sur ce meeting.


Une dixième place lors de la deuxième course au Nurburgring...la meilleure course pour la 325i...(©Frank Bachmann)

La suite de la saison sera délicate, la 325i stagne dans le peloton et rencontre des soucis de fiabilité et Hahne ne verra que très rarement l’arrivée d’une course. L’équipe a également joué de malchance lors de la première course sur l’aérodrome de Diepholz : bien qualifié (8e), Hahne était parti pour un solide résultat avant que l’Alfa de Nicola Larini l’envoie dans le décor. Bilan un abandon et forfait pour la seconde course…


Une 10e place (synonyme de point au championnat) lors de la deuxième course au Nuburgring Nordschleife est justement le meilleur résultat de l’année pour Hahne et pour cette voiture…


Harald Becker à également piloté la 325i lors du meeting à Singen (Armin Hahne était retenu à une manche en ADAC GT). Mais un accident en début de la course 1 contraint l'équipe à ne pas disputer la deuxième manche...(©?)

A la fin de la saison, le pilote allemand quitte Linder, pareil pour Harald Becker. Jagermeister en fait de même. C’est un coup dur pour l’équipe qui a perdu à la fois son pilote principal et son commanditaire. Comment continuer à courir en DTM pour la saison 1994 sans rien, sinon avec une 325i qui n’est au final, pas meilleure qu’une M3 E30 ?


Malgré tout, on continue d’engager cette voiture pour 1994. Frank Schmickler sera le seul pilote au sein de chez Linder Rennsport. Hormis le passage aux pneus Michelin, la voiture n’a que très peu évolué faute de budget (d’ailleurs il n’y aura pas de sponsor majeur cette année…), la saison risque d’être difficile, d’autant plus qu’Opel revient en DTM (après une apparition lors de la dernière manche en 1993) avec des Calibra V6 4x4 et Mercedes engage les nouvelles Classe-C V6 et Alfa-Romeo améliore sa 155 V6…Bref, le niveau monte d’un cran pour cette saison (les budgets aussi…).



Notons également qu’une autre version de la BMW E36 fait son apparition cette même année, une M3 (enfin pas vraiment, comme chez Linder) engagée par WS DHL Racing. L’équipe engage plusieurs M3 à l’année et se montre d’emblée plus performante que la 325i de chez Linder en étant plus puissante, un peu plus légère et mieux « sophistiquée » …mais on parlera surement de cette machine un autre jour.


Dès le premier meeting de l’année, sur le circuit belge de Zolder, la BMW blanche recule dans la hiérarchie, ses performances restent toujours aussi médiocres et sa fiabilité n’a pas été améliorée. Le moteur, qui n’est plus du tout dans le coup face aux autres machines officielles qui ont gagné des chevaux, accuse également le coup en termes de robustesse et casse à quelques moments.


Derrière tout le monde, ou presque (©Martin Lee)


Contrairement à 1993 où Hahne arrivait à quelques moments à entrer dans les 10 premiers sur la grille, Schmickler se bat plus avec les vieilles DTM comme les Mustang ou les 190 et il n’est pas rare que la voiture lâche quatre secondes à la régulière en termes de chrono, voire plus dans les tracés rapides comme à Hockenheim. Le constat n’est pas plus réjouissant en course, si Schmickler n’est pas accablé d’ennuis en tout genre…Au moins, il arrive à devancer la moitié du temps les autres « M3 » de chez WS.


Après une saison vierge de tout point, il faut se rendre à l’évidence : entre une voiture dépassée, une absence de soutien de la part d’un constructeur et sans sponsor, Linder Motorsport quitte le DTM à la fin de l’année 1994. Impossible de survivre en tant que simple équipe indépendante et avec les budgets qui commencent à flamber au sein de ce championnat, la structure fidèle à la marque à l’hélice se tournera en 1995 vers un autre championnat de tourisme allemand, le STW, qui accueille les Super-Touring.


Donington 1994, course hors-championnat. Quand le DTM va progressivement s'internationaliser... (©?)

En ce qui concerne les 325i construites par Linder, certaines auraient couru pendant quelques temps en Belgique, en Europe de l’Est et en Thailande.



©Lars Zander



Liens/sources:






Certaines 325i ont été recyclées ailleurs, comme cette voiture qui a couru en Hongrie pendant quelques temps (©?)




Sur la base d'une M3, les couleurs de chez Linder (livrée 1993) a été réalisée par Bburago, au grand plaisir des enfants et des amateurs de liqueur (photo personnelle)

K.N







116 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout
bottom of page