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Photo du rédacteurGoodstone

Suzuki SX4 WRC

Après un parcours en JWRC, Suzuki s'attaque à la catégorie-reine du rallye, le WRC, à partir de 2007.



Lorsque Suzuki annonce son arrivée en WRC à partir de la seconde partie de la saison 2007 avec sa SX4 WRC présentée au salon de Genève en 2006, les fans de rallye accueillent cette venue avec un certain enthousiasme. Il faut dire qu’à cette période, le championnat du monde des rallyes enregistre plusieurs départs de constructeurs, à commencer par Peugeot, puis Mitsubishi et enfin Skoda. Citroën se retire temporairement pour développer la voiture qui succédera à la Xsara WRC. Il ne reste plus que Ford et Subaru qui sont représentées de manière officielle. Pour le reste, on a pas mal de WRC privées qui s’engageront dans plusieurs épreuves.


©Suzuki

Suzuki en rallye ? La marque nippone avait une certaine expérience de la discipline auparavant. Pour faire un tour dans le passé, les premiers engagements d’une Suzuki dans les rallyes majeurs démarrent à partir de 1986 lorsque le fantasque pilote Nobuhiro « Monster » Tajima pilote une des deux Cultus engagées à l’Olympus Rally (USA) cette année-là. Bien que majoritairement préparées dans sa propre structure, Tajima International (structure qui perdure encore maintenant), celles-ci sont également assistées par le constructeur lui-même. Ainsi, Tajima International devient Suzuki Sport, devenu en quelque sorte le département compétition de la marque japonaise.


Deux Suzuki Cultus sont engagées à l'Olympus Rally 1986 (©John Burrows)

Par la suite, les engagements se multiplient et en dehors de ses fameuses participations à Pikes Peak (featuring l’Escudo Pikes Peak ou d’autres machines ayant couru sur cette épreuve), Tajima roule essentiellement dans les épreuves d’Asie-Pacifique dans les années 1990, toujours à bord de la Cultus, puis d’une Swift à partir de 1991. Plus intéressant est que Suzuki et Tajima ont lancée à partir de 1996, une Baleno F2/Kit-Car…en version break ! Sa carrière fut plutôt brève et son succès limité.


La Baleno F2 (ici en Australie 1996) a surtout couru dans les épreuves asiatiques et pacifiques (©rallysportmag)

C’est en 2001 que Suzuki Sport s’investit sérieusement en rallye. L’Ignis S1600 débute en compétition cette même année et à partir de 2002, la structure nippone s’engage en Junior-WRC (division inférieure du WRC en somme). Avec cette voiture qui sera par la suite remplacée par la Swift S1600 à partir de 2005, les Suzuki se montrent plutôt performantes en JWRC. Per-Gunnar Anderson sera titré à deux reprises dans cette classe avec ces voitures. Bon, il faut également dire que Suzuki est le seul constructeur véritablement impliqué dans la division inférieure (à contre-courant de la philosophie de cette coupe…) et participait à pratiquement toutes les épreuves.


Avec l'Ignis S1600, Per-Gunnar Andersson sera titré en JWRC en 2004 ©?)



Cela a visiblement motivé Suzuki Sport, dirigé par Monster Tajima (enfin presque, il est le vice-président), à voir un peu plus haut…D’abord, faut trouver une base fixe en Europe car Suzuki Sport est un tiraillé entre le Japon, la Hongrie et les Pays-Bas. Ce sera en France, et plus précisément aux Essarts le Roi (Yvelines) que Suzuki Sport s’implantera pour son programme WRC (ca sera effectif à partie de fin-2006).


Et c’est ainsi que le projet de venir en WRC, en classe principale bien sûr, est né. Comme il a été mentionné au début de l’article, la SX4 WRC présentée au salon de Genève 2006 représentera la marque au championnat du monde. Comparée aux autres machines, celle-ci est plutôt originale. Il faut dire que la SX4 est de série (commercialisée de 2005 à 2013), un petit crossover compact à moitié SUV (et disponible également en berline 4-portes, mais qui n’existe pas chez nous) pouvant disposer de quatre roues motrices ou non. Pourquoi ce choix ? C’est l’une es plus grandes voitures de la gamme Suzuki à l’époque, à part ca…


Une voiture qui n'aura pas connu un grand succès dans nos contrées....

Comme toute WRC qui se respecte, la SX4 dispose d’une transmission intégrale et d’un moteur de 2 litres crachant près de 320 chevaux grâce à l’ajout du turbo venant de chez Garrett. La boite de vitesses séquentielle est composée de cinq vitesses, l’embrayage comprend comprend trois disques en carbone tandis que le poids de la machine est de 1230kg, comme sur toutes les autres WRC. Enfin, la voiture sera équipée de pneus BF Goodrich étant donné qu’il est le manufacturier pneumatique unique en WRC en 2007.


©Suzuki

Le développement sera continu tout au long de l’année 2006 en France. Les premiers essais commencent à partir de 2007 au Japon, puis en France (dans les Cévennes par exemple). En prime, l’équipe qui se nomme désormais Suzuki World Rally Team enregistre l’arrivée de l’ingénieur français Michel Nandan, lui-même impliquée dans le développement des Peugeot en WRC avec la 206 et la 307 CC. Voilà un renfort de poids pour la marque.



Plusieurs pilotes ont pu essayer la SX4 comme Nicolas Bernardi, Francois Duval ou encore Per-Gunnar Andersson. La voiture fera ses débuts officiels en compétition au Tour de Corse, 13e manche de la saison 2007 du championnat du monde.


Pour cette épreuve qui a eu lieu en octobre, Suzuki aligne une SX4 pour Nicolas Bernardi. Une chance unique pour le champion de France sur asphalte 2005 de trouver un volant intéressant après une année 2006 vierge de tout volant régulier. Avec une auto toute neuve, difficile toutefois de véritablement briller face aux Citroen C4, Ford Focus, Impreza officielles et à quelques autres WRC privées telles que les bonnes vieilles Xsara du team Kronos, une Skoda Fabia et des Focus version 2006.


Les choses ne se passent pas très bien d’entrée : durant le déverminage, trois moteurs auraient cassé ! Et le début du rallye va montrer les problèmes de la SX4. Certes, la machine est encore jeune, mais il y’a du boulot afin de rendre celle-ci compétitive. Le moteur est poussif, la répartition des masses n’est pas idéale, le comportement loin d’être parfait sur les surfaces goudronnées de ce rallye et son aéro est perfectible avec son profil de SUV/ Crossover (notons aussi que la SX4 WRC est la voiture la plus haute parmi le plateau WRC).


©Philippe Combey

Dès la fin de la première journée, Bernardi rencontre des soucis de transmission et de perte de puissance du moteur en plus de surchauffe. Ces soucis persistent pour la suite du rallye, mais parviendra à rejoindre l’arrivée de ce rallye de France à une lointaine 31e position. Ce sera l’unique rallye de Bernardi avec la Suzuki.


On reverra cette voiture plus d’un mois plus-tard pour l’ultime manche du WRC, en Grande-Bretagne et plus précisément aux Pays de Galles. Suzuki engage à cette occasion Sebastian Lindholm. Celui qui court essentiellement en Finlande (et qui a remporté le championnat local à de multiples reprises) connaitra lui-aussi des soucis de surchauffe moteur durant ce rallye disputé sur terre. Mais comme en Corse, la SX4 rejoindra l’arrivée, à une 27e place. Place maintenant à un programme complet en 2008…


Des galères, mais à l'arrivée aux Pays de Galles pour celui qui est le père d'Emil Lindholm et le cousin de Marcus Gronholm (©?)

Toutefois, le programme ne semble pas s’engager sur de bons rails pour la saison à venir. Michel Nandan quitte l’équipe après juste une année, le constructeur nippon, qui veut visiblement « japoniser » le staff technique, ne semble pas motivé à soutenir le programme en rallye puisque Suzuki World Rally Team dispose d’un budget plus que limité. Il faut dire également que le WRC prépare une nouvelle réglementation effective à partir de 2011 et pourquoi donc, dépenser énormément alors que ces WRC 2L se rapprochent de la fin ?


En attendant, deux voitures seront engagées avec deux nouveaux pilotes. Il s’agit du finlandais Toni Gardemeister et du suédois Per-Gunnar Andersson, qui connait bien l’équipe puisqu’il a remporté le JWRC en 2007 justement. Suzuki pourra compter sur un deux pilotes solides et très intéressants.


Et la SX4 WRC ? Eh bien, celle-ci n’a que très peu évoluée durant l’hiver sinon une nouvelle livrée et des améliorations sur le moteur. Hormis ceci, pas grand-chose…Manufacturier pneumatique unique cette saison, Pirelli fournit désormais toutes les WRC



Le début de saison sera chaotique, les SX4 rencontreront énormément de problèmes de fiabilité en plus du fait que ses performances sont décevantes en dépit d’une huitième place d’entrée pour Andersson au Monte-Carlo et une 7e en Suède de la part de Gardemeister (mais loin des autres WRC dans les deux cas…). Le moteur reste le point faible et causera l’abandon des pilotes à plusieurs reprises, comme par exemple au Mexique où les SX4 doivent renoncer tôt dans le rallye…


Plus problématique, les améliorations tardent à venir et le manque de moyens se fait ressentir. Il faudra attendre le milieu de l’été pour voir une version améliorée de la SX4 WRC (avec deux nouvelles voitures produites). La fiabilité a été améliorée, et la machine connait une petite cure d’amaigrissement.


Un début honorable au Monte-Carlo, et puis...

Et si la voiture manque toujours de compétitivité (surtout sur le bitume), les problèmes mécaniques sont désormais quasiment inexistants. L’équipe enregistrera son premier résultat significatif au rallye de Nouvelle-Zélande avec un joli tir groupé à la 6e et 7e place, avantage Andersson, certes loin derrière les autres, mais c’est plutôt encourageant.


©Suzuki

La même chose se produira au rallye du Japon, avec une position de mieux pour les deux pilotes. L’ultime épreuve de l’année, en Grande-Bretagne, voit le pilote suédois lutter un moment pour la troisième place ! Il terminera finalement cinquième après une belle prestation.


C’est sur une note positive que se conclut la saison 2008 pour Suzuki, qui termine cinquième (sur six) au classement des teams (il inclut également les structures privées qui ont fait la saison). Même si il y’a eu une amélioration, la SX4 WRC reste encore trop peu performante face aux Focus ou aux C4. Il va falloir travailler dur cet hiver pour ne pas décrocher. De toutes manières, il est trop tard pour repartir d’une feuille blanche étant donné le manque de moyens attribués à ce programme et le changement de réglementation à partir de 2011 comme mentionné au-dessus.


Si Andersson a brillé aux Pays de Galles 2008, Gardemeister (et son copilote Tomi Tuominen) n'a pas démérité également sur cette épreuve. Au rallye précédent, au Japon, il a meme remporté une spéciale...ex-aequo avec la Citroen de Dani Sordo (© Suzuki)


Ce ne sera pas un problème puisque Suzuki annonce tout simplement l’arrêt du programme en décembre 2008. Le constructeur nippon est touché par la crise économique et préfère tout simplement arrêter les frais. Vu le manque d’intérêt porté au programme WRC, pas sûr que certaines personnes à la tête de Suzuki savaient eux-mêmes que le Suzuki World Rally Team existait, de même s’ils connaissaient Monster Tajima. Fin de l’aventure Suzuki en WRC et de la SX4 dans le championnat du monde. La structure de Tajima elle, continuera d'exister cependant.


Cependant, on reverra ces machines à partir de 2010…en Barbarie. Ayant récupéré plusieurs SX4 WRC et l’équipement de l’équipe, une structure privée venant de cette ile des Caraïbes participera essentiellement au championnat de ce pays. Enfin, "privée" est un poil excessif puisque le programme est en partie soutenue par les concessionnaires Suzuki de la zone des Caraïbes. La voiture subira de profonds changements mécaniques, comme le moteur qui provient de la Mitsubishi Lancer !


PG Andersson n'aura pas démérité cette saison, mais Suzui partira fin-2008, tout comme Subaru. Il n'y a plus aucun constructeur japonais en WRC avant le retour de Toyota 2017 (©?)





Avec Sean Gill au volant, puis avec Neil Armstrong (rien à voir avec l’astronaute) à partir de 2013. La voiture courra régulièrement en accumulant les places d’honneur et ce, jusqu’à la fin de ce programme fin-2014. Elle refera une ultime apparition en 2015 avec la même équipe au rallye de Sol Barbados….avec Toni Gardemeister au volant !! Il terminera ce rallye à la quatrième place. Fin de l’histoire.


Fiche auto


Moteur: 4-cylindres en lignes de 1998 cc

Aspiration: turbocompressé

Implantation: à l'avant

Puissance: 320 chevaux à 4500 tr/min


Voiture: basée sur la SX4 de série

Boite de vitesses: séquentielle 5 vitesses

Transmission: intégrale, quatre-roues motrices

Poids: 1230kg

Dimensions: 4,135 m (L) x 1,7 m (l)

Pneumatiques: BF Goodrich, puis Pirelli


Comme Honda en F1, comme Subaru dans le meme temps, Suzuki quitte la compétition automobile fin-2008 sur fond de crise économique (ou presque) (©Lars Englund)


Liens/sources









Archives leblogauto, Caradisiac....



Avec une SX4 génétiquement modifiée, Neil Armstrong pilotera cette machine durant trois saisons, dans le championnat de rallye des Iles de Barbade (et un peu ailleurs). Ici au Sol Barbados 2013 (©Suzuki Caribbean)





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2 Comments


Victor Bellotto
Victor Bellotto
Feb 15, 2023

Bonsoir Goodstone.

Quel bonne surprise d'être tombé sur ton site. Je suis Victor, le créateur de World Rally Stories et à la lecture de cet article, je me dit que j'aurais du aller plus loin :D


Toujours est il que j'adore le concept, je dévore le site depuis quelques jours lorsque j'ai une pause et je suis impressionné par la culture et les connaissances sur un sujet aussi complexe que celui des projets/voitures oubliées. Car qui dit oubliée ou ratée, dit très peu d'informations.


Un beau travail de fouille, d'archive, de croisement de source et au bout une mine d'infos pour les passionnés. Bravo et merci pour cette fraicheur !


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Goodstone
Goodstone
Feb 16, 2023
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Bonjour Victor, merci beaucoup pour ce message et pour l'"aide" de World Rally Stories concernant l'article de la SX4.


En espérant que tous ces articles suffiront à satisfaire ton bonheur durant tes temps de pause ! Bonne journée.

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