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  • Photo du rédacteurGoodstone

Le retour de Lotus en Indycar (2012)

Dernière mise à jour : 1 oct. 2023

Plus de quarante ans après ses participations aux 500 miles d'Indianapolis, Lotus revient sur le devant de la scène en Indycar...et ca a été un flop total. Un article qui peut être associé au thème des saisons d'enfer...




Plus que la F1, Lotus avait également participé et brillé à plusieurs reprises aux 500 miles d’Indianapolis. Après tout, n’est pas l’équipe fondée par Colin Chapman qui a apporté en 1965, la première victoire d’une monoplace à moteur arrière en 1965 (avec Jim Clark) ou encore ramené une machine dotée d’une turbine à combustion ainsi que de quatre roues motrices qui manque de peu, de s’imposer en 1968…L’épopée s’arrêtera aux essais sur cet ovale en 1969. Depuis, Lotus ne s’est plus aventuré dans les monoplaces US malgré un projet mort-né en 1984.



Indy 500 1965: victoire de Jim Clark sur la Lotus 38 à moteur Ford. Première victoire d'une machine à moteur arrière également ! (©IMS)

C’est alors que durant l’hiver 2010, quelques sources nous informent que Lotus pourrait débarquer en Indycar dès cette saison même ! L’équipe et constructeur anglais dirigée à cette époque par le fantasque Dany Bahar, prépare son « retour » en F1 via l’équipe de Tony Fernandes et s’intéresse de très près aux monoplaces outre-Atlantique. Plus sérieusement, la marque ne va pas venir elle-même mais en tant que simple sponsor au sein de l’équipe KV Racing. Une des trois voitures engagées par cette dernière aura le logo du constructeur anglais, il s’agit de celle du rookie japonais au nom de Takuma Sato. C’est le début de l’escalade.


Première saison en Indycar délicate pour Sato, accumulant surtout les incidents en course (©Lotus/IMS)




En 2011, et alors qu’on assiste à l’existence de deux teams Lotus en F1, la marque se lâche en présentant des concept-cars aussi variés que curieux et en lançant des programmes divers et variés en sport-auto. Pas encore ( ?) de manière officielle et totale (sinon des tests concernant l’Evora GT4 ou encore l’Exige RGT), mais toujours en multipliant les sponsoring en endurance, dans le formules de promotion ou dans le monde du football…Bref, la folie des grandeurs en somme.


En 2011, le logo Lotus était à toutes les sauces !


En Indycar aussi, on n’échappe pas à cette histoire. Comme l’an passé, le KV Racing abordera le sigle de Lotus. Toutefois, celle-ci va étendre son partenariat à travers les trois voitures engagées par le team dirigée par Kevin Kalkhoven et Jimmy Vasser. Ainsi, Takuma Sato, EJ Viso et Tony Kanaan piloteront des Dallara-Honda ornée d’une jolie livrée verte à bande jaune rappelant les couleurs de Lotus d’antan.




Pour 2012, cette-fois Lotus se lance pour de bon en Indycar et on avec Chevrolet et Honda, on aura droit à un troisième manufacturier dans la discipline, en ce qui concerne la fourniture des moteurs. Ça tombe bien : c’est l’année où il y’aura de grands changements dans la discipline avec l’introduction des tout nouveaux châssis Dallara, la DW-12. Les moteurs seront des V6 turbocompressés de 2,2 litres produisant au moins 700 chevaux (donc, une baisse de la cylindrée et ajout du turbo justement…C’est donc le bon moment pour Lotus de s’engager plein pot dans la discipline. Le programme s’étalonnera sur cinq années.


Maintenant, comment Lotus va produire ces V6 sachant que la marque elle-même n’a pas les moyens techniques ou financiers d’en concevoir un toute seule ? En faisant appel à une autre entité/préparateur. On pensait à l’origine que Cosworth serait de la partie. Après tout cette dernière a collaboré pour la création de la Lotus T125 (sorte de monoplace F1 réservée aux clients riches pour les trackdays) en ayant mis le moteur V8 dans cette machine.


La Lotus T125, monoplace destinées au clients richissimes voulant se faire quelques extras sur la piste (©Lotus Cars)

Contre toute attente ou presque, c’est Judd qui va produire développer le bloc, il semblerait qu’il y’a eu des désaccords entre Lotus et Cosworth dans le projet. Les premiers essais, prévus au cours de l’automne 2011, sont reportés à la toute fin de l’année, embêtant quand Chevrolet et Honda sont déjà bien avancées sur leur travail. Autre petit souci, l’annonce des équipes qui utiliseront ce moteur se fait attendre. Hormis ceci, on apprend que le programme aura une base située à Indianapolis et que le moteur Judd sera rebadgé Lotus bien évidemment.



Parallèlement à cela, plusieurs équipes utiliseront ce V6 pour 2012. KV Racing ne sera pas de la partie. On a en premier lieu le Bryan Herta Autosport/ Barracuda Racing (du nom du sponsor principal pour la future saison) qui sera une des teams de pointe parmi le clan Lotus. Le canadien Alex Tagliani pilotera l’unique monoplace.


©Phillip Abbott

Nous avons ensuite le Dreyer & Reinbold Racing, équipe de milieu de tableau qui engagera une monoplace, pour l’espagnol Oriol Servia.


Encore une livrée noire et or...(©Scott Lepage)

Une voiture qui sera également de la partie pour HVM Racing et abordera les couleurs vertes/jaunes rétro. C’est la suissesse Simona de Silvestro qui sera au volant.


Enfin, Dragon Racing s’associe également avec Lotus pour la saison à venir. L’équipe dirigée par Jay Penske (le fils de Roger) alignera deux Dallara pour Sebastien Bourdais et Katherine Legge. Notons que la voiture de Bourdais, sponsorisée par Bing et McAfee, aura les couleurs noires et or comme à la vieille époque glorieuse.


Katherine Legge (©?)

Ce n’est pas fini : on annonce que l’ambassadeur de la marque Lotus et ancien pilote de F1, à savoir le fameux Jean Alesi, sera également de la partie aux 500 miles d’Indianapolis, avec une autre équipe et le soutien de Lotus bien sûr.


Passé la présentation des teams, place aux choses sérieuses….et c’est le début des problèmes. Hormis le programme qui a commencé tardivement, il risque d’y avoir quelques soucis (vite résolus) concernant la fourniture des moteurs pour le début de saison. Mais ce n’est rien comparé à qui ne va vraiment pas dans le V6. Nous y reviendrons un peu plus-tard. Autre interrogation, aucune de ces équipes sont des pointures en Indycar face aux Penske, Ganassi ou autres Andretti…Un véritable handicap ?


Dès la première manche du championnat, dans les rues de St. Petersburg, les Dallara dotées du moteur Lotus seront larguées. Rendant généralement une seconde ou plus à leurs rivaux, les pilotes ne sont guère à la fête en course. Seul Tagliani et Servia seront à l’arrivée, respectivement 15 et 16e à un tour d’Hélio Castroneves.


De Silvestro en grande galère...et cela va durer toute la saison (©Motorsport Images)

L’épreuve suivante sur le circuit du Barber Motorsports (en Alabama) voit un résultat positif dans le clan Lotus avec la neuvième place de Bourdais après une très belle prestation dans le peloton et au regard des faiblesses du V6…


Le V6 Lotus/Judd justement, concentre tous les problèmes pour les équipes clientes. Le bloc anglais manque cruellement de puissance (20 et 25% de moins que le Chevrolet, selon les sources) et de couple. Cerise sur le gâteau, la fiabilité a été prise en défaut lors des premières courses. Bien évidemment, cela mécontente énormément les équipes et les pilotes (coucou Alex Tagliani) qui s’estiment terriblement désavantagées face aux autres équipes utilisant le bloc Chevy ou Honda.


Sébastien Bourdais aura signé le meilleur résultat du "clan" Lotus: 9e au Barber Motorsports Park (©Motorsport Images)

Encore mieux, Lotus se trouve dans l’incapacité de fournir un nombre suffisant de moteurs pour chaque équipe par course. Gênant…Et ce souci provoquera des absences de certains pour des essais à Indianapolis en avril. C’est le cas du Dragon Racing…


Après des prestations calamiteuses à Mid-Ohio où le V6 Lotus/Judd pleure son manque cruel de reprise et de puissance en plus de ses soucis de fiabilité (deux à l’arrivée : Servia et Bourdais, à deux tours de Will Power…), certaines équipes commencent à se désengager. L’exemple le plus criant est le Dragon Racing qui veut changer de moteur au plus vite et va même attaquer en justice Lotus pour promesses non-tenues et « fraude contractuelle » ! L’affaire sera en quelque sorte réglée, mais il est acté que Dragon passera dans le camp Chevrolet dans les prochaines semaines…


En attendant, la prochaine course (4e manche) se déroulera dans les rues de Sao Paulo, au Brésil. Ce sera la dernière fois où on verra plusieurs Dallara à moteur Lotus avec précisément quatre monoplaces. Oui, quatre, ce n’est pas une erreur, il manque à l’appel l’équipe du Team Barracuda/ Bryan Herta Autosport avec Tagliani. Celle-ci vient de signer avec Honda à partir des 500 miles d’Indianapolis…


Dernière course du Dragon Racing avec Lotus à Sao Paulo. L'équipe utilisera par la suite des moteurs Chevrolet...et opte pour un programme un peu plus réduit pour le reste de la saison (©André Texeira)

Sur cette course brésilienne, pas grand-chose à dire même si Servia finit à une honnête 11e position. La manche suivante n’est d’autre que les fameux 500 miles d’Indianapolis. Comme prévu, Jean Alesi sera de la partie avec une Dallara engagée par Fan Force United, soutenue techniquement par le Newman-Haas Racing et suivie également par Lotus. C’est également le grand chamboulement dans l’entry list puisque il n’y a désormais plus que deux voitures qui utilisent le bloc Lotus, à savoir Alesi bien sûr, mais également Simona de Silvestro. Tout le reste est passée à la concurrence, sans même attendre davantage…


En parlant du l’ex-pilote Ferrari ou Benetton en F1, celui-ci passe sans trop de problème les phases de « Rookie Test » nécessaires pour participer à la grande épreuve. Toutefois, il y’aura un problème pour la suite…


© Mark Walczak

On connait les problèmes du moteur Lotus, mais sur cet oval de 2,5 miles, l’handicap est encore plus criant que sur un tracé classique. Alesi et De Silvestro vont très vite être pénalisés par une vitesse de pointe insuffisante. Même si ces derniers sont assurés d’être au départ (33 engagés, donc pas d’éliminés avant la course), ils occuperont les deux dernières places. Avec une vitesse enregistrée à 210 et 214 miles par heure (avantage De Silvestro), soit 337 et 344 km/h…Pour comparer avec les autres concurrents, ces derniers sont au bas mot, à plus de 220 mp/h, voire 226 grand maximum pour le poleman, Ryan Briscoe.


©IMS


Au vu de leurs prestations aux essais qualificatifs, on s’attend à ce que De Silvestro et Alesi soient sur le coup du drapeau noir pour vitesse minimale insuffisante en course…et ce fut exactement le cas. Alors qu’on entamait à peine le dixième tour de course (sur 200), on présente ce drapeau à Jean Alesi pour cette raison alors qu’il était bon dernier à quasiment un tour de retard. La même chose se produira un tour plus-tard pour Simona de Silvestro…La gêne pour Lotus…



Son entourage avait beau le prévenir, la participation de Jean d'Avignon aux 500 miles d'Indianapolis a été un fiasco grâce au moteur Lotus bien à la peine... (©Donovan Miller)

Ce sera la première et unique participation de Jean Alesi à Indianapolis. Après ce one-off manqué, il arrêtera pour de bon sa carrière de pilote. La suite de la saison en Indycar sera brève, HVM Racing est désormais la seule équipe qui utilise encore ce foutu V6 jusqu’à la dernière course, et tant pis si Simona De Silvestro ne jouera que les accessoires mobiles peu importe le circuit…Une 14e place sur l’oval d’Iowa (oui oui) sera sa meilleure position en course, même si elle sera à six tours derrière Ryan Hunter-Reay.



Sans surprise, on apprend fin-2012 que Lotus se retire de tout engagement en Indycar. Le programme a été un gros fail sur une année et son principal « soutien », Dany Bahar, est débarqué de la marque après de trop grosses dépenses et ambitions. Fin de sponsoring à gogo, de programmes superflus et bancales ainsi que de tout et du n’importe quoi….De toutes manières, Proton, qui détient la marque britannique, a été rachetée par la compagnie DRB-Hicom qui veut mettre fin à ces dépenses inutiles…


Sonoma 2012 (©Motorsport Images)

Triste retour de Lotus en monoplace US…mais est-ce que l’échec était inévitable ? Le programme a été lancé à la hâte, sans aucune préparation ni sérieux. Le timing et le budget (d’autant que Lotus n’est pas au mieux sur ce point) a également manqué dans l’affaire.


Difficile de véritablement en vouloir à Judd en ce qui concerne le V6, le préparateur devait construire ce bloc en un laps de temps très court, sans véritable soutien de la part de Lotus et sans argent. Déjà qu’il fallait le développer en parallèle, en produire plusieurs pour les équipes, c’était mission impossible…Le véritable retour du nom Lotus en Indycar n’aura pas duré 12 mois.



Liens/sources


Archives ESPN, Motorsport.com, leblogauto, Racing-Reference, Autosport....






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