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  • Photo du rédacteurGoodstone

Aston-Martin DBR4 & DBR5 (1959-1960)

D’accord, le nom d’Aston-Martin en Formule 1 reste quelque peu discret sur les flancs de l’équipe Red-Bull. Mais pour 2021, un autre team, Racing Point, prendra le nom du constructeur britannique après que son propriétaire, Lawrence Stroll, a acquis des parts dans la marque et lance un véritable retour du nom Aston-Martin dans la catégorie reine du sport-auto. Retour oui, car elle a déjà couru dans cette discipline à l’aube des années 1960…avec peu de réussite !



Depuis la fin des années 1920, Aston-Martin se forge un solide palmarès dans les épreuves d’endurance, que c a soit avec la 1 ½-litre et plus tard, les DB3 ou DBR1. Cette dernière s’imposera d’ailleurs aux 24 heures du Mans en 1959 aux mains de Carroll Shelby et de Roy Salvadori.


La DB2 en 1950 (©Poster Rama)

Ce que l’on sait moins, c’est que la marque britannique avait envisagé de courir en F1 au début des années 1950, lorsque la discipline était à ses véritables débuts. Une voiture était même construite avec l’aide d’Eberan von Eberhost, un ancien d’Auto-Union, qui créera la DB3 GP qui utilisait un châssis de la DB3 classique qui courait alors dans les courses d’endurance. Le projet fut mis au placard, le constructeur britannique n’avait ni les moyens ni l’envie de s’aventurer en F1.


La DB3 GP, qui ne débouchera sur rien du tout...(©cabelkawan.jallet.org)

Toutefois, celui-ci semble toujours tenté par une arrivée dans la catégorie-reine. En 1955, basée sur la DB3S née en 1953, une nouvelle version fut testée en cours d’année. Derrière cette machine visiblement taillée pour les manches d’endurance (en réduisant toutefois la taille du cockpit) cache plusieurs modifications d’ordre mécanique, notamment en ce qui concerne le moteur. Elle a été « testée » par Reg Parnell lors d’une course en Tasman Séries en 1956, en Australie. Mais cet essai n’aura aucune suite…


Mais là encore, la marque anglaise ne veut pas s’arrêter là et continue de travailler sur une arrivée en F1. Mais cette-fois ci, il est question de créer une voiture inédite, mais toujours sur base des voitures d'endurance.


Une DB3S en action (©Supercars.net)


Third British Team


Malgré un manque de moyens techniques et humains puis un programme sportif largement tournée vers l’endurance via la DBR1, la nouvelle F1 d’Aston-Martin est née en 1959 après plusieurs années de développement : il s’agit de la DBR4, parfois appelée DBR4/250. Cette monoplace à la livrée « British green » se présente comme une machine classique esthétiquement et techniquement parlant avec son moteur placé à l’avant de la voiture. On peut tout de même noter des suspensions spécifiques conçues pour la voiture (mais très classique dans sa conception) ainsi qu’un moteur 6 cylindres en ligne déjà aperçu sur la DB3S et développant 280 chevaux. Coté pilotes, Jack Brabham a été approché, mais l’australien préfèrera signer chez Cooper. Ce seront finalement deux pilotes Aston en endurance qui se chargeront de faire débuter la DBR4 en piste avec l’anglais Roy Salvadori et l’américain Carroll Shelby. Enfin, les pneus choisis seront des Avon.


©Peter Hooper

Les débuts de la DBR4 ont eu lieu sur le circuit de Silverstone, le 2 mai 1959, pour une course hors-championnat réunissant des F1 et des F2 : l’International Trophy. La concurrence parmi les monoplaces de la catégorie-reine est relevée : on note la présence d’une Ferrari 246 pour Phil Hill, des deux BRM officielles ainsi que des Cooper T45 et T51, qu’elles soient privées ou appartenant à l’équipe officielle.


Notons que la T51 se caractérise par son moteur implanté en position central-arrière, ce qui révolutionne le petit monde de la F1…Mais cela n’empêcha pas Salvadori de terminer second de l’épreuve pour la première sortie de la DBR4 en compétition ! Et si Shelby finit 6e, les débuts d’Aston-Martin sont réussis ! Mais calmons-nous un peu et voyons si l’équipe confirme ce résultat dans le championnat du monde de F1…


Caroll Shelby en action (©?)

Joie de courte durée


On retrouve les DBR4 sur le circuit de Zandvoort (Pays-Bas) pour la troisième manche du championnat du monde de F1, à la fin du mois de mai. Salvadori et Shelby sont toujours de la partie, mais cette fois, les résultats seront tout autres : sur les 15 voitures engagées, ils ne se qualifieront qu’au 10e et 13e rang. La course n’est guère meilleure, les deux Aston renonceront tôt suite à des pannes de moteur. De toutes manières, le circuit néerlandais ne convient pas aux pataudes DBR4.


Débuts au championnat du monde de F1 compliqués pour Aston à Zandvoort (©F1 History)

Faisant l’impasse sur le Grand-Prix de France, le constructeur britannique revient pour le GP d’Angleterre sur l’autodrome d’Aintree. Sur ce circuit plutôt rapide, les Aston se comportent bien : deuxième et sixième sur la grille de départ, avantage Salvadori. Si l’américain renonce, le pilote anglais accrochera une sixième place finale, à deux tours de la Cooper de Jack Brabham. Il y’a encore du boulot en perspective dans le camp Aston…



On la retrouvera le team au GP du Portugal, sur le circuit urbain de Monsanto (traversant entre-autres, des lignes de tramway !) et après avoir zappé la course au Nurburgrng, les DBR4 sont totalement larguées : 12e et 13e chrono (sur 16 voitures), à plus de dix secondes des Cooper officielles. Les deux voitures se traîneront tout au long de l’épreuve, bien que Salvadori et Shelby termineront respectivement à des honorables 6e et 8e places, mais à trois tours des leaders. Le scénario est identique lors du GP suivant, sur le circuit rapide de Monza où les DBR4 étaient supposées compétitives sur ce genre de tracé et malgré un châssis allégé ainsi qu’une boite de vitesses d’origine Maserati.


Aintree 1959, Caroll Shelby (©?)

Après ceci, Aston-Martin décide de faire l’impasse sur la dernière épreuve du championnat, à Sebring. La DBR4 avait trop de soucis pour être compétitive : son moteur 6 cylindres manquait de punch et ne délivrait pas toute sa puissance, ses suspensions « inédites » ne fonctionnaient pas comme il le fallait. Puis, elle se révélait trop classique face à ses rivales et surtout, trop lourde : 625 kg, seule la BRM fait « mieux », mais ça reste 50 kg de plus face aux autres voitures…


Efforts vains…


Qu’en cela tienne, Aston-Martin va construire une nouvelle voiture pour l’année suivante : la DBR5. Pour résumer la monoplace, c’est la même chose, mais avec des petits trucs en plus : suspensions indépendantes, poids et dimensions en baisse ainsi qu’un moteur retravaillé pour qu’il utilise toute sa puissance. Des efforts certes, mais clairement insuffisants pour contrer ses adversaires. De plus, la Formule 1 entre dans une nouvelle ère : celle des voitures à moteur central-arrière. La DBR5 apparaît vite anachronique avec son moteur toujours implanté à l’avant de la monoplace.


La DBR5 montée par les mécanos d'Aston pour l'International Trophy 1960 (avant qu'elle soit accidentée) (©?)

Dès lors, Aston-Martin prend la décision de se concentrer uniquement en endurance, discipline où la marque excelle. Mais elle fera quelques apparitions en GP durant l’année 1960.


Toute l’équipe fait son retour lors de l’International Trophy, course hors-championnat se déroulant au mois de mai, sur le circuit de Silverstone. Toutefois, les vieilles DBR4 seront de la partie, la seule DBR5 construite à ce moment-là a été détruite lors d’un accident durant les essais. Roy Salvadori sera accompagné du français Maurice Trintignant. Si brillantes l’an passé, les voitures anglaises seront hors du coup face à leurs rivales plus performantes et plus modernes. Seul Trintignant finira l’épreuve, à une lointaine 10e place.


Après que la DBR5 fut détruite aux essais, la DBR4 reprend du service à l'International Trophy '60, ici Maurice Trintignant (©Jeremy Lewis)

Le constructeur britannique avait envisagé de participer au GP des Pays-Bas (3e manche du championnat), sur le circuit de Zandvoort toujours avec la DBR4. Seul Salvadori devait participer à l’épreuve, mais ce dernier refusera de courir après que les organisateurs décidèrent de changer les primes de départ pour chaque participant. Aston doit déclarer forfait…


Il faudra attendre le mois de juillet pour revoir Aston en F1, toujours sur le circuit de Silverstone, mais pour la 7e manche de la saison 1960 de F1. Les DBR5, avec deux voitures totalement neuves, feront enfin leurs débuts sur ce circuit. Manque de chance, elle se révèle pataude à conduire et tout aussi lourde malgré une baisse sensible du poids. Salvadori et Trintignant se qualifieront au 13e et 21e rang. Seul le français finira la course, à une 11e place à 5 tours des leaders. Fin de l’aventure Aston-Martin en Formule 1…avant un bon moment ! Les DBR4 et 5 seront par la suite revendues à des pilotes privées ou à des collectionneurs...


GP de Silverstone 1960: première et unique apparition de la DBR5 en course (avec Roy Salvadori sur la photo), et dernière course d'Aston-Martin en F1...pendant un certain temps ! (©Bernard Cahier


Caractéristiques voitures :


Moteur : 6 cylindres en ligne de 2492cc

Aspiration : atmosphérique

Implantation : à l’avant

Puissance : 280ch à 7800 tr/min.


Châssis : en spaceframe, tubulaire en acier

Suspensions : à ressorts avec barre de torsion pour la DBR4. Suspensions indépendantes pour la DBR5

Boite de vitesses : d’origine Aston-Martin, à cinq vitesses. Une boite provenant de chez Maserati a été montée lors du GP d’Italie 1959

Transmission : propulsion

Poids : 625 kg pour la DBR4, 575kg pour la DBR5

Dimensions : 2,29m (L) * 1,86m (l) pour la DBR4

Pneumatiques : Avon (1959) et Dunlop (1960)


Résultats en compétition :


Avec la DBR4 :

A débuté lors de l’International Trophy, sur le circuit de Silverstone en 1959. Course hors-championnat de F1

Résultat : 2e (Roy Salvadori) et 6e (Carroll Shelby)

A débuté dans le championnat du monde de F1 lors du GP des Pays-Bas. 4 courses disputées.

Meilleur résultat : 6e en Grande-Bretagne et au Portugal

Une participation en 1960 lors de l’International Trophy, toujours sur le circuit de Silverstone. 10e place pour Maurice Trintignant.


Avec la DBR5

Une course de F1 en 1960, lors du GP de Grande-Bretagne, à Silverstone. 11e place pour Maurice Trintignant.


Liens/Sources :


Aston-Martin DB : 70 years, d’Andew Noakes, Quarto Publishing inc., 2019.



Plus de 60 ans après la tentative d'Aston-Martin de percer en F1, et après plus de cinq années à "sponsoriser" Red Bull, la marque anglaise revient pour de bon en 2021 grâce à Lawrence Stroll, entrepreneur canadien...en espérant une implication réelle de la part du constructeur (©illustration MADDesign)

K.N

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