Au moment où le championnat britannique de tourisme, le BTCC, entamait une nouvelle ère avec les Super-Touring, Mitsubishi s'invitait également à la fête avec un programme semi-officiel et en engageant une Lancer...mais qui connaissait cette histoire?
Quand on pense à Mitsubishi en compétition, on a toutes et tous en tête aux multiples engagements en rallye, notamment avec la Lancer Evolution. Toutefois, la marque aux trois diamants était présente dans d’autres séries, et dans les championnats de tourisme principalement.
Si on voyait des modèles de cette marque se cantonner à quelques épreuves locales. L’implication de la part du constructeur commence à partir de 1983 au moment où la Starion entre en compétition. Aux USA, ce coupé rencontre pas mal de succès, notamment en SCCA Challenge. En Australie, ses apparitions se soldent par des bons résultats finaux tandis qu’en Europe, celle-ci se défendra plus qu’honorablement dans le championnat britannique ou néerlandais.
La Grande-Bretagne, parlons-en : engagée dans le principal championnat de tourisme, le BSCC (British Saloon Car Championship, plus tard le BTCC) par l’importateur britannique de Mitsubishi, Colt Cars, la Starion pilotée par David Brodie (qui fait également office de team-manager en quelque sorte) apparaissent à partir du milieu de la saison 1983. Rapidement, cette voiture se montre progressivement dans le coup et fait de l’ombre aux autres Touring-cars du Groupe A telles que les Rover Vitesse, Ford Sierra ou autres BMW Série 6. Seule sa fiabilité aura été son talon d’Achille. L’aventure se terminera en 1986 après le retrait de l’importateur de la marque en fin d’année précédente, conduisant Brodie à faire quelques apparitions par la suite.
En 1990, le BTCC fait sa révolution : les fameuses Groupe-A feront leur dernière année dans ce championnat et une nouvelle classe apparait dès cette année avec des voitures dites « Classe 2 », moins radicales et moins onéreuses. Celles qui courront dans cette classe qui se nommera plus couramment « Super-Touring » vont devenir le fer de lance dans les championnats de tourisme.
C’est également à ce moment qu’on revoit une Mitsubishi dans ce championnat. Engagée par le John Maguire Racing, équipe et préparateur qui sévit depuis les années 1960 dans diverses séries de tourisme ou de courses de cote, engage une Starion modifiée pour pouvoir courir dans la Classe-2 (moteur atmo’ imposé, cylindrée limitée à 2L, ici le moteur est repris sur un autre modèle de chez Mitsubishi). Les résultats sont moyens mais l’équipe va développer une nouvelle machine.
Avec le soutien de l’importateur britannique de Mitsubishi, la voiture répondra totalement à la réglementation Super-Touring. La base choisie non pas la berline Galant jugée trop lourde, mais une un peu plus compacte et qui est la version 5-portes de la troisième génération de la Colt (ou Mirage) : la Lancer.
Plus précisément, c’est la version la plus véloce de la gamme, la GTI 16v, qui représentera les espoirs de l’équipe. Le 1,8 litres de 125 chevaux passez chez un autre préparateur local (Geoff Richardson) et se voit rapprocher les 2L pour atteindre les 270 chevaux. Pour le reste, la Lancer une simple traction avant (eh oui, l’Evo n’existait pas encore en 1991), la boite de vitesses provient de chez Xtrac tandis que le manufacturier de pneumatiques Firestone sponsorise et équipe exclusivement l’équipe comme en 1990. D’ailleurs, celle-ci fournit des pneus spécifiques pour la Lancer GTI. Hormis ceci, il n'y a pas de travail sur la carrosserie, même pas un minimum. Certes, le règlement Super-Touring ne permettait que peu de libertés sur ce point, mais tout de même
Avec le vice-champion de la série en 1987 et pilote de cette team depuis 1990, Mark Hales, le Jim Maguire Racing aura fort à faire avec d’autres équipes plus ou moins soutenus par des constructeurs comme BMW, Vauxhall, Nissan, Toyota ou Ford dans une moindre mesure. La concurrence ne manque pas pour cette première véritable saison avec les « Super-Touring » en vedette !
Première épreuve de la saison 1991 début avril sur le circuit de Silverstone, et plus précisément le circuit « National » (donc, raccourci par rapport à celui qu’on connait) et ça ne commence pas très bien pour Hales et l’équipe : seulement 17e sur la grille (sur 21) à près de 3 secondes de la BMW M3 pilotée par Steve Soper. La course n’est guère meilleure, Hales naviguait en queue de peloton et termine à la même position qu’au départ, son moteur perdait également de la puissance en fin d’épreuve.
Le problème est déjà trouvé : la Lancer a des problèmes qu’il faut rapidement corriger. Lesquels ? A peu près tout ! Freinage, comportement désastreux du fait que la voiture est trop haute en comparaison avec les autres machines, tendance à se « vautrer » à chaque virage, gout trop prononcé pour le sous-virage en partie accentué par les pneus spécifiques de Firestone…En fait, seul le moteur sauve quelque peu le bilan, bien insuffisant pour compenser tous ces défauts. D’ailleurs, il est décidé que l’équipe chaussera temporairement des pneus Avon le temps pour Firestone de mieux adapter les gommes…
La manche suivante sera un peu meilleure, à Snetterton, Hales profite des incidents et déboires de ses compères pour remonter au classement et termine 10e, synonyme d’un point au championnat. Retour à la normale à Donington où la Mitsubishi est la dernière classée dans cette épreuve, 16e malgré une belle bataille avec la BMW M3 de Nick Whale.
Même histoire à Thruxton, épreuve qui voit le retour de Firestone chausser la voiture, Hales termine avec 4 boucles de retard, ce dernier pensait avoir crevé et s’est arrêté aux stands. Le pilote britannique ne pourra même pas prendre le départ à l’épreuve suivante, sur la seconde venue à Silverstone.
Après 5 manches et voyant qu’améliorer ne servirait à rien (les suspensions ont été retravaillés, sans que ça ait un impact le comportement de la Lancer) hormis dépenser dans le vide, le John Maguire Racing va développer une autre voiture pour la suite de la saison, en utilisant la Galant comme base. Oui, la même berline rejetée par l’équipe car trop encombrante…L'équipe va zapper deux manches et revenir avec cette machine, avec de meilleurs résultats?
Quant à la Lancer, elle sera rapidement jetée aux orties, et tout le monde (ou presque) a oublié son existence et sa présence en BTCC il y’a 30 ans. On verra néanmoins ce modèle courir quelques années plus tard dans le championnat allemand de tourisme réservé aux Super-Touring, le STW. Mais préparée par une autre structure et utilisant pour base, une Lancer de la génération suivante.
Fiche auto
Moteur : 4 cylindres 1835cc, préparé dans les ateliers de Geoff Richardson
Aspiration : atmosphérique
Implantation : à l’avant
Puissance 270 ch.
Châssis : basé sur la Lancer GTI 16v de série
Boite de vitesses : manuelle 6 vitesses d’origine Xtrac
Transmission : à l’avant
Pneumatiques : Firestone & Avon (pour 2 courses)
Liens / sources
Archives Autosport
K.N