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Quand Dario Franchitti s'essaya à la NASCAR...




Quadruple champion d’Indycar et triple vainqueur des 500 miles d’Indianapolis…tel est le parcours de Dario Franchitti en plus de dix-sept années de compétition au sein des monoplaces outre-Atlantique (incluant également le CART). Toutefois, au milieu de son parcours cache une année très particulière, puisqu’il n’a tout simplement pas couru en Indycar !

 

 

Allons à la fin de l’année 2007. Le pilote écossais rafle la mise en Indycar : première victoire aux 500 miles d’Indianapolis et surtout, premier titre décochée in-extremis face à Scott Dixon. Le pensionnaire de l’équipe Andretti-Green Racing voit sa fidélité au sein du team enfin récompensé et pourtant, la partie n’était pas gagnée d’avance face aux voitures du Team Penske ou de la Chip Ganassi Racing.


Entre la concurrence et deux gros flips, Franchitti est allé gagner les 500 miles d'Indianapolis et le titre en fin de saison 2007 (©AP / IMS)

Pourtant, à 34 ans, Franchitti veut passer à autre chose pour 2008 et tenter un nouveau challenge qui est à la fois très original, plus « fun » et plus lucratif. Les rumeurs l’annoncent vers la série qui se porte très bien à cette période : la NASCAR ! Ce serait un sacré pari tant les monoplaces Indy et les grosses machines du monde du stock-car américain n’ont absolument rien à voir en termes de pilotage !

 

Et ces rumeurs sont finalement réelles : la Richard Childress Racing, team bien ancrée dans le milieu de la NASCAR, fait part de son intérêt pour engager le pilote écossais en Sprint Cup, rien que ça ! Débuter directement dans la division principale de la série, ça se tente…Mais tout ceci se ferait par l’engagement d’une quatrième voiture à temps complet. Et comme les sponsors ne se bousculent pas, l’idée tombe à l’eau. Tout est terminé ? Eh bien non : au début du mois de septembre 2007, Franchitti roulera bien en NASCAR à partir de la saison suivante, au sein du Chip Ganassi Racing !

 


Le champion en titre de l'Indycar passe au stock-car, un joli coup pour la NASCAR et Chip Ganassi ! (©Motorsport Images)

Quelles sont ses chances de réussir ? Eh bien, on ne sait pas quoi dire réellement. L’expérience du champion 2007 d’Indycar dans ce type de disciplines est nulle. D’accord, il a roulé en DTM / ITC en 1995 et ’96, mais cela n’a quand même rien à voir avec du stock-car. Et puis beaucoup de pilotes ayant fait la transition (ou l’essai) Indy/monoplace-NASCAR se sont cassé les dents : Christian Fittipaldi, Jimmy Vasser, Michel Jourdain Jr ou Paul Tracy…ce n’était pas brillant et-ou c’était court. Adrian Fernandez se contente depuis 2005 des courses routières dans les divisions inférieures avec des résultats mitigés…Le cas Robby Gordon  alterne entre le plus que moyen et le passable. Jacques Villeneuve rame lors de ses quelques apparitions en 2007 alors qu’AJ Allmendinger (issu du Champ Car) galère durant sa saison d’apprentissage. Et pendant que Juan-Pablo Montoya montre de bonnes choses tous tracés confondus, Tony Stewart fait pratiquement figure d’exception parmi ceux-là…


Pas de quoi affoler Franchitti, qui effectue ses premiers tours de roue dans une voiture de de NASCAR à la mi-septembre. En fait, Chip Ganassi va l’engager sur quelques courses en fin d’année afin qu’il s’acclimate dans le milieu. Comme Montoya en 2006, l’écossais fait des débuts anticipés. Quid des risques de clash de dates ? Aucun souci, l’Indycar est terminé depuis début-septembre.


Etant donné qu’il n’a jamais couru à une épreuve de NASCAR, les officiels ne l’autorisent pas à participer dans l’immédiat, à une quelconque course. Pas grave pour Chip Ganassi qui fait débuter Franchitti en ARCA (série évoluant plusieurs crans en-dessous de la NASCAR Cup) au début du mois d’octobre, sur le superspeedway de Talladega. Rien que ça !



Pilotant la Dodge #40 aux couleurs de Target et engagée par le Ganassi Racing, Franchitti se débrouille bien en qualifications (6e) et termine 15e de l’épreuve. C’est suffisant pour que les officiels de la NASCAR l’autorisent à participer aux courses au sein des divisions professionnelles.

 


Débuts dans le monde du stock-car via l'ARCA, à Talladega. A ses cotés se tient un autre pilote qui effectue également ses premiers pas dans ce milieu: Scott Speed (#21) (©?)

Deux semaines plus-tard, le voila en Truck Series (la troisième division de la NASCAR en somme) et dans un autre type de tracé : le short-track de Martinsville.  Sur la Dodge RAM #41 du Cunningham Motorsports (en réalité soutenue et préparée par Ganassi à cette occasion), il se qualifie 33e et connaitra une course compliquée, marquée par un spin collectif avec Clay Rodgers. Il renoncera au trois-quarts de la course sur casse mécanique.

 


© Rusty Jarrett / Getty Images

Après l’ARCA et le Truck, on retrouve l’ami Dario à la fin du mois d’octobre pour disputer cette-fois, les quatre dernières manches en NASCAR Busch Grand National Series (la deuxième division, aujourd’hui nommée Xfinity) à bord de la Dodge #42 sponsorisée par Target et toujours engagée par le Ganassi Racing. Première course dans ce championnat sur le petit oval de Memphis, il surprend en qualifs’ en se plaçant troisième. La course sera plus compliquée avec un contact provoquant un spin de Brandon Miller suivi de soucis de freins le font chuter à la 32e place finale, à trois tours de retard.

 

25e au Texas, Franchitti effectuera deux solides cartons à Phoenix et à Homestead. L’échauffement terminé, l’écossais est prêt pour un programme XXL pour 2008. En plus du fait qu’il courra la majorité des courses en Nationwide Series anciennement Busch, le sponsor-titre change) sur la #40, il sera également en Sprint Cup à plein-temps dans la Dodge Charger #40 en remplacement de David Stremme. Il sera le partenaire de Juan-Pablo Montoya et de Reed Sorenson au sein du Chip Ganassi Racing (with Felix Sabates, nom complet du team en NASCAR).

 


©Phil Cavalli

Si tout ceci parait alléchant, il faut savoir que des soucis de sponsoring vont rapidement poser problème en Cup : les bières Coors Light se retirent, laissant la #40 sans partenaire principal pour l’année à venir. Cependant, tout va bien en Nationwide puisque Fastenal Tools sera présente sur la voiture sur toutes les courses. Deuxième souci, Franchitti ne connait pas les nouvelles voitures en Cup depuis les quelques courses en 2007 : les « « fameuses » » Cars Of Tommorow (COT). Enfin, le dernier problème est que le Ganassi Racing, si elle est une équipe de pointe en Indycar, est tout sauf une grosse force en NASCAR Sprint Cup. Capable de faits des exploits tout en alternant le meilleur et le pire. Il faut aussi dire que les châssis Dodge (bien que construites et préparées par le team ici) manquent de constance, d’ailleurs toutes les autres équipes dans le camp Dodge ne font pas vraiment mieux…

 

A noter également que Franchitti est inscrit au titre du Rookie de l’année, en compagnie de Regan Smith et deux autres pilotes issus de l’Indycar également : Sam Hornish Jr et Patrick Carpentier. Voilà une lutte plutôt intéressante entre ces quatre personnes (auxquels il faut ajouter Michael McDowell qui débarquera en cours d’année). Et ce n’est pas fini : il sera également inscrit à ce même titre en Nationwide, face à Brian Clauson (avec qui il partage le volant quand il ne court pas dans la série), Landon Cassill, Cale Gale ou Brian Keselowski (le grand frère de Brad).

 


Greg Aleck / LAT Images)

 

Après plusieurs essais durant l’intersaison (plus une pige aux 24h de Daytona, qui se soldera par une victoire générale), le monde de la NASCAR entame l’année par le fameux superspeedway de Daytona, avec notamment l’épreuve de 500 miles qui ouvrira le championnat de Sprint Cup. Pour Dario, ce sera à la fois l’ARCA (pour une seule pige), la Nationwide et la Cup qui l’attendra en Floride. 10e dans le premier cas et 20e dans le second, il connaitra beaucoup plus de difficultés en Cup où  il peinera à trouver des bons réglages et de la vitesse. Accidenté lors de la course de qualification (le Gatorade Duel) et partant de la 40e position, le pilote de la #40 aura des difficultés à garder le contact avec le peloton et réussira néanmoins à finir les Daytona 500 à la 33e place, à un tour des leaders.

 


Journée difficile pour Franchitti au Daytona 500. A défaut de trouver un sponsor permanent, la voiture fait la promotion du nouveau Dodge Journey pour l'occasion (©Getty Images)

Les épreuves suivantes seront tout aussi compliquées. Se qualifiant parfois de justesse, le pilote de la Dodge #40 termine au-delà du top-30 à chaque reprise. Et même si il ne commet pas d’erreurs majeures et voit toujours le drapeau à damiers jusqu’alors, ce n’est pas suffisant dans la division principale de la NASCAR. Sa 22e position finale à Martinsville est son meilleur résultat du début de saison…et de l’année pour le cousin de Paul Di Resta, c’est également l’unique fois qu’il termine mieux qu’au-delà du top-30. Conséquence de ces résultats, la #40 est hors du top-35 au classement des propriétaires (owners points) et perd le fait que cette voiture n'est plus assurée d'etre qualifiée d'office en cas de petit pépin durant cette séance...

 

La septième manche de la saison, sur le Texas Speedway, sera brève pour Franchitti puisqu’il échoue purement et simplement à se qualifier. 32e à Phoenix, Franchitti n’est que 38e au classement.

 


Martinsville 2008 (©?)

En Nationwide Series, les performances sont meilleures sans toutefois être exceptionnelles. Avec les voitures de la « Gen-4 » (de conception plus ancienne), il termine 6e à Las Vegas, puis termine aux portes du top-10 au Texas (de quoi se consoler un peu après sa non-qualification en Cup) et à Phoenix. Après ceci, le parcours de Dario va prendre un coup d’arrêt au milieu du mois d’avril.

 


©?

La 10e manche de la NASCAR Nationwide se déroule à Talladega. Bien qualifié (4e), Franchitti se bat dans le pack quand, au 10e tour, un de ses pneus éclate. Perdant le contrôle et tapant  légèrement le mur extérieur, la Dodge #40 redescend vers la partie intérieure de l’ovale quand surgit la voiture #91 pilotée par Larry Gunselman. Ce dernier vient percuter de plein fouet la partie latérale gauche (donc, coté pilote) de la #40 et les deux voitures sont détruites. L’écossais est toujours là, mais souffre de la jambe gauche.

 



Le verdict est sans appel : fracture de la cheville gauche, Franchitti est contraint à un repos forcé pour pratiquement deux mois…

Au final, il se rétablira assez vite et sera même prêt fin-mai pour participer à l’épreuve de Dover. Toutefois, il ne courra uniquement qu’en Nationwide, la #40 en Cup sera pilotée par Jeremy Mayfield pour le weekend. Son retour sera honorable puisqu’il ne souffrira pas trop de sa blessure et termine 15e, dans le même tour du leader.



Dans le peloton à Phoenix en Cup (©Motorsport Images)

Le retour de Franchitti en Cup aura lieu la semaine suivante à Pocono. D’entrée, celui-ci surprend en signant le 14e temps en qualifs. Malheureusement, la course sera une autre histoire. Coupable de deux incidents en cours de route, dont un avec son « camarade » Hornish Jr, il ne finira pas l’épreuve à cause des dégâts trop importants sur la Dodge.

 

Au Michigan, il connaitra un weekend d’enfer : 41e au départ, la #40 est littéralement la voiture la plus lente en début d’épreuve. L’agonie s’achèvera au 30e des 200 tours après que le moteur casse enfin.

 

Pour la 16e manche, on roule sur le circuit routier de Sonoma. On s’attend à ce que Franchitti se débrouille mieux que d’habitude. Raté : il ne sera pas qualifié, pour la deuxième fois de l’année. A Loudon (New Hampshire), l’ami Dario surprend en qualifications en se plaçant 7e (précisons également que le poleman était Patrick Carpentier, c’était très étrange), mais ne confirme pas en course en se classant hors du top-30.

 


Deuxième échec en qualification sur le circuit routier de Sonoma (©Geoff Burke)

Ce sera sa 10e et dernière apparition en NASCAR Sprint Cup. La #40 est toujours privée de partenaire majeur pour la saison entière et se contente une fois encore d’éphémères partenariats de course en course. La situation devenant de plus en plus intenable d’un point de vue financier, Chip Ganassi décide à la veille du Daytona 400 de sacrifier cette voiture pour le reste de la saison et de se concentrer sur les deux autres Dodge. En plus de Franchitti, ce sont plusieurs autres mécanos qui perdent leur boulot dans l’histoire. La saison de l’écossais dans la série principale s’arrête ici, au début du mois de juillet.

 


Ca commençait bien à Loudon, puis la course est une fois encore compliquée pour Franchitti, dont la #40 est pur l'occasion, sponsorisée par le jeu Guitar Hero. Ce sera également la dernière apparition de cette voiture en Cup. elle reviendra néanmoins en fin de saison avec Bryan Clauson. Mais il ne réussira jamais à se qualifier en 3 tentatives (©Todd Warshaw / Getty Images)

Néanmoins, sa saison en Nationwide n’est pas sacrifiée. Courant toujours la majorité des épreuves, Franchitti finit généralement dans le top-15 et à Watkins-Glen (course routière), il signe la pole-position. Ce n’est pas une performance isolée : le champion Indycar se montrait compétitif même si Marcos Ambrose, Kyle Busch ou Kevin Harvick étaient meilleurs en fin d’épreuve. Une 5e place finale récompense un de ses meilleurs weekend en NASCAR toutes séries confondues.

 

13e à Michigan, il va une nouvelle fois se faire positivement remarquer lors de l’épreuve nocturne de Bristol. En plus de signer le second temps en qualification, l’écossais va mener plus de 80 tours (sur les 250) en course. Solidement ancré dans le top-5, il va malheureusement rentrer progressivement dans le rang en toute fin d’épreuve et finira 11e. Mais c’est encourageant pour la suite.

 

Cependant, cette course se déroulant fin-aout sera la toute dernière apparition de Dario en NASCAR. La #40 sera pilotée en grande majorité par Brian Clauson pour la fin de saison. Au début du mois de septembre, on apprend que Franchitti sera toujours dans l’équipe du Chip Ganassi Racing pour 2009…Sauf que cette-fois, c’est pour retourner en Indycar. Plus précisément : il pilotera la #10 aux couleurs Target en remplaçant Dan Wheldon. Il la pilotera même avant en participant à l’épreuve hors-championnat, à Surfers Paradise (Australie), à la fin du mois d’octobre.


Prestation solide dans l'ensemble pour la course nocturne de Bristol en Nationwide. Un top-0 aurait été une belle récompense. Ce sera toutefois la toute dernière apparition de Dario Franchitti en NASCAR (©?)


Que dire de son bref passage en NASCAR ? Qu’hormis le fait que ce n’était pas bien brillant et qu’il n’a pas fait mieux que ses camarades ayant voulu tenter le stock-car (notons également qu’Hornish Jr et Carpentier rament également en Cup), il aura manqué davantage de préparation et de temps pour qu’il réussisse à s’en tirer honorablement. Chip Ganassi a probablement été trop gourmand en lui donnant un programme à la fois chargé tout en mettant la barre très haute avec la Nationwide et la Cup (directement !) combinées. Cela avait certes fonctionné (à peu près) avec Montoya en 2007, mais pas avec Franchitti.

 

Précisons enfin que la Chip Ganassi Racing loin d’être performante en 2008, on peut même dire que ce fut une sale année pour l’équipe en NASCAR qui n’a pas signé de victoire, ni de gros coups d’éclat majeurs. Pour l’histoire et consciente des difficultés à la fois sportives et financières, le team fusionnera avec la Dale Earnhardt Incorporated à partir de 2009. Dans l'ensemble, ce ne fut pas une année mémorable pour équipes utilisant les châssis Dodge d'ailleurs.

 


Le titre de rookie de l'année 2008 en Cup était l'un des objectifs de Franchitti. Mais ce sera Regan Smith (derrière) qui l'emportera (©Getty)

Pour Dario Franchitti, le comeback en Indycar dès 2009 se passe bien, très bien même : cinq victoires et le titre. L’histoire se répètera en 2010 et 2011…

 

 

 Liens/sources


Jayski, Racing-Reference, archives ESPN...



Après la parenthèse NASCAR, Dario Franchitti retrouve ses habitudes en Indycar dès 2009: victoires et titres



 

 

 

 

 

 

 

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