Course d'enfer: Toyota au GP de Bahreïn 2006
- Goodstone
- il y a 14 heures
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Dernière mise à jour : il y a 2 minutes

Avoir des moyens considérables et investir pleinement pour être compétitif ne garantit pas forcément le succès en Formule-1, et ce n’est pas Toyota qui nous dira le contraire. Depuis ses débuts dans la discipline en 2002, le futur premier constructeur mondial semblait stagner, voire régresser au terme de la saison 2004. Il aura fallu attendre 2005 pour enfin voir les monoplaces blanches et rouges sur le devant de la scène.
Avec une voiture, la TF105 conçue par Mike Gascoyne, réellement compétitive, notamment en première partie de saison, Toyota signait ses premiers podiums en F1. Et avec Jarno Trulli ainsi que Ralf Schumacher au volant, le constructeur dont la base de l’écurie est située à Cologne, en Allemagne (et siège du Toyota Team Europe), signe la meilleure saison depuis ses débuts : quatrième du championnat avec cinq podiums. Une position finale qui aurait du être meilleure, mais on connait le fameux GP des Etats-Unis (à Indianapolis) et Ferrari en a profité pour signer un doublé en solitaire et cela a bien aidé celle-ci à conserver sa troisième place finale. Cela dit, et en dehors de cette histoire, Toyota peut encore mieux faire dans pas mal de domaines .

Il s’agirait maintenant de jouer les premiers rôles à la régulière, de convertir les belles performances en qualifications tout en ne faiblissant pas durant un Grand-Prix. Et bien évidemment, on se met à rêver d’une victoire face à Renault, McLaren ou Ferrari en Grand-Prix. Pour cela, on ne chôme pas durant l’hiver 2005-06 à Cologne puisque Toyota est la première écurie du plateau à présenter sa nouvelle arme : la TF106.
Dévoilée dans l’usine Toyota de Valenciennes, cette monoplace toujours conçue sous la houlette de Mike Gascoyne est une évolution de la TF105B apparue en fin de saison 2005. La TF106 a même fait ses premiers tours de roue cinq mois auparavant ! Parmi les changements principaux, il y’a bien évidemment la nouvelle réglementation qui impose désormais les moteurs V8 au lieu des V10, et ce nouveau bloc de 2,4 litres (et affichant une puissance de 740ch maximum) a fait l’objet d’importants essais depuis plusieurs mois. L’autre changement concerne les pneumatiques. On délaisse les Michelin pour passer dans le camp des Bridgestone, qui équipent déjà Ferrari ou à partir de cette saison encore, les Williams. Nul doute qu’il y’aura très certainement un temps d’adaptation avec ces gommes nippones, mais il parait que l’équipe a déjà accumulé pas mal de données avec ces pneumatiques.

Pour les pilotes, on conserve la même paire qu’en 2005, à savoir Ralf Schumacher et Jarno Trulli, désormais expérimentés dans le milieu. Les ingrédients semblent bon pour espérer une solide saison. Sauf qu’il y’a quelques inquiétudes durant cet hiver…
Les performances de la TF106, quoiqu’honorables, ne semblent pas montrer quelque chose d’extraordinaire. On peut également ajouter que les Toyota se sont montrées très discrètes sur la piste. Hasard ou non, on annonce déjà une version « B » de la TF106 pour le printemps.
Peut-être est-ce un détail, mais certains éléments aérodynamiques étaient en tout point, identiques à la TF105 et probablement pas vraiment adaptées sur la nouvelle monoplace. Puis, des soucis de conception ont été visiblement révélés. Mais on y reviendra peu après.

La première manche de la saison 2006 de F1 commence début-mars à Bahreïn, sur le tracé de Sakhir. Et alors qu’on se demande si Ferrari et Michael Schumacher vont battre la Renault de Fernando Alonso, un certain vent de scepticisme se lève dans le garage Toyota. Pas vraiment au top de leur forme aux essais libres, les TF106 vont sombrer dès les qualifications. Incapables d’exploiter pleinement leurs pneus Bridgestone, les pilotes vont vite jouer les simples figurants durant cette séance. Piégé par le drapeau rouge après la casse de suspension de la McLaren de Raikkonen, Ralf Schumacher est éliminé dès la première partie de la qualif’, la Q1. Il s’élancera 17e. Pour Trulli, ce n’est guère plus brillant, il sera éliminé de la Q2 en signant le 14e temps, à une seconde pleine des Ferrari durant cette deuxième phase.

Et la course ? Un enfer comme le titre de l’article le dit. La mauvaise prestation le samedi n’était pas qu’une impression, la monoplace se traine dans le ventre mou du peloton, incapable de faire la différence face aux Toro-Rosso (dotées du V10 Cosworth « bridé » pour cette saison) durant le GP. Le souci est que la TF106 ne générait pratiquement pas d’appui aérodynamique durant le week-end. Plus problématique, la conception de la voiture était tout, sauf prévue pour exploiter les gommes Bridgestone. Sacrément malin…Et inutile de dire que la seconde place obtenu par Trulli l’année dernière ne sera clairement pas égalée, loin de là.
Que ça soit sur une stratégie à deux arrêts (Trulli) ou trois (R. Schumacher), rien à faire, les monoplaces sponsorisées par Panasonic sont parmi les moins véloces du plateau, ne devançant uniquement les Midland et bien sur les Super-Aguri en termes de rythme de course. Après une course éprouvante et se contentant de jouer les chicanes mobiles dans la dernière partie de l'épreuve, les deux pilotes finiront 14e et 16e (avantage Schumacher), à un tour de Fernando Alonso. Notons que la Honda de Rubens Barrichello s’est intercalée entre les Toyota en fin d’épreuve, victime d’un souci de boite de vitesses.

C’est la douche froide dans le garage Toyota. Si on n’hésite pas à qualifier la prestation de « choquante » dans les hautes sphères du constructeur nippon, du coté de l’écurie, on parle d’une mauvaise exploitation des Bridgestone. C’est déjà l’alerte rouge à Cologne et Mike Gascoyne est sur la sellette…
Sources:
F1i Magazine
J-L Domenjoz, L'année Formule 1: 2006-07, Chronosports, 2006
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