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Photo du rédacteurGoodstone

PORSCHE TYP-645 « MICKYMAUS » (1956)

Dernière mise à jour : 4 sept. 2019

Au milieu des années 1950, Porsche commençait à être un constructeur auto bien établi dans le monde de la compétition mécanique. La Typ-645 était destinée à succéder au Spyder 550. Mission pas vraiment accomplie…



Porsche et la compétition, c’est un lien dont que tout public ou amateur de sport-auto connait, même un minimum. Si on connait tous les modèles mythiques tels que la 917, la 935, la 956 ou encore la 911 GT1. Porsche reste toujours impliquée dans les compétitions mécaniques, que ça soit dans de nombreuses épreuves d’endurance et prochainement, en Formule E.



Les 911 RSR, représentantes de la marque Porsche en WEC (photo Porsche)

Les débuts officiels de la marque de Stuttgart remontent à très loin : 1951 et plus précisément aux 24 Heures du Mans avec les 356, première véritable modèle du constructeur allemand. Ces dernières remporteront assez aisément leur catégorie des moins de 1100cc. C’est le début d’une belle et longue histoire car les 356, malgré leur modeste cavalerie et leurs dessous de Coccinelle, remporteront très fréquemment leurs catégories que ça soit en endurance, les épreuves routières ou dans divers courses locales. Certaines arrachaient même la victoire absolue comme à l’éprouvante épreuve de marathon Liège-Rome-Liège en 1952.



Le Mans 1952 (auteur inconnu)

En 1953, sous l’impulsion de Ferry Porsche, le constructeur se veut plus ambitieux en construisant un modèle de compétition plus performant: la 550. Cette dernière se présente comme un petit coupé à moteur central toujours basée sur la 356 (sauf le moteur, entièrement inédit) et qui sera transformé l’année suivante en Spyder. L’histoire se répète : nombreuses victoires de classe (notamment des moins de 1500cc) et quelques succès au classement général dans des épreuves de moindre envergure.


Toutefois, malgré leurs bonnes performances, les 550 Spyder commencent à souffrir face à la concurrence, notamment italienne et anglaise (OSCA, MG ou Lotus), durant l’année 1955, dont leurs voitures sont plus « modernes » que les 550.


Photo J. Eschovhar

En fait, les Spyder allemandes ont plusieurs soucis : châssis basée sur la 356 qui montre vite ses limites, notamment en termes d’adhérence, sensibilité au vent latéral…Malgré les améliorations et les tentatives originales pour maintenir la 550 compétitive (comme placer un énorme aileron au-dessus de l’habitacle !), il est temps pour Porsche de réaliser un nouveau modèle plus radical. Cependant, les 550 Spyder continueront toujours à courir et à être améliorées, notamment avec la version « A » en 1956 (moteur amélioré, nouvelle boite de vitesses…)


Souris rebelle



C’est justement en début d’année 1956 que le développement du nouveau Spyder est sur le point d’être achevé. Elle se distingue par son aspect plus bas et plus petit que son prédécesseur. Autre particularité : des ouvertures de refroidissement sont orientées vers l’arrière afin de réduire la traînée aérodynamique et donc, améliorer les performances sur route.


Coté moteur, il s’agit du même que celui qui propulse les 550, à savoir un 4 cylindres Fuhrmann (issu du nom de l’ingénieur qui est à l’origine de ce moteur) développant 130 chevaux, comme sur les dernières 550A. Nouveauté, ce nouveau Spyder est doté de nouvelles suspensions, du moins sur le train arrière : fini la suspension à essieux oscillants, place à un système de triangles superposés reliés aux barres de torsion transversales. L’empattement a été légèrement raccourci par rapport à la 550 afin de gagner en maniabilité. Enfin, la voiture est habillée d’une carrosserie en magnésium. Un seul modèle a été construit.



En cas de doute, la partie avant est à gauche (photo Stuttcars)

D’abord présenté sous le nom de Test-Spyder, celui-ci recevra le nom de Typ-645 lors de la fin. Testée intensivement par Herbert Linge et Richard Von Frankenberg, deux fidèles de Porsche, la 645 se montre performante et plus rapide que la 550, mais cette bons essais montrent également un problème majeur…

La réduction de l’empattement entraîna certes, une meilleure maniabilité, mais également une instabilité du Spyder, surtout à haute-vitesse. Encore plus problématique, le fonctionnement des suspensions arrière couplé à l’empattement posait de gros problèmes aux pilotes à chaque virage : passage soudain d’un sous-virage à un violent survirage en courbe. Porsche a-t-elle été trop ambitieuse sur cette 645 destinée à remplacer la 550 ? Le développement de la voiture a-t-il été suffisant ? Voilà quelques questions qui peuvent se poser après les premiers tours de roue de la 645…


Photo Flat6 Magazine

Notons que la 645 reçut le surnom de « Mickymaus » (traduction « Mickey Mouse », la petite souris de Disney comme référence) par Von Frankenberg en raison la petite taille du Spyder et surtout, à cause de son comportement imprévisible sur piste…


La p’tite souris en course

Les débuts de la 645 « Mickymaus » étaient programmés pour les 1000 kilomètres du Nurburgring, quatrième manche du championnat des voitures de sport (l’ancêtre du WEC en somme) qui se déroulait à la fin du mois de mai 1956. L’unique 645 devait être pilotée par Von Frankenberg, Hans Hermann et Wolfgang Von Trips. Cependant, lors des essais quelques jours avant le début de l’épreuve, le Spyder se montra – et c’est prévisible – très instable que ça soit en ligne droite ou en courbe. Jugée inconduisible par les pilotes, les débuts de la 645 sont ajournés, un mal pour un bien car sur le circuit de 22km composé de 176 virages, il aurait été risqué de laisser les pilotes se démener avec une voiture instable et manquant de mise au point. A la place, Porsche utilisera les bonnes vieilles 550A pour cette épreuve.


Archives Porsche museum

On retrouve la Mickymaus un mois plus tard sur le circuit de Solitude, cette-fois dans le championnat allemand des voitures de sport pour une petite course d’une heure, réservée uniquement aux voitures ayant un moteur de 1500cc et moins. Pilotée par Von Frankenberg, celui-ci n’aura pas à craindre de la concurrence qui se résume simplement à une poignée de 550 et de 356 Speedster, enfin si on ignore les soucis de stabilité en virage…

Parti en première ligne, Von Frankenberg semble parti pour jouer la gagne, mais divers soucis mécaniques le contraint à s’arrêter régulièrement aux stands. Il finira tout de même quatrième malgré une boite bloquée ainsi qu'une surchauffe moteur. Pour les véritables débuts de la 645, c’est honorable, mais elle n’aura pas réussi à surclasser véritablement ses rivales. Il y’a encore du boulot en perspective pour les ingénieurs de Stuttgart…


La 645 (à droite, portant le #11) de Von Frankenberg, sur le circuit de Solitude (archives Porsche)

La Mickymaus refait une autre apparition courant Septembre à Berlin, plus précisément sur le circuit de l’AVUS, celui-ci présente un tracé original car il reprend deux voies en ligne droite d’une Autobahn, le tout reliées par un banking très relevée.





Pour cette sixième manche du championnat allemand de voitures de sport, le brave Richard Von Frankenberg est toujours de la partie. Mais lors des premiers essais, un événement va marquer le sort de la 645.


Alors que le pilote allemand roulait vers le banking relevé, celui-ci perd soudainement le contrôle de la Mickymaus en entrée de courbe et se dirige droit vers l’extérieur de la piste.


Photo Flat6 Magazine

Etant donné qu’il n’y a aucun élément de sécurité sur cette zone, la 645 « s’envole » et s’écrase quelques dizaines de mètres en contrebas, plus précisément sur un parking. Le Spyder s’écrasa juste entre deux véhicules garés sur ce parking et, à cause de la carrosserie en magnésium, elle s’embrasa instantanément.

Malgré l’intervention rapide des pompiers, la 645 est entièrement calcinée, et alors que les secours recherchaient vainement le corps de Von Frankenberg, celui-ci est retrouvé un peu plus loin sur un buisson, inconscient mais vivant fort heureusement. En fait : le pilote a été éjecté au moment où la 645 tombait vers le parking.



photo site Type550

Les raisons de cette sortie de piste restent floues, encore aujourd’hui. Officiellement (entre-guillemets), la suspension avant-gauche aurait cédé, mais on peut penser que l’extrême instabilité de la 645 sur le banking relevé de l’AVUS a contribué à cet accident. En tout cas, c’est un miracle que Von Frankenberg soit toujours en vie après cet événement…

La 645, totalement détruite, ne sera jamais reconstruite et c’est sur une triste fin que s’achève la carrière de la 645, voiture très (trop ?) originale et présentant sans doute des défauts de conception pour remplacer la 550.

Porsche préféra miser sur ces dernières pour le reste de l’année. L’année suivant, un nouveau Spyder, de conception moins radicale, fera son apparition et remplacera pour de bon les 550.


Caractéristiques voiture :

Moteur : 4 cylindres 1500cc, conçu par Ernst Fuhrmann

Aspiration : atmosphérique

Implantation : central-arrière

Puissance : 130/135 chevaux à 7200 tr/min

Couple : 145 Nm à 6000 tr/min


Chassis : tubulaire, carrosserie en magnésium

Boite de vitesses : manuelle à 5 vitesses

Transmission : aux roues arrière

Suspensions : Triangles superposés reliés aux barres de torsion transversales à l’arrière

Dimensions : 3, 78m (L) * 1,42m (l)

Poids : 550 kg


Concepteurs : Karl Rabbe et Henrich Klie


Résultats en compétition :

Quatrième sur le GP de Solitude, manche du championnat allemand des voitures de sport

Accidenté sur le circuit de l’AVUS, la voiture fut détruite et jamais reconstruite.

Pilote principal : Richard Von Frankenberg


Documents et sources utilisées :

Flat-6 Magazine, Hors-Série Porsche : La fabuleuse histoire, tome 1 : de 1948 à 1976, juillet 2015.

L’Aventure Automobile, Hors-série numéro 3, histoire de la Porsche 356, Juin 2019

Fan-club 550 : http://type550.com/

Portail et répertoire des modèles Porsche: https://www.stuttcars.com/porsche-models/645/



La 718 RSK: celle qui remplacera pour de bon la 550 (auteur inconnu)

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1 Comment


lionelrosiere
lionelrosiere
Feb 09, 2021

Au moins le pilote ne connu pas le destin de James Dean et sa 550 Spyder.

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