Courses d'enfer, courses d'enfer...le terme est plus qu'exagéré. Il n'empêche que la seconde manche de la Saleen 1 Cup en 2019 était à la fois étrange et marrante...C'est le sujet de cet article un peu spécial.
Petit constructeur et préparateur américain crée par un pilote, Saleen est un nom plutôt familier pour les amateurs d’automobile et de compétition avec notamment les Mustang modifiées ou encore la fameuse S7 et son look d’enfer.
Après une longue période creuse durant la décennie 2010 en ce qui concerne le programme sportif, Saleen nous surprend agréablement au cours de l’automne 2018 quand celle-ci compte lancer une course monomarque avec sa toute nouvelle création : la 1, parfois nommée S1 tout simplement.
Avec cette sympathique machine dotée d’un moteur 2,5l venant de chez General Motors (mais profondément modifiée par Saleen) et installé en position central-arrière, la S1 compte bien viser à terme les championnats réservés aux GT4 et aux GT3 (sans compter des envies de la marque de s’installer en Chine). Mais d’abord, on va commencer doucement avec cette série réservée à cette voiture pour la saison 2019 et qui se déroulera en lever de rideau du Blancpain GT Challenge America, championnat géré par la Stéphane Ratel Organisation (SRO) depuis cette même année. Cinq meetings sont au programme et le tout est divisé en deux courses de 50 minutes.
La Saleen S1 Cup sera disponible tant pour les gentlemen-drivers que pour les jeunes pilotes en quête de volant. Bien sûr, la plupart des pilotes restent des no-name, mais il y’a malgré tout quelques-uns qui ont une certaine expérience dans la compétition automobile comme Bryce Miller ou Brandon Davis. On annonce 20 voitures inscrites, même si le chiffre est en réalité moins élevé pour le début de la saison. Voila de quoi s’amuser un peu pour ces derniers et pour Saleen qui cherche un peu de pub pour promouvoir sa S1, pour le moment pas encore produite en série.
Le championnat doit débuter début-juin sur le circuit de Sonoma…pour au final être reporté à plus-tard. Pourquoi ? Selon Saleen, il y’a un souci concernant l’importation des pièces et composants mécaniques (une partie vient de Chine) nécessaires à la construction des S1. Pour les concurrents inscrits, il va falloir patienter encore un peu, la première épreuve se déroulera finalement sur le circuit de Portland le mois suivant, en marge des courses de TCR et du GT4 America.
Avec seulement six voitures du départ, surement les voitures qui étaient 100% opérationnelles pour courir à ce moment-là, la course était un peu tristounette, d’autant que le niveau était assez hétérogène coté pilotage, mais ça, ce n’est pas une grande surprise dans ce type de compétitions. Non, il y’a déjà un problème dans ce championnat : c’est que les S1 n’est pas fiable, que ça soit la boite, le moteur ou les accessoires périphériques, tout n’a pas été suffisamment bien développé. Seules 3 voitures ont vu l’arrivée lors de cette première (bon, deux se sont accrochés dès le premier virage pour être honnête)
Passé ce tout premier meeting à Portland (une seule course, pour diverses raisons), la S1 Cup revient au tout début du moins de septembre sur le tracé de Watkins-Glen.
Le plateau est un peu plus étendu qu’à Portland avec 11 S1 engagées pour ce meeting. Et cette-fois, il y’aura bel et bien deux courses de 50 minutes au programme du weekend. Cela dit, ce voyage dans l’Etat de New-York sera le théâtre d’un des weekends les plus bizarres qu’on ait vu pour un championnat de sport-auto…
Pour la première course, toutes les voitures répondent présentes au démarrage, sauf deux qui ont déclaré forfait avant le départ. Les dix Saleen S1 font leur tour de chauffe et la course démarre… ou pas : bien que le timer est enclenché, signifiant officiellement le début de l’épreuve, la voiture de sécurité est toujours la et les machines font un nouveau tour de chauffe. Après quatre minutes de course (donc, 46 minutes avant la fin), le drapeau vert est agité !
Le premier virage à droite n’est même pas entamé que cinq voitures s’emmêlent les pinceaux dans le peloton. La S1 blanche à la livrée « Martini » (sans le nom), celle pilotée par Paul Terry, part en tête à queue. Il n’ira pas plus loin…
Deux minutes plus-tard, une des voitures impliquées dans l’incident, la #5 aux couleurs « Marlboro » de Bryce Miller, voit sa lunette arrière s’envoler vers le ciel, le débris est hors-trajectoire, aucun danger. Dans le même temps, une autre voiture impliquée dans ce même incident s’arrête aux stands avec une machine passablement endommagée. Plus que 8…
Après ceci, la course devient plus limpide, Brandon Davis mène la course sans être réellement inquiété. Mais après plus de 27 minutes d’épreuve, une voiture est à l’arrêt dans l’Outer Loop: c’est la 36 de Mark Pombo avec la vraie-fausse livrée Castrol qui a durement tapé dans le mur de pneus. La voiture de sécurité intervient.
Passé la demi-heure, les voitures font leur arrêt obligatoire, le temps de faire quelques réparations express ou de changer de pilote (certains roulent seul, un temps minimal est imposé durant l’arrêt). La course reprend après ceci, pas grand-chose à dire, mais cinq minutes après, une voiture est en difficulté : c’est le leader de la course, Brandon Davis (livrée hommage à Sunoco, en bleue) qui est au ralenti ! Et ce n’est pas fini alors 3e, Carter Fartuch (#18, livrée gris-noir) est au ralenti au tour suivant. Et ce n’est pas fini : une minute plus-tard, c’est au tour de Bryce Miller (celui qui avait perdu la lunette arrière) qui connaitra le même sort alors qu’il était second. Combien il y’aura-t-il de survivants à l’issue de cette première course sur ce tracé ?
Au final, et pendant que Miller est arrêté sur la piste, les officiels brandissent le drapeau à damier…après un peu plus de 39 minutes de course ! Non ce n’est pas une erreur : la course 1 de Watkins-Glen s’est terminée onze minutes plus tôt que prévu. Pas de réelles explications concernant ceci, d’autant qu’il n’y a pas de retard au sujet d’une autre course se déroulant sur le même circuit un peu plus-tard. Peut-être qu’ils ont préféré tout arrêter pour éviter que personne n'arrivera à finir la course...
C’est Eric Powell qui a remporté la course, devant Austin Riley et Martina Kwan. Ce sont d’ailleurs les seuls pilotes à franchir la ligne d’arrivée sans aucun souci.
Si vous pensez que cette première course n’était déjà pas assez confuse, la seconde sera du même acabit…
Sur les dix au départ, on perd déjà Bryce Miller durant les tours de formation (comme à la veille, le drapeau vert est déployé alors que la voiture de sécurité est toujours la), il s’arrête aux stands pour vérifier le problème…et repart aussitôt. Surement une panne bégnine…
Le premier véritable tour commence à la quatrième minute de course. Celui-ci n’est même pas terminé que la 18 de Carter Fartruch est au ralenti. Dans le même temps, Miller revient aux pits pour un autre souci : les mécanos vérifient ce qui cloche du coté du moteur, ce n’est pas bon signe…
Plus de deux minutes après, Fartruch parvient enfin à regagner les stands, mais c’est fini pour lui, de même pour Miller.
Pendant ce temps, Brandon Davis mène la course et crée un écart assez conséquent entre lui et ses adversaires. On peut toujours admirer les livrées des autres Saleen dans le peloton pendant ce temps et à observer le duel entre celle rendant hommage aux couleurs Lotus JPS et de l’autre, représentant à peu près Gulf.
10e minute de course : Fartruch sort des stands. Va-t-il à nouveau rencontrer des problèmes ? Pour l’instant non car c’est une autre Saleen qui est en difficultés peu avant l’Inner-Loop (la chicane dans la première moitié du circuit) : c’est la 19 de Cameron Lawrence. Ca semble être foutu pour lui alors que Bryce Miller revient dans la course contre toute attente malgré ses 5 tours de retard. On commence un peu à être paumés en à peine 15 minutes d’épreuve…
Pendant que Lawrence met pied à terre, une autre voiture est en rade, la 12 d’Austin Riley (livrée Lotus JPS)…Mais on s’en fiche car Brandon Davis atomise la concurrence et rattrape déjà une voiture (qui n’a aucun souci, c’est juste que le pilote est un ton en dessous en termes de vélocité). Finalement, Riley est arrêté sur la piste et la voiture de sécurité intervient…
C’est à ce moment la que les pilotes en profitent pour effectuer leur arrêt obligatoire aux stands…Cela dit, les arrêts vont durer une éternité, pas de changement de pilote pour les voitures restantes ni même un quelconque ravitaillement ou autre changement de pneus. Non, on attend juste et on discute tranquillou avec les ingénieurs. L’arrêt a duré en moyenne deux minutes ( !). Pendant ce temps, Bryce Miller semble définitivement jeter l’éponge, ou pas.
Alors qu’il reste encore 20 minutes de course, la 18 de Fartruch est à l’arrêt. L’abandon est immédiat (il était temps...) vu que la dépanneuse intervient…
Il faudra encore attendre trois minutes pour voir la course enfin relancée. Brandon Davis prend le large une fois encore. Mais un tour plus-tard, la 2 de Bryce Miller, qui est une fois encore revenu pour la piste pour on ne sait quelles raisons, est à l’arrêt dans les ultimes sections du tracé. Pas de drapeau jaune car on s’en fout visiblement que la S1 à la livrée Marlboro est assez proche de la trajectoire des autres pilotes et la course continue comme si de rien n’était. Il n’y a d’ailleurs pas grand-chose à dire sur les cinq dernières minutes de course si ce n’est qu’une autre S1 est au ralenti, celle de Hannah Zellers, sur la piste…mais on va dire que c’est la routine habituelle…
20e et dernier tour : Brandon Davis s’impose sans trembler à l’issue de cette seconde course à Watkins-Glen. Il aura collé plus de 30 secondes à ses poursuivants en l'espace de 20 minutes pour l’histoire. Notons également que le drapeau à damier à été présenté…alors qu’il restait encore une minute et quinze secondes avant le terme de l’épreuve. Il y’avait pourtant de quoi faire un tour supplémentaire…
Quatre voitures ont vu l’arrivée à l’issue de la course, soit 40% des voitures au départ, ce n’est pas exceptionnel mais c’est franchement pas mal au regard des problèmes connus sur la Saleen S1…
Voila, c’était la seconde manche de la Saleen 1 Cup à Watkins-Glen, peut-être l’un des meetings les plus étranges, mais aussi les plus marrantes que l’on ait pu voir ces dernières années. Le championnat continue à Road America et à Las Vegas, avec un nombre croissant d’engagés…mais toujours avec une fiabilité problématique et quelques histoires intéressantes : la deuxième course de Road America a été annulée car les S1 n’étaient pas équipées d’essuie-glaces (alors que les conditions étaient pluvieuses) !
La Saleen S1 Cup continuera pour la saison 2020, toujours en complément du Blancpain SRO GT Challenge America. Cette-fois, le calendrier est étendu et on s’attend à plus de voitures engagées…Sauf que peu de temps avant le début de cette série en mars, tout est annulé ! Ce n’est pas parce qu’il y’a un nombre insuffisant d’engagés ou autre chose. Non, Saleen veut juste concentrer ses ressources sur la version GT4 (qui a déjà fait ses premiers tours de roue à cette période en SRO Winter Series, mais quelques soucis d’homologation se mêlent également). La marque a besoin de développer et de trouver des partenaires potentiels pour promouvoir cette voiture dans les divers championnats réservés aux GT4 dans le monde.
Toutefois, depuis que le Covid est passé par là, les projets de Saleen restent flous. On sait visiblement que la S1 GT4 est toujours développée (il y’en a une qui court actuellement en GT4 Challenge America), mais quid en ce qui concerne ses projets futurs…
Liens/ sources:
Endurance Info
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Saleen
K.N
Si ça te tente, jette un oeil à la Racetruck Series que Saleen a gagné comme pilote, c'est du même tonneau, les voitures étaient si rapide que Jeff Krosnoff réussi à tourné un reportage photo durant une course.
Merci, je ne connaissait de Saleen que la S7 dans les jeux vidéo...