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  • Photo du rédacteurGoodstone

Hyundai Accent WRC ("Evo 1") (2000-2001)


Certainement la WRC du début des années 2000 la moins impressionnante dans l'histoire récente du rallye. Commençons l'histoire de cette Hyundai Accent WRC par sa première version...




Toujours présente sur la scène du rallye avec les I20 N WRC et WRC-2, les débuts de Hyundai dans cette discipline commencèrent au débuts des années 1990 de manière privée. Le pilote Wayne Bell court dans les divers rallyes sur le continent asiatique et océanique à cette période et préparait lui-même les voitures. Les performances intéressantes de la part du pilote australien commencent à intéresser Hyundai et crée un département sport afin d’épauler Bell. Avec la Lantra et l’Elantra, il se débrouille bien dans les épreuves en Asie-Pacifique ou d’Australie en dépit de voitures très proches d’une Groupe-N (donc, pratiquement de série ou presque). Cela va donner encore plus d’idées à la marque sud-coréenne qui réfléchit à une participation plus importante en rallye, et notamment en Europe.


Wayne Bell / Iain Stewart sur l'Elantra, Rallye de Nouvelle Zélande 1996, manche comptant pour le championnat d'Asie-Pacifique cette année la. (©?)

D’abord, on va créer une voiture qui va participer dans la coupe F2 (Les 2L atmo, ou Kit-cars à cette période) et on va demander de l’aide à l’entité britannique Motor Sport Developments (MSD) pour ce programme. Après quelques hésitations sur le choix du modèle représenté (une tentative avec l’Accent F2 fin-1997), ce sera la Coupé qui servira de base. Elle participera à pratiquement toutes les épreuves du mondial à partir de 1998. Mais face à Seat et aux reines de l’Asphaltes telles que la Peugeot 306 ou la Citroën Xsara, sans compter d’autres voitures comme la VW Golf ou la Renault Mégane, il est difficile de se faire une place au soleil dans la « deuxième division », d'autant que les performances et la fiabilité restaient problématiques tout au long de l'année.


Hyundai remet le couvert en 1999, toujours avec la Coupé qui a évoluée entre-temps. Dans une coupe F2 un peu sinistrée, le constructeur coréen semble bien partie pour décrocher ce trophée car c’est la seule à participer à toutes les manches du championnat du monde et elle dispose de deux solides pilotes en la personne de Kenneth Eriksson et d’Alister McRae. Malgré tout, Hyundai réussira l’exploit de ne pas décrocher ce titre et c’est Renault qui la gagnera, le tout en ayant un programme mondial partiel avec la filiale anglaise.


Hyundai vise le titre F2 pour 1999, avec la Coupe Evo2. Malgré des performances pas exceptionnels, tout semblait acquis à la marque de décrocher ce titre...(©Costas Bekas)

Mais grâce à ce programme, Hyundai compte encore viser plus haut et annonce au cours de l’été 1999 qu’elle s’engagera dans la catégorie principale au championnat du monde des rallyes, le WRC ! Avec Subaru, Ford, Mitsubishi, Seat, Skoda et Peugeot, ça fera sept constructeurs officiellement impliqués dans la catégorie-reine et ça compensera largement de départ de Toyota.


Le projet est confié à MSD, dont le préparateur basé à Milton Keynes, qui a une belle expérience en rallye depuis sa création, aura également la charge de l’exploitation et du développement de la future machine. D’ailleurs, quel modèle choisir ? Ce ne sera pas la Coupé, mais …l’Accent de seconde génération ! Oui, la berline compacte sortie en 1999 au look assez fadasse va représenter la marque Hyundai en rallyes !


L'Accent de 2e génération: une berline compacte moyenne sur tous les domaines

Qu’importe pour Hyundai et MSD, la version WRC n’aura évidemment rien à voir avec celle de série et celle-ci est dévoilée pour la première fois au public en septembre 1999 au salon de Francfort. Pas mal de travail a été réalisé par MSD.


©Hyundai

Beaucoup plus agressive qu’une Accent civile, la partie aérodynamique n’a visiblement pas été négligée avec un travail sur la partie avant de la version WRC et de l’ajout de certains points intéressants. L’aileron arrière ajouté s’inspire plus ou moins de la Subaru Impreza et on note également l’ajout d’un diffuseur à l’arrière de la voiture afin de générer de l’appui. Coté moteur, on utilise un des 4-cylindres de la gamme et MSD va travailleur sur ce bloc qui passe à 2 litres, limite maxi des WRC, et en ajoute un turbo de chez Garrett pour booster la puissance qui atteint les 300 chevaux. La boite 6-vitesse est séquentielle et provient de chez X-Trac.


On peut voir le diffuseur arrière en dessous de la voiture, ici au Sanremo 2001 (©Petr Fitz)

Conformément à la réglementation du WRC, la voiture est une quatre roues motrices et le poids minimum est de 1230 kilos sur l’Accent WRC. Les pneus sont des Michelin.


Cependant et dans l’ensemble, la conception de l’Accent WRC est classique comparé aux autres WRC de l’époque. A vrai dire, seule la Seat Cordoba parait encore plus basique, et encore…Cela dit, on ne peut nier les gros efforts fournis par MSD pour rendre l’Accent WRC prête à temps rapidement, d’autant plus que le budget alloué à ce programme n’est pas énorme alors que Hyundai pourrait investir encore plus. Au moins, l’arrivée de Castrol comme partenaire principal permettra d’avoir un budget un peu plus étoffé.


Les pilotes choisis pour ce programme d’envergure sont tout simplement les mêmes qui ont couru sur la Coupé F2 en ’99, à savoir l’écossais Alister McRae (frère de Colin) et le vétéran suédois Kenneth Eriksson. Les premiers essais commencèrent de manière intensive à la fin de l’année 1999.


Essais effectués à la fin de l'année 1999 (©Hyundai)

Les grands débuts sont comme prévu, programmés pour la saison 2000. Engagée sous la bannière du Hyundai World Rally Team, mais exploitée par MSD, les Accent WRC feront leurs débuts au rallye de Suède, deuxième manche du championnat. Les deux mêmes pilotes citées au-dessus occuperont le volant des deux machines engagées.


Face à 13 autres voitures officielles en WRC et dans un rallye aussi difficile qu’enneigé (et glacé), on ne peut pas dire que Hyundai a choisi la facilité pour sa première sortie en compétition. Il est vrai que les Accent sont nettement en retrait en dépit de quelques chronos intéressants. Les deux voitures atteignent l’arrivée à la 13e et 14e place, avantage Eriksson, à plus de huit minutes de la 206 de Marcus Gronholm. La fiabilité était au rendez-vous, mais il y’a encore pas mal de boulot pour se mettre au niveau des autres.


Débuts en Suède 2000. Kenneth Eriksson et son copilote Staffan Parmander rejoindront l'arrivée (©McKlein Photography)

Sauf que très rapidement, ce sera la douche froide à leur rallye suivant au Portugal (après avoir zappé le Safari), les deux Accent vont renoncer en cours de route, avec un problème de transmission pour McRae et un embrayage grillé pour Eriksson alors qu’il effectuait une bonne prestation.


L’ensemble de la saison sera fait de performances globalement anonymes et ponctuée de quelques soucis de fiabilité, le moteur et certains autres éléments mécaniques (comme la suspension) ont été pris en défauts. L’Accent WRC restera toujours un ton en-dessous des autres WRC en général, quoiqu’au fil de l’année, les voitures vont se montrer à l’aise sur les spéciales couvertes de gravier ou de terre (et encore, sur des surfaces assez spécifiques sans que les performances soient spectaculaires), bien qu’elles restent toujours derrière.


La boue et la terre humide en Argentine n'effraye pas l'Accent WRC de K. Eriksson, 8e de l'épreuve (©?)

Gros point noir : les Accent seront totalement à la ramasse dans les rallyes se déroulant essentiellement sur asphalte (comme en Espagne, en Italie ou au Tour de Corse). Ce qui parait logique vu que celle-ci n’a jamais fait l’objet d’essais intensifs sur le goudron…


Quelques performances significatives sont à noter : les pilotes ont montré des performances intéressantes au difficile Rallye de l’Acropole (Grèce) avant de connaitre prématurément des soucis et d’abandonner. En Nouvelle-Zélande, avec une Accent WRC quelque peu améliorée (tout comme pour son partenaire) et bénéficiant de l’abandon de plusieurs autres WRC, Kenneth Eriksson finit ce rallye à la cinquième place et signe les deux premiers points de Hyundai au championnat. En Australie, les prestations sont tout à fait honorables/ Mieux : Eriksson signe même deux temps scratch ! Si A. McRae est contraint à l’abandon durant la deuxième journée (casse de suspension), Eriksson continuera jusqu’au bout et terminera quatrième, le meilleur résultat de l’année pour toute l’équipe Hyundai !


Nouvelle-Zélande 2000: abandon de l'équipage A. McRae / David Senior (©McKlein)



Le dernier meeting du championnat ne permet pas aux Hyundai de confirmer. K. Eriksson renonce rapidement sur casse mécanique tandis qu’A. McRae se contente d’une onzième position finale. Au championnat final, Hyundai se place sixième et dernier ex-aequo avec Skoda. L’Accent WRC a certes progressée au cours de la saison, mais tout ceci reste encore bien timide.


La voiture et l’équipe seront toujours présentes pour la saison 2001. En plus des deux pilotes habituels, l’italien Piero Latti sera également dans l’effectif. Il effectuera les épreuves sur tarmac à la place de Kenneth Eriksson qui roulera sur les autres rallyes hors-bitume. Dans le même temps, on annonce une évolution majeure sur l’Accent WRC. Elle serait dotée de pièces plus légères, son aéro a été retravaillé et son moteur est un peu plus coupleux. Celle-ci ne sera toutefois pas prête pour le début de saison.


Monte-Carlo 2001: le premier rallye chez Hyundai pour Piero Latti / Carlo Cassina se terminent sur une sortie de route (©Petr Fitz)

On reverra donc encore « notre » version de l’Accent WRC qui nous intéresse au Rallye du Monte-Carlo et de Suède. Alister McRae signera une 7e place dans le premier rallye et Eriksson la 8e position dans le second. A partir du rallye du Portugal, la nouvelle version arrive : c’est l’Accent WRC2. Du coup, la WRC « première version » peut rentrer au garage, du moins de manière officielle car quelques privés ont utilisé la voiture par la suite, notamment en Grande-Bretagne. Steve Petch a notamment piloté cette Accent première version pendant trois saisons dans le championnat local, avec quelques podiums à la clé. Le norvégien Thomas Kolberg a également utilisé cette voiture en 2001 dans les rallyes de Norvège plus une participation mondiale en Suède sous les couleurs de l’usine. Enfin, l’espagnol Eusebio Frias a couru dans son pays en 2002.



Une troisième Accent WRC est engagée à six reprises en 2000 par la marque elle-même plus MSD), mais sous les couleurs du cigarettier Winfield, l'australien Michael Guest la pilotera. Sa 19e place en Grèce est son meilleur résultat (©rallysportmag)

To be continued



Fiche auto :


Moteur : 4-cylindres 1995cc

Aspiration : turbocompressé

Implantation : à l’avant

Puissance : 300 chevaux


Voiture : basée sur l’Accent de série, monocoque en acier

Boite de vitesses : séquentielle 6 vitesses

Transmission : intégrale, quatre roues motrices

Poids : 1230 kg

Dimensions : 4,2 m (L) x 1,77 m (l)

Pneus : Michelin



Exemple d'une Accent WRC "Evo 1" exploitée par des privés après 2001: Steve Petch. Ici au Rallye du Yorkshire 2002, il terminera sur le podium (©Jakob Ebrey / LAT)

Liens/sources


L'Année Rallyes 1999-2000, ed. Chronosports



Portugal 2001: apparition de l'Accent WRC2, deuxième version de cette machine toujours développée par MSD (ici photo en Australie)



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