L’Asian le Mans Series (ALMS, ou AsLMS) est une série d’endurance désormais bien implantée depuis dix ans et qui est régie par l’Automobile Club de l’Ouest. C’est également un championnat qui se déroule en plein hiver chez nous, permettant à certaines équipes venues d’Europe de s’offrir des tours d’échauffement sur les tracés de l’autre coté du continent tout en espérant récupérer une place chauffée pour la prochaine édition des 24 heures du Mans. Car oui, les champions de chaque catégorie (sauf en LMP3 depuis la saison 2023-2024) obtiennent automatiquement une invitation dans la Sarthe. Pas étonnant donc que la raison de certaines équipes est de décrocher le titre et obtenir le jackpot. Et sinon, qu’en est t-il de la présence des équipes asiatiques dans cette série ? Eh bien…il suffit juste de compter sur les doigts d’une main pour constater leur petite présence, notamment dans la catégorie GT3.
Durant la saison 2021, une structure allemande débarque en AsLMS avec deux Ferrari 488 GT3. L’une finit troisième au classement final de la catégorie GT et l’autre remporte la sous-catégorie des Am. Cette équipe allemande est connue parmi les spécialistes depuis une dizaine d’années grâce à sa présence en GT World Challenge ou aux 24h du Nurburgring. Puis, elle étend son programme à partir de 2020 en se lançant en Michelin le Mans Cup avec deux Duqueine D08 LMP3. Ensuite, ça s’étoffera encore plus à partir de 2022 en participant à l’European Le Mans Series, d’abord en GTE la première année, puis en LMP3 par la suite. Le nom de cette structure ? Rinaldi Racing.
Désormais activement présente en MLMC et en ELMS (en plus du GT World Challenge), le Rinaldi Racing est une des teams qui font bonne figure au sein de la catégorie LMP3. Mais il y’a également de leur part, cette capacité quasi-régulière à jeter par la fenêtre les grosses occasions de bon résultat, la faute à pas de chance ou à eux-mêmes (la concurrence n’est pas tendre également…), ce qui les empêche de viser bien plus haut.
Bref, revenons un peu en arrière. Après un hiver 2021 plus que satisfaisant pour l’équipe de Michele Rinaldi, avec une invitation aux 24h du Mans pour juin, on revient en AsLMS l’hiver suivant, cette-fois en LMP3, en partenariat avec le Wochenspiegel Team Monschau (WTM). Aujourd’hui encore, l’association entre ces deux entités existe encore. Après un podium et une troisième place finale parmi les LMP3, le WTM-Rinaldi Racing remet le couvert pour le prochain hiver. Cette-fois, les ambitions seront revues à la hausse.
Pour la saison 2022 d’Asian le Mans Series, ce sera deux Duqueine D08 LMP3 qui seront engagées à toutes les épreuves. Pour les pilotes, le règlement exige qu’il y’ait au moins un classé « bronze », c’est-à-dire un minimum un gentleman-driver par équipage. Le premier proto engagé sous la bannière WTM-Rinaldi, la #11, est composé du solide « bronze » Torsten Kratz et est accompagné de deux jeunes « silver » au potentiel intéressant avec Leonard Weiss et Nico Varrone. Le trio connait déjà bien la voiture et l’équipe lorsqu’ils couraient en ELMS.
La seconde Duqueine, portant le numéro 55 et engagée sous le seul nom de Rinaldi, accueille un trio inédit, avec le pilote et promoteur immobilier Matthias Luethen et deux autres jeunes pilotes avec Lorcan Hanafin (issu du GT) et Jonas Ried (qui était en F4).
Sur le papier, les deux équipages sont plutôt performants et prometteurs. Parmi la concurrence, on ne compte pas moins de treize autres LMP3 pour cette série hivernale (nouveau record) ! Et la qualité des équipages monte également d’un cran. Que ça soit chez Cool Racing, Intereuropol Competition, Graff, MV2S Racing, DKR Engineering, CD Sport, 360 Racing ou encore Nielsen Racing (aucune team venue d’Asie pour l’histoire…), on chercher à gagner à tout prix une invitation pour l’édition du centenaire de la naissance des 24h du Mans ! L’édition 2023 de l’AsLMS sera d’ailleurs la dernière fois ou une invitation sera attribuée au champion de la catégorie LMP3. Notons que WTM-Rinaldi est l’une des très rares équipes (avec DKR) à utiliser les châssis Duqueine, contrairement à la majorité qui fait confiance à Ligier.
Le calendrier de cette saison est très simple. Comme en 2021 et en 2022, on se limite aux tracés du Moyen-Orient : Dubai et Abu Dhabi, avec deux épreuves de quatre heures pour chaque localisation.
Les essais libres et de qualification à Dubai montrent que les Duqueine du team allemand se débrouillent très bien sur un tour. Les pilotes bronze, chargés d’effectuer la qualif’ (obligatoire), font un travail parfait et sont parmi les meilleurs bronzes du lot. Dans les deux courses, la #11 s’élançait en pole de sa catégorie et menait le peloton de sa classe au début de la première manche, jusqu’à ce que la voiture tombe en panne de boite et rend les armes. Plus en retrait, la #55 finit quatrième en LMP3 (12e au général).
Le scénario sera inversé pour la deuxième course de Dubai. C’est au tour de la #55 alors pilotée par Jonas Ried qui tombe en panne à mi-épreuve, problèmes électriques. Stoppé sur la piste, le jeune allemand n’arrivera pas à rejoindre les stands. Pour la #11, on prend le même rythme que le jour précédent. Mais il va falloir s’incliner face aux faits de courses et à la concurrence, la quatrième position finale de classe est une maigre consolation pour ce trio qui s’est montré rapide durant tout le meeting…
Peut-être que le voyage à Abu Dhabi apportera plus de chance à l’équipe. En tout cas, on continue de ne pas baisser les bras dans l’équipe allemande et Kratz réalise une nouvelle fois le meilleur temps parmi les LMP3 en qualifications, permettant à la #11 de placer la Duqueine devant tous les autres adversaires sur la grille de départ sur les quatre épreuves de la saison…et même devancer les deux Oreca LMP2 du United Autosports à cette occasion !
Comme à Dubai, la #11 démarre l’épreuve aux avant-postes et menait sa catégorie pendant un petit moment, au point même de mener carrément l’épreuve pendant quelques boucles au gré des ravitaillements et des neutralisations. Si la Duqueine du WTM-Rinaldi doit finalement s’incliner face aux Ligier du Nielsen Racing et de chez MV2S, elle sauve la médaille de bronze, non sans s’être également emmêlé les pinceaux en ce qui concerne la gestion des relais pour les pilotes (ce qui a causé sa perte pour la gagne). Au moins, et même si le titre est désormais hors de portée, ce podium combiné au meilleur temps au tour de Varrone en course (parmi les autres protos de sa classe) prouve qu’il faudra compter sur cet équipage pour la dernière épreuve.
Malheureusement, cette deuxième manche à Abu Dhabi et ultime épreuve de la saison 2023 d’AsLMS aura des allures de course d’enfer au sein de la structure basée à Mendig. Le premier tour commence à peine que Torsten Kratz, alors intercalé entre les deux LMP2 du United, se fait toucher par l’une d’elles, pilotée par Yasser Shahin. Suspension à l’arrière endommagée, la partie est déjà terminée pour la #11. Une heure et demie plus-tard, c’est au tour de la #55 de connaitre le même sort. Alors en bataille avec la Ligier du Graff Racing pilotée par Bélen Garcia. La pilote espagnole se fait quelque peu tasser par Matthias Luethen et part en tête à queue, percutant également le pilote allemand qui tentait de l’éviter. Proto trop endommagé, c’est également terminé pour la #55 qui avait déjà renoncé dans la manche précédente après avoir perdu une roue. Si on refait les comptes, cette voiture a abandonnée à trois reprises, soit à 75% des épreuves de la série. C’est ce qui s’appelle une finale manquée.
Au classement général, la #11 termine cinquième avec un podium et 31 points marqués tandis que la voiture-sœur est onzième avec douze points. On peut dire que ce fut une grosse occasion manquée de se mêler au titre et de gagner une invitation aux 24h du Mans pour cette équipe. Ce sera d’ailleurs la dernière fois que le Rinaldi Racing (avec WTM) s’engage en AsLMS.
Liens/sources:
Endurance-Info
France Racing, articles sur l'AsLMS et leur résumé
Racingsportscars
Asian le Mans Series
"B-Pillar" de chaque épreuve du calendrier
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