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  • Photo du rédacteurGoodstone

Minardi M3085 (F3000)

Une histoire méconnue, ou oubliée de tous: Minardi a pensé s'engager en F3000 parallèlement à ses débuts en Formule 1 en 1985...



Minardi…ce nom doit obligatoirement vous dire quelque chose si vous suivez la Formule 1 de manière ardue. Mais si, la vaillante petite équipe qui a survécu vingt ans dans la catégorie-reine du sport-auto sans victoire, ni podium et qui a fait découvrir pas mal de pilotes qui se feront un nom en F1 ou ailleurs comme Alssandro Nannini, Pierluigi Martini, Christian Fittipaldi, Jarno Trulli, Fernando Alonso ou encore Mark Webber…et quelques autres noms oubliables (mais sympathiques) à l’instar des Luis-Perez Sala, Tarso Marques, Esteban Tuero et Patrick Friesacher…


20 ans de loose, mais 20 ans d'existence en F1, nah!

Si l’héritage de la structure fondée par Giancarlo Minardi existe toujours à travers Alpha Tauri de nos jours, l’existence de la petite équipe a commencé en 1972 lorsque le fils d’un concessionnaire FIAT s’engage dans le championnat italien de F3 sous le nom de la Scuderia Del Pastore, puis sous la Scuderia Everest (du nom du commanditaire principal dans chacun des cas).


A partir de 1974, l’équipe basée à Faenza s’engage dans l’antichambre de la F1, le championnat européen de Formule 2. Pendant plusieurs années, la Scuderia Everest, plus-tard Scuderia Minardi (à partir de 1980, année où l’équipe va concevoir ses propres châssis) va connaitre des saisons plus ou moins fructueuses, malgré la présence de pilotes qui se feront un nom comme Elio de Angelis, Michele Alboreto, Johnny Cecotto, Alessandro Nannini ou encore Pierluigi Martini.


A partir de 1980, Minardi construira ses propres châssis, ici la M283 à moteur BMW avec Oscar Larrauri au volant (en 1983) (©?)

Avec le déclin de ce championnat qui s’éteindra fin-1984 (moins d’engagés année après année, domination des châssis Ralt ainsi que du moteur V6 Honda) Minardi va faire le grand pas et débarquer en F1, plutôt que de stagner dans la toute nouvelle série qui remplacera la F2 : la F3000. Son fondateur juge que les couts restent trop élevés et surtout, presque similaire à la F1. Malgré un budget modeste, l’équipe italienne arrive à engager une monoplace, la M185, pour Perluiigi Martini.


Mais ce qui devait surement arriver arriva : le staff est inexpérimenté, la voiture n’est pas performante, le moteur Motori Moderni est gourmand et fragile tandis que le pilote débute à peine dans la discipline. Résultat, l’écurie italienne connait une première saison très difficile dans l’élite et ne sortira pas de l’anonymat…


Peu de bons résultats pour cette première saison dans l'élite, mais beaucoup de casse et de fracasse ! (©Motorsport Photography)

Cela n’empêchera pas Minardi de continuer (et de survivre) en F1 pour les années suivantes. On connaitra la suite. Mais revenons en 1985, bien que focalisés dans cette discipline, l’équipe italienne n’a, semble-t-il, pas abandonné l’idée de courir en F3000 en parallèle. Durant la présentation de leur monoplace de F1, la M185, une autre voiture est rangée à cotée si on croit cette image :


A droite: la monoplace de F3000 (©Jean-Michel Boileau)

Cette machine, nommé M3085, est conçue par courir dans l’antichambre de la F1. Celle-ci est en réalité une M283 de Formule 2 juste modifiée pour respecter la réglementation en F3000 (aileron arrière, empâtement). Le moteur est commun à toutes les autres voitures de ce championnat, à savoir un V8 Ford-Cosworth DFV (au lieu du BMW), le même utilisé par pas mal d’équipes en F1 bien que la puissance et le couple soient revus à la baisse à cette occasion et que la préparation est confiée à Nicholson- Mclaren Engines (entité séparée de la marque éponyme, bien qu’étroitement liées). La monoplace a effectué plusieurs essais avec Gabriele Tarquini notamment…


Gabriele Tarquini en essais à Misano (©Samuele Hlede)

Il était prévu que Minardi participe au championnat (malgré ce qui avait été écrit ci-dessus…), ce qui était toutefois un peu risqué au vu de sa dispersion et de ses moyens. Cependant, la structure de Faenza ne l’engagera jamais à une quelconque épreuve de F3000 cette année-là. Difficile à trouver les raisons faute de sources, mais on peut penser que le manque de moyens (tout a été mis sur la F1), l’absence d’un sponsor majeur pour ce programme et le fait d’avoir probablement échoué à attirer une autre équipe pour exploiter la M3085 ont joué un gros rôle là-dessus.


On penserait presque que la Minardi M3085 serait classée dans la catégorie « Never raced », mais non : la voiture va bel et bien courir en F3000…en 1986.


© Les Minardistes


Précisons que Minardi n’est pas impliqué à 100% pour ce programme (et probablement même pas à 50%), une autre équipe transalpine au nom du Team Adolfo va principalement s’occuper de l’exploitation de la M3085. Après quelques essais, l’entité Minardi-Adolfo débute la saison au mois d’avril sur le circuit de Vallelunga, deuxième manche du championnat 1986 de F3000. Ce sera Aldo Bertuzzi, lui-même pilote ayant déjà fait des piges en F2/F3000 les saisons précédentes (sans réussite) , qui pilotera la monoplace.


Avec 37 engagés pour 26 places sur la grille, il sera difficile pour l’équipe de décrocher son ticket pour la course, surtout quand la très grande majorité des participants ont opté pour un châssis Ralt et surtout March, autrement plus performantes.


Bertuzi faisant des essais à Misano, la voiture n'a pas changé depuis ses premiers tours de roues...(©Les Minardistes)

En couplant la concurrence à un certain manque de roulage, aux performances insuffisantes de la M3085 avec ses dessous dépassées (déjà que la M283 n’était pas une référence en F2) ainsi qu’avec un pilote moyen à son bord, il n’y a pas de miracle : 34e temps à sept secondes d’Ivan Capelli, auteur de la pole-position. L’équipe Minardi/ Adolfo ne participera donc pas à la course…


La même chose se produira lors de la manche suivante dans les rues de Pau, à la différence près qu’avec seulement 20 places de disponible sur la grille, il était plus que difficile de réaliser un exploit…


Après ceci, l’équipe zappe plusieurs courses pour effectuer davantage d’essais avec la M3085 C’est également l’occasion de changer de pilote : place désormais à l’obscur Bruno Corradi et à quelques nouveaux sponsors. Voilà désormais la petite équipe prête pour l’épreuve autrichienne sur le circuit de l’Osterreichring (actuel Red-Bull Ring). Mais là encore, ce sera une non-qualification qui attendra l’équipe Minardi / Adolfo avec le 33e chrono (sur 35) à plus de 8 secondes de la pole.


Troisième tentative, troisième échec en qualifications...(©Acla Edition)

Ce sera la dernière fois qu’on verra la Minardi M3085 en piste, le programme en F3000 avec le Team Adolfo est arrêté après ce troisième échec. Le peu que l’on puisse dire sur cette monoplace, c’est qu’elle a surement débuté en compétition trop tard, même si celle-ci était déjà quelque peu dépassée en termes de performance (puisque basée sur une F2 moyenne de 1983) et qu’elle n’a pas bénéficié d'un programme clair de la part de Minardi dans l'antichambre de la F1.


Lors de la première édition du championnat de F3000 en 1985, plusieurs équipes utilisaient des châssis de F1...La Minardi M3085 (ici Bertuzzi à Vallelunga) se serait mieux comporté avec un programme un peu plus ambitieux, meme si elle n'aurait certainement pas joué un grand rôle à la régulière

Le nom de Minardi est désormais uniquement en Formule 1. L’écurie italienne a toutefois tenté de faire un comeback en F3000 pour 1989, mais le projet est vite tombé à l’eau. Il faudra attendre 2001 pour revoir ce nom dans ce championnat quand Paul Stoddart prend les commandes de l’équipe Minardi en F1.



Liens/Sources:









K.N


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