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  • Photo du rédacteurGoodstone

Course d’enfer : Porsche Motorsport – Essex , Le Mans 1979

Dernière mise à jour : 18 mars 2021

Archi-favorites pour la 47e édition des 24 heures du Mans, les Porsche 936 d’usine vont vite connaitre des soucis…



En 1978, Renault s’impose dans la Sarthe avec l’A442B (née Renault-Alpine) pilotée par Didier Pironi et Jean-Pierre Jaussaud. Ceux-ci s’imposent devant les deux Porsche 936 d’usine et tenantes du titre dans ces 24 heures. Dans le camp allemand, c’est la déception : les machines ont connu trop de petits soucis pour espérer gagner l’épreuve une troisième fois de suite.


Victoire de Renault-Alpine au Mans en 1978, devant Porsche (photo DPPI)

Parmi les trois 936, une va abandonner et les deux autres se contentent de la 2e et 3e place. Autre machine engagée officiellement par Porsche, la 935 Moby Dick terminera 8e après des soucis liés à une fuite d’huile.


Pour 1979, le constructeur allemand compte réduire sa présence en compétition. Celui-ci laisse les équipes privées engager et améliorer les 935 en piste. Il n’est d’ailleurs pas prévu de faire courir les 936 pour cette année-là étant donné le retrait de Renault-Alpine après sa victoire et le manque de concurrence dans la Sarthe…


Les 24 heures du Mans 1978 marquaient également la seule participation des Porsche 936 cette année-la (© Motorsport Images)


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Un fantasque personnage, designer industriel à la base et répondant au nom de David Thieme, fonde une compagnie pétrolière : Essex. Ne manquant pas d’ambitions ni d’argent, il s’intéresse à la compétition automobile via le sponsoring.


David Thieme

En 1979, il commence par s’associer avec l’équipe Lotus en F1, puis va s’attaquer à autre chose en persuadant Porsche de venir au Mans. La marque accepte immédiatement la proposition de Thieme qui a mis beaucoup d’argent pour convaincre. La marque allemande sera donc bien présente dans la classique mancelle pour cette année. Précisons quelques éléments : l’équipe d’usine se nommera Essex Racing du nom du sponsor principal crée par Thieme. C’est comme si ce dernier s’est offert les services de la firme de Weissach à son propre compte afin de « promouvoir » sa compagnie pétrolière en endurance.


L’accord est finalisé durant le mois d’avril, c’est bien…mais les 24h du Mans se déroulent au mois de juin, il reste moins de deux mois pour se préparer correctement ! Pas bien grave me diriez-vous, Porsche a déjà pas mal d’expérience dans ce type de compétition. Les 936 engagées en Groupe-6 (les protos ouverts) ont plus de trois ans d’âge et sont suffisamment performantes et éprouvées pour remporter l’épreuve, d’autant plus que Renault est désormais uniquement en F1, et blablabla…



Aucune nouveauté ni amélioration n’est prévue sur ces barquettes de course, la présentation de ces 936 « Essex » ont lieu Place Vendome à Paris, au Ritz, dans la joie et dans la bonne humeur bien évidemment.


Présentation en grande pompe à Paris. Dans l'extravagance la plus totale (comme le voulait Thieme) (©Rob Powell)


On est peut-être mauvaise langue chez Fail-Auto, il y’a eu un changement majeur sur les machines allemandes, du moins en ce qui concerne la livrée : fini la déco Martini (en place depuis 1976), place au nom d’Essex. Et puis le moteur gagne 20 chevaux pour en produire 640 au total…


©Rich Harmann / Porsche

Passé ces festivités, place à la compétition où une 936 va participer aux 6 heures de Silverstone le 10 mai dans le cadre de la 4e manche du championnat du monde d’endurance. Avec Jacky Ickx et Brian Redman au volant, la voiture est partie pour gagner facilement…mais c’est avant qu’une crevaison, endommageant la voiture, va contraindre l’équipage à renoncer en fin de course…


©Ted Walker




En route pour la déroute


Après quelques essais effectués sur la piste de Weissach, l’équipe Porsche/Essex se présente au Mans avec deux 936. Comme on le disait précédemment, les voitures n’ont pas été modifiées (hormis la livrée) par rapport à 1978, seules les jantes sont un peu plus grandes (et déjà présentes en course à Silverstone). Le moteur reste toujours un Flat-6 turbocompressé, la boite manuelle à 5 vitesses est identique et Dunlop reste le manufacturier pneumatique.


En essais à Weissach (©Rob Powell)

Concernant le lineup, Porsche/ Essex mise sur des cadors de l’époque :


La numéro 12 avec Jacky Ickx et Brian Redman

La 14 avec Bob Wollek et Hurley Haywood


©?

Au vu de la faible concurrence pour cette 48e édition, on voit mal qui pourrait faire de l’ombre aux deux 936 officielles durant l’épreuve. En tout cas, ce ne sera certainement pas les 935 privées malgré la compétence des équipes Kremer ou Gelo. Et du coté des autres protos du Groupe-6, c’est pas mieux : une ribambelle de Lola, de Chevron, de Mirage, des Rondeau ou de la Dome Zero…des machines sympathiques mais pas au niveau de la Porsche.


Dès les essais, les 936 sont les plus rapides du plateau, et monopolisent la première ligne au départ. Seuls problèmes : quelques petits soucis de moteur et de crevaison mais rien de grave.


En course, la 14 pilotée par Wollek mène la danse devant la voiture-sœur. Mais passé les deux heures de course, tout va partir en cacahuète : crevaison pour la 12 qui endommage l’arrière de sa 936, soucis de pompe à injection (le même point faible des 936 en 1978…). Les deux machines chutent logiquement au classement général.


Crevaison à l'arrière, gros dégats pour la #12 (lemans history)

Alors que les pilotes remontent rapidement le peloton tour après tour, on apprend que Jacky Ickx est signalé en panne et à l’arrêt vers deux heures du matin : énième souci de pompe à injection ! Impossible à réparer tout seul, il va falloir renoncer…ou pas : un mécanicien de chez Porsche part directement sur le lieu où la voiture est arrêtée, et de manière fort bien discrète, donne à Ickx une courroie de pompe à injection pour qu’il puisse remplacer la pièce et repartir. Cela dit, « discrète » est un peu exagéré puisqu’un commissaire de course a vu toute la scène et n’hésite pas à signaler aux officiels de la course. Comme l’aide extérieure est interdite en course, la 936 numéro 12 est logiquement disqualifiée au petit matin…



Quant à l’autre machine, la 14, elle pointait 5e au lever de la journée du dimanche avant qu’elle casse son moteur. Fin de la partie à huit heures du matin…Au moins, une Porsche a tout de même gagné cette édition, avec la 935 du Kremer Racing (avec Klaus Ludwig, Don & Bill Whittington).



La #14 survivra à la nuit, avant une casse moteur en matinée...(©?)

Proto 936 toujours performante, engagement à la dernière minute après un accord avec un sponsor, pas de réelle préparation ni de mise au point, Porsche a payé cash tout ceci, et au Mans ça ne pardonne pas. Outre les éternels soucis de pompe à injection, les crevaisons s’expliquaient par le fait que les nouvelles jantes installées à Silverstone sont trop larges au regard de la taille des gommes. Comme tout ceci n’a pas fait l’objet de tests au préalable, ce qui devait arriver arriva…


©lemans-history

Les 936 ne seront plus engagées pour la suite de l’année, ni en 1980 malgré la présence d’une réplique construite par Joest (avec le soutien de Porsche). Les vraies machines feront un comeback en 1981, en remportant les 24 heures du Mans !






Liens/ Sources :


Flat 6 Magazine, Hors-série Porsche : la fabuleuse histoire - Tome 2, 2015



K.N

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