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Photo du rédacteurGoodstone

Souvenirs de Rio Haryanto en F1...

Dernière mise à jour : 6 juil. 2023


On a pratiquement oublié l’existence du pilote indonésien et encore plus sa demi-saison en Formule-1. Pourtant, si Rio Haryanto n’était clairement pas un champion en puissance, il n’était pas non plus totalement paumé lors de son bref passage. En fait, on s’attendait à réellement pire et a même agréablement surpris à quelques moments.




Il faut l’avouer : sa titularisation chez Manor pour 2016 est davantage due au soutien du gouvernement indonésien et à la compagnie pétrolière du pays, Pertamina, qu’à ses performances en GP2 malgré une saison plus que bonne en 2015. En réalité, Haryanto n’a jamais vraiment performé dans les formules de promotion bien qu’il ait aisément remporté la Formula BMW Pacific en 2009 (en plus du karting encore avant), mais c’est à partir de cette période que les choses se compliquent un peu.



Le natif de Surakarta débarque dans nos contrées via le GP3 en 2010, il y passera deux saisons chez Manor où il signera trois victoires. Rien de mauvais dans ce bilan, mais pas de signes montrant qu’il sera une grosse pointure en devenir également. A partir de 2012, direction l’antichambre de la F1 : le GP2. Trois saisons et trois différentes équipes plus-tard, il ne signera que deux podiums, une pole-position et une 14e place finale comme meilleur classement. Pas évident certes avec des structures qui ne sont pas les plus performantes du lot ou qui coulaient silencieusement dans le peloton en plus du fait que le pilote indonésien était pratiquement transparent course après course…


La quatrième saison sera enfin la bonne : chez Campos Racing, il signe trois victoires (à chaque fois lors des épreuves Sprint) et termine quatrième au classement final. Bon, ce n’est pas suffisant pour faire de lui un futur champion ou de s’installer durablement en monoplace, mais peut-être s’intéressera-t-il à d’autres catégories en sport-auto…


Trois victoires à chaque fois lors des courses sprint en GP2 en 2015 en dépit d'une prestation difficile à Monaco. Haryanto manquera de peu la troisième place finale à la fin de l'année, auteur d'une fin de saison plus que moyenne (© Rio Haryanto page)

Et puis en février 2016, Haryanto débarque à 23 ans en Formule-1 chez Manor Racing. L’équipe britannique vient d’être rachetée par l’homme d’affaires Stephen Fitzpatrick (qui gardera le nom « Manor », bien que ses vrais fondateurs sont partis et iront au championnat mondial d’endurance, le WEC) et voit les choses en grand pour cette petite structure : déménagement des locaux historiques à Banbury vers Dinnington, recrutement d’ingénieurs venant de grandes équipes, partenariat avec Mercedes pour la fourniture moteur et pour l’arrivée du jeune Pascal Wehrlein (champion DTM) comme premier pilote. On peut dire que le petit Rio était là pour apporter généreusement un peu de liquidités, ni plus ni moins.


Il a déja pu essayer une F1. C'était en 2012 à Silverstone, sur une Marussia/ Manor (comme le monde est petit) (©?)

Evidemment, sa titularisation fait quelque peu grincer des dents dans les réseaux sociaux ou les forums spécialisés. Oui, il y’avait l’aspect financier qui était déterminant à sa titularisation, oui il y’avait d’autres pilotes qui méritaient davantage un volant en F1 que lui. Cela dit, on a vu des pilotes qui avaient moins prouvé à leur arrivée en F1 comme ce fut le cas dans les années 1990 voire 2000, là où l’indonésien a un petit palmarès même si c’était pas extraordinaire. Surtout, sa titularisation fait la joie des supporters indonésiens qui n’ont pas peur de clamer haut et fort sur les réseaux sociaux leur fierté de voir un pilote de ce pays courir en F1, quitte à littéralement spammer dans les commentaires.


Place à une monoplace nouvelle chez Manor avec cette MRT05 à moteur Mercedes. Un espoir de quitter la queue du peloton ? (©XPB Images)

Les premiers tours de roue de Rio au volant de la nouvelle Manor, la MRT05, est plus que délicat : deux sorties de route le premier jour et quelques autres viendront également durant l’hiver 2016. De quoi se poser des questions sur son habilité à piloter une monoplace de ce type pour certains…


Et pour le premier GP de la saison ? Eh bien…premiers essais officiels et déjà un premier incident en s’accrochant avec la Haas de Romain Grosjean…dans la voie des stands. Résultat : pénalité de trois places sur la grille de départ et donc, il s’élancera 22e et dernier et non 21e, car oui, Haryanto a devancé Wehrlein en qualifs. La course sera brève : 17 tours et abandon sur panne de transmission.


Oops...alors qu'il sortait du garage, Haryanto, comme son équipe, n'a pas vu la Haas de Grosjean à ce moment la (©XPB Images)



Ce qui n’est pas grave car l’indonésien est le tout premier pilote nommé « Driver of the day » en F1 par le public (ca avait débuté cette année la). Rien que ça ! Bon en fait ce sont les supporteurs indonésiens qui ont un peu trop spammé le bouton du vote. Plus-tard, le pilote du jour est finalement attribué à Grosjean.


Et la suite ? Eh bien, c’est pas mauvais, parfois bon. A cinq reprises, il s’est permis de devancer son partenaire allemand en qualifs’. Le meilleur moment ? Quand il manquait de très peu d’aller en Q2 en plus de se placer devant Wehrlein. Bon à sept autres reprises ce dernier est également devant lui sur la grille de départ, parfois avec un écart assez conséquent (comme au Canada ou le pilote indonésien se crashe durant les qualifs).


La Manor est une voiture plutôt honnete, en se battant assez souvent avec les Sauber dans le fond du peloton. Pas encore suffisant pour se battre encore plus haut à la régulière (©Dave Jefferys)

En course, le bilan est cette-fois plus mitigé. Le pilote indonésien a du mal à tenir la cadence d’un GP entier sans s’écrouler en termes de rythme, ou plutôt : Haryanto sombre progressivement au moment où ses pneus perdent en performance et/ou à partir de son second relais, au point de se trainer à partir de la seconde moitié d’une course. Et encore, au GP de Monaco dans des conditions changeantes, il jouait les chicanes mobiles sur le circuit urbain, au point de terminer à quatre tours de Lewis Hamilton et 15e au classement (son meilleur résultat toutefois). Le constat est identique au Canada. Quelques incidents viennent également ternir le bilan à chaque course : impliqué dans un incident avec plusieurs voitures à Sotchi, contacts dans les premiers virages à Montréal et à Hockenheim ou encore sortie de route à Silverstone (sous la piste mouillée certes).


Hors du coup à Monaco...Wehrlein n'a pas aimé se faire bouchonner par son partenaire en course ! (©Zak Mauger)

Reste quelques moments intéressants durant les GP : une 21e place en Chine en résistant à la Renault de Jolyon Palmer pour éviter la toute dernière place ! Des premiers tours parfois au milieu des autres voitures avant de disparaitre dans la nature. A titre de comparaison, Wehrlein fait bien mieux sur ce point en arrivant à se combattre dans le peloton et à même réussir à marquer un point à la régulière, au Red-Bull Ring.


A vrai dire, en début de saison, Haryanto avait l'air d'un peu mieux s'en tirer pour ses débuts contrairement à un autre débutant, Jolyon Palmer (©?)

L’été avançait et des rumeurs concernant l’avenir d’Haryanto chez Manor se multiplient : l’indonésien pourrait perdre son volant avant même la fin de la saison. Ce dernier commence à être à court d’argent (à croire que les soutiens du pays ne payent pas énormément ?) et céderait son baquet à Esteban Ocon, autre protégé de Mercedes (en plus de courir en DTM et être troisième pilote Renault en parallèle, oui oui)…Ce sera chose faite à partir du GP de Belgique et au milieu du mois d’aout, le français débutera en F1 au sein de la petite équipe britannique. Le GP d’Allemagne 2016 aura été l’ultime course de Rio Haryanto en Formule 1, conclue par une 20e et dernière position en course.


Effectivement, le bilan n’était pas cataclysmique comme certains l’avaient annoncé (il faut dire que la barre a été placée bien bas), mais rien d’exceptionnel non-plus et insuffisant également pour justifier sa place en F1 en dehors du souci de budget. Rio Haryanto, c’est un exemple d’un pilote sympathique apparu brièvement dans la catégorie-reine de la monoplace qui n’a dérangé ni impressionné personne autour de lui, contrairement à certains de ses confrères du fond de peloton de ces trente dernières années. Clairement pas l’un des pilotes les moins talentueux de l’histoire de la F1, mais l’un des moins spectaculaires de la décennie 2010 (et 2020) oui, ce qui est déjà pas si mal en soi.


On ne verra plus la 88 après Hockenheim (©Manor Racing)

Après ceci, Haryanto se fait très discret, le soutien de ses fervents supporters et du gouvernement indonésien ne suffit pas, d’autant plus que Pertamina ne l’aide plus Ses apparitions en compétition se raréfient : saison 2018 en Blancpain GT Challenge Asia et l’hiver 2019-2020 en Asian Le Mans Series sur une Ferrari 488 GT3 du T2 Motorsports. Après ceci, il semble se consacrer définitivement à la gestion de l’entreprise familiale.


Liens / sources


Motosport. com, F1i Magazine, Auto-Hebdo...


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