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  • Photo du rédacteurGoodstone

La Marcos Mantara LM600 au Mans

Dernière mise à jour : 1 févr. 2023

Avec son look singulier et son gros V8 Chevrolet, la Marcos Mantara LM600 ne laissait pas indifférent. Compétitive face à ses rivales en GT2 en endurance, la sympathique anglaise manquait toutefois de réussite aux 24 heures du Mans…




Fondé en 1959 par Frank Costin et Jem Marsh, Marcos (abréviation des fondateurs : Marsh et Costin) est un petit constructeur britannique basé à Dolgellau, aux Pays de Galles. Fabriquant des petites machines sur des châssis en bois et à l’allure étrange telles que la Xylon, la GT ou la Marcos Mini, la marque va très vite s’intéresser à la compétition automobile et plus précisément dans les championnats de tourisme et d’endurance, avec succès.


La curieuse Xylon, première création de Marcos, ici au Nurburgring en 1983 (©?)

La première apparition d’une Marcos au 24 heures du Mans aura lieu en 1966 avec une Mini GT. On reverra ce petit constructeur dans la Sarthe jusqu’en 1968.


La Mini Marcos au Mans en 1966, elle terminera 15e à l'issue de la course. (©ACO)

Après une première faillite en 1971. Marcos, désormais basée à Westbury, renait en 1981 sous l’impulsion de l’un de ses fondateurs, Jem Marsh. Produisant la Mantula Coupe et Cabriolet (née en 1969) de manière confidentielle et sous forme de kit durant cette décennie, la marque se montrera plus ambitieuse en lançant la Mantara Spyder, la première vraie Marcos moderne en 1992. Mieux : celle-ci a l’intention de revenir dans le monde du sport-auto en 1994.


La Mantara de route

Les Mantara de compétition, versions LM400 et 500, suivent le mouvement florissant du GT à cette époque. Courant tout d’abord dans le championnat britannique de GT, les résultats du Team Marcos seront bons (certes la concurrence était limitée et Marcos était le seul constructeur impliqué dans ce championnat en 1994) et incitent la marque à viser plus haut pour 1995 en ciblant les épreuves plus importantes, comme le BPR GT et les 24h du Mans.


La Marcos Mantara LM500 à Silverstone en 1994, pilotée par Chris Hodgetts (©Anthony Fosh)



LM600



Les LM400 / 500 avec leur V8 Rover sont trop justes pour les grandes épreuves. Il est décidé de construire une version plus musclée de la Mantara, avec un toit fermé bien évidemment afin de respecter la réglementation du GT. Elle se nommera LM600.



Pour la motorisation, un bon gros V8 Chevrolet gonflé à 6.3l est installé sous le capot. Développant près de 530 chevaux, il a été développé et amélioré par Lozano Brothers Porting (basé au Texas). Il est implanté à l’avant de la voiture.


©Jorge Curvelo



En ce qui concerne la voiture, la Mantara a pris des muscles et gagné un imposant aileron arrière. La boite de vitesses manuelle à 5 rapports provient de chez Hewland, la voiture a été abaissée afin d’obtenir un meilleur profilage aéro. L’ensemble de la machine pèse près de 1190 kg.




Ce sont les points principaux de la nouvelle Mantara de compétition, elle sera homologuée en catégorie GT2. Le reste de l’originale machine reste basique dans sa conception (le règlement dans sa classe veut qu’elle soit proche de la série) tout en étant différente face aux autres GT2 avec son look neo-retro original, qu’on aime ou qu’on n’aime pas.


La très très rare LM600 de route. Le réglement GT2 exigeait qu'il faut produite 200 exemplaires minimum. Déjà que la marque produisait de manière confidentielle la Mantara de "série"... (©Marcos cars)


1995 :


Avant la classique mancelle, il y’avait les préqualifications pour tous les participants un mois avant la grande épreuve, y compris pour le Team Marcos. Deux LM500 sont présentes parmi les 55 voitures au total, dont 19 en catégorie GT2. David Leslie et Chris Hodgetts sont désignés pour piloter et qualifier les machines anglaises.


Les voitures se comportent bien sur la piste, profitant de la puissance de leur V8 Chevy en lignes-droites et don son centre de gravité bas par rapport à ses rivales. Points faibles : sa mise au point assez délicate et des soucis de fiabilité ont été recensés.


Le look singulier attirait la curiosité auprès du public (©ACO / DPPI Images)

Malgré tout, les LM600 font des temps corrects et participeront aux 24h. L’occasion pour Marcos de finaliser son lineup pour cette prestigieuse épreuve :


La 70 avec Chris Hodgetts, Cor Euser et Thomas Erdos

La 71 avec David Leslie, Francois Migault et Chris Marsh (le fils du fondateur de la marque)



Du coté de la concurrence, les 11 autres GT2 se résument à une kyrelle de Porsche 911 GT2, deux Callaway Corvette ainsi que la Honda NSX du team Kunimitsu. La concurrence est présente dans cette catégorie et pour une Team Marcos qui entame ici ses véritables débuts dans une longue course d’endurance (elle avait bien fait les 4 heures de Donington quelques semaines avant, mais l’unique voiture engagée a renoncé sur casse mécanique.).


Alors qu’elles brillent en British GT, les machines anglaises sont un peu loin en essais : 42e et 44e (sur 48 au total), avantage à la #70. Dans les deux cas, le moteur perdait de la puissance au fil des tours accumulés, ce qui explique sans doute ses chronos en retrait.


Départ des 24 heures (©lemans-history)


Lorsque l’épreuve débute, la 70 se comporte bien en début d’épreuve. Emmenée par les prestations de Hodgetts et d’Euser, la plus véloce des Marcos LM600 se battait dans le peloton de sa classe même lorsque la pluie apparait. Pendant ce temps, la 71 est plus loin au classement et se rencontre déjà des soucis. Mais en fait, c’est durant la nuit que les deux voitures vont connaitre leur lot de problèmes : freins, boite, pépins électriques…


Malgré tout, celles-ci sont toujours présentes le dimanche matin, mais très loin au classement désormais. La 70 va finalement renoncer à la 20e heure sur casse de transmission.


La 71 du trio Leslie-Marsh-Migault arrivera à atteindre la fin de cette course, mais non-classé (194 tours parcourus). Pour le retour de Marcos au Mans, c’est une semi-réussite. Reste à travailler sur la fiabilité…


La 71 verra bien l'arrivée, mais non-classée... (©?)

Les originales machines anglaises continuent l’année en British GT (où Hodgetts remportera ce championnat) et en BPR avec de bons résultats à la clé (victoire aux 4h de Jarama).




1996



Quelques changements dans l’organisation du team : Cor Euser se propose d’exploiter les LM600 au sein de sa propre structure aux Pays-Bas. Les Marcos Mantara LM600 sont désormais développées dans l'autre pays du fromage avec le soutien financier de Marcos (le nom de l’équipe reste inchangé).


La voiture connait quelques modifications : elle pèse 80 kg de moins (1110 kg) et le moteur V8 est désormais préparé par le NCK Racing.


Cor Euser en 1997 (©Bernard Brothier)

Deux voitures sont présentes pour les inévitables préqualifications sur le circuit manceau:


La 81 est pilotée par Cor Euser himself et Thomas Erdos

La 80 est en réalité exploitée par l’équipe Cirtek, avec Robin Schirle, Dave Warnock et Win Percy au volant.


Durant les préqualifs' (©LM Sqwib)


Confirmant sa vélocité en BPR ou en British GT auparavant, la 81 signe le meilleur temps parmi les GT2. Malheureusement, la 80 ne franchira pas le cap de cette séance après un souci de boite qui contraint Warnock à s’arrêter sur la piste…


Alors qu’on s’attendait à voir la Marco #81 en pole lors des essais qualificatifs, Euser, Erdos et le pilote-journaliste Pascal Dro signent un décevant 40e chrono et 7e de la catégorie GT2. Peut-être que l’équipe se focalisait uniquement pour la course?


La 80 qui ne passera pas le cap des préqualifs' (©GL24.fr)

Dès le début de l’épreuve des 24h, la seule Marcos en piste pilotée par Euser au départ grimpe rapidement au classement. Profitant de ses qualités techniques, la machine britannique va un moment pointer deuxième de sa classe à l’issue de la seconde heure de course. Mais tout part de travers peu après car la voiture rencontre des soucis mécaniques. Finalement, la LM600 part en fumée peu avant les 5 heures d’épreuve. Abandon après 40 tours bouclés sur une casse de piston. Pour ce qui était les 30 ans de la première participation d’une Marcos dans la Sarthe, la fête aura été gâchée…


©Motorsport Images


Passé ce moment malheureux, la Marcos continue d’engendrer des succès en British GT et en BPR, malgré une fragilité mécanique aperçue à plusieurs reprises.


Développé dans l'équipe de Cor Euser, mais avec le soutien de l'usine. Quelques sponsors néerlandais finançaient également le programme à partir de 1996; à l'instar d'Eurotech et de Van Lent



1997 :


Toujours développé chez Euser, le V8 Chevy voit sa cylindrée légèrement diminuée à 5900cc et la puissance monte à 580 chevaux. La boite Hewland est désormais séquentielle et gagne un rapport de vitesse. Suffisant pour bien figurer au Mans ?



Comme toujours, deux LM600 sont présentes aux préqualifs’, à la différence près qu’elles sont toutes exploitées par le Team Marcos. Celle-ci avait pensé à engager une troisième voiture, en vain. Voyons voir le lineup pour cette séance :


La 70 avec Cor Euser, Harald Becker et Takaji Suzuki

La 71 sera confiée à Francois Migault ainsi qu’aux obscurs Toon Van Den Haterd et John Van Kouwen.


©Clubarnage

La concurrence en GT2 est plus relevée avec des Porsche 911 GT2 améliorées, l’apparition des Saleen Mustang et des Viper du Team Oreca. Preuve dans cette séance, les Marcos sont en retrait par rapport à aux autres voitures de sa classe. Néanmoins les deux voitures réussissent à passer cette étape.


Pour cette 65e édition des 24h du Mans, la 71 modifie son lineup : si Migault est toujours là, Dominik Chapell et Henri-Louis Maunoir l’accompagneront pour l’épreuve.


Certains pilotes apportaient quelques sponsors, signe d'un budget un peu étriqué? (©raceart)

Dès les essais qualificatifs, les deux Marcos n’évitent pas les soucis moteur et sont un moment en danger pour les dernières séances (52 engagés pour 48 places). Les problèmes persistent mais la 70 est qualifiée au 46e rang et 14e des GT2 (sur 16). Pour la voiture-sœur, moins de chance : soucis de moteur et de transmission qui ne laissent aucune chance aux pilotes. Comme en 1996 il n’y aura donc qu’une seule Marcos en course.


Erreur fatale au mauvais moment pour la 71... (©lemans-history)

Et la course justement, comme se déroule t’elle pour la voiture rescapée ? Eh bien, soucis de boite et à nouveau de moteur dès la fin du second tour (contraignant Euser à passer par les stands pour réparer)... qui cassera moins d'une heure plus tard, la LM600 revient au garage dans un panache de fumée. Game-Over après 15 tours…


Ceci restera comme la dernière participation de Marcos au Mans. La Mantara LM600 a beau être une machine compétitive, sa fiabilité la pénalise trop souvent sur cette épreuve.


©"Gillou50"

La voiture continue à participer dans les épreuves « sprint » en British GT (toujours avec succès dans des courses d’une heure environ) ou en FIA GT, anciennement BPR (avec moins de réussite sur ces épreuves de 4 heures, la voiture commence à prendre l’âge et sa fiabilité n’est pas améliorée.). Idem jusqu’en 1999.



A partir de 2000, Cor Euser exploite seul la LM600 dans plusieurs championnats nationaux et parfois en FIA GT. La carrière de cette originale machine va durer jusqu’en 2009 ( !). Notons enfin qu'elle a fait quelques longues épreuves, comme à l’édition inaugurale de Petit Le Mans en 1998 (abandon express), aux 24h de Daytona en 2001 (4e de sa catégorie) ou encore aux 24h de Spa avec le Widi Racing (abandon).


Il ne fallait pas rater le début de l'épreuve pour voir la Marcos LM600 en piste (©John Brooks)


Fiche auto :


Moteur : V8 Chevrolet 5900cc

Aspiration : atmosphérique

Implantation : à l’avant

Puissance 580 chevaux (en 1997)


Trop fragile pour de très longues épreuve, la LM600 se competera bien mieux dans les manches "sprint" en British GT, ici en 1999 à Silverstone (©Boris I.)

Châssis : basée sur la Mantara de série, avec toit fermé.

Boite de vitesse : Séquentielle 6 rapports d’origine Hewland (1997)

Transmission : propulsion

Freins : d’origine AP

Poids : 1110 kg

Dimensions : 4,19m (L) * 1,8m (l)

Pneumatiques : Dunlop



Résultats aux 24h du Mans:


1995

#70 abandon à la 20e heure

#71 non-classée, distance parcourue insuffisante


1996

#80 non préqualifiée

#81 abandon à la 5e heure, piston cassée


1997

#70 abandon sur casse moteur après une heure d'épreuve

#71 non-qualifiée



©?

Liens/sources :










La LM600 fera une apparition aux 24h de Spa en 2002, avec le Widi Racing (©?)

Cor Euser continuera à rouler sur la bonne vieille LM600 jusqu'à la fin des années 2000! Soit après la disparition de Marcos en 2007 (après une autre faillite en 2000)! Ici à Zolder en 2006, il écumera les séries nationales en Europe durant cette période (©Autosport)


K.N
















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