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  • Photo du rédacteurGoodstone

Ligier JS35 & JS35B Lamborghini (1991)


Nouvelle voiture, nouveau moteur, nouvelle usine et installations…Après plusieurs saisons médiocres, Ligier devait redresser la barre en 1991 pour ce qui était considéré comme une autre saison de transition.


Au début des années 1990, Ligier a énormément de difficultés à bien figurer en Formule 1, faute de monoplace performante, d’un budget un peu juste, mais également d’une gestion de l’équipe un peu « à l’ancienne » et plus vraiment adapté à la F1 moderne.

Aucun point marqué pour l'équipe Ligier en 1990...(©F1 History- Deviantart)


Après une saison 1990 sans aucun point marqué, l’équipe de Guy Ligier change presque tout pour 1991 : nouvelle monoplace après deux années passées à exploiter la médiocre JS33 (qui avait néanmoins le mérite d’être fiable et homogène dans son comportement), nouveau moteur avec le V12 Lamborghini à place du V8 Ford-Cosworth et surtout, déménagement à Magny-Cours dans la Nièvre (et non plus à Abrest, dans l’Allier), le tout avec l'installation d’une soufflerie et d’un système de conception assistée par ordinateur s’il vous plait ! Enfin, exit Philippe Alliot et Nicola Larini en ce qui concerne les pilotes. Place au talentueux belge Thierry Boutsen (ex-Williams) et au champion F3000 en titre, Erik Comas qui peut également compter sur le soutien de Elf.

Guy Ligier (au centre dans la monoplace) entouré de ses deux nouveaux pilotes: Thierry Boutsen (à g.) et Erik Comas (à d.) (©Grand Prix Photo)

Seuls les sponsors principaux, c’est-à-dire Gitanes et LOTO, restent chez Ligier (pour des raisons extra-sportives et politiques notamment).


Saison de transition


Oui, ce sera encore le cas pour ’91 car Renault fournira les moteurs dès l’année suivante, chose que le père Guy convoitait depuis un certain temps. En attendant, il va falloir patienter et tenter de bien figurer avec toutes ces nouveautés citées précédemment.

La nouvelle monoplace, la JS35, est la première Ligier de F1 conçue à Magny-Cours. Elle a été conçue sous la houlette de Michel Beaujon ainsi que de Loic Bigeois, Frank Dernie (nouveau venu dans l’équipe après avoir quitté Lotus) et Richard Divila.

La JS35 a fait l’objet de longues études en soufflerie et de CAO. Les pièces en carbone sont produites par Ligier elle-même, l’équipe française dispose également d’un four autoclave pour la construction de celles-ci. A noter la boite de vitesses développée par Ligier et avec l’aide d’Xtrac.

La JS35 en soufflerie (© archives de R. Divila)

On note que la machine a un aspect plutôt massif, normal car il faut loger le bon gros V12 Lamborghini. Comme le règlement l’exigeait à l’époque, c’est un moteur atmosphérique de 3.5 litres qui crache près de 630 chevaux. Il a également le désavantage d’être un poil plus glouton que les autres moteurs…

Le V12 Lamborghini, qui propulsait les Lotus et les Lola/Larrousse en 1990 (© Marco R.)

Mais plus que le V12 ou la forme de la JS35, l’aérodynamique ne semble pas très élaborée face à ses rivales. Volonté du team de tout miser sur la puissance du bloc Lambo ou bien lacunes dans la conception de la machine ? En tout cas, celle-ci ne s’est pas révélée compétitive lors des premiers tours de roue, elle est un peu lourde (conséquence de l’installation du V12), son comportement sur la piste est médiocre comparée à la JS33 et a un fort penchant pour le sous-virage…

Un peu massive, cette JS35 (© Motorsport Images)



Dans la continuité des saisons précédentes…


Le premier meeting de la saison 1991 de F1 se déroule début-mars sur le circuit urbain de Phoenix, aux USA. 18 équipes et 34 pilotes répondent présents pour ce millésime, il va falloir instaurer la règle des préqualifications…dont Ligier va devoir y participer car étant l’une des teams les moins bien classés en 1990. Enfin ca c’était avant qu’ils arrivent en Arizona car on apprend que l’équipe Larrousse (elle aussi, française) perd tous ses bénéfices de sa sixième place en ’90 pour d’obscures raisons (Lola, le fournisseur des châssis de l’équipe n’est pas présente dans le nom du team et la FIA considère Larrousse comme une « nouvelle équipe », voir ici pour plus de clarté : https://www.statsf1.com/fr/1991/etats-unis.aspx). Cette histoire permet à Ligier d’être exempté de la terrible séance du vendredi matin…


Malgré cela, la JS35 n’est pas à l’aise dans ce tracé urbain. Comas ne réalise que le 27e chrono est manque sa qualification (la grille est limitée à 26 places) tandis que Boutsen est 20e, à cinq secondes pleines de la Mclaren d’Ayrton Senna. En course, le pilote belge doit renoncer à mi-parcours : panne électrique.

Le champion 1990 de F3000 n'est pas qualifié à Phoenix (© ?)

La situation ne s’améliore pas sur le circuit d’Interlagos, au Brésil, si les deux Ligier se qualifient, c’est pour une anonyme 10e place pour Boutsen alors que Comas doit abandonner après une casse moteur.

Un Lamborghini tout feu tout flammes au Brésil ! (© Rainer H. Schlegelmich)

Les premiers GP européens voient toujours les deux JS35 se trainer dans le peloton. Ce qui vaut à Richard Divila d’être remercié. Le sous-virage est toujours aussi présent sur les machines (un gros désavantage sur les circuits urbains !) et les pilotes sont parfois pénalisés en essais par un manque de roulage, la faute aux pannes causées par le moteur Lambo ou par la boite de vitesses. Quelques points moins négatifs à noter : la septième place de Thierry Boutsen à Imola après une course marquée par une cascade d’abandons. Avec un peu plus de chance il aurait pu marquer des points (seuls les six premiers marquaient). Même position à Monaco où la JS35 était loin d’être à l’aise dans les rues de la principauté.

A la porte des points dans les rues de Monaco pour Boutsen (© Matt Bishop)

D’une manière générale, la voiture est globalement fiable en course (le cas inverse en essais) malgré quelques casses moteur.

Une nouvelle évolution arrive courant juillet pour le GP de France, à Magny-Cours (quelle coïncidence, chez Ligier également !). Les améliorations dessinées par Frank Dernie sont telles que la Ligier JS35 devient JS35B. Si l’aspect extérieur ne change pas, c’est au niveau mécanique que les changements sont plus importants : fond plat, aileron avant, radiateur modifié …

© Martin Lee


Les performances sont un peu meilleures mais ça reste insuffisant pour pouvoir marquer des points à la régulière. Une fois encore, les pilotes accumuleront casses ou malchances durant les essais et qualifications : soucis moteur, accidents comme celui de Comas à Hockeheim et bien évidemment comportement sousvireur les empêchant de mieux faire coté chrono. Au moins les machines franco-françaises atteignaient très souvent l’arrivée même si c’est loin derrière les leaders. De toutes façons Ligier, qui a entre-temps recruté l’ingénieur Gérard Ducarouge (ex Larrousse, il fera son retour dans l’équipe de Guy Ligier) est déjà tourné vers 1992 et l’arrivée de Renault donc il y’a plus rien à attendre de cette saison

A défaut de rivaliser la Mclaren de Senna, la JS35B voyait régulièrement l'arrivée d'un GP...(© FIA)

Comme en 1990, aucun point n’a été marqué. Si on peut trouver quelque chose de positif sportivement parlant, c’est qu’ils ont fait mieux que l’équipe « officielle » Lamborghini (avec des guillemets car ce n'est pas le constructeur lui-même qui était vraiment impliqué dans l'histoire) qui avait du mal à se qualifier durant l’année.

Boutsen au Hungaroing (© Motorsport Images)


Coté pilotes, Thierry Boutsen est conservé pour ’92. Son professionnalisme a fait l’unanimité dans l’équipe. Erik Comas n’a pas non plus démérité malgré quelques échecs (3 non-qualifications, à Phoenix, Mexico et Silverstone), quelques fracas (carton aux essais à Hockenheim), malchance (panne d’alternateur au Japon alors qu’il était dans les points !) ,le tout avec un manque de soutien assez important de la part de l’équipe…



Le natif de Romans ne serait toutefois pas conservé par Ligier en tant que pilote titulaire. Il semblerait que le père Guy, après avoir tenté de convaincre Nelson Piquet, aurait discuté avec Alain Prost (fraichement débarqué de chez Ferrari fin-91) en personne pour qu’il conduise la voiture bleue. Mais ça, c’est une autre histoire…

Gros carton pour Erik Comas aux essais du GP d'Allemagne. Il parviendra néanmoins à se qualifier pour la course (© ?)


Fiche auto

Moteur : Lamborghini V12 3500cc

Aspiration : atmosphérique

Implantation : central-arrière

Puissance : 630 chevaux à 14200 tr/min

Châssis : monocoque en carbone

Freins : carbone d’origine Brembo

Boite de vitesses : à 6 vitesses, conçue par Ligier avec l’aide de Xtrac

Transmission : à l’arrière

Poids : 535kg à vide

Pneumatiques : Goodyear

La JS35 (ici en photo à Monaco) et la JS35B souffrait d'un sous-virage chronique et d'un moteur Lamborghini encombrant et gourmand (quoique plutot performant malgré tout)

Résultats en compétition :

A couru lors de la saison 1991 de F1

La JS35B fait son apparition au GP de France, à Magny-Cours

Meilleur résultat en qualification 14e (2x)

Meilleur résultat en course : 7e (2x)

Classement équipe Ligier : Non classé (0 pt)

Pilotes : Thierry Boutsen & Erik Comas

Références :

Champion Magazine, numéro 1 spéciale F1, été 2016.

Victorieux en 1990 chez Williams. Thierry Boutsen n'a pas marqué de points l'année suivante. Le pilote belge n'a pourtant pas démérité au volant de cette médiocre machine (© ?)

Après une autre saison difficile, Ligier accueillera Renault comme motoriste. En fin d'année '91, la JS35 est modifiée pour pouvoir tester le bloc Français en attendant une nouvelle monoplace pour 1992. Ici Boutsen à Magny-Cours (© ?)

K.N

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