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  • Photo du rédacteurGoodstone

Le déclin du Dig Racing Team

Autrefois une des équipes-phares de la Real Racing Roots, le Dig Racing Team (DRT) entamait son déclin à partir des années 1990, jusqu’à s’enfoncer dans l’anonymat malgré une brève résurgence. Petit coup d’œil sur un des piliers de cette discipline…


Mais d’abord, qu’est-ce que le Real Racing Roots (RRR pour être plus rapide) ? Un championnat de sport-auto crée au début des années 1960 par la NAMCO et la Ridge Racer Federation. Les premières éditions se déroulaient essentiellement sur le continent japonais, mais progressivement, la série va étendre ses frontières même si le calendrier reste essentiellement tourné vers le Japon et les USA. D’ailleurs, pas mal de constructeurs et d’équipes, parfois renommés, vient s’inscrire à cette discipline singulière. Citons par exemple le constructeur italien Assoluto qui trustera d’entrée les victoires et plusieurs titres à partir de la fin des années 1960. Cette domination sera complété peu de temps après par le Racing Team Solvalou, équipe qui exploite des Assoluto et qui deviendra l’un des préparateurs attitrés de la marque italienne.

Logo de la RRR en 1999

Le RRR est un championnat particulier : le calendrier se compose annuellement d’une petite dizaine de meetings, et le tout est subdivisé en trois phases qualificatives. Vous n’avez pas compris ? En fait, à chaque phase qualificative se déroulent en deux, trois voire quatre courses avant la phase suivante. Parmi le nombreux engagés, on en retiendra qu’une grande moitié et ainsi de suite selon les résultats/classements de chaque séquence. Pour les recalés, il y’a moyen d’être repêché dans le championnat Ridge Racer Sprint, autre série couvée par NAMCO, en cours de route. Sinon il faudra attendre l’année prochaine pour retenter sa chance, à bon entendeur…


Des tracés urbains aux circuits sinueux...la bataille était toujours présente en RRR!

La première phase qualificative se déroule entre mars et mai/juin, la seconde durant l’été, et enfin la phase finale entre septembre et …le 31 décembre ! Oui vous avez bien lu : l’ultime course à lieu le dernier jour de l’année en cour pour terminer le 1er janvier de l’année suivante à minuit !

Concernant la réglementation, elle est très particulière : Les équipes peuvent changer de voiture à chaque phase, à condition que ça soit des Grand-Tourisme pour les deux premières phases de qualification, avant d'autoriser des protos lors de la troisième. Cerise sur le gâteau : pour la toute dernière course, les prototypes ultrapuissantes, plus raidcales ou autres bizarreries futuristes sont autorisées. Voilà un championnat qui méritait le coup d’œil…

R43

Dig Dug


Le Dig Racing Team, structure familiale basé en Californie, a été fondé à l’aube des années 1960 et devient rapidement une des équipes de pointes en RRR. Durant la décennie ’70 et jusqu’au milieu des années 1980, le public pouvait apprécier le duel entre le DRT et le Racing Team Solvalou (entre-autres), même si cette dernière à presque toujours le dernier mot face à la sympathique équipe californienne reconnaissable à sa livrée bleue-turquoise.


A partir de 1988, les dirigeants-phares du DRT souhaitent passer la main à la génération suivante, mais ces derniers n’ont ni la compétence nécessaire ni l’expérience pour reprendre en main l’équipe. Par conséquent, les premiers cités vont céder à un consortium pétrolier, filiale de la General Ressource Ltd., bien qu’ils garderont un rôle mineur dans le team. Le changement de propriétaire ne change pas grand-chose coté résultats, du moins, jusqu’aux années 1990 où le DRT marque progressivement le pas face aux ténors de la discipline et s’enfonce dans le ventre mou du peloton. L’équipe touchera même le fond en 1996 en sortant dès la première phase de qualifications.


A la fin des années 1980, DRT a exploité une Porsche 962C pendant quelques saisons...(©"Neueklasse")


Pour trouver explication à ce lent déclin, c’est assez simple : les propriétaires n’investissent pratiquement pas dans l’équipe, préférant se focaliser dans d’autres domaines tels que le sponsoring dans plusieurs équipes de football, l’installation de plateformes offshore ou de terminaux gaziers en Asie du sud-est. C’est d’ailleurs à cette période que le DRT enregistre le départ de plusieurs membres, incluant mécaniciens et team-managers dont l’absence d’une personne pour ce dernier rôle se fait ressentir depuis fin-96…


Bref, avec des propriétaires avares, un effectif réduit et un budget des plus limités, plus grand monde croit en DRT à cette période. Et après deux saisons suivantes plus que quelconques, malgré le fait d’avoir aperçu le team en phase finale du RRR en 1998 même si elle ne faisait que de la figuration, le budget est à nouveau revu à la baisse. A croire que les propriétaires ont sciemment l’intention de faire mourir cette sympathique équipe ricaine…

DRT avait opté pour des Viper RT au milieu des 1990s, pari perdu...(©Nagano R35)

Le réveil ?


Contre toute-attente, ces derniers vont enfin se montrer ambitieux en vue de la saison 1999, il était temps ! Tout d’abord, un team-manager est enfin trouvé en la personne de l’américain Robert Christmann. Ensuite, et bien qu’une seule voiture ne sera engagée en vue de la prochaine édition du RRR, DRT mise sur un jeune pilote fougueux avec Ken Nagase, qui découvrira également les joies de ce championnat.


Et ce n’est pas fini : après quelques années à utiliser des Assoluto usagées, l’équipe va signer un partenariat avec le constructeur américain (oh surprise) Lizard. Celle-ci était déjà présente sur la scène du RRR jusqu’en 1997. Il s’agit donc d’un retour pour la marque et soutiendra officiellement le DRT.



Sauf qu’il y’a forcément quelques soucis, les proprios sont toujours aussi pingres en ce qui concerne le budget. Et il subsiste plusieurs interrogations. D’abord Christmann est un grand inconnu dans le monde du RRR et du sport-auto. D’après quelques sources, il a été directeur des ventes chez Age Solo quelques années avant sa titularisation au sein de l’équipe. Ensuite, la nomination de Nagase comme unique pilote du team suscite quelques remous (voire de la jalousie ?) au sein de ses pairs ou du côté de la presse, il faut dire qu’il est le cousin de Reiko Nagase, très populaire grid-girl dans le RRR. Espérons au jeune pilote qu’il montre aux de tous son réel talent …


Dernière interrogation : l’association entre DRT et Lizard. Certes, le constructeur américain soutient officiellement l’opération, mais celui-ci rencontre de grosses difficultés financières et ne peut apporter qu’une petite aide budgétaire, déjà que les proprios de DRT sont radins…

Pour cette première phase qualificative, Ken Nagase devra se contenter d’une simple Lizard Bonfire, une voiture aux faux-airs d’Alfa 156 qui aurait plus sa place dans le monde du tourisme qu’autre chose. Et vu que la concurrence a majoritairement opté pour des GT, voire un peu mieux pour cette première phase éliminatoire, le DRT risque bien de passer à la trappe avant même l’été…

Pas très sexy, cette Bonfire!

Pour autant, le tableau n’est pas si noir : bien qu’ayant abandonné lors de la première course à Yokohama et après une prestation quelconque sur le circuit du Laketop, Nagase manquera de très peu le podium sur le tortueux Wonder-Hill (Fukuoka), ce qui est juste suffisant pour passer à la seconde phase qualificative du RRR.


Alors que plusieurs teams rivaux changent de voiture et optent pour des plus performants, le DRT ne juge pas utile d’investir sur une nouvelle Lizard et Nagase doit se contenter d’une Bonfire à peine améliorée. Frustrant alors que le constructeur Lizard était partant pour construire une nouvelle voiture en un temps-record. Pendant ce temps, le team-manager, Robert Christman, reste incroyablement transparent au sein du team, comme si il n’arrivait pas à trouver sa place dans le team et dans son rôle…

Et pourtant, le jeune pilote japonais va réaliser un véritable exploit avec une machine plus que rétive lors de la course nocturne de Nex-York : troisième de l’épreuve, non loin de l’Assoluto du Team Solvalou qui a gagné. Mieux, Nagase signe un autre podium lors de la seconde venue de Yokohama (mais sur un tracé légèrement différent) et surtout, victoire au Lakeshore ! Résultat : une qualification facile pour la dernière ligne droite du RRR, un sacré exploit, inattendu aux yeux de tous !

Wonderhill '99

Cependant, ces excellents résultats cachent pas mal de soucis en interne : les proprios, pas impressionnés pour un sou, ne souhaitent pas garder Nagase à l’issue de l’année. Pourquoi ? Parce que il n’est « pas assez vendeur » : il faut attirer un pilote au nom ronflant, voire une ancienne star de préférence afin de mettre en lumière le Dig Racing Team, un peu similaire avec l’arrivée de David Beckham au PSG dans le foot pour attirer sponsors et belles nanas. Décision loufoque, qui se repend très vite dans la presse. Résultat de tout ceci ? Le mécontentement du team-manager, Robert Christman, qui, pour une fois, prend son rôle à cœur et exprime son désaccord concernant le probable renvoi du jeune pilote japonais. Inutile de dire que cela fait l’un des gros titres dans le paddock de RRR…



Un exploit pour rien ?


Dimanche 24 septembre 1999 : début de la phase finale du championnat RRR sur le petit circuit de Phantomile, dans la banlieue de Yokohama. C’est aussi l’occasion pour le DRT de dévoiler sa nouvelle Lizard pour le spint final.


La Colleague de course, construit conjointement par le constructeur ricain et DRT, se présente comme une Grand Tourisme dotée d’un moteur V8 culbuté et dont un turbo a été intégré.

Une nouveauté certes, mais pas suffisante quand on sait que les ténors du plateau optent pour des machines proches des GT1, voire des protos. La Colleague apparait donc déjà dépassée face à la concurrence (désormais limitée à 20 voitures en phase finale), au grand dam de Christman qui espérait vraiment un effort de la part de ses supérieurs ainsi que de Lizard pour préparer une machine plus ambitieuse. Mais sincèrement, difficile de véritablement blâmer le constructeur ricain vu qu’ils avaient déjà proposé la Colleague pour la seconde phase, puis se sont heurtés à l’immobilisme des proprios de DRT pour la développer encore plus, car la voiture n’a pas été testée avant ses débuts en compétition, ce qui laisse augurer des débuts délicats …


…Ou pas : Nagase remporte Phantomile et signe des performances de choix lors des trois épreuves suivantes. Mais cela ne sert à rien, le DRT lui fait savoir par presse qu’il ne sera pas conservé l’an prochain, privilégiant toujours leur stratégie d’engager un nom ronflant…N’étant pas mis au courant de cette annonce officielle, Robert Christman fulmine face à cette ceci et ne cache pas sa colère et sa déception devant les médias, lui qui était pour que le pilote nippon conserve son volant. Peu le savent, mais ces rumeurs désormais confirmées n’auront pas aidé le pauvre Ken Nagase à se concentrer pleinement sur le pilotage. Combien de fois il a été questionné sur cette nouvelle avant et après chaque épreuve et on ne peut que saluer la patience du pilote face à ceci…

Puis vient l’ultime épreuve de l’édition 1999 du RRR, sur le circuit ultra-rapide du Shooting Hoops, à Los-Angeles, Lizard a préparé, à la surprise générale, une machine inédite pour cette finale (et sans l’aide de DRT) : la Tamer, qui est davantage une évolution de la Colleague qu’une véritable nouveauté. Toutefois, le V8 est désormais doté de deux gros turbos, ce qui n’est pas trop pour aller chercher la victoire. Ah, et inutile de dire que la voiture n’a pas été testée au préalable…

La Tamer se différencie de la Colleague par son arrière massif et old-school, facon Chaparral pour loger le moteur et les gros turbos

Et cette-fois ci, le miracle n’aura pas lieu : Nagase, qualifié assez loin sur la grille (15e sur 20), voit son moteur flamber dès la première courbe. Game-over après 900 mètres…


Hormis cet abandon précoce, Nagase peut être fier de sa première saison dans la RRR, réussissant à se maintenir dans le (très) haut du peloton en allant parfois lutter pour la gagne. Mais ces très bons résultats ne cachent pas une grosse tension/ confusion au sein de l’équipe : Nagase est congédié le lendemain. Christman, en total désaccord, jette également l’éponge et part fonder une équipe de management dans le monde du karting. Pire : les sponsors tels que Figer ou Galaxian désertent les lieux tout comme Lizard qui s’estime déçu du manque de soutien de la part des dirigeants du DRT. Chronique d’un beau gâchis…

Lizard avait même prévu de lancer cette monstrueuse Reckless pour la course finale de la RRR 99, plus pour soutenir Nagase que l'équipe DRT dont le constructeur s'estime déçu du manque d'ambitions du team. De toutes façons, les dirigeants de DRT n'ont pas voulu entendre parler de cette fabuleuse machine...

La fin des haricots


Maintenant que Lizard se retire du RRR (cette affaire leur aura couté gros car cela aggravera davantage leurs soucis financiers..). DRT continue seul et utilisera des Age Solo Dirigeant dépassées et déjà pas de toute première jeunesse pour la saison 2000. Mais avec quel pilote ? La tentative d’attirer un nom ronflant a échoué durant l’hiver, il va falloir se contenter de pilote de niveau moindre renommée …en fait, ce seront plus de 5 pilotes qui se partageront le volant de la frêle voiture, en fonction de leurs chéquiers.

DRT a racheté quelques Age Sol Dirigeant à l'équipe Micro Mouse Mappy, qui avait utilisé un temps ces voitures lors de la RRR 1999

Outre la RRR, l’équipe californienne s’attaque également au Ridge Racer Sprint race (qui fête en grande pompe sa 64e édition en 2000), toujours avec la même Age Solo Dirigeant et le même système de turnovers cotés pilote. Mais peu importe la série, l’année 2000 pour le DRT sera un véritable fiasco : élimination dès la première phase qualificative du RRR, performances très médiocres en Sprint malgré un début intéressant avec une 4e place au Ridge Racer city et au Renegade Desert. Cette-fois, la coupe est pleine pour le consortium pétrolier proche de la General Ressource décide de vendre l’équipe, et au final, ce sont les fils des fondateurs de la DRT qui vont reprendre le flambeau, mais sans grands moyens ni-expérience de la compétition.


DRT n'aura pas brillé dans la coupe RR Sprint, malgré des débuts intéressants

Les deux années suivantes (2001 & 2002) seront dans a continuité de 2000, avec un retrait définitif du Sprint Race mi-2002. Le manque cruel d’argent fait que l’équipe doit avoir recours à de multiples pilotes payants durant l’année.



Circuit de la Revolution, 2001, Coupe RR Sprint

L’année 2003 voit un partenariat entre la structure américaine et Baraduke Racing Team. Partenariat qui ne durera qu’une année après une sortie sans gloire durant la seconde phase qualificative. D’ailleurs, les deux entités se rejettent mutuellement la faute quant aux performances médiocres cette saison…

Finalement, à la fin de l’année 2005, la Dig Racing Team jette l’éponge et après 37 ans de présence dans un championnat RRR qui entamait son déclin et se consacre exclusivement à la préparation et à la restauration automobile, à la manière d’un Roock Racing en endurance ou d’un Steve Saleen dans une moindre mesure. Fin dans l’indifférence quasi-générale dans le monde de la compétition au regard de leurs performances dans le passé…


Des rumeurs affirmaient que DRT reviendrait en compétition, d'abord en RRR, puis dans la Nintendo Tour ou en Gran Turismo League. Finalement, il n'en est rien et l'édition 2005 de la RRR restera comme l'ultime apparition de la Dig Racing Team en sport-auto.



Sources:





K.N




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