Petit aperçu d’un projet avorté venant de chez Porsche, avec une machine visiblement conçue pour remplacer la 962C Groupe-C et répondre à la nouvelle réglementation en endurance, avec l'introduction des moteurs 3.5 litres atmosphériques pour les fameux sport-prototypes de l'époque.
A l’époque du Groupe-C , la Porsche 956, puis la 962, remporteront de nombreux succès dans le monde de l’endurance depuis 1982, que ça soit aux 24 Heures du Mans, au championnat mondial des Sport-prototypes (WSC), en IMSA ou dans diverses épreuves à différentes échelles. On peut même dire que durant une bonne partie des années 1980, le constructeur allemand était seul au monde dans cette discipline tant ses rivales, Lancia notamment, n’étaient pas de taille à se confronter face à ces machines, qu’elles soient engagées par l'usine ou par les teams privés.
Sauf qu’en 1987, Les Jaguar préparées par TWR commencent à se montrer compétitives. Ces dernières vont d’ailleurs tout rafler en WSC…sauf au Mans où les 962 s’imposent grâce à leur fiabilité et leur connaissance du terrain. Néanmoins, 1988 marque la fin du règne de ces prototypes, les Jaguar et les Sauber-Mercedes vont désormais dominer les épreuves majeures d’endurance, et à la fin de l’année, Porsche se retire officiellement du monde de l’endurance, laissant le soin aux équipes privées (telles que Joest, Kremer, Brun ou encore Richard Lloyd) d’exploiter les 962C pour la suite, malgré un petit soutien de la marque lors d’épreuves majeures…
A cette période, Porsche était essentiellement tournée vers le CART, championnat US de monoplaces, avec des résultats plus que mitigés. La firme de Weissach a également l’intention de revenir en Formule-1 en motorisant une ou plusieurs écuries. Bref, la marque reste toujours active dans le monde du sport-auto…
Remplacer la 962, pour de vrai ?
En 1990, alors que la nouvelle réglementation imposant des moteurs atmosphériques de 3,5 litres (inspiré de la F1) sur les sport-protos sera imposée à partir de l’année suivante, Porsche n’a pas encore pris de décision concernant la succession de la 962. Celles-ci ne respectent plus les nouvelles règles pour 1991 et sont donc, inutilisables pour les compétitions majeures avec leur moteur double-turbo (sauf au Mans). De plus, le constructeur allemand rencontre pas mal de difficultés entre la mévente de ses modèles de série aux USA et des petits soucis d’argent. Côté sportif, ce n’est pas non plus la joie, la marque se retire du CART à la fin de l’année après une saison bien compliquée, mais prépare son retour en F1 en tant que motoriste pour l’équipe Footwork/Arrows.
Au beau milieu de cette même année 1990, une curieuse image d’un proto Porsche apparait dans plusieurs magazines spécialisés. Il s’agit de la nouvelle Groupe-C qui répond à la nouvelle réglementation évoquée ci-dessus, un signe que Porsche ne renonce pas totalement à l’endurance ?
A travers ce croquis, on ne peut s’empêcher de voir une certaine ressemblance avec la 911 GT1 (si si) qui apparaîtra quelques années plus tard. Pour le reste, difficile à dire car les informations techniques manquent, hormis le fait que le travail aérodynamique a visiblement été une priorité, conséquence du nouveau règlement qui supprime la limitation du nombre de ravitaillements autorisés par épreuve. On peut d'ailleurs voir à travers cette photo que le châssis sera visiblement construit en monocoque full-carbone.
Le seul élément qu’on connait à peu près, c’est que ce proto sera équipé du V12 atmo’ 3,5l qui équipera les Footwork en F1. Sinon, la firme allemande ne prévoit pas un premier roulage avant 1992 selon Auto Références. Donc, il faudra patienter jusqu’en 1993 pour la voir débuter en compétition. Pour Autosport, le projet de ce proto Groupe-C « nouvelle génération » n’est toujours pas validé par la marque et décision sera(it) prise durant l'année 1991, la marque étant plus préoccupé par la F1 qu’autre chose à ce moment…
Quelques bruits circuleraient que ce proto serait équipé d'un bloc inédit, certes toujours un atmo de 3,5L, mais en V8. Faute de véritables sources, impossible de vérifier cette info.
Projet non abouti
Finalement, cette machine ne verra jamais le jour. Il est fort probable que la construction n’a jamais commencé ni été à l’étude et que Porsche ait décidé de ne pas s’inscrire dans la nouvelle formule « 3.5l atmo » en endurance. On peut énumérer plusieurs raisons, comme le fait que le constructeur rencontrait l’une de ses plus grandes crises de son histoire avec des pertes financières et une mévente qui s’accentuait à cette période. Dans ces conditions, pas étonnant que celle-ci préfère délaisser ce projet…
Dans le domaine de la compétition : La formule des sport-protos « aspirées » est un échec et le plateau du WSC se réduisait comme peau de chagrin, la faute à un règlement devenu beaucoup trop couteux pour les équipes. D’ailleurs, ce championnat mondial d’endurance disparaitra fin-1992. Si Porsche avait réellement construit la remplaçante de la 962, ça aurait été trop tard pour la voir en compétition. Mais de toute façon, la firme n’était pas réellement motivée ni-intéressée par cette nouvelle formule…
Maintenant, est ce que cette machine aurait pu rivaliser avec les Peugeot 905 ou Toyota TS10 ? Peut-être, mais on peut émettre de gros doutes, le « fameux » V12 atmo qui devait normalement équiper ce proto fut en réalité un terrible échec : conçu à la hâte, trop lourd, trop large et pas fiable…ce moteur accumulait les défauts (au fait, Porsche croyait-il vraiment à ce gros moulin ?).
Désormais dépassées, les bonnes vieilles 962 continueront à rouler jusqu’au milieu des années 1990 dans des championnats mineurs d’endurance, sauf aux 24 Heures du Mans où elles restent admises pour remplir la grille de départ.
(Sauf indication contraire, les photos du projet viennent du magazine Auto Références, num. 7 du second trimestre 1990)
K.N
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