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Prost AP01 Peugeot (1998)

Dernière mise à jour : 15 déc. 2021

Une équipe dirigée par Alain Prost, une première saison prometteuse, une paire de pilotes intéressante ainsi qu’un partenariat avec Peugeot pour la fourniture moteur, donnant lieu à une collaboration franco-française. Franchement, qu’est ce qui pourrait arriver de pire ?





Pas besoin d’écrire un bloc concernant la carrière d’Alain Prost : 51 victoires, quadruple champion du monde en F1 ainsi que des duels aussi intenses que violents face à Ayrton Senna. Le français raccrochera son casque après un ultime titre mondial décoché en 1993 sur une Williams Renault.




Pendant ce temps, une écurie, Ligier, vit des moments d’incertitude : gérée par Flavio Briatore et Tom Walkinshaw à partir de 1994, l’équipe connait des résultats plutôt irréguliers, malgré deux podiums. Mais les soucis s’accumulent en 1996 avec un budget et un effectif volontairement réduit et, après une vaine tentative de déménagement vers l’Angleterre, Walkinshaw souhaite racheter intégralement la structure, en vain : le père fondateur, Guy Ligier (soutenu par les sponsors et par des personnes issues du monde de la politique) bloque toute tentative de rachat et Walkinshaw va au final, racheter l’écurie Arrows. 1996 sera une saison de transition pour Ligier en attendant un éventuel racheteur « local », ponctuée tout de même par une victoire-surprise d’Olivier Panis au Grand-prix de Monaco.


Victoire d'Olivier Panis à Monaco en 1996! Ce sera la dernière victoire pour Ligier. (©XB002/ Autosport)

Finalement, ce n’est qu’en février 1997 que le nom du nouveau propriétaire est révélé : Alain Prost ! Ce dernier, après une tentative avortée de 1994, peut enfin accéder à un de ses rêves : diriger une équipe de Formule 1. Exit le nom de Ligier, bienvenue à Prost Grand-Prix !



Cerise sur le marteau : un partenariat exclusif avec Peugeot en ce qui concerne la motorisation. Le début d’une amitié franco-française, un mariage prometteur, voilà quelque chose qui va enthousiasmer le monde du sport-automobile français, les sponsors, les connaisseurs, etc.


Etant donné que l’annonce s’est faite tardivement, l’année 1997 sera une saison de transition et de préparation en attendant les débuts de la collaboration Prost-Peugeot. Avec un châssis de la saison précédente légèrement modifiée et un moteur Mugen-Honda, les performances seront remarquables, notamment aux mains d’Olivier Panis…avant que ce dernier se blesse lors du GP du Canada, brisant le bel élan. Malgré tout, Prost GP se classera 6e au championnat des équipes, pas mal…


La Prost JS45, elle-meme née Ligier (©?)


Grand chamboulement à prévoir


1998 marquera les véritables débuts du partenariat entre Prost et Peugeot. Mais d’abord, l’écurie connait durant l’hiver 1997-98 de nombreux changements. Tout d’abord l’écurie déménage du fief historique de Ligier, à Magny-Cours, pour partir dans une toute nouvelle usine à Guyancourt, dans les Yvelines., ce qui va quelque peu perturber le planning de l’équipe. Coté team, l’effectif a augmenté de manière considérable, passant de 70 à 150 personnes. Parmi les nouveaux arrivants, citons notamment Bernard Dudot (ex Renault) au poste de directeur technique. Enfin, grâce aux soutiens politiques (enfin, avant la mise en place d’un nouveau gouvernement, avec Lionel Jospin), le budget est en hausse : 300 millions de francs, soit à peu près 52 millions de dollars. Ce n’est certes, pas au niveau de Ferrari, Williams ou McLaren, mais ce n’est déjà pas trop mal comparé à pas mal d’autres équipes à cette période.



Chez Peugeot aussi, des changements sont entrevus durant cet hiver : exit Jacques Calvet, à l’origine de l’arrivée de Peugeot en F1 en 1994, il est remplacé par Jean-Martin Folz au poste de président-directeur général de PSA. Assez vite, celui-ci se montre sceptique sur l’engagement de Peugeot en F1, mais c’est une autre histoire. Disons tout simplement qu'il va modifier le contrat de base avec Prost en ne fournissant pas les blocs gratuitement et en réduisant sa durée de contrat de trois ans, ou comment bien entamer le partenariat ...



La nouvelle monoplace 100% Prost, l’AP01 (AP comme Alain Prost), est présentée le 20 janvier 1998 à Barcelone. Cette voiture dessinée par Loïc Bigois répond à la nouvelle réglementation mise en place dès cette année-là (introduction de pneus rainurés, dimensions de chaque monoplace revue…) . Elle ne partage aucun élément avec sa devancière (elle-même née Ligier) et se caractérise notamment par un nez davantage rehaussé par rapport à ses rivales. Enfin, ce sera une boite de vitesses séquentielles semi-automatique qui sera utilisé pour cette saison. Notons que cette boite « maison » est conçue dans les ateliers du britannique George Ryton, qui a rejoint l’écurie en cours d’année 1997. Comme l’an passé, Bridgestone fournira les pneumatiques, à la différence près que Prost GP perd son statut d’équipe de développement des pneumatiques nippons au profit de McLaren.


©Zone-F1

Pour le moteur Peugeot, il s’agit d’un V10 atmosphérique construit dans les ateliers de Peugeot-Sport à Vélizy. Il développe une puissance de plus de 750 chevaux et se caractérise par sa légèreté par rapport aux versions utilisées les années précédentes lorsque Peugeot motorisait Jordan jusqu’en 1997.


©F1 Prost overblog

En ce qui concerne les pilotes, Olivier Panis et l’italien Jarno Trulli seront les fers de lance de l’aventure Prost-Peugeot en 1998. Un duo à la fois solide et homogène, voilà un point qui est à l’avantage de l’écurie. Coté sponsoring, la marque de cigarettes Gauloises reste le partenaire principal du team.

L’objectif de Prost est simple : titiller les quatre meilleures équipes du plateau !


Dès les premiers essais hivernaux, en partie perturbés par le déménagement non terminé de l’équipe vers Guyancourt, l’AP01 avait tout, sauf impressionné les observateurs : sera-elle compétitive pour le début de saison ? La boite de vitesses montre déjà des signes de fragilité durant lhiver...


De gauche à droite: Olivier Panis, Alain Prost, Jarno Trulli (©F1 in the 1990s)


Douche bleue glacée


C’est parti pour le début du championnat 1998 de F1 sur le circuit de Melbourne, en Australie en début du mois de mars. Voyons voir comment l’écurie Prost-Peugeot va se débrouiller. Notons l’apparition d’ailerons-pingouins (Ou X-Wings) sur les côtés de la monoplace, permettant d’avoir plus d’appui aéro sans pénaliser la vitesse. Bon sinon quel est le résultat en qualifications ? 15e et 21e, avantage Trulli, à plus de 4 secondes de la Mclaren d’Hakkinen. Ça fait mal, très mal…Et en course, seul Panis finira la course ; 9e et dernier alors que son équiper renonce suite à une boite bloquée. Du boulot en perspective pour toute l’équipe…


Une prestation à oublier en Australie, notez les X-Wings (©FB Prost GP)

Le GP du Brésil, sur le circuit d’Interlagos, sera un petit peu mieux : qualifiés 9e et 12e, les deux AP01 abandonneront en course pour une boite cassée (Panis) ou une fuite d’huile (Trulli)…

Après cela, les problèmes sont connus : comme prévu, la boite de vitesses « 100% Prost GP » est trop fragile, le châssis souffre d’une répartition des masses plutôt déséquilibrée, ce qui rendrait la conduite désagréable pour les pilotes…


Gros carton de Panis lors du Warm-up au GP du Brésil (©Steve Etherington)

Début-avril, George Ryton quitte l’équipe, une petite restructuration a eu lieu durant cette période…

Pour le reste, les résultats se suivent et se ressemblent : qualifications en milieu, voire en fond de grille, courses médiocres quand la voiture tient le coup…


Imola 1998: dernière apparition des F1 avec les X-Wings, ils seront bannis après cette course... (©?)


Rien à se mettre sous la dent


Passions au GP du Canada, septième manche du championnat et qui se déroule sur le circuit de Montréal début-juin. A ce stade, Prost GP n’a toujours pas marqué de points, là où à la même période l’année dernière, 15 points ont été récoltés. Il est urgent de réagir ! Quelques petites améliorations sont ajoutées depuis le printemps, mais aucun changement n’est à noter en termes de performances. En qualifs’, Trulli et Panis sont respectivement 14e et 15e. Le lendemain, les deux Prost sont impliquées dans le carambolage du premier virage (où la Benetton d’Alexander Wurz part en tonneaux). Drapeaux rouge, la course est arrêtée. Panis et Trulli restent néanmoins dans la course après avoir récupéré les châssis de réserve.


©FIA

Lors du second départ, un second incident, toujours au même endroit, se déroule…et implique Jarno Trulli ainsi que la Sauber de Jean Alesi, les images parlent d’elles-mêmes :



©"ericok" et F1-Facts

Abandon pour ces deux pilotes. Il ne reste qu’une seule Prost en piste : celle de Panis. Alors que la course commence à être chaotique en raison de nombreux incidents, le grenoblois est troisième à l’issue du 39e tour ! Va-t-il réussir à conserver sa place et terminer sur le podium ? Que nenni ! Il part en tête-à-queue dans la première chicane et reste planté dans les graviers, game-over…



En fait, Panis a rencontré un souci mécanique : le moteur a serré et a contribué au tête-à-queue. N’empêche, c’est une grosse occasion manqué de marquer des points…


Après cela, retour à la normale, ponctuée par une double-sortie de piste à Silverstone sous la pluie, gâchant une autre opportunité de scorer. La fiabilité, quoiqu’en progrès, reste perfectible, au moins la boite de vitesses semble mieux tenir la distance d’un grand-prix…


©F1 Images

Le GP d’Allemagne, disputé sur le tracé d’Hockenheim, voit les deux Prost AP01 terminer à des anonymes 12e et 15e en course, à un tour de Mika Hakkinen. Pourquoi ce détail ? Tout simplement car c’est la première fois qu’on voit les deux Prost terminer la course ensemble. Spoiler alert, ce sera également l’unique fois cette saison…



Pendant que l'équipe de France est championne du monde de foot, l'association Prost-Peugeot peine à progresser...(©F1-Facts)

Spa-ce cake


Circuit de Spa-Francorchamps, treizième manche du championnat 1998 de F1 se déroulant fin-aout, de la pluie diluvienne est prévue pour toute la course…Qualifiés en milieu de grille, Panis, Trulli et l’équipe Prost savent qu’il y’a une opportunité, d’autant plus qu’on attend désespérément un bon résultat, car pour le moment, la neuvième place à Melbourne constitue le meilleur résultat du team…


Lors du départ, des trombes d’eaux s’abattent, rendant la visibilité quasi-nulle…et ce qui devait arriver arriva : ayant certainement glissé sur un vibreur, la McLaren de David Coulthard part en aquaplaning et tape le mur…devant tout le reste du peloton aveuglé par la pluie ! S’en suit un gigantesque carambolage impliquant 16 voitures (sur 22), dont les deux Prost !



Drapeau rouge, course arrêté pendent un peu plus d’une heure. Comme il n’y a qu’un seul châssis de réserve, il y’aura forcément un pilote Prost sur la touche pour le second départ, et ce sera Panis.

Quant à Trulli, son but est de tout simplement rejoindre l’arrivée, car la pluie persiste toujours autant.

Lors du second départ, l’italien opte pour une conduite ultra-prudente, ce qui lui permet d’être à l’abri de tous les incidents émaillant cette course…et la, miracle : il termine sixième de la course, synonyme d’un point au championnat ! Certes, c’est à deux tours derrière tous les autres concurrents. Certes, seules 7 voitures ont vu l’arrivée, mais il fallait saisir l’opportunité ! En tout cas, ce petit point fait du bien à ‘équipe Prost-Peugeot, malgré la faible compétitivité de l’AP01…


©Lucas Venero

Passé ce moment de miracle, retour à la réalité pour toute l’équipe avec des performances toujours aussi médiocres. A ce moment-là, Jarno Trulli testait à partir du mois de septembre, une AP01 profondément modifiée sur le circuit de Barcelone, dans le cadre d’essais privés. Cette monoplace aurait un meilleur équilibre en ce qui concerne la répartition des masses et une toute nouvelle boite de vitesses est conçue autour de ce modèle. Il semblerait également que la monoplace utilise plusieurs pièces en vue de la saison 1999, idem concernant certains composants du moteur Peugeot. Son nom est AP01B et il semblerait qu’Alain Prost veut à tout prix la faire courir pour le dernier GP de la saison, au Japon, tant la voiture a donné satisfaction durant ces tests.


L'AP01B aux essais du GP du Japon, à Suzuka (©STATS F1)

Justement, ce GP du Japon, sur le circuit de Suzuka, marque les débuts de l’AP01B aux mains de Jarno Trulli, Panis se contentant de l’ancienne version. Manque de pot pour le pilote italien, il détruit la AP01B en qualifications et doit revenir à l’ancien modèle, il doit renoncer sur une casse moteur. Panis lui, terminera 11e de l’épreuve. La saison 1998 est enfin terminée…


Aucun point marqué pour Olivier Panis cette saison...

9eme et dernière équipe classée avec un petit point marqué, quelle chute comparée avec les 21 points et les deux podiums de 1997 avec un châssis Ligier revisité. La première vraie saison de Prost GP et de l’association avec Peugeot aura été calamiteuse. Jamais l’AP01 n’a montré de réels progrès tout au long de la saison, la faute à un châssis « capricieux » et sans doute trop complexe à la mettre au point. La fiabilité a également été un problème durant ce championnat : d’abord la boite de vitesses, et enfin, le moteur Peugeot qui donnait signes de faiblesses en fin de saison. A la décharge de l’équipe, celle-ci a connu pas mal de changements internes dès l’hiver, notamment un déménagement qui ne s’est terminé qu’au cours du mois de mars 1998, soit en plein GP d’Australie !


1999 sera l’année ou jamais pour redresser la barre, cette-fois ci les excuses ne seront plus tolérées considérant que Prost GP peut se préparer dans des conditions plus sereines, d’autant plus que Panis et Trulli seront reconduits dans leurs fonctions. Reste le cas Peugeot qui semble se "disperser" en s'engageant véritablement en rallye avec la 206 WRC...



Pendant ce temps, la presse spécule que Peugeot pourrait sacrifier son programme F1 pour mieux se concentrer en rallye, discipline auxquelles la marque au lion annonçait son retour officiel dans le championnat du monde des rallyes…


Caractéristiques voiture :


Moteur : Peugeot A16 V10

Aspiration : atmosphérique

Implantation : central-arrière

Puissance : 760 chevaux à 15 200 tr/min


Châssis AP01 : monocoque, en carbone.

Freins : en carbone

Suspensions : double triangle avec poussant

Boite de vitesse : séquentielle semi-automatique, à 6 vitesses, développée par Prost GP / George Ryton

Poids : 600 kg maxi

Dimensions : 4,1 m (L) * 1,8 m (l)

Pneumatiques : Bridgestone

Concepteur : Loic Bigois


Résultats :


A participé au championnat 1998 de F1

Sixième au GP de Belgique (J. Trulli)

Classement : 9eme avec 1 point

Pilotes : Olivier Panis (non-classé) et Jarno Trulli (17e avec 1 point)



Liens :


STATS F1

Archives gandprix.com



Peut être que cette AP01 en chocolat (exposée au salon du chocolat à Bastia en 2013) aurait été une meilleure solution pour palier au manque de compétitive de la monoplace originale ! (©?)

K.N

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