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Photo du rédacteurGoodstone

Maserati Biturbo Si Groupe-A (1987)

Dernière mise à jour : 11 mars 2021


Au milieu des années 80, le monde des Touring-cars se porte bien : avec un règlement qui se veut moins éloigné par rapport aux véhicules de série, pas mal de constructeurs se joignent à la fête : Ford, Rover, Volvo, Alfa-Romeo, BMW ou encore Toyota. Le public pouvait apprécier le spectacle offert en course que ça soit dans le championnat européen (ETCC) ou national. Petit bémol, point de championnat mondial pour ce type de discipline…


La bagarre ne manquait pas en ETCC, ici aux 24h de Spa en 1986 (©?)

Justement, en 1987, un championnat mondial (WTCC) est créé. Sous l’impulsion de la FISA et d’un certain Bernie Ecclestone (le « boss » de la F1), les règles sont strictes : 60 000$ pour s’inscrire au championnat et inscrire des points ( !), et pas de cadeaux aux équipes « historiques » de cette discipline ! Pour ceux qui ne veulent courir qu’à temps partiel ou les autres, il va falloir payer davantage tout en sachant qu’ils ne marqueront pas de points au championnat…Pour le moment, seules 15 voitures sont officiellement inscrites dans ce championnat.


Pro team


Une des équipes engagées dans le WTCC appartient à l’italien Tony Palma, ancien pilote dans ce type de disciplines. Il a notamment terminé troisième de sa catégorie lors des 24h de Spa en 1982, sur une Alfetta GTV6.


©Martin Lee

Juste après avoir raccroché ses gants, il fonde sa propre structure : le Pro Team Italia. Palma va viser haut d’emblée en s’engageant dans le nouveau championnat WTCC dès 1987. Encore mieux : il envisage de s’engager avec Maserati ! Ça tombe bien : la marque au trident n’est plus apparue de manière officielle sur la scène du sport-auto depuis le début des années 1960. Après s’être concentrée sur les voitures de production et quelques tentatives avortées (comme la Bora Grp.4), le constructeur italien, sous la houlette de De Tomaso depuis 1975, accepte la requête et signe un partenariat avec la Pro Team à la fin de l’année 1986. Nous aurons donc des Maserati dans un championnat mondial depuis un certain temps, et de manière semi-officielle !


Le modèle choisi sera la Biturbo, considérée comme la Maserati des années 1980 et qui rencontrera un certain succès commercial malgré sa fiabilité problématique et son châssis dépassé (entre-autres). Plus précisément, c’est sur la version Si , version dotée de l’injection, que sera basé la voiture de course. Pour être plus précis, il y'avait une Biturbo qui courait en 1986 en IMSA Firestone Firehawk Series, une série-support du championnat d'endurance d'IMSA et qui accueillait des voitures de tourisme très proches de la série. Les résultats avec cette voiture engagée à titre privée sont mitigées...


Une Biturbo de série, ici une version ES (©goodstone)

Dans le même temps, Palma va confier le développement de ces voitures au préparateur Elio Imberti, déjà connu dans le monde du Touring-car pour avoir transformé les Alfetta GTV dans la discipline avec succès. Au passage, notons qu’Imberti également va rejoindre l’équipe cette saison .


Durant sa transformation, celui-ci a du ajouter du ballast à la Biturbo Si pour se conformer au poids minimal du règlement WTCC de l’époque : 1185 kilos. Pour le reste, le moteur V6 2,5L double-turbo a été boosté à 350 chevaux et préparé avec l’aide des ingénieurs de Maserati. Petit problème, le V6 n’est pas doté d’un système à injection (un comble pour une voiture siglée « Si »), faute de mise au point. Il va falloir débuter la saison avec un carburateur Weber…

Les pneumatiques choisis sont des Dunlop.

Assemblage des Biturbo Si pour le WTCC, dans les ateliers du Pro Team Italia, à Modène (©mybiturbo.com)

Chez les pilotes, le Pro Team a engagé des pointures : l’un des ténors de la discipline, l’allemand Armin Hahne, est de la partie. Il sera épaulé par Bruno Giacomelli, ancien pilote de F1 et reconverti dans les courses d’endurance depuis 1986. Deux voitures sont engagées dans ce championnat, mais la voiture principale, la #1 est réservée à l’équipage Hahne-Giacomelli. Oui, deux pilotes dans une voiture comme les épreuves de WTCC ont une durée moyenne de 3-4 heures, comme en endurance à l’exception des fameuses 24h de Spa et des 1000 km de Bathurst.

Les premiers roulages de la Biturbo Si de compétition, qui ont débuté dès janvier 1987, révèlent des problèmes d’endurance des freins (d’origine AP) et le moteur connait des soucis de surchauffe tout en n’utilisant pas la puissance maximale disponible…



Pas dans le coup…


Premier round du WTCC pour les 500 kilomètres de Monza, qui se déroule au tout début du printemps. Pro Team Italia n’engage qu’une seule Maserati, avec le trio Hahne-Giacomelli ainsi que de Marcello Gunnella. Celle-ci va courir en Division 3, à savoir les voitures ayant une cylindrée supérieure à 2500cc, ce qui n’a que peu d’importance puisqu’on ne prend uniquement en compte le résultat général.


Maintenant, jetons un œil sur la concurrence, et malgré un nombre limités d’inscrits pour ce championnat, il y’a du beau monde en Lombardie avec 42 voitures inscrites pour cette épreuve : On note une poignée de BMW M3 pour les équipes Bigazzi, Schnitzer ou CiBiEmme. Alfa se joint également à la fete avec des 75 turbo tourt comme Ford avec sa Sierra 500.On remarque même une Holden Commodore avec notamment Allan Moffat. Quelques autres voitures privées sont également la avec des BMW 635, ou une Toyota Corolla, entre autres…


Débuts de la Maserati Biturbo en compétition, à Monza (©?)

Sur un circuit ultrarapide où la vitesse est roi, la seule Maserati en piste a du mal : 28eme lors des qualifications. La course sera tout aussi difficile entre soucis de freins et moteur qui ratatouille au fil de l'épreuve, mais l’équipage Italo-allemand réussira à tenir les 500km de l’épreuve et finissent 23e …Cependant suite aux disqualifications des BMW (taille de la portière trop fine) , elle se classera finalement 17e.

©?

Le mois suivant, sur le circuit espagnol de Jarama, Pro Team Italia apporte 3 Biturbo Si. Manque de pot, toutes les trois vont échouer à se qualifier pour l’épreuve de 4 heures !



Ça va un peu mieux à Dijon, les deux Maserati engagées réussissent à se qualifier, mais loin sur la grille (28e pour Hahne-Giacomelli et 35e pour Gunella-Hytten). Le lendemain, l’une cassera son moteur avant même le départ et l’autre renoncera rapidement après une panne de turbo.

La Biturbo (à gauche sur l'image, derrière l'Holden) ne sera jamais dans le coup... (©Club Maserati Biturbo)

La manche du Nurburgring voit le Pro Team Italia n’inscrire qu’une seule Biturbo, mais enfin dotée d’un système à Injection électrique Weber. Les progrès se font sentir et Hahne-Giacomelli-Gunella se qualifient 13e, tout ça pour renoncer à mi-épreuve pour une autre casse de turbo…


Encore moins dans le coup


La cinquième et prochaine manche correspond aux fameuses 24h de Spa-Francorchamps, à l’époque où l’épreuve belge accueillait les voitures de tourisme. Une seule Maserati sera présente pour ces deux tours d’horloge, toujours avec Hahne et Giacomelli, accompagné de Giancarlo Naddeo. Malheureusement, ils échoueront à se qualifier…

©Marc de Harlez

Ce sera mieux sur le circuit de Brno, où Hahne-Giacomelli-Gunnela termineront 24e de l’épreuve, certes loin derrière les autres, mais la Biturbo a vu le drapeau à damier, chose qu’il n’était plus arrivé depuis Monza…


Juste après ce meeting tchécoslovaque, en plein mois d’aout, Elio Imberti décide de quitter le Pro Team, pas satisfait des résultats plus que médiocres de la Biturbo, mais également parce que déçu du manque d’implication de la part de Maserati en ce qui concerne le développement de la voiture.

Un mois plus tard, le Pro Team Italia signe son meilleur résultat de la saison sous le déluge à Silverstone : douzième. Enfin un résultat correct alors que l’équipe continue toujours d’améliorer la Biturbo Si…

Enfin un résultat correct pour la Biturbo, à Silverstone, avec Hahne, Nicola Tesini et Mario Hytten (©Richard L.)

Toutefois, l’épreuve suivante, aux 1000km de Bathurst, verra un retrait express de la Maserati pilotée par Hahne, Giacomelli et Kevin Bartlett après un problème de différentiel. De toutes manières, la voiture n’était pas à l’aise sur ce délicat tracé australien à cause de son comportement délicat sur la piste du à ses suspensions trop dures. Dans une interview donnée à Motor Racing Australia, Bruno Giacomelli dira même qu’il s’agit « de la pire voiture [qu’il] ait piloté », rien que ça ! Bon, qu’il se rassure : ce n’est pas la pire voiture que notre ami Bruno ait pu conduire, il y’en aura une autre quelques années après…non je spoile rien du tout…



Le Pro Team Italia engage une seconde voiture pour Calder Park, avec Gunella, Vivio et Tesini, tandis que la Maserati principale est toujours aux mains de Hahne et Barlett (sans Giacomelli). Résultat en course : double-abandon précoce, une fois de plus.

Dans les garages de Bathurst (©Warren Wichmann)

C’en est trop pour Palma qui décide de ne pas faire les déplacements à Wellington et au circuit de Fuji, les deux dernières manches de l’année. L’équipe quitte donc un championnat WTCC qui disparaitra dès la fin de l’année sur fond de polémiques sportives et en dehors…



Cependant, la structure italienne continue de développer la Maserati, et annonce qu’elle va participer au championnat italien de voitures de tourisme en 1988. A cette occasion, les Biturbo Si ont été améliorées : suspensions revues, poids en baisse et moteur retravaillé pour délivrer 400 chevaux tout en diminuant les risques de surchauffe. Tout ceci avec un soutien encore moins marqué de la part de Maserati, qui à cette période, avait d’autres priorités après que la marque est désormais reprise par Fiat.



En ce qui concerne les voitures ayant couru l’an passé, certaines ont été rachetées par la Conquista Team, qui courra dans le championnat européen de tourisme (ETCC).

©Dirk Eckelmann


1988-1991


Avec sa livrée Marlboro, la Conquista Team compte bien conquérir l’Europe (c’était original, hein). Thomas Lindstrom (champion ETCC en 1986) et Bernard Santal vont piloter l’unique Biturbo Si dans ce championnat. Le bilan final se résume à une kyrielle de pépins mécaniques (surtout de turbo) et une 15e place au Nurburgring comme seul résultat. Ce sera la seule fois que ce team exploite des Maserati Biturbo dans cette discipline, et également l’unique apparition de ces voitures en ETCC comme celle-ci disparaîtra à la fin de l’année…


24h de Spa 1988, en route pour un abandon (©?)


En parallèle, dans le championnat italien, le Pro Team utilise des Biturbo améliorées avec Danielle Gasparri, Marcello Gunnela ou encore Giancarlo Naddeo comme pilotes. Mais même avec ces progrès, la Maserati tire la langue face aux Alfa 75 Turbo, ses principales rivales dans ce championnat, et sa fiabilité reste problématique malgré un format de courses réduit en termes de durée.


Cette année-la, une autre équipe, la Trident Racing, utilise également cette voiture dans le championnat britannique (BTCC) avec même un petit soutien de la part de l'usine. Participant à plusieurs manches dans cette série avec Nick May au volant, les résultats seront catastrophiques avec aucun point marqué et des soucis à répétition...


Pro Team Italia participait au championnat italien de tourisme en 1988, ici Gunnela à Monza (©mybiturbo.com)

Le scénario se répète en 1989, avec une concurrence encore plus redoutable dans le championnat transalpin suite à la fin de l’ETCC. A la fin de l’année, le Pro Team, qui n’a pas fait tout le championnat en intégralité, abandonne ses Biturbo. Pendant ce temps outre-Manche, le Trident Racing connait les mêmes galères que l'an passé.


En 1990, le A-Team, récupère quelques voitures du Pro Team pour courir dans la même série italienne en 1990 et 1991, sans succès bien évidemment.


Peu compétitive, pas très fiable, la Biturbo Si n’était manifestement pas taillée pour de la compétition. Quoiqu’avec un soutien plus important de la part de Maserati envers le Pro Team, les choses auraient été différentes même si elle n’aurait pu au final, faire de l’ombre aux M3, Sierra ou autres Alfa 75…

Lors du Tourist Trophy en 1988, 10e manche de l'ETCC, une autre Maserati Biturbo Si débarquait sur la piste, celle du Trident Motorsport. Avec Nick May au volant, elle ne réussira pas à se qualifier...Elle continuera à courir en BTCC cette même saison en '89 (©Dan Morgan)


Fiche technique

Moteur : V6 2490cc avec carburateur Weber, puis avec injection électronique.

Aspiration : Avec deux turbos IHI

Implantation : à l’avant

Puissance : 360 ch avec carburateur, 400 avec l’injection électronique


Châssis : basé sur la Biturbo Si de série

Freins : à disques d’origine AP

Transmission : manuelle à 5 vitesses

Poids : 1185kg, 1100kg dans sa version finale à partir de 1988

Dimensions : 4,15m (L) * 1,7m (l)


En compétition



Engagée initialement par le Pro Team Italia, qui prépare les Biturbo Si avec l’aide d’Imberti. A participé au championnat 1987 de WTCC. 12e au Tourist Trophy sur le circuit de Silverstone.

Forfait à Wellington et au Fuji.

Le Pro Team Italia a ensuite couru en 1988 et 1989 dans le championnat italien de tourisme avec des Biturbo améliorées

La Conquista Team a racheté les voitures ayant couru en 1987, pour disputer le championnat européen de tourisme (ETCC) en 1988 également. 15e aux 500km du Nurburgring.

Le Trident Racing a couru en BTCC avec une Biturbo Si en 1988 et en 1989

A-Team exploite ces Maserati dans le championnat italien en 1990 et 1991, avec Alessandro Bertei comme pilote.


Nick May à Silverstone en 1989 (BTCC), aucun point marqué, parfois derrière des voitures de classe inférieure (comme des Golf GTI ou des Vauxhall Astra!) et meme quelques non-qualifications

Liens/sources





La Biturbo Si a même roulé en rallye ! Sur la base d'un des exemplaires ayant couru en tourisme, elle a essentiellement arpenté les rallyes locaux en Italie (©mybiturbo.com)

K.N

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