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Photo du rédacteurGoodstone

ATS 100 (1963)

En plus de la 2500 GT, l'écurie ATS s'attaque également à la Formule 1. Il faut affronter Ferrari sur tous les fronts !





Nous avions évoqué la création d’ATS dans l’article consacré à la 2500 GT(S), menée des anciens de chez Ferrari (Carlo Chiti, Romano Tavoni, Bizzarrini, etc.) désireux de pouvoir affronter rapidement le fameux constructeur fondé par Enzo. Mais quid de leur projet de Formule 1 destiné à faire trembler Ferrari et compagnie ?

 

Projetée en même temps que la 2500 GT, celle qui se nommera ATS 100 (ou Tipo 100) commence à prendre doucement forme durant l’année 1962 et alors que la firme est à peine née. Pas de soucis car la structure italienne basée à Sasso Marconi est soutenue par de généreux gentlemen avec le Compte Volpi, le multimillionnaire Jaime Ortiz Patino et l’industriel Giorgio Billi.

 



La monoplace doit avoir un châssis tubulaire et le moteur maison. Ce bloc est d’ailleurs un V8 d’1,5 litres (conforme à la réglementation de la F1 à l’époque) qui est développé en un temps assez court ! Quant à la voiture, la conception a été faite sous la houlette de Carlo Chiti, mais la carrosserie a été dessiné par Alfonso Galvani et tout l’assemblage a été confié à l’Aeronautica Sicula à Palerme. Deux monoplaces sont construites.

 

La machine est présentée au public pour la première fois en décembre 1962 à Bologne. De l’avis général de la presse et du public, cette ATS 100 a un look très étrange, et pas du tout élégant.

 



Basse et dotée d’un empattement long par rapport aux autres F1, la 100 s’inspire également de la Ferrari 156 bien qu’on ne s’étonne pas trop de cette lointaine comparaison puisqu’il y’a Chiti et compagnie chez ATS pour rappel !


La monoplace se pare d’une boite de vitesses à six rapports venant de chez Colotti. Le V8 maison, installé en position central-arrière (à l’image de toutes les F1 désormais), a la particularité d’être compact et développe à peu près 190 chevaux, ce qui est un chiffre plus que solide. Des carburateurs Weber sont utilisés et les pneumatiques sont des Dunlop.

 

Les premiers tours de roue se déroulaient sur les routes mêmes à proximité de Sasso Marconi. Teodoro Zeccoli était au volant de la seule ATS 100 entièrement finie à cette période. Mais le constructeur italien a déjà trouvé ses deux pilotes pour la saison 1963. Ce sont d’ailleurs deux anciens de chez Ferrari avec le champion du monde 1961 Phil Hill et le jeune Giancarlo Baghetti. Les premiers véritables essais sur circuit sont tout, sauf positifs…

 


La 100 pésait également 462kg à vide, un poids dans la moyenne de l'époque (©?)

En dehors des désaccords internes au sein de l’équipe, la 100 manque cruellement de développement et de mise au point. La fiabilité pas géniale (notamment du côté de la boite, de la suspension et de l’allumage) et du travail est encore nécessaire pour rendre le moteur compétitif. Le temps de résoudre tout ceci en plus de développer la 2500 GT, ATS ne sera pas présente pour la première manche du championnat de F1 en mai, dans les rues de Monaco.


Il faudra attendre la manche suivante pour voir les débuts des deux ATS 100 engagées. Sur le long et rapide circuit de Spa-Francorchamps (14km à l’époque), les voitures peintes en rouges ne seront pas du tout au niveau de leurs « « amies » » de chez Ferrari. Le comportement de la monoplace est correct, mais le V8 s’essouffle quelque peu en lignes-droites. Durant les qualifications, Phil Hill se contente de la 17e place tandis que Baghetti se place 20e et dernier. Les deux pilotes sont respectivement à 12 et 39 secondes de la BRM de Graham Hill ! Pour la course, les deux ATS abandonnent, avec une casse de boite pour l’italien et panne de transmission pour l’américain…

 


©?

Deux semaines plus-tard, les ATS sont présents pour le Grand-Prix des Pays-Bas, à Zandvoort. La carrosserie des 100 a été revue. Mais la fiabilité reste toujours problématique et les performances sont décevantes. Les deux pilotes vont une fois encore renoncer en course, au premier tiers de l’épreuve (dont une sortie de route pour Hill suite à un problème). Après ceci, ATS zappe les courses en France et en Grande-Bretagne pour se concentrer sur la mise au point de la 100. L’équipe aurait dû faire son retour au GP d’Allemagne, mais le camion transportant les monoplaces a été accidenté en cours de route. Il n’y aura donc pas les 100 au Nurburgring.



Il y'avait également un problème gênant: le châssis de la 100 n'était, semble t'il, pas tout à fait bien conçu, et pour changer le bloc V8, il fallait couper les tubes du châssis en question pour extraire le bloc. Pas malin... (©?)

 

Finalement, on les reverra à domicile pour le GP d’Italie, sur le circuit de Monza. La carrosserie a une nouvelle fois évoluée et de nouveau éléments mécaniques sont intégrés. Les performances sont un petit peu moins mauvais que d’habitude avec Hill qui se qualifie 14e à tout de même 5 secondes de l’autre voiture route, on parle de la Ferrari de John Surtees qui a signé la pole. Moins heureux pour Baghetti qui signe le 25e temps (à neuf secondes de retard !) et n’est théoriquement pas qualifié puisque la grille est limitée à 20 voitures. Sauf qu’ATS s’est « gentiment » arrangé avec les officiels de la course pour lui permettre d’être au départ sans soucis…Le local sera donc 21e et dernier.

 



Phil Hill (#16) se battra bien avec une voiture rouge à Monza, mais c'est la Lotus privée de Jo Siffert et non une Ferrari. (©Getty)


Pas grand-chose d’intéressant à signaler pour la course, les 100 montraient des signes de fatigue au fil de la distance. Mais au prix de plusieurs arrêts au stand, les pilotes tiennent bon et voient pour la première fois de la saison le drapeau à damiers en se classant 11e et 15e à respectivement 9 et 22 tours de retard sur Jim Clark !

 

Arrive les Etats-Unis et pour ce GP à Watkins-Glen, la 100 de Phil Hill est désormais dotée d’injecteurs Lucas à la place des carburateurs. Mais tout ceci n’est pas du tout au point et de toutes manières, les performances des monoplaces ne s’améliorent pas. La course ? double-KO sur soucis de pompe à huile après 4 tours !

 


Giancarlo Baghetti à Zandvoort. Il est fort probable que la seconde ATS 100 est moins bien préparée et développée que la voiture-soeur (©Bernard Cahier)

Pour le Mexique, le scénario est identique…Non, c’est encore pire. Sur le tracé (et la ville) situé en altitude, les ATS vont connaitre une multitude de pépins mécaniques. Pour les résultats, c’est la routine : qualifications dans la seconde moitié et la fin du tableau, puis abandon mécanique pour les deux monoplaces. Cette-fois, l’allumage et la suspension arrière sont en cause.

 

Ensuite, ATS ne participera au dernier GP de la saison, en Afrique du Sud. Les couts de déplacement sont trop élevés et l’écurie préfère se concentrer sur la future saison 1964. Mais il n’y aura rien du tout pour l’année suivante.



©DR Images

Au vu des nombreux problèmes avec la 100, le programme F1 est stoppé net. Dans le même temps, des désaccords au sein de la structure ATS continuent encore durant toute l’année (que ça soit entre ses fondateurs ou ses mécènes…) et toute l’entité se transforme en une coquille vide après les départs de Chiti (parti fonder Autodelta), de Bizzarrini (qui va créer sa propre marque) et des investisseurs. C’est pratiquement la fin de la brève aventure ATS qui a voulu grandir trop vite tout en ayant pas les reins assez solides ni l’organisation pour mener plusieurs programmes de front. Pendant ce temps, la Scuderia Ferrari remporte le titre en 1964 tout comme un de ses pilotes, John Surtees.

 

Ceci dit, ATS n’est pas entièrement morte car un ancien mécanicien de Sterling Moss et de l’écurie de Rob Walker, Alf Francis, va tenter de relancer la structure (qui comptait encore quelques membres qui tentèrent d’engager la 2500 GT avec l’aide d’une autre équipe) en F1 avec l’aide de Vic Derrington qui détient une écurie de course. Les deux 100 sont récupérés et seront modifiées…Mais on y reviendra un jour.

 


 Liens/sources:


Michael John Lazzari, A.T.S. - The italian team that challenged Ferrari, 2014

STATS F1

 

 

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