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La Citroën SM aux 24 heures du Mans (1972)

  • Photo du rédacteur: Goodstone
    Goodstone
  • 26 avr.
  • 5 min de lecture



Avec ses lignes modernes, son V6 Maserati sous le capot, un châssis et une tenue de route digne d’une Citroën ou encore ses technologies présentes (suspension hydropneumatique notamment), la SM aurait pu avoir une carrière commerciale intéressante. Mais le choc pétrolier de 1973 qui conduira à la faillite de la marque (rachetée par Peugeot après ceci) ou bien les nouvelles normes de sécurité aux Etats-Unis, stoppant net son importation, auront eu raison de ce coupé Grand-Tourisme apparue en 1970.

 

Et en compétition ? Qu’est-ce que cela donnait ? Car oui, la SM a eu une carrière sportive intéressante, notamment dans le monde du rallye et plus précisément dans les épreuves type marathon ou de très longue distance. Dès sa première sortie officielle, une voiture proche de la série s’impose au rallye du Maroc aux mains de Jean Deschaseaux. Par la suite, Citroën développera une version avec la carrosserie arrière totalement modifiée (et à empattement raccourci) qui sera homologuée en Groupe-5. Présente de temps à autres dans les rallyes du Maroc, du Bandama ou même au Monte-Carlo, la SM « Proto » signera des places d’honneur dans les épreuves où elle participe. Plus près de chez nous, il y’a eu quelques SM présentes dans les courses de cote.

 


Capricieuse certes, mais quelle allure!(photo. personnelle)
Capricieuse certes, mais quelle allure!(photo. personnelle)

Et sur les circuits fermés ? Il n’y a jamais eu d’engagement officiel. Et de toutes manières, il aurait été certainement difficile pour la belle SM de se faire une place au soleil face à de vraies GT et autres voitures de tourisme plus puissantes et plus légères. Une voiture était présente aux 24 heures de Spa en 1971 à titre privé. Avec une version très proche du modèle civil, les performances n’étaient pas exceptionnelles, mais pas ridicules également. Elle renoncera durant la nuit sur problème mécanique. Il y'aura deux autres participations dans cette épreuve, en 1972 et 1974. Mais c'est une autre histoire...

 

Cet engagement a très certainement donné des idées à une personne de participer à une autre épreuve d’endurance plus prestigieuse pour 1972 : les 24 heures du Mans. Ancien judoka et pilote polyvalent ayant notamment roulé en rallye ou aux 24h du Mans justement, Guy Verrier verrait bien cette SM dans la Sarthe. Il demande le soutien de Citroen pour ce programme inédit, en vain. Il va falloir se débrouiller seul et trouver des partenaires motivés pour l’aventure.


Deux SM "Proto" Groupe-5 sont engagées dans le perilleux Rallye du Bandama en 1973. Celle-ci terminera sixième au général (sur...huit survivants) avecl'équipage Guy Verrier / Georges Umbricht. L'autre SM finira juste devant. (©?)
Deux SM "Proto" Groupe-5 sont engagées dans le perilleux Rallye du Bandama en 1973. Celle-ci terminera sixième au général (sur...huit survivants) avecl'équipage Guy Verrier / Georges Umbricht. L'autre SM finira juste devant. (©?)



La SM personnelle de Verrier sera utilisée pour l’occasion. Les transformations seront limitées, très limitées même : des équipements de sécurités sont installés (comme l’arceau) tandis que les phares avant de série sont remplacés par deux phares ronds d’origine Cibié sur chaque côté. La voiture a également bénéficié d’un petit régime : avec 1377kg sur la balance, elle est pratiquement plus légère de cent kilos par rapport à la SM civile. Et c'est à peu près tout pour cette grande GT à moteur et transmission situés à l'avant.

 



La SM de course sera bien présente pour la quarantième édition des 24h du Mans, en 1972. Et comme écrit précédemment, Guy Verrier engage à son propre compte sa SM qui est inscrite sous la bannière de l’Association Générale Automobile des Coureurs Indépendants (AGACI, dont Verrier en est le président). Engagée dans la catégorie Tourisme, elle sera notamment confrontée à des Ford Capri RS ainsi que des BMW CS 2800. Plus précisément, notre SM sera inscrite en « Tourisme Spéciale ».

 

 Au volant, on retrouve Guy Verrier lui-même accompagné de Gérard Foucault. Selon certaines sources, il y’avait un troisième pilote en la personne de François Monath. Mais il semble qu’il soit juste suppléant.


Quelques sponsors ont été trouvés pour l'occasion, avec notamment Yacco (©citroracing historique)
Quelques sponsors ont été trouvés pour l'occasion, avec notamment Yacco (©citroracing historique)


Parlons enfin d’un point qui reste flou, encore aujourd’hui. Le moteur V6 (atmo) provient bien de chez Maserati (comme sur la SM de série), mais on ne sait précisément s’il s’agit du 2,7 litres ou du 3 litres venant des USA. Ont-ils bénéficié d’une hausse sensible de la puissance ? Sont-ils préparés en interne ou à l’aide d’autres préparateurs ? Dans ce cas-là, certains écrivent que le V6 aurait été préparé par Ligier (qui engageait des JS2 dotées du V6 Maserati pour l’épreuve) ou en Italie. Il développerait entre 270 et 305 chevaux.

 

Avec cette voiture, il va falloir la pousser dans ses derniers retranchements afin d’être présente sur la grille de départ. Car avec une soixantaine de participants pour 55 places sur la grille, il y’aura pas mal de recalés pour les essais qualifications. Avec des modifications plus que limitées et un certain manque de mise au point, les chances de voir la SM sont faibles. Et effectivement, celle-ci semble être hors du coup…

 


Il manque de la vitesse et un peu de légèreté pour cette voiture sur la piste...(©DR)
Il manque de la vitesse et un peu de légèreté pour cette voiture sur la piste...(©DR)


Si le comportement de la GT semble ne souffrir d’aucun défaut sur le tracé de treize kilomètres, son manque de performances et de vitesses ainsi son poids trop élevé la pénalise grandement. La Citroën dotée du numéro 55 signe le tout dernier temps absolu, en 5 minutes 11 secondes et 2 dixièmes de seconde. C’est bien évidemment très insuffisant pour espérer se qualifier. Elle est plus de trois secondes derrière une Ford Capri RS de la même catégorie (non-qualifiée également) et en comparaison de la meilleure représentante en Tourisme, la Capri RS de Jochen Mass a signé le meilleur temps en 4 :25 :900 (et 30e chrono au général). Logique avec une machine un peu plus puissante, mieux préparée pour la compétition, soutenue par la marque et surtout, plus légère puisqu’elle pèse moins d’une tonne.

 


La SM de Guy Verrier x AGACI a également été reproduite chez Spark, au 1-43e.
La SM de Guy Verrier x AGACI a également été reproduite chez Spark, au 1-43e.

Ce sera la seule fois qu’on verra une SM au Mans. Et malgré des efforts louables pour ne pas être trop largué par la concurrence, il n’y aura pas de Citroën au départ de l’épreuve des 24 heures. La dernière participation d’une voiture de la marque aux chevrons remonte à 1932, avec la C4 Roadster.

 

Cependant, Guy Verrier engage sa SM (qui n’a pratiquement pas changé) dans une autre épreuve trois mois plus-tard, au Tour de France auto. Avec lui-même au volant accompagné de Michel Martin, ils finiront cette épreuve comptant pour le championnat européen de GT à la 25e position, et premier parmi les Groupe-1 de 3 litres.

 


Nullement découragé par l'échec au Mans, Guy Verrier engage la SM au Tour de France auto en septembre 1972. Cette-fois, la voiture participera bien à l'épreuve. Ce sera la dernière sortie de celle-ci. En 1980, Verrier sera le directeur de chez Citroen Compétition. (©Citroen)
Nullement découragé par l'échec au Mans, Guy Verrier engage la SM au Tour de France auto en septembre 1972. Cette-fois, la voiture participera bien à l'épreuve. Ce sera la dernière sortie de celle-ci. En 1980, Verrier sera le directeur de chez Citroen Compétition. (©Citroen)


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