En 2003, Gene Haas lançait sa propre équipe en NASCAR Winston Cup Series avec des gros moyens. Tout y était, sauf les résultats…
A la fin de l’année 2002, Tony Stewart est sacré champion de la NASCAR Winston Cup avec une Pontiac de la Joe Gibbs Racing, Sterling Marlin se remettait doucement d’une blessure aux vertèbres (après un crash au Kansas) alors qu’il était en lutte pour le titre, Mark Martin se contente une nouvelle fois de la médaille d’argent au championnat tandis que Jeff Gordon ne récupérera pas la couronne pour la deuxième année consécutive.
Ça c’était le résumé express de cette saison, et on a oublié un petit élément : un entrepreneur plutôt fortuné va créer une équipe pour la saison 2003. Le nom de cette personne ? Gene Haas.
Avant 2003
Ayant fait fortune grâce à son entreprise de machines-outils, Haas Automation, notre ami Gene (aucun lien de parenté avec Carl Haas, autre légende aux USA) fait ses premiers pas dans le monde su sport-auto, enfin en NASCAR, en 2002.
Il s’associe avec la Hendrick Motorsports, une des pointures dans cette discipline, pour un sponsoriring à temps-complet. Le nom d’Haas Automation est inscrit sur la Chevrolet Monte-Carlo numéro 24 en Busch Grand National Series en plus de Netzero, la deuxième division pro de la NASCAR. Avec Jack Sprague derrière le volant, les résultats sont corrects : une victoire, 15 top-10 et une cinquième place pour le pilote à l’issue de la saison.
Mais Gene Haas voit plus haut : durant l’été, il annonce créer sa propre team, la Haas-CNC Racing, pour courir en Cup Series en 2003, le haut du panier en somme. Celle qui utilisera le numéro 60 aura l’appui technique de la Hendrick Motorsports (châssis, moteur, fourniture des pièces…), voilà que le programme part sur de bonnes fondations.
La structure va même débuter avant 2003 : elle participe à six courses en fin de saison 2002. Mais en réalité la #60 est directement engagée et exploitée par Hendrick, donc ce n’est pas Haas-CNC qui engage elle-même la voiture.
Jack Sprague sera au volant, le bilan n’est pas exceptionnel (trois non-qualifications et une 30e place comme meilleur résultat, à Homestead) mais l’objectif est de prendre la température avant les véritables débuts l’an prochain.
Des bases solides …
Sans surprise, Sprague sera le pilote de la 60 pour 2003. A 38 ans, le triple champion de la Truck Series va enfin pouvoir rouler à plein-temps dans la division majeure de la NASCAR (jusqu’alors, il n’avait fait que quelques piges par-ci par-là). Notons également qu’il sera éligible au titre du Rookie of the year aux côtés des Greg Biffle, Scott Riggs, Casey Mears, Jamie Mcmurray ou encore Larry Foyt.
Son crew-chief (=chef mécano) sera le même que lors de sa saison en Busch Series : Dennis Connor. Une partie du staff d’Hendrick est désormais intégrée dans le team. L’équipe continuera de sponsoriser cette dernière quand elle engage une quatrième voiture sur les superspeedway, avec David Green au volant.
Autres détails : Haas-CNC est basé à Concord, en Caroline du Nord et non loin de Charlotte, là où presque toutes les autres équipes de NASCAR y sont implantées. Précisons par ailleurs qu’elle reprend les anciennes installations de l’équipe d’Hendrick de la Truck Series (qui a fermé fin-2001). Point intéressant : alors qu’on s’attendait à ce qu’elle exploite un châssis Chevrolet Monte-Carlo comme le fait Hendrick, Gene Haas annonce en janvier 2003 que l’équipe utilisera des Pontiac Grand-Prix, choix un peu surprenant mais comme Pontiac et Chevy sont dans le même groupe (General Motors), ça passe.
Enfin, le sponsor principal sera le même que l’an passé, à savoir Netzero, fournisseur de services Internet. En valorisant ce partenariat, la Pontiac passe du numéro 60 au zéro.
Une structure bien montée qui a le soutien d’une team très performante, un sponsor aux reins solides, un pilote avec un CV plus qu’intéressant, on peut s’attendre à de belles choses chez Haas-CNC Racing. Petits doutes : le staff technique, hormis le crew-chief, manque globalement de bouteille et/ou n’a que très peu exercé en Cup. Un handicap de poids ?
Déboires en série
L’équipe débarque en plein mois de février pour les Daytona 500. Avec 50 engagés pour 43 places de disponible, Sprague réussira à se qualifier 24e malgré un accident aux essais. Durant l’épreuve et profitant des quelques incidents, il terminera à une solide 14e place.
Cela restera le meilleur résultat de la part du natif de Spring Lakes, car les courses suivantes seront très très difficiles, énumérons ensemble les heurts et malheurs de la Pontiac #0 :
Rockingham, Las Vegas & Atlanta : performances anonymes, RAS
Darlington : Petit spin en début de course suivi d’un carton avec d’autres voitures. Il finira 40e à plus de 150 tours des autres.
Bristol : Spin dans le premier tiers de l’épreuve en tentant d’impressionner Johnny Benson puis une autre figure identique un peu plus tard. 35e à presque 100 tours de retard.
Texas : Toujours dans les mauvais coups en étant impliqué dans un incident. 22e au classement tout de même.
Talladega : pris dans un big-one après cinq tours bouclés.
Après ceci, le crew-chief Dennis Connor est remercié, il est remplacé par Tony Furr (encore un ancien de la Hendrick Motorsports) dans ses fonctions. Les résultats de la Pontiac #0 et de Jack vont -ils s’améliorer ?
A Martinsville, le triple champion de la Truck Series se qualifie à une brillante 14e place. Mais le lendemain, tout repart à la normale lorsqu’il se met en travers bien aidé par Michael Waltrip au passage. 29eme.
Fontana : En début de course, Sprague perd le contrôle de sa voiture (crevaison ?) et se prend le mur. Abandon.
Richmond : course clean hormis une petite figure, 22e.
Charlotte : belle 5e place au départ, petite 22e place lors de cette longue épreuve de 600 miles.
Dover : part en dérive à la fin du dernier turn, heurte le mur et crée une panique dans le peloton. Arrière de la Pontiac détruit, il renonce à la mi-course.
Pocono : Pour une fois une bonne course de la part de Sprague même si la 22e place finale ne reflète pas vraiment sa prestation d’ensemble. Encore mieux au Michigan avec sa 19e position, meilleur résultat de Haas après Daytona.
Sonoma : sur ce circuit routier, il fait une course discrète avant de percuter un Kyle Petty qui revenait maladroitement sur la piste, 39e.
Que ce soit à Martinsville ou Dover, la Pontiac #0 était presque toujours dans les mauvais coups (© Robert LeSieur)
Après deux autres prestations anonymes au Daytona 400 (31e) et à Chicagoland (ou il renoncera sur casse moteur), Jack Sprague est remercié durant le mois de juillet. Après 18 courses et beaucoup de fracas, le multiple champion en Truck quitte l’équipe (et la Cup Series) par la petite porte.
Ce sera John Andretti, récemment viré de la Petty Enterprises, qui fera les épreuves du New-Hampshire (poussé dans le mur) et de Pocono 2 (33e de la course).
A partir d’Indianapolis, ce sera Jason Leffler qui assurera l’intérim jusqu’à la fin de saison (sauf à Watkins Glen où c’est Andretti qui est au volant, avec une 19e position).
Les résultats ne décollent pas et la #0 reste engluée dans le peloton tout en restant impliqué dans de multiples incidents de course (Bristol, Darlington, Richmond) ou d’autres pépins en tout genre comme une panne d’essence au Kansas dans les ultimes boucles de la course.
La seconde course de Talladega est à oublier au plus vite : Leffler n’a pas réussi à se qualifier. A leur décharge pas mal d’autres équipes régulières dans ce championnat (ou pourtant dans le top-35 au classement des teams) ont également été dans le même cas. Plus ironique est que la quatrième voiture de la Hendrick sponsorisée par Haas (la #60 pilotée par David Green) réussit à passer sans problème cette séance…
L’explication est que le team a utilisé un châssis expérimental qui répond à quelques nouveautés pour 2004, comme certaines autres équipes. Mais cela n’a fonctionné durant cette séance de qualifications…
Après Martinsville, il est décidé que Ward Burton, fraichement remercié de la Bill Davis Racing, fera les quatre dernières courses de la saison (Leffler est toujours dans le team, il fera quelques courses en Busch Series pour Haas justement). Il signera le meilleur résultat de l’année pour le team : 13e lors de la seconde course d’Atlanta, mais également victime de deux crashs à Phoenix et Homestead sans qu’il soit responsable : glissade sur de l’huile pour l’une et surpris par le spin de Mark Martin pour l’autre alors qu’il était dans le top-10 …
Le bilan de cette saison 2003 pour la Haas-CNC est simple : 37e position finale au classement des propriétaires (teams/owners), de la casse, beaucoup de casse et trop peu de résultats positifs tout au long de l’année. On peut dire que les débuts du team ont été …fracassants !
Pour 2004, Haas conserve le soutien de la Hendrick Motorsports et passe aux châssis Chevrolet suite au retrait de Pontiac. Ward Burton est le pilote de la numéro 0 toujours sponsorisée par Netzero (qui avait pensé un temps de se retirer en fin de saison) tandis que Jason Leffler courra full-time en Busch Series.
En résumé
35 courses disputées.
Non-qualifiée à la deuxième course de Talladega
Meilleur résultat : 13e à la deuxième course de Phoenix
4 top-20
Pilotes : Jack Sprague, John Andretti, Jason Leffler, Ward Burton
K.N
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