La Chevrolet Camaro de quatrième génération (1993-2002) n’était peut-être pas la plus marquante, ni la plus élégante des Camaro. Mais cette voiture a connu une carrière en compétition automobile plutôt bien remplie. Principalement animatrices dans les pelotons du Trans-Am, en SCCA World Challenge (parfois modifiées par Callaway). On la voit également en IMSA au sein de la catégorie GTS ou bien dans le championnat canadien de GT si on reste en Amérique du Nord. Chez nous en Europe, il existait un championnat monotype avec ce modèle en Suède, et qui servait de série-support au championnat local de tourisme. Il y’avait même une Camaro de cette génération qui est apparue un weekend en FFSA GT, en 2002.
Mais la Camaro qui nous intéresse dans cet article est celle qui a voyagé au Japon, et plus précisément dans le championnat nippon de GT, le JGTC (futur Super-GT). Pas d’engagement ou de soutien de la part de Chevrolet bien évidemment, mais une initiative purement indépendante et courageuse puisque cette Camaro en question sera engagée dans la catégorie principale, celle du GT500 !
Deux structures sont impliquées dans cette histoire. L’une d’elles est la structure nommée Suzuki Racing Mechanics qui s’occupe de l’engagement et de l’exploitation de la voiture. La seconde entité est Advance Auto Parts, qui est spécialisée dans la préparation de voitures américaines (et surtout, des Chevrolet) au Japon.
Cette dernière va récupérer une Camaro de course. La machine venue des USA (on ne sait pos d’où provient précisément la voiture) n’est pas une Trans-Am ou une GT basique, mais plutôt une qui provient de l’IMSA et de la catégorie GTS-1 selon les informations. Avec cette Camaro radicalement transformée comme base, Advance Auto Parts va pouvoir commencer le travail afin de la mettre en conformité pour le JGTC et la classe GT500, sachant que le préparateur basée à Yokohama découvre ce championnat.
A vrai dire, il semblerait que les modifications sont assez limitées. On s’est juste contenté de la conformer au règlement des voitures de GT500. Il faut noter que ce n’est pas une Camaro entièrement basée sur la version de route, le châssis est tubulaire et il n’y a pas de portières. Notons que la voiture pèse 1027kg et qu’il est au niveau des autres machines de la catégorie.
Quant au moteur qui est un V8 de 5,9 litres repris sur la version Z28 de route (tout atmo’ et en position avant), la puissance a été sensiblement réduite pour respecter le maximum autorisé. Des 530ch initiales, on passe à environ 400ch maintenant. Dans le même temps, le réservoir d’essence a été réaménagé. Les pneus sont des Goodyear.
Avec peu de moyens dépensés et peu de gros changements, les deux structures ont réussi à adapter la Camaro au championnat JGTC. Pas encore tout à fait opérationnelle pour le début de saison 1997, on la verra en compétition en cours d’année…
Et il faudra attendre le mois d’aout pour voir la Camaro débuter en JGTC. Pour ce meeting sur le tracé rapide de Fuji, quatrième manche du championnat, Suzuki Racing confie le volant à Masato Yamamoto (qui n’est d’autre que le boss d’Advance Auto) et à Katsuhiko Okamoto. Face à eux, dix-neuf GT500 sont prêtes à rencontrer cette Camaro. Citons les Nissan Skyline GT-R (R33), les Toyota Supra ou les Honda NSX aussi spectaculaires que performantes. Notons également la présence de quelques Porsche 911 GT2 dans cette catégorie et on a un joli plateau !
Très rapidement, la Camaro engagée par Suzuki Racing x Advance Auto n’est pas du tout dans le coup. Pas performante, pas très fringante sur le point du comportement, la voiture a également tendance à « manger » très rapidement ses gommes tendres. Avec un équipage composé de pilotes semi-professionnels (et encore…), la Chevrolet est derrière tout le monde, même face aux GT300 (la classe inférieure). 41e sur la grille sur les 44 voitures au total, à seize secondes de la Supra de chez Castrol/ TOM’S (en pole), la voiture ne passera pas le quart de la course : problème de moteur.
Après ces débuts très délicats en compétition, on s’est certainement aperçu qu’on était un poil trop optimiste du côté de chez Suzuki Racing et d’Advance Auto Parts. Plutôt que de continuer à engager la Camaro en JGTC, à perte, les deux entités décident de sagement arrêter les frais immédiatement après Fuji. La machine est ensuite conservée par Advance Auto Parts, à Yokohama.
En 2000, coup de théâtre ! La Camaro reprend du service pour une épreuve d’endurance ! Advance Auto Parts a ressorti cette Chevrolet dans son atelier et la dépoussière quelque peu pour la faire courir aux 1000km de Suzuka.
Pour cette course ne comptant pour aucun championnat (mêlant voitures du JGTC, certaines venant de la FIA-GT et d‘autres), la voiture n’a pas connu de modifications majeures. Les pneus proviennent désormais de chez Yokohama. Dernier point : la Camaro ne court pas dans la catégorie des GT500, mais dans celle des GT « spéciales », la C- GT. Elle se confrontera à une Honda NSX…et c’est tout. Pour les pilotes, Yamamoto et Okamoto sont toujours de la partie et sont accompagnés de Satoshi Got pour l’occasion.
Avec une voiture qui n’a pratiquement pas évolué en trois ans, il ne fallait pas s’attendre à des miracles sur la piste. 39e et dernière au départ (pas de chrono effectué, souci mécanique), la « grosse » Chevrolet se retirera assez tôt en course. Cette-fois, l’histoire se termine pour de bon pour cette machine qui repart dans les ateliers de chez Advance Auto qui continue encore aujourd’hui de préparer et d’entretenir les bolides venus des Etats-Unis. Il est arrivé à certains moments qu’elle soit impliquée dans le développement et l’entretien de certaines Chevrolet ayant couru en Super-GT ou dans d’autres séries accueillant les GT (Super Taikyu par exemple).
Liens/sources
Racingsportscars.
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