Pour les 40 ans de l’équipe, Richard Childress espérait voir ses quatre voitures dans le Chase en NASCAR Sprint Cup. Objectif manqué !
Fondée en 1969 par son pilote lui-même, la Richard Childress Racing est une des équipes bien connues dans les garages de la NASCAR. La plupart associent celle-ci au légendaire pilote de la numéro 3 : Dale Earnhardt.
En 1981 et de 1984 jusqu’à son accident mortel au Daytona 500 2001, l’association Childress-Earnhardt va remporter pas moins de six titres en NASCAR Cup Series, la série principale parmi le monde du stock-car américain. Pour faire simple, c’était l’une des équipes à abattre et craint dans le peloton.
Durant les années 2000 et après le décès de « l’Intimidator », l’équipe a du mal à se montrer constante d’une année à l’autre. Malgré la présence de pilotes de calibre tels que Kevin Harvick, Jeff Burton ou Clint Bowyer, la Richard Childress Racing (RCR pour faire plus vite) collectionne encore les victoires, mais connait également des passages à vide, ce qui l’empêche d’être une réelle menace pour le titre ou pour la victoire même (aujourd’hui le souci est identique, mais RCR n’est plus réellement la grosse team d’avant). Pour les 40 ans de la naissance de la structure basée à Welcome (Caroline du Nord) en 2009, il faudrait frapper fort !
Celle-ci sort d’une belle saison 2008, avec les trois voitures engagées qui réussissent à accéder au Chase, les playoffs qui permettent au 12 pilotes les mieux classés (à l’époque) de se battre pour le titre lors des dix dernières courses de l’année. A défaut de voir l’un des trois pilotes de la RCR atteindre la gloire, ces derniers s’en sortent bien au classement final : 4e, 5e et 6e, avantage Harvick.
L’année suivante verra plusieurs nouveautés au sein de l’équipe : une quatrième voiture sera engagée à plein-temps : la numéro 33. Celle-ci se contentait alors de faire quelques apparitions par-ci par-là avec divers pilotes, que ça soit des vétérans ou des jeunes qui roulent pour RCR dans les divisions inférieures. Childress veut réellement titiller la Hendrick Motorsports (qui engage également 4 voitures) ou la Roush-Fenway Racing (5 voitures depuis 2005 !).
Comme toujours, l’équipe reste fidèle à Chevrolet et fabrique elle-même ses propres châssis et moteurs (en fait, via l’entité Earnhardt-Childress, crée en 2007). Mais faire rouler 4 voitures durant les 36 courses du championnat NASCAR Sprint Cup demande des ressources, tant humains que financiers, ce qui n’affecte pas trop RCR malgré la crise économique fin-2008, et voici pourquoi.
L’engagement full-time de cette quatrième voiture est dû à l’arrivée de la compagnie agroalimentaire General Mills (qui détient ou a créé Cheerios, Haegen Dazs, Nature Valley ou Yoplait, entre autres). Il est un temps annoncé que le champion 2000, Bobby Labonte conduirait la 33, mais ce dernier signera pour une autre structure. Au final, ce sera un pilote qui est déjà présent au sein de l’équipe qui prendra le volant de la nouvelle « équipe » : Clint Bowyer.
Présent dans l’équipe depuis plus de 5 ans (d’abord en Busch Series, ou Nationwide et enfin, Xfinity maintenant, la seconde division en somme), il a connu une belle année 2008 où il s’est montré constant en Cup (5e, une victoire) tout au long de la saison (plus durant le Chase) et a remporté le titre en Nationwide Series. Après deux saisons dans la 07, le voilà dans la 33 avec comme sponsor principal Cheerios et en compagnie d’un nouveau chef-mécano (crew-chief) : Shane Wilson.
La 07, sponsorisée par le fabriquant de whisky Jack Daniel’s (d’où le numéro de la voiture) justement, accueillera un ancien pensionnaire de la Hendrick Motorsports en la personne de Casey Mears. Après deux saisons passables, le voilà à nouveau dans une équipe capable de jouer la gagne, à lui d’enfin décoller pour de bon…Son crew-chief sera un habitué de l’équipe, Gil Martin.
La 31 est une nouvelle fois aux mains du vétéran Jeff Burton. Toujours aussi solide (6e, 2 victoires en 2008), il aura un nouveau sponsor avec Caterpillar à la place d’AT&T. Comme les autres années, Scott Miller est son crew-chief.
Enfin, la 29 sponsorisée par Shell et Pennzoil depuis 2007 est confiée au bouillant Kevin Harvick, peut-être le pilote de pointe du team (4e en 2008 malgré aucune victoire). Assisté de Todd Berrier en tant que crew-chief depuis 2003, atteindra-t-il le graal ultime ?
De nouveaux sponsors, des pilotes ultra-solides, une team toujours présente dans ce championnat…Sur le papier, le 40e anniversaire de la RCR s’annonce intéressant. Pendant ce temps, les essais privés se déroulant dans les circuits/ovales inscrits au calendrier d’une série de la NASCAR sont désormais proscrites pour des raisons économiques. On verra peu après, mais ceci impactera quelque peu l’équipe.
La saison débute très bien avec la victoire d’Harvick lors du Budweiser Shootout à Daytona (une semaine avant l’ouverture de la saison avec les Daytona 500, qui réunit une vingtaine de voitures) hors-championnat, puis par deux voitures qui entrent dans le top-5 lors du Daytona 500 (Harvick 2e qui pouvait surement gagner si la pluie n’avait pas mis un terme à l’épreuve, Bowyer 4e). Ensuite ? Une victoire manquée de peu pour la 33 à Las Vegas où il menait la fin de course avant que Kyle Busch passa par là. Après ça, quelques top-10…et c’est à peu près tout.
Les RCR peinent globalement en course, malgré les efforts de Bowyer et de Jeff Burton, les 4 voitures manquent pour ainsi dire, de vitesse face aux cadors. Oui, leurs qualifications sont toujours médiocres dans l’ensemble, mais c’était une constante chez RCR tant on aimait bien tout mettre dans les réglages course (et parfois jouer les opportunistes quand l’occasion est présente), ici ce point n’arrive pas réellement à être compensé le lendemain.
En avril et juste après 10 courses, Kevin Harvick et Casey Mears, en difficulté depuis le début de saison, échangent leurs crew-chief. La situation ne s’améliore que légèrement et l’équipe connait parfois de solides courses sans et des passages à vide (et de temps en temps pas aidés pas les incidents en course), comme lors de l’épreuve sur l’oval de Michigan en juin où les pilotes peinent à se battre pour le top-20 ! A ce stade, Harvick stagnait à la 26e place au classement général ! Seule la 33 réalise des performances constantes et intéressantes.
Le milieu de l’été sera chaotique pour toute l’équipe, hormis une 6e place à Indianapolis signé Harvick ou une 3e place à Pocono de Bowyer, la RCR continue sur la médiocrité coté performances , parfois subit la poisse (comme Jeff Burton à Watkins-Glen) et subit quelques heurts en coulisses. D’abord des rumeurs couraient que General Motors (Chevrolet) arrêterait tout soutien, même petit, en raison de la situation économique délicate à cette période, ce qui aurait mécontenté Childress qui se trouverait (comme d’autres) affecté par cette décision et pourrait réduire le nombre de voitures engagées pour 2010 (seulement deux selon certaines sources…). Assez vite, ce dernier a tenté de poursuivre GM pour non-respect des engagements, même si au final rien ne s’est véritablement passé et que les deux parties continuent toujours de collaborer.
L’autre histoire concerne Kevin Harvick. Mécontent de cette saison (la preuve ici) et lassé après dix saisons chez RCR, le natif de Bakersfield cherche à quitter l’équipe (son contrat se termine en 2010) et aurait des vues sur la Hendrick Motorsports ou la Stewart-Haas Racing ( !). Tout ceci constitue en quelque sorte, la grande interrogation de l’été. Au final, Harvick restera dans la 29 l’an prochain.
Parallèlement à ceci, Richard Childress tape du poing sur la table et réorganise son équipe coté management pour la fin de saison. De plus, il semble que les châssis construits par RCR ne sont pas aussi compétitifs face aux Hendrick notamment. Une petite réorganisation là-dedans et l’équipe peut espérer viser mieux pour la fin de saison, à défaut de voir ses quatre voitures qualifiées dans le Chase et donc, de permettre à un des pilotes d’être potentiellement titré.
Et en effet, dès la fin du mois d’aout, les résultats s’améliorent progressivement, même si cela ne se traduit pas forcément dans le classement. Les deux dernières courses verront toutes les voitures de la RCR signer de jolies performances, notamment de la part de Burton et d’Harvick. Au moins, pendant que Jimmie Johnson signe un quatrième titre d’affilé, l’équipe termine la saison 2009 sur une note positive, avec par exemple les quatre voitures bien classés lors de l'ultime course de la saison, à Homestead-Miami (dont deux dans le top-5). Notons également qu’il y’a encore eu un turnover coté crew-chief lors des ultimes manches : Mears reçoit Doug Randolph à la place de Todd Berrier (il aura changé de pilote à trois reprises donc) qui lui, sera avec Jeff Burton tandis que Scott Miller est promu directeur de la compétition du team.
Aucune des 4 voitures qualifiées pour le Chase, aucune victoire (une première depuis 2004), une poignée de top-5…le 40e anniversaire de la RCR n’était pas brillant. Des performances trop irrégulières, voire mauvaises au regard du standing de l’équipe, quelques tracas en été, des soucis avec les châssis qui ont été résolus tardivement et enfin, on peut également ajouter que l’ajout d’une quatrième voiture full-time n’a pas du tout aidé RCR dans un contexte économique délicat : avec la crise, les sponsors commencent à réduire la voilure sur les investissements sur une voiture de NASCAR.
D’ailleurs, Jack Daniel’s cesse de sponsoriser l’équipe et quitte le monde de la NASCAR. Faute d’autres partenaires majeurs, la 07 disparaitra des écrans en 2010, de même pour Casey Mears après ceci. Malgré des progrès en fin d’année, il aura subi la méforme de l’équipe pour sa seule saison chez RCR (et changer à deux reprises de crew-chief n’a pas aidé non plus). Idem chez Jeff Burton (enfin, surtout en milieu d’année malgré quelques courses plus qu’intéressantes) et Kevin Harvick, encore que ce dernier fût encore plus en difficulté durant une bonne partie de la saison.
Seul Bowyer a réalisé une saison solide de la première à la dernière épreuve, pas suffisant néanmoins pour accéder au Chase.
RCR retournera donc à trois voitures pour la saison suivante. Au moins la stabilité est de mise coté équipage puisqu’hormis Mears, les 3 autres conserveront leur volant.
Résultats par pilote:
Clint Bowyer: 15e, 5 top-5, 16 top-10
Jeff Burton: 17e, 5 top-5, 10 top-10
Kevin Harvick: 19e 5 top-5, 9 top-10
Casey Mears: 21e, 4 top-10.
K.N