Entre Hypercar/LMDh, LMP2 et GT, le Proton Competition est présente sur à peu près tous les fronts dans le paysage de l’endurance cette année. Outre l’engagement de plusieurs machines différentes, la structure allemande née en 1996 est également une fidèle du championnat du monde d’endurance (WEC) depuis sa (re-)création en 2012. Toujours une force en présence dans la catégorie GTE (plus précisément en GTE-Am) avec de multiples victoires de classe dont un succès aux 24h du Mans en 2018, l’équipe n’a étonnamment jamais remporté le titre en désormais 12 années.
A l’issue de l’année 2022, le bilan est plus que satisfaisant dans le championnat européen d’endurance (ELMS) avec le titre décroché parmi les GTE. Les résultats en WEC sont plus contrastés avec certes deux victoires, mais également des performances irrégulières et des 24h du Mans ratées dans l’ensemble. Il faudra se réveiller quelque peu pour 2023 au sein de cette équipe fidèle à Porsche. Ça tombe bien : c’est également la saison de toutes les nouveautés chez Proton, car on annonce en plus de l’engagement des Porsche 911 RSR GTE, l’arrivée dans le monde du prototype ! Plus précisément, l’équipe va exploiter une Oreca 07 LMP2 aux 24h de Daytona et en ELMS à plein-temps. Encore mieux, Proton va carrément acheter la toute nouvelle Porsche 963 LMDh qui s’apprête à se battre dans la catégorie Hypercar/LMDh ! Mais cette dernière n’est pas encore prête pour les clients, il va falloir patienter encore un bon moment…En plus de tout ceci, l’équipe dirigée par Christian Ried se charge également de préparer les Porsche 911 pour l’entité Iron Lynx (et les Iron Dames) en WEC ainsi qu’en ELMS. Ouf !
L’année commence bien avec une victoire en LMP2 à Daytona après un finish épique. Le début du WEC et en ELMS commence bien avec un podium au 1000 miles de Sebring et une victoire aux 4h de Barcelone. Les épreuves suivantes seront plus ou moins fructueuses avant l’épreuve au Mans.
Pour cette 91e édition, le Proton Competiton sera bel et bien présent avec plusieurs voitures. Deux Porsche 911 RSR sont habituellement inscrites en WEC à temps-plein (la #77 et la #88), deux autres sont également de la partie avec une qui bénéficie de l’invitation accordée par l’ACO (Automobile Club de l’Ouest) suite à son titre en ELMS l’an passé. L’autre présente également dans ce championnat est également de la partie. Avec quatre Porsche plus les deux mêmes voitures engagées par Iron Lynx/Dames, la structure allemande devra gérer six GTE au total !
Faisons également un point sur les équipages de chaque voiture :
La 16 sera pilotée par Ryan Hardwick, Zack Robichon et le belge Jan Heylen.
La 77, engagée sous la bannière du Dempsey-Proton, est emmenée depuis le début de l’année en WEC par Christian Ried, Julien Andlauer et Mikkel Pedersen.
L’équipage de la 88 est finalisé tardivement (à deux semaines de l’épreuve précisément). Le britannique Harry Tincknell mènera cette équipe (comme en WEC). Mais Hardvick et Robichon ont glissé dans la 16, il faut trouver à la fois le pilote « bronze » et « silver ». Alors qu’Ollie Millroy et Brendan Iribe étaient initialement annoncés, ce seront finalement Don Yount (pratiquement inconnu au bataillon) et Jonas Ried (le fils de Christian, qui court également dans l’équipe en ELMS dans la LMP2) qui accompagneront Tincknell.
Enfin, la 911 (comme la Porsche, hehe) est confiée à l’un des équipages du team en ELMS, à savoir le pilote-acteur Michael Fassebender, Martin Ramp et l’expérimenté Richard Lietz.
Quant à la Porsche 911 RSR-19, pas de surprise ou de gros changements par rapport aux années précédentes. De toutes manières, ce sera la dernière année d’existence des GTE avant leur remplacement par les GT3. C’est l’occasion pour Proton de changer de monture après deux décennies de fidélité à la marque allemande (du moins, en GT). Pour 2024, place au nouvelles Mustang GT3.
Problème avant ces 24 heures, la Porsche est la GTE la plus lourde du lot : 1300 kg avec la nouvelle balance de performance instaurée pour l’événement. Il va falloir cravacher dur en course face à la Corvette officielle, les Ferrari 488 ou les quelques Aston Vantage.
Que ça soit durant la journée test ou pendant les premiers essais officiels sur le circuit du Mans, pas grand-chose à signaler sinon une sortie de route de Jonas Ried qui découvrait encore la voiture. Mais on sent que dans le clan Porsche (que ça soit chez Proton, Iron Lynx ou GR Racing), la performance ne sera pas au rendez-vous en qualifications. Et effectivement, il n’a aucune 911 RSR parmi les meilleures GTE AM sur la grille et/ou en hyperpole. C’est la 77 qui sauve l’honneur des Porsche et de Proton en se plaçant 9e dans sa catégorie (47e au général). La 88 est celle qui a réalisé le moins bon chrono et se contentera de la 59e position au départ (sur 62, trois voitures n’ont pu faire de chrono).
Le départ de l’épreuve est marqué par la présence de la pluie. Au vu des conditions et à l’image de la moitié des GTE, ce seront les pilotes pros qui prendront le départ au sein du team. La prudence sera de mise dès le premier tour et lorsque la voiture de sécurité apparait au même instant, la #16 en profite pour changer de pilote après 21 minutes : Jan Heylan laisse sa place à Hardwick tandis que les trois autres 911 se maintiennent dans le milieu du peloton de la catégorie. Ceci dit, la #911 s’en tire bien après deux heures de course grâce à Lietz et au surprenant Martin Ramp. La Porsche peinte en grise est alors troisième en GTE-Am à 21h au gré des arrêts et des incidents de course.
Mais un premier coup dur se produit à 17h30 quand Ryan Harwick et la Porsche / Iron Lynx alors pilotée par Claudio Schiavoni s’accrochent violemment peu avant le virage du Terte Rouge. Les deux voitures sont pratiquement détruites, l’abandon est immédiat après 28 boucles…
Et un peu plus d’une heure après, c’est au tour de la #77 d’etre impliquée bien malgré elle dans un accident. Alors quelque peu pressé de dépassée les retardataires, la Oreca LMP2 du United Autosports avec Fred Lubin au volant part hors-trajectoire et perd le contrôle de de son proto ans la ligne-droite des Hunaudières, accrochant finalement le pauvre Mikkel Pedersen qui n’a rien demandé dans l’histoire. Avec une Porsche bien amochée à l’avant, la #77 rentre au garage pour plus de 26 minutes de réparation. La voiture remontera bien timidement après cet incident, mais les dégâts sont encore trop importants et le comportement très délicat. L’équipe préférera rentrer définitivement cette Porsche à 1h19 du matin, après 118 tours couverts.
Et les deux autres Porsche ? Eh bien, pas grand-chose à signaler, elles naviguent au milieu des autres GTE durant toute la nuit. Peu avant la 16e heure, c’est le drame pour la #88 : avec un Jonas Ried peu en verve derrière le volant, le pilote allemand part à la faute à l’entrée du virage d’Indianapolis et tape durement le mur. La partie est terminée pour cette voiture peu avant 6 heures du matin et 170 tours couverts. Il ne reste maintenant qu’une seule Porsche dans le camp Proton Competition. On peut également ajouter celle des Iron Dames qui elle, peut jouer le podium à la fin.
Pour clôturer ces 24 heures d’enfer, la #911 (la survivante) va connaitre le même sort. A 4 heures de la fin, Michael Fassbender sort de la route au bien nommé virage Porsche. Malgré une voiture bien chiffonnée, le pilote-acteur réussira à continuer son chemin et à amener la 911 aux stands. Mais la réaction des mécaniciens est claire : ce n’est pas réparable et l’abandon est immédiat après 246 tours…
Rassurez vous: ce n'était pas le premier, ni le dernier carton de l'ami Michael
Quatre Porsche engagées par Proton, quatre Porsche également bonnes pour la casse après ces 24 heures du Mans qui auront plus ou moins bien contribué au très nombreux incidents durant cette 91e édition des 24h. On pourrait également en rajouter une cinquième après celle de chez Iron Lynx qui s’est accrochée avec la #16. Pour noircir le bilan final, il n’y aura même pas une petite consolation pour la structure basée à Ummendorf car la voiture des Iron Dames va manquer le podium de GTE Am pour 6 secondes. Le changement tardif de freins n’a pas été une stratégie judicieuse…
Sources:
Auto-Hebdo, endurance info, endurance24, Dailysportscar, lemans-history...
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