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Volkswagen Golf G60 Group-A


Photo: Rainer Nyberg

Saviez-vous qu’une version plus radicale de la Golf GTI avait participé au championnat mondial des rallyes, à une période où les Groupe A étaient la catégorie-reine du rallye ? Non ? Retour sur ce modèle oublié qui aurait pu obtenir de meilleurs résultats avec un peu plus de volonté de la part de Volkswagen et de chance…





Depuis la disparition du Groupe B à la fin de l’année 1986, le Groupe-A devenait la catégorie principale du championnat mondial des rallyes. Malgré un règlement plus restrictif et des machines moins spectaculaires qu’auparavant, le nombre d’équipes officielles engagées de manière régulière (ou presque) continue à s’accroître d’année en année. Pourtant, un seul imposera sa domination durant trois années de suite : Lancia, avec sa Delta Integrale va remporter pas moins de 26 rallyes sur les 37 du championnat mondial entre 1987 et 1989 ! Toyota tentera bien de riposter avec la Celica GT-Four à partir de 1988, mais les voitures japonaises sont encore trop irrégulières pour s’imposer. Pour les autres constructeurs engagés, il va falloir se contenter des miettes, et ils sont nombreux : Ford, Mazda, Mitsubishi, Nissan, Renault, Vauxhall ou encore…Volkswagen.


La Lancia Delta Integrale: LA référence du Groupe A à la fin des années 1980 (Rallyazores)

LA VOITURE DE RALLYE DU PEUPLE


Dans le monde du rallye, il n’était pas rare de voir au moins une VW dans une épreuve locale ou à l’échelle européenne, notamment avec la Beetle 1300S et, plus tard, la Golf GTI. Mais toutes ces participations sont de l’ordre des pilotes privés. Il faudra attendre la fin de l’année 1983 pour voir une implication officielle de la marque, plus précisément au RAC Rally, en Angleterre.


Une Beetle 1301 au début des années 1970 (photo Car & Driver)

Des 1984, VW s’attaque au championnat mondial des rallyes à temps complet, mais pas en Groupe B. A cette époque considérée comme la classe inférieure, le Groupe A accueille des voitures de production légèrement modifiées par rapport aux productions de série. Avec une Golf GTI 8v pilotée par Kalle Grundel, VW s’imposera dans cette catégorie sans grande opposition (c’était la seule équipe d’usine dans cette classe) pendant deux ans. La concurrence arrive en 1986 avec Mazda (avec des 323 4WD) et Renault (avec une R11), mais c’est de nouveau les Golf qui s’imposeront en Groupe A, notamment avec Franz Wittmann et Kenneth Eriksson.




VW et Kenneth Eriksson champions du monde 1986 de Rallye...en Groupe A (archives WRC et l'Auto-Journal)

Lorsque les Groupe A deviennent la catégorie principale du rallye à partir de 1987, la concurrence, venant principalement de la défunte Groupe B, débarque dans cette catégorie, à commencer par Ford avec la Sierra XR4i puis la version Cosworth, Audi choisit la 200 Quattro. Surtout, Lancia présente la Delta: 4 roues motrices, moteur turbo…Autant dire qu’elle deviendra rapidement la référence en Groupe A.


De son coté, VW en profite pour améliorer sa Golf avec la GTI 16v. Malgré son expérience dans cette catégorie et des pilotes talentueux comme Eriksson ou Erwin Weber, il sera difficile pour VW de faire mieux que les saisons précédentes, surtout sans la transmission intégrale et avec un simple moteur atmosphérique développant tout juste 200ch. Les performances sont irrégulières durant la saison mais les pilotes arriveront à signer quelques podiums et surtout, Eriksson s’imposera au Rallye du Bandama, en Coté d’Ivoire. Un succès toutefois à nuancer : Lancia et pas mal d’autres équipes officielles n’ont pas participé à cette manche, et Toyota s’est volontairement retirée en cours d’épreuve après qu’un de leurs avions s’est écrasé durant le rallye, tuant notamment le team-Manager Harry Liddon…

Conscient que la Golf GTI est techniquement dépassée par la concurrence, WV opte pour un programme extrêmement réduit pour les deux saisons suivantes.


Victoire au Rallye de Cote d'Ivoire 1987 (Motorsport Images)

NOUVELLES AMBITIONS


Durant cette période, la marque allemande réfléchit à une voiture capable de répondre à Lancia tout en optant pour de nouvelles solutions techniques. Ça tombe bien, VW souhaite donner un coup de boost à sa Golf tant commercialement que sportivement. Et c’est ainsi que la Golf G60 est née…

Basée sur la GTI 8v, la Golf G60 est une transformation radicale de toutes les Golf sportives, jugez plutôt : Carrosserie élargie, calandre avant différente, aérodynamisme (légèrement) améliorée, jantes de 16 pouces et boucliers agrandis. Ça, c’était pour la partie esthétique, car mécaniquement, la Golf accueillera sous le capot un compresseur « G » déjà aperçu avec la Corrado l’année précédente. Cette caractéristique technique permet une hausse de la puissance et surtout, du couple sans augmenter la cylindrée. Enfin, la voiture est dotée d’une transmission intégrale. La Golf G60 est présentée au public en fin d’année 1989


La Golf G60 de série. Rien à voir avec du tuning


Parallèlement, la version pour les rallyes est déjà en préparation. Bien sûr, la réglementation exige que pour courir en Groupe A, au moins 5000 exemplaires du modèle défini doit être construit en 12 mois. Mais là n’est pas un souci pour VW. La voiture a été longuement testée à Hanovre avec comme pilote Erwin Weber afin d’améliorer la puissance et la fiabilité. La Golf G60 de compétition, chaussée de pneus Pirelli, atteint plus de 250 ch malgré l’absence d’un turbo contrairement à ses rivales. Tout ceci est réalisé sous la direction de Klaus-Peter Rosorius, directeur du département Sport de Volkswagen depuis 1972. La pression est un peu présente dans l’équipe car de nombreux investissements ont été faits pour transformer la Golf en un arme ultime en rallye.


Finalement, VW opte pour un programme réduit en 1990 avec seulement trois manches ciblée au championnat mondial, et probablement un engagement complet pour 1991. Si Erwin Weber est toujours de la partie, il est rejoint par l’autrichien Raimund Bauschlager, fidèle de la marque depuis 1988.

Avant de s’attaquer directement au mondial, VW engage la G60 au rallye italien du Costa Smeralda, onzième manche du championnat européen de rallye (ERC), mais uniquement avec Weber. Pour sa toute première sortie, la Golf G60 se comporte bien sur ce rallye de terre malgré la présence de nombreuses Lancia Delta Integrale. Weber terminera à une honorable sixième place sur cette épreuve. L’équipe est maintenant prête pour ses débuts au mondial.



Préparation des Golf G60 dans les ateliers de VW Motorsport, à Hanovre (RetroRims)

GO(LF) POUR LE MONDIAL


Rallye d’Acropole (Grèce) 1990, cinquième manche du championnat du monde des rallyes, VW engage une Golf G60 pour Erwin Weber. Face à lui, sept Lancia Delta sont inscrites à ce rallye, équipes semi-officielles incluses. Toyota aligne deux Celica GT4 pour Carlos Sainz et Mikael Ericsson. Mitsubishi est également présent avec une Galant VR4 confiée à Ari Vatanen. Autre nouveauté en plus de la Golf G60 : Une Subaru Legacy RS est confiée à Ian Duncan…Autant dire que VW aura fort à faire pour ce premier véritable test.


Sur un rallye réputé poussiéreux, délicat et exigent pour la mécanique, Weber se comporte honnorablement en début d’épreuve en accrochant une huitième place à la fin de la première journée bien qu’il soit sensiblement distancé par les voitures de tête. Mais le lendemain, il chute au classement suite à des soucis mécaniques, puis finira par renoncer suite à une pompe à eau endommagée. Au moins, les débuts sont encourageants, reste à régler la vitesse pure et quelques soucis de jeunesse…


Acropole 1990 (auteur inconnu)


Après cette épreuve, VW prendra le temps de développer la voiture et notamment d'améliorer la puissance qui passera de 250 à 270 chevaux.


L’équipe revient pour la manche suivante du mondial, en Nouvelle-Zélande. Avec un plateau moins bien fourni que précédemment (absence des Lancia officielles), Weber réussira à finir troisième de cette épreuve bien qu’il soit à 7 minutes derrière Carlos Sainz et Ingvar Carlsson, sur Mazda. Premier podium pour sa troisième sortie officielle, ça promet de bonnes choses pour l'avenir ! Et pourtant…






Non engagée en Finlande. On verra toutefois une Golf G60 privée aux mains de Teemu Tahko qui, après une prestation discrète, abandonnera sur panne de boite. La manche suivante, en Australie, VW est de retour, toujours avec une seule voiture pour Weber. Contrairement aux manches précédentes, il sera nettement en retrait face à ses concurrents, la faute à des soucis électriques…avant d’être exclue pour le reste de l’épreuve. La raison ? Il aurait poussé lui-même la Golf dans le parc fermé (zone où chaque voiture de rallye est entreposée en fin de journée sans que les mécaniciens interviennent pour modifier un élément), chose interdite car il faut que la voiture roule pour y entrer. Or, la Golf ne démarrait plus à ce moment-là…

Ce sera la dernière participation de VW au mondial cette saison, la G60 fera une apparition en ERC au Rallye de Bohème. Cette-fois Raimund Baumschlager, qui roulait sur l’ancienne Golf GTI, prendra le volant de la G60. Face à une absence totale de concurrence (la moitié du plateau se résume à plusieurs Skoda Favorit, une petite voiture d’à peine 130 ch…), l’autrichien s’imposera sans problème.

Parallèlement à ceci, Mark Lovell dispute trois épreuves dans le championnat d’Angleterre de rallye avec le soutien de l’usine, il abandonnera dans chacune de ses participations.

C’est ainsi que ce termine l’année 1990, la Golf G60 a signé un podium, mais ses performances restent encore trop justes face à la Lancia ou à la Toyota Celica, et sa fiabilité encore perfectible, mais tout ceci peuvent être facilement résolues par l’équipe allemande…Jusqu’au jour où VW annonce son retrait du championnat du monde des rallyes !






Une décision brutale et, disons-le, assez décevante au regard des investissements réalisées pour concevoir la Golf G60 supposée faire de l’ombre à ses rivales. Certes, il est possible au final que cette voiture ne pourrait jamais s’imposer à la régulière dans le championnat, mais le groupe VW perdait à cette même période plusieurs millions de dollars chaque année (après le rachat de Seat et une gestion assez anarchique du groupe) et il n’était pas impossible que ce dernier point a été la raison principale de ce retrait.



DERNIER EFFORT


Malgré tout, la Golf G60 est encore là en 1991 avec le soutien officiel. Mais priorité uniquement au championnat allemand avec Raimund Baumsclager et Erwin Weber. Avec quatre victoires, ce dernier sera titré champion national même si VW fut la seule équipe d’usine engagée cette année-là (ce qui enlève toute concurrence).

En Europe, Baumschlager s’imposera une fois au Semperit Rally (manche ERC en Autriche). Mark Lovell court encore en Angleterre avec le soutien de l’usine, mais comme l’an passé, il abandonnera à chaque fois. Pareil pour Teemu Tahko dans les épreuves finlandaises qui compte pour le championnat local, l’ERC ou l’épreuve du mondial.

A la fin de l’année, VW se retire complètement des rallyes. Bien que Baumschlager continuera à courir sur la G60 dans les rallyes autrichiens avec de bons résultats.



La Golf G60 se recasera dans le championnat allemand.

Entre 1992 et 1995, on pouvait voir des Golf G60 aux mains de pilotes privés, qu’elles soient des réalisations totalement indépendantes ou d’anciennes voitures officielles revendues.

C’est ainsi que se termine la carrière globalement mitigée de la Golf G60, qui, malgré son succès au niveau national, aurait tellement méritée un parcours plus glorieux sans l’impatience (ou les soucis) de VW. D’ailleurs, peu de personnes se souviennent de la courte aventure de cette voiture…

Elle sera la dernière voiture de rallye à être officiellement conçue par VW avant la Polo-R WRC plus de vingt ans après. Les versions Kit-Car des Golf n’ont jamais reçu un réel investissement de la part de la marque allemande.


CARACTÉRISTIQUES TECHNIQUES :


Moteur : 1800cc, positionnée transversalement

Moteur atmosphérique compressé, avec injection électronique d’origine Bosch

Puissance et couple : 250 à 270 ch, 6800 RPM

Boite : manuelle 6 rapports

Transmission : Intégrale, 4 roues motrices

Longueur : 4m

Largeur : 1,7m

Poids : 1075 kg.

Pneumatiques : Pirelli (pour l’équipe officielle)


RÉSULTATS EN COMPÉTITION:


3 participations au championnat mondial en 1990, troisième au rallye de Nouvelle-Zélande

A participé au championnat d’Allemagne 1991, Erwin Weber champion.

Engagée officiellement sous les couleurs de VW Motorsport de 1990 à 1991.


Pilotes/équipages principaux :

Erwin Weber/ Matthias Feltz (1990-1991)

Raimund Baumschlager/ Ruben Zeltner (1990-1991)



R. Baumschlager sur une auto d'usine (germancarsblog)

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