Pour être honnête, je n’ai connu cette voiture que grâce à Sports Car GT, jeu sorti en 1999 sur la Playstation première du nom et sur PC. Le temps de comprendre qu’il s’agissait bien d’une voiture réelle, j’essaye de glaner quelques informations sur cette création américaine et là, surprise : la bestiale Callaway C7R bel et bien couru en compétition et plus précisément en endurance, à l'époque des GT1…Mais que valait cette machine sur la piste ?
Après la faillite des prototypes du Sport 3.5L et du championnat mondial des voitures de sport, les Grand-Tourisme reviennent sur le devant de la scène de l'endurance en 1993. Un championnat international (sans le label de la FIA) est créé l’année suivante et devient très vite une compétition attractive pour les pilotes et équipes ainsi que les constructeurs.
Deux catégories principales ont été créées pour accueillir ces GT, mais la classe principale, le GT1, devient vite intéressante en raison de son règlement ultra-permissif (en termes de cylindrée, d’aides au pilotage, un seul exemplaire de série doit être construit…) et de l’apparition de fameuses machines telles que la McLaren F1.
Corvette Customer
Si on connait Callaway pour ses préparations sur des Chevrolet Corvette ou par sa participation dans le championnat allemand de GT (l’ADAC GT Masters) aujourd’hui, il faut remonter à 1977 pour voir Reeves Callaway, lui-même ancien pilote en Trans-Am, créer son atelier de préparation dans le Connecticut, au Nord-Est des USA.
Durant ses premières années, Callaway se contentait exclusivement de préparer des turbocompresseurs pour diverses voitures, notamment avec BMW, Mercedes-Benz ou Alfa-Romeo.
Mais c’est en 1987 que Callaway va concevoir ses propres machines sur base de la Chevrolet Corvette. L’année suivante, la Callaway Corvette Sledgehammer est une des voitures de route les plus rapides à l’époque : 900 chevaux et plus de 380 km/h ! Aujourd’hui encore, le sorcier américain continue de concevoir et préparer des Corvette survitaminées.
Pour trouver trace de Callaway en compétition, il faut remonter en 1989 et plus précisément en Trans-Am et en SCCA National pour voir quelques Corvette retouchées au niveau de la mécanique par Callaway. Mais c’est également cette-année-là qu’il est en charge du développement moteur de l’Aston-Martin AMR1 qui court alors en sport-prototypes, à la grande période du Groupe-C.
Il faut attendre 1991 pour voir Callaway s’engager sous son propre nom avec des Corvette Sledgehammer modifiées pour courir en IMSA Supercar Championship, une série support de l’IMSA (l’endurance aux USA) accueillant des GT proches des véhicules de série. Durant deux saisons, Callaway effectuera quelques courses dans cette série avec Boris Said comme pilote.
Pour 1993, le préparateur s’implique un peu plus en compétition et installe une « antenne » en Europe en s’alliant avec l‘équipe Woehr & Ciccone, basée près d’Heilbronn en Allemagne et accessoirement importateur des Callaway dans le vieux continent (Callaway Competition sera crée). L’objectif est de courir en ADAC GT avec des Corvette préparées par Callaway et Woehr & Ciccone sont chargés d’exploiter ces voitures dans ce championnat. Avec Boris Said et Wolfgang Klotz comme pilotes, la Callaway Corvette marque le pas face aux Porsche 911 et ne signent aucun podium cette saison. Notons que cette association existe toujours aujourd’hui et on peut voir les Callaway Corvette C7 GT3 courir en ADAC GT Masters et aujourd'hui, dans quelques épreuves de GT comme en Ultimate Cup ou en GT Challenge Asian Series.
Pour 1994, les ambitions sont en hausse et un nouveau modèle est dévoilé : la Callaway Corvette Supernatural, ou LM600 dans sa version de compétition. Cette machine a pour but de participer aux 24 heures du Mans et aux autres épreuves majeures en IMSA ou en BPR.
Très vite, la LM600 se montre compétitive face aux Porsche 911 malgré une fiabilité imparfaite. D’ailleurs lors de l’édition 1995 des 24h du Mans, deux LM600 se classent second et troisième de leur catégorie. A la fin de l’année, Callaway abandonne le développent de cette voiture, laissant les équipes privées exploiter la LM600, notamment celle d'Agusta Racing,
Feu vert pour le GT1 :
En effet : Callaway s’intéresse désormais à la florissante catégorie GT1. Après avoir étudié la réglementation, il est décidé de créer une toute nouvelle machine ne partageant (presque) aucun élément avec une Corvette ! L'objectif principal? Les 24h du Mans!
Prête à courir pour 1996, mais déjà en chantier dès 1994 (peut-être même dès fin-1993), la nouvelle arme du préparateur américain se nomme C7R (comme la septième création de Callaway, en prenant compte de ses préparations de turbocompresseurs). Une maquette est exposée à la fin de l'année 1994, à Leingartnen, puis au salon de Bologne.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que Callaway n’a pas chômé en ce qui concerne la voiture, notamment avec châssis monocoque entièrement en carbone ainsi que l’aileron arrière travaillé pour une meilleure aéro. Le poids donné de la bête toute ronde est de juste 1000kg.
Mécaniquement parlant, Callaway a été moins radical qu’avec la voiture, le moteur V8 est issu de la Corvette ZR1, mais surgonflé pour monter jusqu’à plus de 6 litres et développe plus de 650 chevaux. Particularité : il est installé juste derrière les roues avant de la C7R, donc on a affaire à un véhicule dont le moteur est implanté en position central-avant, un cas pas banal quand on sait que la plupart des GT1, et des modèles de compétition, ont un moteur installé en position central-arrière ! Pour le reste, la boite de vitesse manuelle à 5 rapports est conçue en interne et BF Goodrich est choisi comme manufacturier pneumatique.
Dans l’ensemble, on peut dire qu’il s’agit d’un GT1 exploitant pratiquement au maximum les possibilités du règlement de cette catégorie (malgré des dessous classiques). Maintenant, est-ce suffisant pour se battre avec les autres voitures de même classe ?
Faux-départ
Quelques bruits affirmaient que la C7R serait prete pour l'édition 199 des 24h du Mans. Il n'en est rien. Ce sera pour 1996.
Quelques tests ont été effectués sur le circuit d’Hockenheim, avec l’aide de l’antenne européenne du préparateur américain. Les essais ont été, semble-t-il, prometteurs.
Deux exemplaires de la C7R ont été construits. Prête jute à temps pour l’édition 1996 des 24h du Mans, mais d’abord, elle doit tout d'abord participer à la séance de pré-qualifications qui a lieu un mois avant la classique mancelle. Ça va être chaud, très chaud : plus de 70 voitures participent à cette séance et on ne retiendra que 52 voitures pour les vraies qualifications !
Une C7R est présente pour cette périlleuse séance, la seconde voiture est également inscrite, mais celle-ci est en pièces détachées et même pas entièrement construite, elle ne courra pas. Engagée directement par Callaway Competition, le préparateur américain fait confiance à deux pilotes « maison », à savoir Boris Said et l’italien Enrico Bertaggia.
Et du coté des autres GT1 ? Eh bien, on a pas mal de Ferrari F40 et de McLaren F1 GTR. Lister, Nissan et Toyota sont également de la partie avec une Storm, une Skyline LM et une Supra modifiées pour l’épreuve. Autres nouveautés en GT1 hormis la Callaway, on note la présence de Viper GTS préparées par la Southwind Motorsport et par Orec (eh oui, la Viper à brièvement couru en GT1). Parmi les autres GT1, citons une SARD MC8, une Renault Spider ( !), une De Tomaso Panthera ou même une Bugatti EB110 ! Notons également quelques Porsche 911 GT2 « Evo » homologuées dans cette classe …
Mais la nouveauté principale reste la 911 GT1, une machine absolument radicale dans tous les domaines. Ce que l’on ne sait pas à ce moment, c’est qu’elle va totalement transformer la catégorie GT1 dans les années à venir : les McLaren, Lister ou autres Callaway (au hasard) seront immédiatement dépassées !
Participant à cette séance avec peu de roulage auparavant. La Callaway C7R n’échappe pas aux inévitables soucis de jeunesse et à l’issue de cette journée, l’originale machine ne signe que le 52e temps de la séance, en 4’13'889. A titre de comparaison, la McLaren F1 GTR du GTC Racing, pilotée par J.J Lehto, a signé le meilleur temps en GT1 avec un chrono en 3’50'246, un gouffre. La C7R échoue même à se placer devant pas mal de GT2, où une LM600 était présente dans cette classe.
Logiquement, la voiture et l’équipe ne sont pas pré-qualifiées. Seule « consolation », la voiture devançait la De Tomaso et la Bugatti EB110 dans sa catégorie…
L’ACO décide de changer quelques éléments dans la réglementation des GT1 pour la classique mancelle en 1997, rendant la C7R inutilisable telle qu’elle pour la 65e édition…
Sous le soleil de Floride.
En octobre 1996, Callaway va effectuer de profondes modifications sur sa C7R afin de répondre aux nouvelles règles de l’ACO, mais aussi de la FIA (dont le look « novateur » de la C7R ne serait pas passé inaperçu auprès de la fédération également) . Rendez-Vous en 1997 pour la revoir en piste.
Il faut attendre les 24 heures de Daytona, manche inaugurale de l’IMSA, début février 1997, pour voir la « nouvelle » C7R. Idée intéressante pour juger le potentiel de la voiture dans une longue épreuve d’endurance. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’on n’a pas chômé chez Callaway, jugez plutôt :
Fini les formes ronduouillardes, place à une aéro revisitée, à un nouvel aileron arrière afin de satisfaire les gens de l’ACO et de la FIA, les suspensions sont redessinés, la voiture à un nez modifié, la forme est plus basse et élargie, place aussi aux grosses ouvertures sur tous les côtés de la machine ainsi qu’un moteur retravaillé pour donner 680 chevaux !
La C7R a été radicalement modifié , toujours avec l'appui de Ciccone et Wohr. Plusieurs essais ont été effectués sur différents tracés à travers l’Europe…
Coté pilotes, si Said et Bertaggia sont encore de la partie, Johnny Unser (qui a déjà couru pour Callaway en 1995) et Ron Fellows les rejoignent pour cette épreuve. Enfin, Pirelli remplace BF Goodrich en termes de pneumatique.
Sur le papier, la C7R est séduisante, reste à voir si cela suffit à se battre pour la victoire absolue face à des protos ouverts tels que la Ferrari 333, Riley & Scott ou à une Courage. Et n’oublions pas les rivales de la Callaway dans cette épreuve, à savoir les GT1 , mais également les GTS (la catégorie sera nommé GTS-1 pour ces 24h) avec une Lister Storm GTL, quelques Porsche 911 GT2 Evo ou encore les quelques modèles exotiques type Chevrolet Camaro ou Oldsmobile Aurora ressemblant davantage à des voitures courant en Trans-Am qu’autre chose…
Et notre Callaway ? Comment s’en sort-elle ? Ben pas très bien : celle-ci n’a signé que le 25e chrono, la faute à une sortie de piste en essais privant les pilotes de temps de roulage, mais également à cause d’une tenue de route médiocre, en régression par rapport à la version précédente malgré une meilleure vitesse en lignes droites. En course, la C7R va lentement, mais surement remonter au classement au fil des heures, au point même de mener la catégorie GTS-1 et un classement dans les dix premiers au général. Malheureusement, peu après la 12e heure de course, celle-ci rencontre un problème électrique et une fuite d’huile. L’abandon sera prononcé peu après…
Ces 24h de Daytona 1997 marqueront l’unique apparition de cette Callaway en course. Après cela, le programme est arrêté et comme la nouvelle réglementation des GT1 (hauteur minimale imposée, ajout obligatoire d'un coffre ayant un certain volume maximal, ajouts aérodynamiques non-présentes sur la voiture de série refusées, nombre minimal d'exemplaires de série …) en plus de quelques soucis apparents d'homologation rendent la C7R pratiquement hors-jeu pour le Mans (où visiblement elle n'est pas la bienvenue) ou dans les épreuves de la nouvelle série FIA-GT, ex-BPR, le préparateur américain préfère ne pas débourser davantage pour ceci et stoppe le programme (une participation aux 12h de Sebring et au Mans, son objectif principal, était prévue).
Radicale dans sa conception, un peu moins dans sa partie mécanique, la C7R aurait mérité un meilleur sort. Pas sur toutefois qu’elle aurait été capable contenir les futures GT1, type Porsche 911 GT1 ou Mercedes CLK-GTR, qui mettaient la barre plus haute en termes de conception et de performance (et de budgets, mais c’est un autre débat). C’est sur ce modèle que se clôt l’aventure de Callaway dans le sport-auto…mais ce ne sera que temporaire !
Caractéristiques voiture :
Moteur : V8 6276cc, basé sur le moteur LT5 5,7 litres de la Corvette ZR1
Aspiration : atmosphérique
Implantation : central-avant
Puissance : 650 à 680 chevaux, à 6250 tr/min
Couple : 835 NM à 5400 tr/min
Châssis : monocoque, en carbone
Boite de vitesses : manuelle à 5 vitesses
Transmission : propulsion
Poids : 1000 kg
Dimensions : 4,2m (L) * 1,9m (l) * 1,07m (h)
Pneumatiques : BF Goodrich en 1996, puis Pirelli en 1997
En compétition :
Engagée par Callaway Competition, avec l'aide de l'antenne européenne de Callaway (avec Ernst Wohr et Giovanni Ciccone), basé près d'Heilbronn
Non-préqualifiée pour les 24h du Mans en 1996 (catégorie GT1)
Pilotes : Boris Said, Enrico Bertaggia
De retour pour les 24h de Daytona en février 1997, après que Callaway a profondément modifié la C7R
Court en catégorie GTS-1 (mélange les GT1 et les GT-S)
Abandon en course
Pilotes : Boris Said, Enrico Bertaggia, Johnny Unser et Ron Fellows
Liens/ sources:
http://docplayer.fr/65340641-Les-corvette-a-daytona-daytona-continental-et-24-heures-de-daytona.html
ultmatecarpage
K.N
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