Bien que majoritairement connue par sa présence dans les championnats de tourisme ou de rallye dans le passé, Seat a également lancé un drôle de concept-car destiné à courir en GT.
Lorsque la Seat Cupra GT est dévoilée au salon de Barcelone en 2003, celle-ci surprend le public tant le constructeur ibérique n’est pas habitué à construire des machines ou des prototypes radicales.
Outre son look suggestif, cette machine conçue conjointement par le centre de style de Seat et la division sport de la marque, ce qui nous donne quelque chose de très excitant lorsqu’on lit la fiche technique : châssis tubulaire et voiture basse, grosses roues de 18’’, aileron arrière plutôt imposant, freins ventilés de chez Brembo, V10 à double turbo emprunté au concept-car Audi le Mans (la future R8) implanté en position central-arrière développant plus de 500 chevaux et enfin, pas mal de pièces mécaniques issues des protos / concepts du groupe VW…Ça donne envie, non ?
Mais la Cupra GT n’est pas un concept-car qui restera sans suite, Seat prévoit en effet de produire quelques exemplaires de cette belle machine (avis subjectif) pour la faire courir en compétition. Oui, celle-ci aura une carrière dans le monde des GT. Toutefois, pas d’engagement officiel, juste un léger soutien pour les équipes qui achètent cette vraie-fausse GT.
L’objectif est de la faire débuter en 2004, précisément dans le championnat espagnol de GT et ci-possible en FIA GT, le championnat du monde regroupant ces machines. C’est également le bon moment de remplacer la Toledo GT qui a remporté plusieurs courses dans la série locale, au point que l’une d’entre-elles remportera le championnat en 2003, aux mains de Jordi Gene et Gines Vivancos.
A la base, il est prévu de l’homologuer dans la classe « N-GT », nommé « GT » tout court au Mans et qui prendra plus tard le nom de « GT2 », avec les Porsche 911 GT3, Ferrari 360 ou autres Spyker C12 comme rivales dans cette catégorie.
Problème : étant donné que le nombre d’exemplaires produits est à la fois insuffisant et qu’aucun de ces modèles soient construites pour la route, puis que la hauteur de la Cupra GT est trop basse, celle-ci ne reçoit pas son homologation en N-GT de la part de la FIA. Et comme Seat n’a pu (ou voulu ?) obtenir une dérogation spéciale à l’instar de la Maserati MC12 en GT(1), la machine ne pourra courir au championnat du monde…A défaut de mieux, elle se contentera du GT espagnol. Durant une partie de l’année 2003, les Cupra GT sont soumises à plusieurs essais sur piste par Seat Sport.
Les Cupra GT sont vendues à des équipes courant dans ce championnat et bénéficieront également d’un petit soutien technique de la part du constructeur. A l’ouverture de la saison 2004 du GT espagnol, seule une équipe va exploiter une Cupra. Il s’agit d’une structure privée soutenue par le circuit de Valencia. Les pilotes sont José Manuel Valero ainsi que l’ancien pilote de moto, José Aspar.
Inscrite en catégorie « GTA », en fait les N-GT, la Seat de compétition sera confrontée à plusieurs Porsche 911 GT3, quelques Marcos Mantara, une Opel Astra V8 (!) ou encore à une Toledo GT engagée par le Darro Motor qui s’était imposée à plusieurs reprises l’an passé.
Les débuts de la Cupra à Albacete seront difficiles : après peu de tests effectués avant l’ouverture du championnat, la voiture est l’une des moins véloces de sa catégorie en qualifications (et donc, derrière la vieille Toledo) et lors des deux courses de cette première épreuve (2 x 50 minutes), Valero et Aspar ne verront pas l’arrivée, les soucis de jeunesse sont responsables de ces abandons.
Le second meeting sur le tracé de Jarama sera à peine mieux : si l’unique Cupra en piste voit cette fois le drapeau à damier lors des deux courses, elle sera très loin derrière au classement général : 21e et 14e, pas encore tout à fait robuste et loin derrière les autres concurrents en GTA et parfois d’autres voitures en GTB avec des voitures moins performantes (sur le papier) comme les 911 Carrera Cup ou les Ferrari 360 Challenge…Pendant ce temps, la bonne vieille Toledo GT du Darro Motor s’incrustait sur le podium lors de ces deux mêmes courses.
A partir de Valence, cette même team du Darro Motor troque sa Toledo contre la Cupra GT. Il y’aura donc deux machines de ce type sur cette quatrième manche de la saison. Alors que les performances insuffisantes du duo Aspar/Valero (qui ont zappé la manche à Estoril, au Portugal) faisaient croire que l’équipe a fait une erreur, leurs pilotes, à savoir Gines Vivancos et Jordi Gene, vont signer dès leur première course avec cette monture une seconde place juste derrière une Ferrari 360 N-GT ! Et ce n’est pas fini : la où l’autre Cupra galère toujours à « dompter » la voiture (abandon puis disqualification), celle du Darro Motor termine la seconde course sur le podium à nouveau ! Oui, l’équipe est plus structurée, les pilotes sont également expérimentés (Vivaros connait bien le championnat depuis les débuts en 1999, Jordi Gene est un bon pilote en tourisme également), mais signer une telle performance pour la toute première course avec la Cupra GT (et avec peu d’essais au préalable), il fallait le faire ! Peut-on penser que ce même duo de pilotes chez Darro peut remporter une deuxième couronne consécutive dans cette série ?
Fun fact : cette Cupra GT du Darro Motor était en fait, équipée d’un V10 atmo venant de la Lamborghini Gallardo (avec une puissance "dégonflée" à 450 ch apparemment). Le résultat est apparemment efficace comparé à la version « classique »…
Mais tout ceci n’aura pas de suite, à Jerez, les deux Cupra voient l’arrivée lors de la seconde course sur ce circuit, mais assez loin derrière : 7e et 9e, avantage au Darro Motor. La dernière étape du championnat, à Barcelone, ne verra aucune des deux Cupra à l’arrivée lors de l’unique course de deux heures. Celles-ci n’ont d’ailleurs pas dépassé la première heure…
Pataude sur certains tracés, pas très fiable, insuffisamment mise au point et souffrant d’un moteur pas très adapté au monde de la compétition (ou alors pas modifié pour le rendre pleinement compétitif), la Cupra GT aura eu des débuts difficiles dans le championnat local. Le cout d’entretien et d’exploitation est également élevé pour une structure privée, même avec le léger soutien de Seat Sport. Autre souci: ce concept-car de compet' peine à faire mieux que sa devancière, la Toledo GT.
Devant tout ceci, Seat préfère arrêter le soutien des équipes processeurs de cette voiture, le constructeur préfère se concentrer davantage sur les championnats de tourisme (notamment le WTCC qui renait et de sa coupe mono-marque, avec les Leon), laissant donc les équipes possédant une Cupra GT se débrouiller toutes seules…
Pour la saison 2005 du championnat espagnol de GT, une seule Cupra GT est présente, celle engagée par Antonio Lozano qui a acheté une à moteur Lamborghini (ex-Darro Motor donc). Elle sera pilotée par Jose Valero, qui connait désormais la machine, et l’expérimenté Tomas Saldana. Petite note : la Cupra est désormais engagée en classe « GTS », nouvelle catégorie crée pour les GT1 ou celles n’ayant pas obtenu leur homologation comme la Cupra GT.
Débutant à partir de la deuxième manche, à Valence, la Cupra GT se comporte un peu mieux sur la piste, la fiabilité également, mais reste toujours un ton en dessous face à ses homologues N-GT/classe GTA, rendant généralement deux secondes au tour à ces derniers à chaque épreuve. En quatre participations, le meilleur résultat est une huitième place, lors de la seconde course de Valence et la première d’Albacete.
2006, deux équipes vont utiliser cette Cupra: une voiture pour le RSV Motorsport avec Michel Ligonnet et Ronald Severin comme pilotes, et deux pour le team Sun Red (une avec le moteur « classique » et une autre avec le V10 Lambo), le « fidèle » Valero, Gines Vivaros, et Tomas Saldana sont les pilotes principaux de l’équipe. Plus que par cette présence, ces deux équipes vont courir à la fois dans le nouveau championnat International GT Open (crée par les mêmes organisateurs du GT espagnol), une série alternative à la FIA-GT et se déroulant principalement sur les circuits d’Europe du Sud (France comprise) et autorisant les GT non-homologuées. En parallèle à cela, RSV et Sun Red feront également des apparitions dans le championnat espagnol…
en classe « GTA » (comme en 2004), les Cupra GT ne feront que de la figuration dans les deux championnats, les voitures ne subissent aucun développement et se retrouvent loin derrière en course, notamment en GT-Open face à une concurrence un peu plus relevée (et avec les nouvelles Ferrari F430 par exemple, l’écart s’accroit). Une septième place à Monza signée par l’équipe Sun Red est le seul fait notable de cette voiture cette année-là.
Après ceci, les Cupra GT disparaitront de la circulation à l’issue de cette saison, les équipes préfèrent acheter une autre GT plus performance et éprouvée (voire développer leur propre machine, comme Sun Red). Au moins, cette étonnante voiture mi-supercar mi-concept car a eu une carrière en compétition automobile, peu glorieuse certes.
Fiche auto
Moteur : V6 2995cc (à la base)
Aspiration : deux turbos
Implantation : central-arrière
Puissance : Plus de 500 chevaux
Couple : 600 NM à 5250 tr/min
Châssis : tubulaire en aluminium
Boite de vitesses : séquentielle 6 vitesses
Transmission : à l’arrière
Poids : 1100 kg
Dimensions : 4,5 m (L) x 2,1 m (l)
Pneumatiques : Dunlop
Sources
Racingsportscars, Drivetribe, Ultimatecarpage, Caradisiac...
K.
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