Suggérée par un des lecteurs, il y'a un certain temps, la Mazda 929 était présente dans la catégorie des voitures de tourisme l'époque du Groupe-A. Fail ou pas fail?
On a un peu du mal à le croire, mais la paisible Mazda 929 (ou Luce au Japon) a eu une carrière en compétition automobile au milieu des années 1980. La base choisie est la deuxième génération de ce modèle qui est apparue en 1981. En dépit de son allure et de sa fiche technique plutôt classique (c’est une propulsion par exemple, elle peut accueillir sous son capot, des moteurs 4-cylindres…et des moteurs à piston rotatif Wankel !
Le projet ne provient pas du constructeur en lui-même. Mais essentiellement d’une structure privée menée par le pilote néerlandais Hans Van der Beek. Spécialistes des épreuves de tourisme dans son pays, il commence à devenir un fidèle de la marque Mazda depuis la fin des années 1970 et les prépare à son propre compte (via son équipe, Beek Auto Racing).
Concernant le projet de la 929 de compétition, le travail débute durant l’année 1985. Ce sera une Groupe-A, à savoir la catégorie « principale » parmi les voitures de tourisme à cette époque. Van der Beek reçoit dans le même temps, le soutien de Mazda, ou plus précisément, de la branche néerlandaise de la marque (l’investissement reste toutefois assez mince). La principale originalité de cette 929 Groupe-A est sous le capot, car l’équipe va utiliser le moteur bi-rotor ! Les deux retours ont chacun une cylindrée de 654cc et la puissance totale a été boosté à 288 chevaux. Nul doute que l’équipe a également travaillé sur la fiabilité du moteur ! Très vite, le son à la fois aigu et particulier marquera les spectateurs.
Avec un poids donné à 1040 kilos, la Mazda est également dotée d’une injection Bosch et de pneus Dunlop. La boite de vitesses est traditionnelle comme les autres machines de l’époque, c’est une boite manuelle à cinq vitesses. La voiture est achevée à la fin de l’année 1985 et Hans Van der Beek va d’entrée l’engager pour la dernière manche du championnat batave de tourisme, sur le circuit de Zandvoort (le championnat se court uniquement dans ce tracé pour l’histoire).
Engagée sous la bannière du Mazda Dealer Team NL (avec les couleurs "officiels"), la 929 est acceptée en Groupe-A et dans la division des voitures de plus de 2500cc (au grand dam du pilote apparemment) où sont également présente une Opel Monza, une Ford Capri, une BMW 323i ainsi qu’une Chevrolet Camaro. Difficile de juger les premiers tours de roue de cette voiture, il s’agissait davantage de la roder pour 1986…
1986 marquera donc véritablement les grands débuts de la 929 en course. Elle sera présente à plein-temps dans le championnat du Pays-Bas et fera quelques apparitions sur d’autres épreuves d’envergure en Europe. Hans Van der Beek est toujours le patron/pilote. Elle va cette-fois, être inscrite dans la classe des 2500cc (toujours parmi les Grp-A). Tout commence très bien avec une victoire générale dès la première manche. La suite sera un peu plus délicate, Van der Beek va renoncer pour les deux épreuves suivantes sur panne mécanique ou par malchance. Il subira également la concurrence de la BMW 325i d’Arthur van Dedem.
Le premier rendez-vous hors des frontières bataves se déroule sur le tracé belge de Spa-Francorchamps pour la fameuse épreuve des 24 heures, qui était alors une manche du championnat d’Europe de tourisme (début-aout). Toujours avec l’équipe de Van der Beek, la Mazda 929 sera également pilotée par Raymond Coronel (le grand frère de Tom et Tim) et Loek Vermeulen. Engagée parmi les Groupe-A de « Division 2 », à savoir celles ayant une cylindrée de moins de 2500cc (le bi-rotor est classé là-dedans au jeu des équivalences), le team aura fort à faire avec les 59 autres voitures inscrites au total, dont des Alfa Romeo 75, des Mercedes 190E ou une Ford Escort dans la Division 2.
Face à ces dernières, la 929 est en retrait et son moteur s’essoufflait dans les sections les plus rapides du tracé. La voiture est l’une des moins bien classées de sa catégorie et signe le 34e temps en qualifications. Pour l’épreuve, l’équipage fait de son mieux, mais un différentiel cassé causera l’abandon de cette voiture.
L’équipe sera à nouveau présente en ETCC pour l’épreuve suivante, le Tourist Trophy, qui était une épreuve de 3 heures sur le circuit de Silverstone. Avec Van der Beek et Coronel, la 929 se comporte plutôt bien en course et finit 9e au général ainsi que second dans la Division 2. Encourageant pour la suite ?
Ce seront les deux seules apparitions de la voiture en ETCC. On retrouvera ensuite toute l’équipe terminer la saison du championnat des Pays-Bas Malgré des résultats plus qu’honorables, van Beek doit se contenter de la seconde place finale derrière la BMW de van Dedem dans sa division. Et ce n'est pas tout: victime d'un gros accidents lors des essais de la dernière manche, la 929 est fortement endommagé (tout comme le moteur). Un long travail de reconstruction s'impose pour cet hiver....
Le programme pour 1987 sera identique : championnat local et 24h de Spa. En réalité, Van der Beek ne courra qu’à temps partiel chez lui alors que la 929 n’a que peu évolué durant l’hiver. Absente lors de la première manche (voiture toujours en réparation), la voiture signe une seconde place pour son retour. Mais la nouvelle BMW M3 de van Dedem sera pratiquement inatteignable. Il faudra se contenter d’un autre podium en fin de saison…
Pour les 24h de Spa, comptant désormais pour le tout nouveau championnat du monde de voitures de tourisme (WTCC, différent de celui qui renaitra en 2005) qui ne durera qu’une seule saison, la concurrence a évolué et progressé en Division 2. Hormis les Alfa 75 Turbo et les Mercedes 190 E qui sont encore plus véloces, la toute nouvelle BMW M3 sera largement les autres voitures de cette division et peuvent également jouer la gagne au général. Pour la 929 et son équipage identique à celui de l’an dernier, il va falloir limiter la casse et terminer l’épreuve serait pas mal. Plutôt loin sur la grille de départ et derrière tout le monde en Division 2 (47e), cette Mazda abandonnera une fois encore en course. Cette-fois c’est la pompe à eau qui est en cause…
En 1988, on prend le même programme que l’année précédente et on recommence. Sur les quelques apparitions au Pays-Bas, la concurrence monte d’un cran et avec la nouvelle génération des Groupe-A (entamée avec la BMW M3), la bonne vieille Mazda n’est plus dans le coup avec la M3 d’Arthur van Dedem et les Ford Sierra RS500 Cosworth. De temps à autre, la Ford Mustang de Bert Moritz met également la vie dure à Van der Beek qui sauve un podium dans l’ultime manche du championnat.
Présente pour la troisième année consécutive aux 24h de Spa (qui repasse dans le championnat ETCC), la voiture n’a toujours pas changé et ce sont encore Van der Beek/Coronel/Vermeulen qui seront derrière le volant. Dans un plateau plus compétitif, plus moderne et dans une classe Division 2 composées essentiellement de BMW M3, il ne faut pas s’attendre à la voir compétitive. 40e au départ, la course ne sera pas simple et le rythme loin d’être spectaculaire. Mais en dépit des quelques soucis, la Mazda 929 verra pour la première fois l’arrivée dans cette épreuve, ce qui est déjà pas mal en dépit d’une lointaine 23e position finale (sur les 26 à l’arrivée), 10e de sa classe et à plus de 100 tours de la BMW M3 officielle qui a remporté l’épreuve.
A la fin de l’année, le programme prend fin et la 929 finira détruite après un gros accident semble-t-il durant une séance d’essais. La voiture sera récupérée en 2016 par le Vink Motorsport et un long travail de restauration est entamé. Huit ans plus-tard et après un moment de silence radio, la voiture est entièrement refaite et serait prête à être exposée aux 24h e Spa 2024 !
Que dire de cette voiture ? Elle s’est bien comportée dura sa première année en compétition, du moins dans le championnat local (et avec une concurrence au niveau hétérogène). Mais la Mazda 929 n’était pas réellement au niveau des autres Groupe-A dans l’ensemble ou dans sa propre catégorie. Et les choses ne se sont pas arrangées avec l’apparition de nouveaux modèles ou d’une concurrence plus féroce. Sans un vrai soutien de la part de Mazda, difficile d’envisager mieux…
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