Après une saison 2006 ratée en F1, Toyota se devait de redresser la barre en 2007 en visant une première victoire pour le constructeur nippon. Mission failed…
Depuis ses débuts en 2002, Toyota a bien du mal à se montrer compétitif en Formule-1 faute de performances régulières ou de luttes internes au sein de l’équipe. Si on excepte l’année 2005 où l’équipe termine quatrième au classement des équipes (avec plusieurs podiums), celle-ci ne confirme pas l’année suivante, ce qui coûtera la place au directeur technique anglais Mike Gascoyne, quelques jours après que Ralf Schumacher signe une troisième place pour le constructeur ! Ce sera le seul podium de l’année pour une équipe Toyota qui ne finira que sixième au classement des équipes, la faute à une TF106 (une version "B" est apparue à partir de la fin du printemps) peu performante, inconstante et assez fragile. Pendant ce temps, le rival Honda venait de signer leur première victoire (depuis 1967) en tant que constructeur à part-entière la même année…
On prend les mêmes et on recommence
Pour 2007, l’objectif est simple : obtenir enfin la première victoire, chose que l’équipe avait échouée l’an passé malgré un gigantesque budget annuel avoisinant les 400 millions de dollars. Remplaçant Gascoyne depuis avril 2006 et auparavant ingénieur Toyota depuis 2005, Pascal Vasselon est désormais le directeur technique et responsable du châssis (il sera accompagné de Noritoshi Arai). Pour le reste, l’organigramme de l’équipe est inchangé : John Howett demeure le directeur général, Luca Marmorini le chef du département moteur et enfin, l’italien Jarno Trulli etl’allemand Ralf Schumacher restent les pilotes titulaires. Le français Franck Montagny est nommé pilote-essayeur en remplacement de Riccardo Zonta, parti chez Renault pour un rôle similaire.
Toujours basée à Cologne, en Allemagne, la team Toyota dévoile sa nouvelle monoplace le 12 janvier 2007.
La Toyota TF107 se veut une évolution de la TF106, qui s’était montrée performante en fin de saison 2006. Mais l’aérodynamique est quelque peu retouchée tandis que le moteur et la boite sont installés un peu plus en avant comparé à sa devancière.
En parlant de ceci, il s’agit toujours d’une boite de vitesses séquentielle développée par Toyota, mais également en collaboration avec Williams cette saison. Coté moteur, il s’agit d’un V8 atmo’ comme le veut le règlement, mais là aussi retouché afin de gagner en fiabilité, gros point faible durant la seconde partie de la saison 2006. Petite nouveauté, Toyota motorisera l’équipe Williams pour cette saison.
Enfin, Bridgestone reste le manufacturier de pneumatiques.
Les premiers essais sont effectués à la fin du mois sur le circuit de Valencia en compagnie des trois pilotes. Après quelques essais plutôt encourageants, la monoplace manque de fiabilité lors des essais suivants, que ce soit à Jerez ou à Bahrein. Encore une saison de galère à venir ?
Quelques miettes pour commencer…
Première manche du championnat 2007 de F1 en Australie, sur le circuit de Melbourne qui se tient traditionnellement au milieu du mois de mars. Pour les cinquante ans de la présence de Toyota en sport-automobile, Ralf et Trull se qualifient respectivement 8e et 9e, résultat identique en course après avoir tenté de dépasser la Williams de Nico Rosberg, en vain. A défaut d’un podium, c’est un résultat juste honorable pour les débuts de la TF107
Prochain meeting début avril sur le circuit de Sepang, en Malaisie. Si les résultats en qualifs’ sont semblables qu’à Melbourne, Ralf Schumacher se manque totalement au départ et doit se contenter d’une obscure 15eplace finale. Pour Truilli, ce sera une septième place synonyme de deux points au championnat qui l’attend.
Même scénario sur le désert de Bahrein, où le pilote italien résistera vaillamment à la Renault de Fisichella pour terminer une fois de plus à la septième place en course.. Pendant ce temps, Ralf Schumacher semble perdu avec sa voiture et hante le ventre mou du peloton…
A défaut d’être véritablement compétitive face à ses rivales, le premier bilan pour Toyota est moyen. Et au vu des moyens du team, ça reste faiblard…
Panne sèche
Il était prévu que la TF107 évoluera fortement et c’est le cas : modifications aéros ainsi que sur les suspensions. Suffisant pour que Toyota joue les premiers rôles ?
Réponse sur le circuit de Barcelone le 13 mai, et là, belle qualification de Jarno Trulli qui place sa voiture au sixième rang, bien qu’en fait il a roulé avec très peu d’essence, ce qui va le contraindre à s’arrêter plus tôt en course, chose qu’il ne profitera car la mécanique lui jouera des tours assez tôt dans l’épreuve. Quant à Ralf Schumacher, rien de spécial, qualifs’ manquées, touché par une Williams au premier tour, puis abandon anonyme peu avant les ¾ de la course…
Vient ensuite une grosse claque dans les rues de Monaco : les TF107 ne sont pas du tout dans le coup, et les deux pauvres pilotes termineront péniblement 15e et 16e de l'épreuve, à deux tours des McLaren-Mercedes.
Ce GP aura permis de mettre en lumière pas mal de problèmes sur la TF107 : lacunes aérodynamiques (une impression de déjà-vu par rapport à 2006...), comportement chaotique en courbe et instabilité chronique. En plus de ça, Ralf Schumacher parait totalement démotivé cette saison, affichant des performances indignes de son juteux salaire. Certains appellent même (enfin, sur les forum d'époque surtout) à le remplacer par Montagny, le pilote-essayeur
C’est avec un tout petit optimisme que Toyota débarque au Canada, sur le circuit de Montréal. Mais l’épreuve sera totalement folle. Déjà avec le terrifiant carton de Robert Kubica, dont Trulli sera involontairement à l’origine de cet incident. Puis la course va connaitre pas moins de quatre neutralisations, ce qui met le pilote italien au sixième rang…avant de sortir tout seul en fin de course alors qu’il sortait des stands…
Quant au petit Ralf, sa course sera une fois encore anonyme, mais profitera du chaos pour finir huitième, et donc un point supplémentaire au championnat, bien qu’il ait terminé derrière d’autres pilotes qui se sont qualifiés derrière lui, citons Heikki Kovalainen ou Alexander Wurz. Notons que ce dernier a fini sur le podium de la course !
Petite éclaircie à Indianapolis où Trulli signe une belle performance en couse : sixième après avoir bien résisté à la Red-Bull de Mark Webber. Ralf pouvait lui aussi jouer les points si il ne s’était pas accroché avec la Honda de Barrichello…
Long chemin de croix
A partir de l’été, les Toyota RA107 ne brillent plus. Certes, Trulli parvient à se débrouiller en qualifications, mais cela ne compense plus les lacunes d’une monoplace désormais dépassée face à la concurrence. Pour faire simple, les voitures se comportent correctement en qualifs’ (sauf pour Ralf pour les raisons évoquées ci-dessus), puis s’écroulent progressivement le lendemain. L’équipe connait même un double-abandon à Silverstone.
N’empêche, une opportunité de marquer de gros points a été loupée au Nurburgring. Pour une fois depuis Sepang, les deux Toyota sont qualifiés dans le top-10. En course, la pluie apparaît durant le premier tour, il faut donc changer de pneumatiques, pas pour Trulli qui continue de rester. Pari perdu : la piste est complètement mouillée et fait une excursion dans les graviers, les chances de marquer des points sont parties en fumée car jamais il réussira à remonter même lorsque la piste s'asséchera plus tard…
Du côté de chez Ralf, une huitième place était possible mais c’est sans compter la BMW de Heidfeld qui le harponne, abandon après 20 tours.
D’une manière assez étrange, les performances du pilote allemand se sont améliorées, au point de signer un weekend quasi-impeccable à Budapest : cinquième en qualifs’, sixième en course. Volonté de montrer à ses supérieurs qu’il est encore dans le coup pour l’an prochain ? En tout cas, ce weekend hongrois restera son unique coup d’éclat de la saison.
D’ailleurs, cette course restera l’unique moment positif pour Toyota durant l’été. Le reste du temps, la voiture est hors du coup en course, avec des résultats en dehors de la dixième place. Comme si cela ne suffisait pas, l’usine de Cologne a été le théâtre d’un incendie, sans gros dégâts heureusement, après qu’un moteur a explosé alors qu’il était testé sur un banc d’essai…
Fin de saison sans relief
Et nous voici pour la 15e manche sur le circuit de Fuji, terre « locale » du premier constructeur mondial à l’époque et premier GP sur ce circuit nippon depuis 1977. On ne peut qu’espérer que Toyota puisse bien figurer à domicile (le circuit est la propriété de Toyota depuis 2000), pari perdu : sous le déluge (causant l’interruption et la neutralisation du début de course pendant un bon moment) et avec une TF107 dont le développent a été arrêté, Trulli et Ralf se contentent de se battre dans le peloton, avant que l’italien renonce sur un souci électrique. Idem à Shanghai, et ce, malgré une belle perf’ de l’allemand en qualifs’, vite gâchées par un tête à queue au départ, puis par une figure similaire au 25e tour lorsque la pluie fait son apparition.
La 17e et dernière manche permet toutefois à la Toyota TF107 de se mettre un peu en valeur, grâce à un Jarno Trulli qui a un temps bataillé avec la McLaren de Lewis Hamilton et signera une huitième place en fin de course, premier point pour Toyota depuis Budapest et premier pour l’italien depuis Indianapolis. Au moins, la TF107 clôt l’année d’une manière un peu glorieuse.
Au classement final, Toyota se classe sixième des équipes (en prenant en compte le déclassement de McLaren suite au Spygate), comme l’an passé mais avec 13 misérables points, c’est 22 de moins que la dernière fois. Pire, aucun podium n’a été enregistrée, la faute à une TF107 pas du tout performante en course malgré quelques fulgurances en qualifications, souvent de l’œuvre de Trulli (13e, 8 points) malgré un coup de mou en fin d’été et des départs parfois manqués en course. Quant à Ralf Schumacher, sa saison aura été catastrophique, à 5 reprises il manque de passer la Q1, première phase dans la séance de qualifications éliminant les 6 voitures les plus lentes (et ainsi de suite), et ses prestations en course ne sont pas meilleurs même si la malchance s’en mêle…
Et puis, comme à son habitude, l’équipe semblait manquer de cohésion et de réaction, incapables de faire évoluer correctement la récalcitrante monoplace. Au moins, le bilan est plus flatteur que le rival Honda (voir article consacré à la Honda RA107), mais le constructeur nippon est derrière le client Williams au classement général ! Encore 400 millions de dollars jetées par la fenêtre…
Coté staff, ce sera le statu-quo pour 2008, sauf pour Ralf Schumacher dont le contrat n’est pas reconduit. Idem pour l'essayeur Franck Montagny, qui n’aura que très peu roulé avec la TF107. Mais plus que ces deux départs, il aurait été préférable de restructurer profondément l’organigramme du team Toyota, en plaçant des personnes qui ont une meilleure « culture » de la Formule-1…
Caractéristiques voiture :
Moteur : Toyota RVX-07 V8 2400cc
Aspiration : atmosphérique
Implantation : central-arrière
Puissance : 750 ch à 19000 tr/min
Châssis TF107 : monocoque en carbone
Freins : carbone d’origine Brembo
Boite de vitesses : séquentielle à sept vitesses, conçue par Toyota
Transmission : à l’arrière
Poids : 600kg
Dimensions : 4,5 m (L) * 1,8 m (l)
Pneumatiques : Bridgestone
Concepteur : Pascal Vasselon et Noritoshi Arai
Résultats en compétition :
A participé au championnat 2007 de F1 avec Toyota (nom complet : Panasonic Toyota Racing)
6e au classement des constructeurs, 13 points
Meilleur résultat : 6eme à Indianapolis et Budapest
Pilotes : Jarno Trulli (13e avec 8 points) et Ralf Schumacher (16e avec 5 points)
Liens & sources :
F1i Magazine
Stats F1
Zone F1
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