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  • Photo du rédacteurGoodstone

Matrix MXP-1 LMP

Dernière mise à jour : 28 mai 2021

Dans la catégorie machines inconnus du public et n’ayant pas cartonné, je demande la Matrix. Non, rien à voir avec le film éponyme mettant en vedette Keanu Reeves. Je parle plutôt d’un proto ayant fait plusieurs piges dans les courses d’endurance…avec peu de réussite !



Au milieu des années 1990 et depuis la fin des Groupe-C, les GT se retrouvent sur le devant de la scène. Toutefois, il ne faut pas oublier les prototypes à cockpit ouvert bien qu’ils soient dans l’ombre de ces fameux Grand-Tourisme, et plus spécialement des GT1. Après tout, on a bien vu qu’une Mclaren F1 GTR s’est imposée lors de l’édition 1995 des 24 Heures du Mans devant une Courage prototype, d’autant plus que la réglementation est moins restrictive que ces barquettes ouvertes.


GT1 vs protos ouverts, ces derniers sont quelque peu dans l'ombre de ces "GT-Prototype" à une période... (©?/ lemans-history)

A partir de 1996, la Porsche 911 GT1 bouleverse le petit monde des GT en dévoilant une machine qui la rapproche davantage de ce qu’on pourrait appeler une GT-Prototype qu’autre chose. Très vite, la formule du « GT1 de seconde génération » devient encore plus attractive auprès du public et des constructeurs. Dans le camp des protos LMP ouverts, à savoir les Ferrari 333, Riley & Scott, Kremer K8, Courage C36, Joest, WR LMP et autres fabrications artisanales, il va falloir s’accrocher et tenir le coup face à ces vraies-faux GT. D’ailleurs, et en dehors de l’IMSA, le championnat d’endurance aux USA, il n’y a pas de série majeur en Europe qui accueille ces voitures. Ce sera chose faite en 1997 avec la création de l’ISRS, l’International Sports Racing Series, crée par l’entrepreneur et passionné de sport-auto John Mangoletsi.


Première manche du tout nouveau championnat réservé aux sport-protos LMP en 1997: l'ISRS, à Donington (©Tim Johnson)


Matrix the movie


En 1994, une nouvelle compagnie s’aventure dans le monde merveilleux de l’automobile : Matrix Motor & Co. Fondée par Lilo et Georges Beuzerion, la compagnie est basée à Ridgecrest, en Californie, et vise déjà haut : concevoir une GT confortable et superpuissante avec notamment un V10 sous le capot, mais également de s’impliquer en compétition via l’endurance. Mais il y’a un souci : le projet de la GT n’a jamais abouti et le programme sportif tarde à prendre forme.


Il faudra attendre l’année 1997 pour voir Matrix débarquer pour de bon en compétition. Pour cela, la compagnie achète deux ou trois Nissan NPT-90, un proto Groupe-C/GTP qui a connu pas mal de succès en IMSA au début des années 1990. Ensuite, on la renomme en Matrix MXP-1, première véritable machine construite par la firme américaine.


La Nissan NPT-90, ici à Daytona avec Derek Bell en 1993, celle qui servira de base pour le proto Matrix (©Spektakool Digital)

Comptant s’engager dans la catégorie des LM Prototype? C'est simple: Matrix va tout simplement enlever le toit de la Nissan pour se conformer au règlement LMP. Cette pratique était déjà visible lorsque Courage découpait également le toit de leur C30 Groupe-C ou Kremer qui reprenait la Porsche 962 pour concevoir leur propre barquette. Reste maintenant à rigidifier l’ensemble de la voiture…

Le résultat final est plutôt honorable, mais on voit bien à travers les photos disponibles que le bricolage est bien « artisanal », jugez plutôt :

©Bernard Brothier

En dehors de ce point de détail, on note également que le proto est très basique dans ses formes et l’aérodynamisme n’a pas été la priorité de Matrix si on la compare avec ses rivales telles que la Ferrari 333 ou même certaines LM675, les protos de classe « inférieure » par exemple. On pourrait carrément la confondre avec les petites barquettes qui courent habituellement en course de côte, à moins que je n’aie pas un œil très attentif…


©P Hubert

En ce qui concerne le moteur, on garde le même que celui qui propulsait la NPT-90, à savoir un V8 turbocompressé dont la puissance a été abaissée à environ 590 chevaux. D’ailleurs, la MXP-1 reprend une bonne partie des éléments techniques de la Nissan (freins, boite…)

La MXP-01 va avoir un programme chargé pour 1997 : les 24 heures du Mans pour débuter, ensuite un programme alternant le nouveau championnat ISRS, puis en IMSA.


En piste…


Mais avant la classique mancelle, il y’a la séance de préqualifications début mai, soit un mois avant la grande épreuve. 70 voitures pour en garder une petite cinquantaine, pas le temps de flancher donc pour toutes les équipes invitées !


Pour cette séance, Matrix fait appel à deux pilotes expérimentés, à savoir le belge Bernard de Dryver et le britannique Robin Donovan. Ils seront rejoints par Tim Richardson. Enfin, la MXP-01 est équipée de pneus Goodyear et Matrix sera accompagné de l’équipe et du préparateur anglais Simpson Engineering pour le programme sportif à partir de ces préqualifs’.


©Guillaume "GT24"

Mais arrivant au Mans avec le proto à peine assemblé et sans réelle préparation, la MXP-01 n’est pas compétitive et les pilotes se plaignent d’une voiture inconduisible, le fait d’avoir découpé le toit sans trop de modifications a, semble t'il, bouleversé l’équilibre de la voiture. A l’issue de cette journée, la voiture n’a pu se préqualifier suite à un chrono insuffisant : 4 :05 :846, soit un temps qui la place même derrière certaines GT2. Pour comparer avec d’autres LMP, la Porsche WSC du Joest Racing a réalisé un temps au tour qui est plus de vingt secondes plus rapides que celui de la Matrix.


©?

Après cet échec, la MXP-01 devait courir sur les épreuves d’IMSA et d’ISRS, mais au final, on ne verra pas ce proto durant le reste de l’année…



Il faudra attendre l’été 1998 pour retrouver cette machine, et plus précisément en ISRS. Désormais entièrement exploitée par le Simpson Engineering (il semblerait que Matrix lui-même n’est plus impliqué dans le programme) qui a retravaillé l’aéro de la MXP, le proto va participer à la quatrième manche de ce championnat réservé aux protos ouverts, sur le circuit de Donington.



©Patrick Durand

Engagée dans la catégorie principale, le LMP, ou SR1 comme nommé dans cette série, la Matrix va se confronter à des Ferrari 333 du JB-Giesse ou du Lista Racing, plus une Kremer K8, une Riley & Scott ou encore l’originale BRM P351.



Avec Bryce Wilson et le jeune Ben Collins comme pilotes, la Matrix ne brille pas en qualifs : 16e (sur 22), derrière certains protos de classe inférieure (SR2 et CN) dont la plupart issus des courses monotypes ou de cote…la machine va crever un pneu et doit renoncer peu avant le dernier tiers de l’épreuve qui dure plus de deux heures. C’est dommage car celle-ci pointait à ce moment dans le top 10 avant son retrait.


On retrouvera la MXP qu’en septembre, pour la septième manche de l’ISRS au Mans, non pas le grand tracé, mais le circuit Bugatti pour ce qu’on appelait « Les coupes d’automne ». Pas de changement à signaler coté pilotes hormis l’arrivée de Richard Jones, ce qui ne changera rien à la situation car le moteur Nissan a cédé assez tôt en course…



©Philippe Durand

La huitième et dernière manche de ce championnat se déroule sur le circuit sud-africain de Kyalami, en plein mois de décembre. Cette fois, le lineup se compose du local Manno Schaafsma et du « boss » de Simpson Engineering, Robin Smith. Si la Matrix peine toujours en qualifs, elle verra enfin le drapeau à damiers à l’issue des 2h30 de course. Certes, elle se classe 12e et dernière de l’épreuve au général à plus de 25 tours de la Riley & Scott/ Solution F vainqueur, mais c’est un résultat plutôt encourageant pour la suite !


Pour 1999, il est attendu que la MXP soit présente à toutes les épreuves de l’ISRS, qui s’appelle désormais Sports Racing World Cup (SRWC). Il est également prévu qu’un autre exemplaire soit construit pour d’autres équipes potentiellement intéressés par cette machine.


Malheureusement, ce n’est pas le cas, d’une part l’idée de créer une autre MXP n’a pas eu de suite et ensuite, ce n'est qu'en juillet, pour la cinquième manche du championnat à Donington, qu'on revoit le Simpson Engineering et sa Matrix qui n’a pas évolué durant ce laps de temps, sinon que Dunlop est désormais le fournisseur pneumatique. On la retrouvera également au Nurburgring et à Kyalami. Bilan de ces trois courses ? Trois abandons, pas d’améliorations coté performances et un équipage de pilotes qui change d’une course à l’autre, citons Robin Smith, Warren Carway, Nigel Greensall, Viktor Maslov, Clive Kennerley et Frederico Careca…ça fait beaucoup non ?


Nouvelle couleur, mais rien de nouveau à part ca. Ici au Nurburgring avec Viktor Maslov et Niigel Greensall (©Norbert Vogel)

Le Simpson Engineering continue néanmoins de faire courir sa Matrix MXP-1, l’aero a été légèrement retouchée entre-temps. Elle devait participer à la saison 2000 du SRWC, mais une fois de plus, elle ne fera pas la saison complète, déclarant forfait à Donington et au Nuburgring.



Au final, le proto ne fera qu’une pige à l’occasion de l’ultime épreuve de cette série, à Kyalami. Avec Smith et Dan Schryvers, la Matrix terminera l’épreuve à la neuvième place, à neuf tours de la Lola vainqueur de la manche. Première arrivée de la Matrix depuis deux ans et dans le top 10.

9eme malgré un aileron arrière baladeur ! A noter que la Matrix est équipée de pneus Avon (©N Vogel)

C’est sur une note positive que s’achève le parcours de la Matrix MXP-1. Pas compétitive ni suffisamment développée, ses participations en courses étaient également trop irrégulières pour permettre à la Simpson Engineering, celui qui exploitait le proto depuis ses débuts en piste, d’exploiter son petit potentiel en course…


La MXP-1 restera l’unique machine conçue par Matrix ayant roulé. Pour le reste, la compagnie américaine planchait en 2000 sur un projet de proto LMP destiné à succéder à la MXP-1, elle ne verra jamais le jour. Deux autres protos ont été projetés entre 2003 et 2004, mais là, ceux-ci ne dépasseront pas le stade de la maquette.


La Matrix CL-3, qui n'est jamais construite. Prévue pour être présentée au public en 2004. (©allcarindex)

La compagnie disparaîtra en 2004…pour revivre quatre ans plus tard via la société Zicron, firme spécialisée dans la fabrication de matériaux composites et d’autres pièces de haute-technologie. Cependant, rien de concret n’aura été réalisé et Matrix meurt une seconde fois en 2009, en même temps que Zicron.






Fiche technique


Moteur : Nissan V8 2930cc

Aspiration : turbocompressé (deux turbos)

Implantation : central-arrière

Puissance : Plus de 590 chevaux



Châssis : basé sur la Nissan NPT-90 (sans le toit), en monocoque aluminium

Boite de vitesses : manuelle à 6 vitesses, reprise sur la Nissan NPT-90

Transmission : propulsion

Poids : 875kg

Dimensions : ?

Pneumatiques : Goodyear (1997-1998), Dunlop (1999) et Avon (2000)




Résultats en compétition


Non-préqualifié pour les 24h du Mans en 1997. Proto exploité par Matrix Motor et par le Simpson Engineering

Exploitée uniquement par le Simpson Engineering à partir de 1998



3 participations en International Sports Racing Series (ISRS) en 1998 : à Donington, au Mans-Bugatti pour les coupes d’automne et à Kyalami. 12e lors de l’épreuve sud-africaine.



3 participations en SRWC en 1999, ex-ISRS : Donington, Nurburgring & Kyalami. Trois abandons.

Une participation en 2000, à Kyalami, 9e.*



Pilotes : Bernard de Dryver , Tim Richardson, Robin Donovan, Ben Collins, Bryce Wilson, Robin Smith, Richard Jones, Clive Kennerley, Warren Carway, Viktor Maslov, Manno Schaafsma, Dan Schryvers, Frederico Careca.

*(La neuvième place à Kyalami 2000 est synonyme de deux points au championnat des équipes, mais comme la Matrix du Simpson Engineering n’a pas fait la saison complète, les points ne sont pas attribués.)



Liens/sources :


Ampphotosports Mag’, num. 469, novembre 2016.




K.N

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