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  • Photo du rédacteurGoodstone

Sponsors et investisseurs, je vous déteste !



Depuis près de 50 ans, le sponsoring touche le sport-automobile. Cela permet à une équipe d’obtenir davantage de moyens et de revenus afin de survivre dans ce monde. Même chose concernant l’arrivée des mécènes ou d’investisseurs potentiellement intéressés par cette discipline. Toutefois, certains se seront également source de cauchemar ou de galère pour les équipes concernées. Dans cet article express quelque peu particulier, nous allons voir deux exemples de sponsors ou d’investisseurs qui ont laissé « leurs » team dans une sacrée panade.


Joachim Luthi – Formule 1


Fin 1988, l’écurie Brabham renaît de ses cendres après s’être retirée des circuits fin 1987. Tout ceci est dû à plusieurs personnes : Peter Windsor,Walter Brun, le golfeur Greg Norman et le businessman suisse Joachim Luthi, dirigeant d’une firme d’investissement nommé Adiuva Finance et co-actionnaire de Kingside Establishment, une société basée au Liechtenstein. Ils reprennent l’écurie, brièvement détenue par Alfa-Romeo, mais Brun, alors déjà directeur d’une autre équipe de F1, ne sera pas de l’aventure. Idem pour Windsor et Norman qui, premier couac, se retournent contre Luthi et intentent un procès contre lui pour irrégularités financières, pour l’instant classé sans suite…


Photo OldRacingCars

Retournons à Brabham, Luthi investit pas mal afin de rendre cette équipe compétitive. Pour cela, les talentueux Martin Brundle et Stefano Modena sont engagés en tant que pilote, Sergio Rinland est chargé de la conception de la monoplace appelée BT58 à moteur Judd.

Le début de saison 1989 s’annonce fascinante : moteur atmosphérique imposée, 20 équipes engagées, séance de préqualifications, etc.


L’optimisme est de mise chez Brabham, malgré le fait qu’elle doit passer par cette fameuse séance de préqualifs’ (n’ayant pas participé en 1988, elle est considérée comme « nouvelle écurie »). D’ailleurs, elle franchit aisément cette séance du Vendredi matin et, mieux, se bat dans le milieu de peloton. Une troisième place à Monaco signée Modena viendra récompenser les efforts du team




Sauf que fin Août, peu avant le GP de Belgique, on apprend que Luthi est arrêté par la justice suisse pour escroquerie et fraude. Le montant révélé varie selon les sources : entre 100 et 130 millions de dollars. Encore mieux : certains membres de l’équipe se plaignent de ne pas toucher de salaire depuis le début de l’année ! Bref, Luthi passera par la case justice sans être passé par la prison, mais sa société Adiuva Finance est liquidée et perdra presque tout, bien qu’il détienne toujours l’équipe Brabham en F1.


Durant l’hiver, Brabham est dans la mouise : plus d’argent, plus d’investisseur. Encore mieux : ce sera un gros bordel durant cette saison : Départ de Rinland et de Brundle (ce dernier n’a pas perçu son salaire), Windsor colle toujours un procès contre Luthi pour les mêmes raisons évoquées en début de partie, et ce n’est pas fini…


Brabham F1 en 1989, ou l'histoire d'un rachat qui commence bien, mais qui se termine en eau de boudin (photo F1-History)


Janvier 1990, le groupe japonais Middlebridge veulent racheter l’équipe pour la faire courir pour cette année-là, toujours sous le nom Brabham, avec le discret soutien de…Peter Windsor. Mike Earle, ancien fondateur du team Onyx qui débuta en F1 en 1989, ainsi que son associé Jo Chamberlain sont nommés directeurs de l’équipe…avant de partir une semaine plus tard. En fait, c’est Luthi (toujours propriétaire de Brabham) qui a bloqué le rachat de Middlebrige et remercié Earle ainsi que Chamberlain. Le groupe japonais tente une seconde fois de racheter l’équipe début Mars, sans succès. C’est ainsi que Brabham débute la saison 1990 de F1 dans la plus grande confusion, et Middlebridge a cette fois, définitivement rachetée l’équipe en début de Printemps (les infos sont floues et variables selon les sources)…


Rachat tardif, quelques sponsors nippons et une nouvelle voiture qui n'en est pas vraiment une: voici l'équipe Brabham en 1990 (photo Eric O.)

Quant à Luthi, alors exilé aux USA, il refait parler de lui début 1991 quand Peter Windsor, alors team manager chez Williams à ce moment, a été kidnappé pendant quelques heures près de Didcot, il semblerait que Luthi serait le commanditaire de ceci, pour des raisons assez floues. Cela daterait du moment où Windsor s’est retourné contre le businessman suisse début 1989. Et probablement pour l’inciter à renoncer les poursuites contre Luthi, ce dernier aurait intimidé Windsor. Plus de détails ici si vous maîtrisez l’anglais :



Luthi ne fera de la prison qu’en 1995, quelques temps après, il aurait fondé une compagnie minière aux USA.



Stacker 2 – NASCAR


Photo Motorsport.com


Passons dans le monde de la NASCAR, ou, là aussi, on a droit à pas mal de sponsors et de mécènes aussi mystérieux que fantaisistes. Stacker-2 correspond à des gélules crées par l’entreprise américaine pharmaceutique NVE. Ces gélules sont des stimulants à base de caféine et pour les sportifs…Enfin bref, parlons plutôt de sport-auto : Au début des années 2000, ce produit a, semble t’il, rencontré un gros succès, assez en tout cas pour investir pleinement dans le sport-auto.


En 2001, NVE (via les produits Stacker-2) sponsorise le pilote de NASCAR Kenny Wallace, qui a signé pour cette saison en Busch Series (la deuxième division en somme) pour le compte d’Innovative Motorsports, précisément sur une Chevrolet Monte-Carlo avec le numéro 48. Il gagnera deux courses pendant deux saisons avant de s’envoler en Cup (la division principale) chez le Bill Davis Racing. Stacker-2/ NVE l’accompagne et investit davantage en NASCAR : spots publicitaires avec K. Wallace, promotion de ses produits dans les pits, mieux encore : Stacker-2 devient le sponsor-titre de certaines courses en Busch Series. Enfin, NVE sponsorise quelques pilotes en Sprint-Car ou en Dirt Car, toujours en promouvant Stacker-2. On peut dire que NVE a les moyens de ses ambitions, surtout que le succès de leur produit ne faiblit pas…Ça tombe bien : toujours en 2003, Goen Technologies promut les pilules Trim-Spa, censé favoriser la perte de poids, en sponsirsant certaines voitures, courses etc.


Daytona 2004, Busch Series (Archives NASCAR)

On peut pratiquement dire qu’à cette période, il y’a comme une petite guéguerre entre compagnies pharmaceutiques à coup de sport publicitaire, de sponsor-titre d’une épreuve…Mais revenons à Stacker-2, ces derniers décident également de parrainer Patrick Racing en Indycar, avec notamment Al Unser Jr. A son volant. Toutefois, le deal, pourtant signé début 2004, a éclaté avant même d'avoir débuté, pour des raisons encore inconnues.


Le "duel" Stacker-2 vs TrimSpa a donné de belles livrées coté voiture!


Retour en NASCAR, toujours avec Kenny Wallace, qui, pour 2005, change d’équipe et de division et passe chez le PPC Racing (avec une Ford Taurus #22), un team très réputée en Busch Series et naturellement, Stacker-2 suit le pilote américain. A noter que Stacker-2 a perdu son statut de sponsor-titre dans les courses auxquelles il était impliqué .


Mexico-City 2005 (Photo Motorsport.com)

Après une première partie de saison assez discrète, le sponsor se retire subitement peu avant l’épreuve de Loudon et stoppe tout investissement dans le sport-auto ! Le motif est que la compagnie NVE perdait énormément de l’argent depuis le début de l’année et était sous le coup de plusieurs poursuites judiciaires pour fraude et publicité mensongère sur leurs produits ! NVE Pharmaceuticals sera déclarée en faillite en Septembre 2005. Laissant Wallace et son équipe sans sponsor pour Loudon, au point de retirer une de leurs deux voitures dans les semaines qui suivent, et PPC Racing ne sera plus jamais l'équipe dominante en Busch Series (même si d'autres facteurs expliquent son déclin). Idem pour les pilotes sponsorisés par Stacker-2 en Dirt track.


Loudon 2005, 16e manche de la NASCAR Busch Series, la Ford #22 de K. Wallace se retrouve sans sponsor ! (photo Reddit)

Pour avoir voulu promouvoir davantage leurs produits, on peut dire qu’ils ont eu les yeux plus gros que le ventre. Ironie du sort, son « concurrent » TrimSpa subira le même sort l’année suivante.



L’entreprise a renaît de ses cendres quelques mois après sa mise en faillite, et existe encore maintenant, tout comme les produits Stacker-2. Si vous êtes curieux ou intéressés, faites un tour sur leur portail. D'ailleurs, quelques uns de ces produits sont en vente également sur Amazon.



Ils se sont également mis aux boissons énergétiques, avec un emballage séduisant


C'est ainsi que ce termine ce bref article sur les sponsors et investisseurs aussi mystérieux qu'improbables (avec seulement deux exemples, les gens diront surement: "Mais, Goods', t'as rien fait!!"). Une suite à ce thème est bien sur, envisageable vu le nombre de cas similaires dans le sport-auto. Certains mériteraient même d'avoir un article particulier sur un sponsor/mécène précis tant il y'a des choses à dire!



K.N

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