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Williams FW20 Mecachrome (1998)

  • Photo du rédacteur: Goodstone
    Goodstone
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Dernière mise à jour : 3h

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A la fin de l’année 1997, Williams remporte un neuvième titre en Formule 1, la cinquième acquise durant les années ‘90. En plus de ceci, un de leurs pilotes décroche également la couronne mondiale. Jacques Villeneuve l’emporte face à la Ferrari de Michael Schumacher après un GP épique à Jerez…qui se termine par un accrochage, dont sortira pratiquement indemne le pilote canadien et qui survivra au contact donné par Schumacher qui lui, échouera piteusement dans les graviers…

 

Mais la fin de l’année 1997 marque également le retrait de Renault en tant que motoriste. Pendant neuf saisons, l’association Williams-Renault aura été très fructueuse et bien que l’écurie de Frank Williams prépare déjà l’avenir en s’associant avec BMW à partir de 2000, il faudra également passer par deux saisons d’attente. Autre détail intéressant, étant donné qu’ Adrian Newey a quitté l’équipe l’an passé, la future FW20 (FW comme Frank Williams) sera la première monoplace à ne plus être conçue par le génial ingénieur britannique depuis 1991.


Une finale épique en 1997 qui se terminera en un happy ending pour le pilote canadien de Williams (©Peter Van Egmond)
Une finale épique en 1997 qui se terminera en un happy ending pour le pilote canadien de Williams (©Peter Van Egmond)

 

 De gros changements sont également prévus dans le petit monde de la F1 puisqu’à partir de 1998, la règlementation technique est revue en profondeur avec l’introduction des pneus rainurés (à la place des slick), une efficacité aérodynamique moins marquée que les saisons précédentes tandis que les monoplaces sont plus étroites en termes de largeur. Avec tout ceci, les performances des nouvelles voitures seront nettement inférieures à leurs devancières. Ah, et dernier détail non-négligeable, Goodyear quittera la F1 à la fin de cette même année 1998, laissant donc Bridgestone seul manufacturier pneumatique à partir de 1999.

 

A Grove, siège de Williams F1, on se prépare comme tout le monde à une année totalement inédite. La nouvelle FW20 est conçue sous la houlette de Patrick Head (directeur technique), Geoff Willis (chef aérodynamicien) et Gavin Fischer (chef designer) et lorsque celle-ci est présentée au public à la fin du mois de janvier 1998  sur le circuit de Silverstone, pas mal d’éléments interpellent.

 

Fini Rothmas. Place au rouge et à Winfield (ainsi que Woody Woodpecker). Inutile de dire que la nouvelle livrée est diversement appréciée auprès du public (©Phil Guest)
Fini Rothmas. Place au rouge et à Winfield (ainsi que Woody Woodpecker). Inutile de dire que la nouvelle livrée est diversement appréciée auprès du public (©Phil Guest)

Commençons directement par la livrée. Fini le blanc et le bleu nuit représentant Rothmans comme ce fut le cas depuis 1994, c’est désormais un autre sponsor cigarettier qui prend le relais avec Winfield, d’où une voiture entièrement peinte en rouge. Ensuite, et d’une vue extérieure, la Ferr…pardon : la Williams FW20 est proche de la FW19 de 1997, bien que le règlement a changé entre-temps. C’est qu’au sein du team, on a visiblement opté pour une évolution en douceur plutôt qu’à une révolution. Après tout, pourquoi changer une recette gagnante depuis des années ? On notera toutefois la présence de ouïes d’aérations sur les pontons latéraux, éléments qui n’étaient pas présentes sur la FW19.


Petite particularité, la boite de vitesses semi-automatique est en position transversale contrairement aux autres monoplaces de cette saison qui sont en position longitudinale (plus adaptée aux nouvelles caractéristiques des F1). L’écurie juge que ces changements n’apporteraient pas grand-chose à la compétitivité de la voiture. Enfin, on fait toujours confiance aux pneus Goodyear qui entamera donc, son ultime année en F1.

 

De gauche à droite: Juan-Pablo Montoya, Max Wilson, H-H Frentzen et Williams number One. Pour la première fois depuis 1983, le numéro 1 refait son apparition sur les Williams ! (archives Williams)
De gauche à droite: Juan-Pablo Montoya, Max Wilson, H-H Frentzen et Williams number One. Pour la première fois depuis 1983, le numéro 1 refait son apparition sur les Williams ! (archives Williams)

Et le moteur ? Renault est parti, et BMW n’est pas encore présent. Ce sera donc le V10 3000cc Renault RS9 de 1997 qui reprendra du service. Un moteur de l’an passé ? Oui en grande partie. Cette-fois le bloc est désormais au nom de Mecachrome, qui assurera l’entretien et le développement des moteurs durant la saison, le tout avec les mêmes ingénieurs venant de chez Renault Sport. Et concernant les évolutions, il n’y en aura pas énormément et on se limitera (dans les grandes lignes) à améliorer la puissance en cours de saison.

 

Pour les pilotes, c’est le statut-quo par rapport à ’97. Champion en titre, le canadien Driverone Willia…pardon : Jacques Villeneuve compte bien défendre dignement sa couronne tandis que l’allemand Heinz-Harald Frentzen espère redresser la barre après une saison assez délicate ponctuée tout de même par une victoire et une jolie fin de saison.

 

Elle était déjà liée à Renault Sport depuis les années 1980. En 1998, Mecachrome est désormais motoriste et prend le relais de Renault. Ses activités liées à la F1 sont basées à Aubigny-sur-Nère (Cher)
Elle était déjà liée à Renault Sport depuis les années 1980. En 1998, Mecachrome est désormais motoriste et prend le relais de Renault. Ses activités liées à la F1 sont basées à Aubigny-sur-Nère (Cher)

Après des essais menés à Silverstone, puis au Paul-Ricard, l’équipe et les pilotes se montrent satisfaits du comportement de la FW20. Toutefois, et au fil des semaines, les sourires commencent doucement à s’effacer pendant les essais à Barcelone et on comprend que la saison ne va pas être simple, surtout face aux McLaren-Mercedes (dont la MP4/13 est conçue par un certain Adrian Newey) qui surprennent tout ce petit beau monde en cet hiver 1998.

 

Ce sentiment de pessimisme semble se confirmer dès la manche d’ouverture du championnat 1998, en Australie. Les McLaren de Mika Hakkinen et de David Coulthard surfent tranquillement dans leur coin tandis que la concurrence tire la langue. Chez Williams, on se contente du quatrième et cinquième chrono, à l’avantage de Villeneuve. Celui-ci concède presque une seconde pleine à Hakkinen ! En course, les deux FW20 sont tout juste les meilleures des autres et Frentzen termine troisième, à un tour des monoplaces grises. Une claque !

 

Loin, très loin, derrière les McLaren Mercedes à Melbourne...
Loin, très loin, derrière les McLaren Mercedes à Melbourne...

Et la suite ? C’est encore pire. On comprend rapidement dans le clan Williams qu’on ne pourra pas défendre dignement ses deux titres cette saison. Toujours reléguées à plus ou moins une seconde pleine sur un tour, les monoplaces rouges récoltent tristement les miettes laissées par McLaren et l’autre écurie rouge, Ferrari. Après trois GP et un bon zéro pointé en Argentine, huit points ont été marqués. Et les premières épreuves en Europe ne changent pas grand-chose aux résultats globaux. Hormis un joli tir groupé au pied du podium à Imola, c’est la soupe à la quenelle durant le printemps et une partie de l’été…


En Argentine, le champion en titre va se battre avec David Coulthard...et s'accrocher (©??)
En Argentine, le champion en titre va se battre avec David Coulthard...et s'accrocher (©??)


 

Sur le tracé de Barcelone, les FW20 rendent carrément plus de deux secondes aux McLaren en plus de végéter dans le milieu du tableau, une situation inédite pour l’équipe depuis longtemps ! Evidemment, pour justifier le manque de performances depuis le début de l’année, le V10 Mecachrome /ex-Renault est plus qu’incriminé au sein du team. Certes encore performant et fiable (une seule casse recensée en course, lorsque Frentzen renonce prématurément à Zeltweg), le moteur ne tient évidemment plus la comparaison avec les V10 Mercedes ou Ferrari désormais. En outre, les pneumatiques Goodyear sont également pointés du doigt pour leur infériorité face aux Bridgestone, notamment en début de saison.

 

En 1998, il fallait miser sur le bon rouge, celui de chez Ferrari (©?)
En 1998, il fallait miser sur le bon rouge, celui de chez Ferrari (©?)

Et la FW20 dans tout ça ? En toute objectivité, Williams a certainement péché par excès de conservatisme et de prudence…ou alors le virage vers la nouvelle réglementation a mal été négocié. Toujours est t-il que cette monoplace est nerveuse à piloter en grande partie à cause de son train-arrière piégeur, ce qui force les pilotes, ou plutôt Villeneuve essentiellement, à sur conduire, aux prix de quelques accidents en essais et plus rarement en course. En parlant des pilotes, le champion en titre ne cache pas son amertume face à cette saison tandis que Frentzen n'arrive toujours pas à allier consistance et confiance et ne marquera pas de points pendant près de quatre mois ! D’équipe championne durant une bonne partie de la décennie, Williams est désormais derrière McLaren et Ferrari dans la hiérarchie, et même Benetton se montre un peu plus régulière durant la première partie de la saison.

 

A moteur égal, les Benetton se montrent un peu plus régulières que les Williams FW20 durant la première partie de la saison (©LAT Images
A moteur égal, les Benetton se montrent un peu plus régulières que les Williams FW20 durant la première partie de la saison (©LAT Images

Il faut aussi préciser que des opportunités de très bien figurer ont joliment été jetées à la corbeille. Au Canada, il y’avait très certainement un moyen de jouer le podium, voire mieux. Si Frentzen est gentiment ( ?) poussé dehors par Michael Scumacher qui sortait des stands, son compère québécois profite des multiples incidents sur la piste et des neutralisations. A la fin de la troisième intervention du Safety-Car, le local de l’étape profite des déboires des McLaren et des quelques arrêts-ravitaillements pour se placer second, derrière la Benetton de Giancarlo Fisichella. Au restart, le champion en titre est en feu, il veut dépasser la monoplace bleu-ciel d’emblée et viser la victoire avec sa Williams profondément améliorée à cette occasion.


Mais un poil trop optimiste, il tire tour droit au premier virage et coupe celui-ci. A peine plusieurs centaines de mètres plus-tard, il se fait harponner par la Minardi d’Esteban Tuero qui lui arrache l’aileron arrière. Tout espoir de signer un gros résultat à domicile s’envole en fracas, et Villeneuve se contentera de terminer l’épreuve, à six tours de retard. Et au classement général, Williams est quatrième, derrière Benetton.

 

"OH LA VACHE!!" (©Steve Etherington)
"OH LA VACHE!!" (©Steve Etherington)

Après une quatrième place à Magny-Cours, loin derrière les Ferrari et Hakkinen, Villeneuve réalise une belle qualif’ en plaçant sa Williams au troisième rang sur le tracé de Silverstone. Mais manque de bol en course, la pluie joue des mauvais tours aux pilotes et seul le québécois verra l’arrivée aux portes des points.

 

C’est au milieu de l’été que les performances seront plus que satisfaisantes, en tout cas par rapport au début de l’année. Avec une FW20 un fois encore améliorée, Villeneuve signe un autre troisième temps en qualifs à Hockenheim, et à seulement cinq dixièmes d’Hakkinen. Et c’est durant cette épreuve que l’écurie signera très certainement sa meilleure prestation de l’année puisque Villeneuve termine troisième (premier podium de la saison pour le champion ’97) juste derrière les deux McLaren. Etant donné qu’Hakkinen avait des soucis techniques, il est fort probable que le québécois aurait été allé chercher la victoire dans ce tracé ultrarapide si Coulthard n’a pas joué les gardes du corps…

 

Dans des conditions ultra-pluvieuses à Silverstone, Villeneuve n'évitera pas les sorties et figures..Mais il verra tout de même l'arrivée (©LAT Images)
Dans des conditions ultra-pluvieuses à Silverstone, Villeneuve n'évitera pas les sorties et figures..Mais il verra tout de même l'arrivée (©LAT Images)

Après Hockenheim, Villeneuve récidive dans le tourniquet du Hungaroing en prenant une nouvelle fois la médaille de bronze, cette-fois loin derrière Schumacher et Coulthard. C’est également la première fois depuis Imola (soit quatre mois) que les deux Williams sont dans les points puisque Frentzen fait son retour dans le top-6 en marquant deux points tout en étant grippé durant le weekend. La FW20 remaniée au niveau du train-arrière, des suspensions et de l’empattement (légèrement allongé) redonnent un tout petit peu de sourire dans le camp Williams, qui  semble être la troisième force du plateau avant la trêve estivale, bien que Benetton soit toujours devant au classement, pour deux petits points d’avance.


H-H Frentzen va connaitre une série de sept courses sans avoir marqué le moindre point ! (©LAT Images)
H-H Frentzen va connaitre une série de sept courses sans avoir marqué le moindre point ! (©LAT Images)

 

Après les vacances d’été, la F1 se retrouve sur le circuit de Spa-Francorchamps pour le fameux GP de Belgique. Inutile de vous raconter tout ce qu’il s’est passé durant cette course pluvieuse et chaotique, mais pour la première fois de la saison, McLaren et Ferrari sont hors-jeu. Une grosse opportunité est à saisir pour les survivants de cette course. Mais Williams ne va pas en profiter, car Villeneuve sort de la piste (après avoir réalisé un solide carton aux essais au Raidillon) et abandonne au premier quart de la course. Quant à Frentzen, celui-ci préférera jouer la prudence et termine quatrième de l’épreuve. Trois points de gagnés certes, mais Jordan a réalisé le doublé, et la Sauber d’Alesi complétait le podium, dommage d’avoir manquée une véritable occasion de briller !

 

Peut-être est-ce à cause de ça que Villeneuve donne tout au GP d’Italie. Sur le tracé de Monza, le québécois signe un excellent deuxième chrono, à moins de trois dixièmes de Michael Schumacher. Le pilote et l’équipe ont visiblement trouvé de très bons réglages (en plus des Goodyear efficaces ce weekend) sur la FW20 qui a l’air d’aimer les circuits ultrarapides, même avec un bloc sous-motorisé cette saison. Hélas, tout s’écroule le lendemain car après avoir perdu des places au premier tour, le fils de Gilles Villeneuve sort de la route et jette l’éponge dans la dernière moitié du GP : voiture bloquée dans le gravier suite à des soucis de freins.

 

Ca partait bien à Monza. Puis tout se gate à la fin du premier tour (©LAT)
Ca partait bien à Monza. Puis tout se gate à la fin du premier tour (©LAT)

Les deux dernières courses ne permettent pas à Williams de reproduire quelques exploits. Que ca soit au Nurburgring ou à Suzuka, les deux FW20 se contentent des petits points, c’est que la monoplace reste toujours imparfaite, notamment en ce qui concerne le grip et l’équilibre toujours. A la fin de la saison 1998, l’écurie tenante du titre termine troisième avec 38 pauvres points et trois podiums au total, très loin derrière McLaren (156 points) et Ferrari (133). Pour ajouter la petite cerise sur le gâteau, Williams est à peine devant Jordan- Mugen (34 points) qui a fini la saison en trombe, et les monoplaces jaunes étaient un peu au-dessus des voitures rouges à cette période.



Hormis sa livrée, on retiendra de la FW20, une machine qui a mis fin aux grands succès de Williams dans les années 1990. Plus jamais l’écurie de Frank Williams ne gagnera le moindre titre dans les années à venir…

 

Pour le dernier GP de l'année, à Suzuka, Frentzen termine cinquième, juste derrière la Jordan de Damon Hill et juste devant Jacques Villeneuve. Le pilote allemand clôt son passage difficile chez Williams par une note honorable. (©Getty Images)
Pour le dernier GP de l'année, à Suzuka, Frentzen termine cinquième, juste derrière la Jordan de Damon Hill et juste devant Jacques Villeneuve. Le pilote allemand clôt son passage difficile chez Williams par une note honorable. (©Getty Images)

1999 sera encore une nouvelle année de transition. Le bon vieux V10 Renault / Mecachrome sera toujours de la partie. Et cette fois, il sera bradé au nom de Supertec, mystérieuse société crée par Flavio Briatore qui est chargée de commercialiser ces moteurs. Et concernant les pilotes, Villeneuve, non mécontent que la saison s’achève, rejoint la nouvelle équipe British American Racing, fondée par son manager Craig Pollock. H-H Frentzen quitte également le navire après deux saisons compliquées à Grove. Ils seront remplacés par Ralf Schumacher (venant de chez Jordan, la où Frentzen fait le chemin inverse) et un revenant dans le milieu, l’italien Alex Zanardi qui n’est d’autre que le double-champion CART en titre.



Liens / sources


Archives Autosport, Auto-Hebdo...

Extraits video Youtube de Jean-Michel Boileau



La FW20 sera encore utilisée en 1999, du moins pour des essais avec le nouveau V10 BMW qui entrera en compétition à partir de 2000. Ici Jorg Muller sur la piste de Miramas
La FW20 sera encore utilisée en 1999, du moins pour des essais avec le nouveau V10 BMW qui entrera en compétition à partir de 2000. Ici Jorg Muller sur la piste de Miramas

 

 

 

 

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