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  • Photo du rédacteurGoodstone

JAGUAR XKR RSR GT2 (2009-2011)

Dernière mise à jour : 17 déc. 2019


Le retour d’une Jaguar en endurance ! En voilà une nouvelle qui enthousiasmait les fans de la marque anglaise ou des passionnés de sport-auto. Maintenant, que valait cette XKR engagée en Grand-Tourisme ? Eh bien…


En 2008, le championnat nord-américain nommé American Le Mans Series (ALMS) se porte bien : en prototype, le public pouvait apprécier les Audi R10 TDI parfois en bataille face à des protos supposés moins performants comme la Porsche RS Spyder ou l’HPD ARX-01. La catégorie GT n’est pas en reste, surtout en GT2 où la bataille fait rage entre d’un côté, les Porsche 911 RSR du Flying Lizard Motorsports, et de l’autre, la Ferrari 430 GT2 du Risi Competizione. Quelques modèles exotiques étaient également présentes dans cette classe, citons par exemple une Panoz Esperante du Team PTG, quelques Ford GT préparées par Doran Enterprises ou encore une Viper II du Primetime Competition…



Ca bataillait fort en catégorie GT dans le championnat ALMS! (archives GM)

L’année 2009 est marquée par le départ de plusieurs équipes suite à la crise financière fin-2008, notamment en Prototype. Mais cela n’empêche pas la catégorie GT2 de voir de nouveaux arrivants : BMW débarque avec une M3 et exploitée par le Rahal-Letterman Racing, ainsi que…Jaguar.



Rocket féline


Mais d’abord, retournons un peu en arrière : l’arivée de Jaguar en ALMS est principalement dû à une personne: Paul Gentilozzi, pilote américain depuis les années 1980 en IMSA et en Trans-Am depuis le début des années 2000. C’est également le vainqueur des 24 Heures de Daytona et des 12 Heures de Sebring en 1994 sur une Nissan 300ZX et quadruple champion de Trans-Am entre 1998 et 2005.


Mais Paul Gentilozzi, c’est aussi un businessman dans le domaine de l’immobilier et un des fondateurs de l’équipe Rocketsports Racing, qui courrait dans les années 2000 en Trans-Am et en Champ-Car (avant sa disparition fin-2007). Bref, on peut dire que son CV est tout, sauf anecdotique !


Ce que l’on sait un peu moins, c’est que la plupart de ses titres en Trans-Am se sont faits avec une Jaguar XKR spécialement modifiée pour ce championnat. D’accord, celle-ci n’a pas bénéficié d’un réel soutien officiel, mais cela a, semble t-il, suffit à nouer des relations entre la marque britannique et Gentilozzi puisque ce dernier envisage tout bonnement de s’engager, via l’équipe Rocketsports, en ALMS ! Oui, vous avez bien lu : le pilote-entrepreneur veut faire revenir Jaguar dans le monde de l’endurance.



Les premiers contacts concernant ceci auraient commencé au cours de l’été 2008. Gentilozzi prévoit également de construire une XFR spécialement modifiée pour le record de vitesse sur le désert salé de Bonneville (dans l’Utah, pas en France…). Choses que Jaguar accepte sans broncher, car après tout, Gentilozzi a été quand même impliqué dans le retour de Jaguar dans la même discipline plus de vingt ans avant, à l’époque du Groupe-C et en collaboration avec Bob Tullius.

Pour le programme ALMS, la catégorie GT (ou GT2) sera choisie. Ce sera avec une XKR de seconde génération que Jaguar et Rocketsports utiliseront comme base pour la voiture de compétition, plus précisément la version S-GT, reconnaissable à son aileron arrière imposant. Mais d’abord, priorité à la XFR qui doit courir dans le désert salé en Janvier 2009. Mission accomplie puisqu’elle devient, à l’époque, la Jaguar la plus rapide de tous : 225 mph, ou 362 kmh…



Passé ce petit succès médiatique, il faudra attendre le mois d’Avril 2009 pour voir la présentation de la XKR GT2, développée par Rocketsports qui a entre-temps changé de nom : RSR Racing. Cette voiture possède un V8 atmosphérique implanté à l’avant qui développe au bas-mot 550 chevaux. Gentilozzi fait jouer ses relations en collaborant avec Bosch concernant l’électronique et avec Brembo pour les freins ventilés. Enfin, Yokohama fournira les pneus pour le programme GT. La marque Jaguar est quant à elle, impliquée dans les plans marketing et apporte un soutien technique et financier à RSR Racing, quoique il semblerait que la marque anglaise ne soit que mollement impliquée dans ce programme. On a donc affaire à un engagement semi-officiel, surtout exploitée par RSR dans les ateliers de Landsing, au Michigan. Riley Technologies apportera quant à elle, son expertise dans le domaine du châssis.



Concernant les pilotes, Gentilozzi pilotera lui-même la XKR, il sera secondé par l’expérimenté pilote belge Marc Goossens.


Les débuts, initialement programmés pour la cinquième manche du championnat ALMS à Lime-Rock (en Juillet), sont repoussés à une date ultérieure. Ce sera pour la neuvième manche, sur le circuit de Road-Atlanta alias l’épreuve du Petit Le Mans…mais en fait, faute de préparation suffisante, les débuts de la XKR seront à nouveau reportées. En attendant, la voiture fait quelques tours de démonstration devant le public histoire de gagner en visibilité…



Les débuts dans l’arène



Finalement, la XKR fera ses débuts aux 4 heures de Laguna-Seca, ultime manche de la saison 2009 de l’ALMS. L’équipe Jaguar RSR (c’est le nom de l’équipe) aura fort à faire avec les Porsche 911 RSR du Fying Lizard ou de la Ferrari 430 GT2 du Risi Competizione, sans parler des BMW M3 du Rahal-Letterman Racing, des Corvette qui ont récemment converti leurs voitures pour passer en catégorie GT et des quelques modèles exotiques comme la Panoz Esperante du PTG…


Photo Daniel Chin


Pour répondre à la concurrence, on s’attendait que la XKR rugisse haut et fort…et c’est mal barré d’entrée avec un problème électrique l’empêchant de participer aux qualifications. Résultat : 32eme et dernière place sur la grille de départ. Pour la course, pas grand-chose à dire si ce n’est que la belle anglaise, alors conduite par Goossens, renonce après une heure et demi de course suite à un souci au niveau des trains roulants. Pour des débuts, on espérait mieux. Mais qu’importe : l’objectif est de se préparer pour la saison suivante…


Le programme 2010 pour Jaguar RSR est assez simple : ALMS à plein-temps, quelques manches de l’Intercontinental Le Mans Challenge (le précurseur du WEC moderne, sans le label FIA et organisé par l’ACO) et surtout une participation aux 24 Heures du Mans ! La voiture n’a quant à elle, peu évoluée durant l’hiver…


On retrouve notre XKR flanquée du numéro 75 aux 12 Heures de Sebring en Mars 2010, manche d’ouverture de l’ALMS. La concurrence en GT2 est la même que l’an passé, mais pour Jaguar RSR, l’objectif est d’accumuler les kilomètres et de terminer l’épreuve. L’écossais Ryan Dalziel vient compléter l’équipage. Malheureusement, ni lui ni Goossens n’auront pas le loisir de prendre le volant en course puisque la XKR abandonnera après moins d’une heure de course suite à une surchauffe moteur…


Le mois suivant, dans les rues de Long-Beach, la XKR est l’une des GT2 les plus lentes en qualifications : 8eme de classe (25e global) en 1 :22 :99, à plus de trois seconde de la Ferrari/ Risi de Jaime Melo. Heureusement, la voiture verra l’arrivé, mais très loin des leaders (32e) de sa catégorie suite à plusieurs soucis de jeunesse. Même scénario aux 6 heures du Laguna Seca.


L’important c’est de participer


Arrive les 24 Heures du Mans en Juin. L’équipage de l’équipe Jaguar RSR est la même que précédemment, à savoir Gentilozzi, Goossens et Dalziel. C’est également le retour de Jaguar dans la Sarthe depuis l’engagement à titre privé de deux XJ220 en 1995. Mais ce retour sera tout, sauf glorieux. Lors des deux essais de qualifications, la XKR GT2 se traine en fond de peloton et ne se qualifie qu’au 54e et avant-dernier rang, avec un temps moyen en 4:12 :10, soit à plus de 11 secondes de la Corvette en tête des GT2.


Et qu’en est-il de la course ? Eh bien, le comeback de Jaguar dans la classique mancelle aura été très court puisque la XKR, alors pilotée par Marc Goossens, renonce sur un problème électrique…après un quart d’heure de course. La belle anglaise n’était sans doute pas prête pour disputer une telle épreuve d'endurance.



Après cette mauvaise prestation, on retrouve Jaguar RSR en ALMS, toujours avec la même histoire : larguée face à ses concurrentes, transparentes en course malgré des progrès dans le domaine de la fiabilité. Notons quand même une 15eme place générale sur le circuit de Lime-Rock, mais dernière parmi les GT(2) classés.


Pour la dernière manche de l’ALMS, Road Atlanta (alias Petit le Mans), Jaguar RSR engage une seconde XKR, confiée à Butch Letzinger, Tommy Drissi et l’expérimenté Andy Wallace. Inutile de dire que cela ne change pas grand-chose aux résultats puisque les deux voitures disparaîtront de la piste après moins de deux heures de course suite à des pannes moteur.


Petit le Mans 2010 (photo Leonardo Silva)

Pour terminer la saison, Jaguar RSR s’offre un petit voyage en Chine, et plus précisément pour les 1000km de Zhuhai pour l’ultime manche de l’ILMC. Goossens et Gentilozzi sont sélectionnés pour piloter la XKR. Une deuxième voiture a été un temps envisagé, mais ça ne se fera pas.

Concernant, la course, pas besoin de faire un long pavé : problème mécanique et abandon 20 minutes après le départ.





L’année 2010 n’aura pas été mémorable pour Jaguar RSR : neuvième et dernière au classement général des GT en ALMS. Pas performante et peu fiable, la XKR n’a d’ailleurs que très peu évoluée durant la saison et on se demande si cet engagement semi-officiel n’est pas juste privé, avec Jaguar qui fait mine de s’impliquer dans le projet…


Enfin un rugissement ?


Pour 2011, Jaguar RSR se focalise toujours dans le championnat ALMS, mais pas de 24 Heures du Mans cette année car non invité. L’équipe change de pneumatiques et passe aux Dunlop. Coté voiture, pas d’informations ont circulé cet hiver, ce qui laisse croire qu’aucune évolution majeure, autre que les suspensions, n'a été apportée. C’est surtout que la seconde voiture roulera également à temps complet pour la saison en ALMS. Le lineup est entièrement chamboulé : Gentilozzi passe de l’autre côté du muret des stands pour mieux s’occuper du management. Exit Goossens et Dalziel. La première voiture (#98) sera confiée à PJ Jones et Ken Wilden. La seconde (#99) pour les brésiliens Christiano da Matta et Bruno Junqueira.


Les 21 Heures de Sebring ouvrent le championnat 2011 d’ALMS. Vu que l’épreuve est longue, Ricky Moran Jr. est appelé en renfort sur la #98, idem pour Oriol Servia sur la #99. Si les performances de la XKR ne s’améliorent pas, la #98 verra quand même l’arrivée, certes très loin au classement (38e, 13e de la classe GT) et malgré d'inévitables soucis de fiabilité.


Photo "Viper-Motors"

La seconde épreuve, à Long-Beach, sera bien mieux : la Jaguar #99 des brésiliens Da Matta/Junqueira finiront 12e au général, et 6e de la catégorie. Cela restera le meilleur résultat de la XKR préparée par RSR.


Vient ensuite une période de trois mois sans aucune épreuve ALMS au calendrier. Jaguar RSR profite pour améliorer la XKR durant ce laps de temps. Au programme : travail sur les suspensions, tests intensifs dans la soufflerie d'AeroDyn et essais sur le circuit de Road Atlanta.



Archives RSR Racing

Lors de la reprise du championnat en Juillet, sur le petit circuit de Lime-Rock, la XKR tire toujours la langue face à ses rivales en GT, termine très loin au classement (pour la #99, 26e général et 12e en GT) ou bien abandonnera en piste (pour la #98, sur une sortie de piste).

Pour la manche suivante, sur le circuit du Mosport-Park, Jaguar RSR remanie ses équipages : la #98 garde PJ Jones, mais Moran Jr. passe désormais pilote à plein-temps dans l’équipe tandis que Wilden passe dans la #99 en remplaçant Da Matta. Aucune amélioration n’est à noter, si ce n’est que les deux Jaguar franchissent l’arrivée, pour la première fois de l’année. Même chose à Mid-Ohio.


Lime-Rock 2011, en route vers l'anonymat du peloton (photo Joe Martin)

Et pour les trois dernières manches de l’ALMS ? Eh bien, aucune Jaguar ne verra l’arrivée sur chaque épreuve ! Et les causes de chaque abandon est dû à une casse moteur ou d’un élément mécanique.

L’épreuve du Petit Le Mans, sur le circuit de Road Atlanta et ultime manche du championnat ALMS 2011, sera la dernière apparition des XKR GT2. Après ceci, le programme est arrêté.


Le moins que l’on puisse dire, c’est que la XKR n’aura jamais été dans le coup durant deux saisons et demi, la faute à pas de chance ? Jaguar n’a jamais véritablement investi dans la voiture et le développement s’en est ressenti, difficile de parler alors d’un engagement semi-officiel, voire officiel selon certaines sources spécialisées. Enfin, sans un gros budget et surtout face aux monstres tels que la 911 RSR ou la F430 GT2 à moteur (central-) arrière, le combat était-il perdu d’avance ?


Photo Rene Christensen

Jaguar se retire donc du programme GT, quand à RSR Racing, elle continuera l’année suivante, toujours en ALMS, mais en exploitant cette-fois un prototype Oreca FLM-09 en catégorie LMC.



Caractéristiques voiture :


Moteur : V8 5000cc

Aspiration : atmosphérique

Implantation : à l’avant

Puissance : 550 ch à plus de 7000 tr/min


Châssis : en aluminium, basée sur la XKR.

Freins : Ventilés, d’origine Brembo

Boite de vitesses : Séquentielle à 6 vitesses

Transmission : aux roues arrière

Dimensions : 4,8 m (L) * 1,96m (l)

Poids : 1245 kg

Pneumatiques: Yokohama (2009-2010) et Dunlop (2011)


Résultats en compétition :


Engagée sous le nom de Jaguar RSR, essentiellement exploitée par RSR Racing. Court en catégorie GT (ou GT2)


Débuts à Laguna-Seca 2009, dernière manche de l’ALMS


2010 :

9e au classement des équipes en GT, 5 points

Meilleur résultat : 15e à Lime-Rock, 9e de la catégorie GT

Pilotes : Paul Gentilozzi, Marc Goossens, Ryan Dalziel

Abandon aux 24 heures du Mans, après 4 tours.

Une participation en ILMC, aux 1000km de Zhuhai, abandon.


2011 :

Deux voitures engagées pour l’ALMS

Meilleur résultat : 12e à Long-Beach, 6e de la catégorie GT, avec la #99 (Da Matta/Junqueira)

Pilotes: PJ Jones, Ricky Moran Jr., Ken Wilden, Christiano Da Matta, Bruno Junqueira, Oriol Servia.

9e au classement des équipes en GT, 6 points.



La XKR n'a pas terminée sa carrière sportive après la mésaventure RSR GT2, une version GT3 a été construite sans le soutien de la marque et a longtemps hantée les pelotons du Blancpan GT Series (auteur inconnu)

K.N.

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