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  • Photo du rédacteurGoodstone

Mitsubishi Lancer WRC04 & WRC05

Dernière mise à jour : 4 nov. 2023

Après une saison 2002 catastrophique avec les Lancer WRC & WRC2, Mitsubishi revient officiellement en WRC deux ans plus tard. La Lancer WRC04, qui sera suivi de la WRC05, tranche radicalement avec les autres machines de la marque nipponne.




Pas performante, trop anachronique et pas assez radicale face aux autres WRC du fait qu’elle ressemblait davantage à une Groupe-A à peine modifiée qu’autre chose, la Lancer WRC (et WRC2 apparue courant-2002, voir ici) n’était plus qu’une simple figurante sur les rallyes mondiaux, bien loin de ses glorieuses ainées. Cette situation délicate pousse la marque nippone à se retirer temporairement du championnat WRC en 2003 malgré quelques apparitions durant cette saison.


La première Lancer répondant véritablement au réglement WRC n'aura pas brillée tout au long de la saison 2002...(©?)

Pendant cette année sabbatique, Mitsubishi va également restructurer son département sportif : l’équipe s’appelle désormais Mitsubishi Motors Motorsports (MMSP) au lieu de Mitsubishi Ralliart. Le département rallye reste toujours en Grande-Bretagne, à Rugby et dans les ateliers de Ralliart. Notons également que celui-ci reçoit l’aide de la branche allemande de la marque aux trois diamants pour sen retour prévu en 2004.


Le staff est également nouveau : Sven Quandt est désormais à la tête de MMSP (incluant d’autres programmes que le rallye), Andrew Cowan (Ralliart) prend du recul mais garde un poste symbolique dans l’organigramme. En ce qui concerne le rôle de directeur technique, c’est un ancien de Peugeot, Mario Fornaris, qui prendra le relais de Bernard Lindauer (toujours chez Mitsubishi, mais désormais intégré dans le programme du Paris-Dakar)


Nouvelle-Zélande 2003, une des rares apparitions de la Lancer WRC2 au championnat mondial des rallyes en 2003. Ici Alister McRae au volant (Motorsport Images)

Pour les pilotes, exit Allister McRae qui pensait être de la partie pour le retour de Mitsu, ce sera Gilles Panizzi qui est nommé premier pilote. Il aura également la charge de mener les premiers essais de la nouvelle Lancer WRC…


WRC04


La construction de cette voiture a commencé en 2003.


L’apparence de celle-ci est basée sur la Lancer Evolution VIII MR (soit la version la plus performante) et partage également des pièces avec la WRC2. Toutefois, un gros travail a été effectué par l’équipe Mitsubishi et Fornaris pour la rendre compétitive : plus aérodynamique, la Lancer WRC04 a fait l’objet de longs essais en soufflerie avec l’aide de Lola. Au niveau des roues avant, on peut apercevoir les ailes redessinées pour favoriser la pénétration de l’air, le grip et le refroidissement des freins, idem à l’arrière.




Plus curieux est l’aileron arrière implanté de manière particulière par rapport à d’autres machines ou voitures lambda. A la fois imposant et pas très élégant, ceci permet néanmoins de générer un appui aéro considérable à l’arrière tout en améliorant la stabilité de la voiture en parallèle. Pas mal d’essais ont été effectués en soufflerie pour rendre cet aileron arrière efficace (et de le conformer aux règlements du WRC !). Enfin, la partie avant n’est pas en reste avec la encore un important travail pour réduire au maximum les surchauffes moteur.


©WRC Wings

Concernant la partie mécanique, le moteur reste toujours le fameux 4G63 turbo crachant 300 chevaux pour la compétition. Le collecteur d’échappement et le collecteur d’admission ont subi des modifications pour favoriser les reprises à chaque passage de vitesse.


Les suspensions ont été revues pour par Ohlins. De même la compagnie suédoise a spécifiquement redessiné ces pièces pour la marque nippone afin d’optimiser le comportement de la voiture. Enfin, la répartition de masses a été un point-clé durant le développement de la voiture, d’où l’ajout de l’aileron arrière comme on l’avait mentionné ci-dessus. Dernier point : la boite de vitesses est manuelle à 5 rapports, donc un de moins par rapport à la WRC2, et la transmission intégrale n’est plus permanente dans la nouvelle machine, contrairement à ses devancières. Les pneus utilisés seront des Michelin. Dernier point : avec ses 4,36m de longueur, la Lancer est la voiture la plus longue parmi ses rivales en WRC, juste devant la nouvelle 307 CC de rallye.




Les premiers essais de la radicale (ou presque) Lancer WRC04 ont débuté en octobre 2003, la machine a du potentiel mais il y’a encore du boulot pour la mettre au point. De toutes manières, les objectifs de MMSP sont plutôt modérés, il s’agit de ne pas être trop largué et d’accumuler des données au fil des épreuves. Le souci est le manque de mise au point durant les essais, la fiabilité ainsi que la capacité de l’équipe à produire rapidement des améliorations efficaces…


Panizzi est nommé premier pilote, plusieurs autres se partageront le baquet de la seconde Lancer cette saison, à savoir l’italien Giggi Galli (qui fera une autre partie des manches avec une Lancer en Groupe-N), l’espagnol Daniel Sola et le finlandais Kristian Sohlberg (rien à voir avec Petter Solberg, à l’orthographe différente).



Après des essais près de Rugby, aux Pays de Galles et en Espagne, l’équipe MMSP arrive au Monte-Carlo pour le premier meeting du WRC 2004. Pour le retour de la marque aux trois diamants, les Citroen Xsara, Focus ou la fameuse Impreza WRC vont mener la vie dure aux nouvelles Lancer WRC04, mais également aux Peugeot 307 CC, autre nouveauté de cette saison.



Après des débuts difficiles, Gilles Panizzi remonte dans le classement au fil des spéciales et terminera l’épreuve à une belle sixième place. Moins de chance pour la deuxième Lancer pilotée par Galli qui sortira de la route assez tôt alors qu’il avait effectué des chronos intéressants, mais pour le retour de Mitsubishi, c’est déjà pas mal, surtout avec une voiture encore toute neuve. Mais on n’a à peine commencé la saison et il reste encore 15 épreuves pour évaluer la nouvelle Lancer WRC…


Une sixième place signée par les frères Panizzi pour le retour officiel de Mitsubishi, au Monte Carlo (©Sevenspeed)

Le souci, c’est que les manches suivantes se suivent et se ressemblent presque, les machines abandonnent souvent ou bien se classent assez loin quand elles rejoignent l’arrivée du rallye. Comme c’était prévisible, le manque de mise au point entraine quelques problèmes du coté du comportement de la WRC04 à cause de ses suspensions pas encore parfaites et des soucis aéro décelés au cours de la saison. Si la répartition des masses est bonne, la Lancer avait tendance à devenir instable à haute-vitesse, il semblerait que l’aileron arrière pose quelques tracas dans ce domaine-là, probablement pas testé longuement ?




Plus problématique, la fiabilité de la voiture fait défaut tout au long de la saison : moteur, transmission, divers pépins électriques (qui a été revu durant cet hiver également) et plus curieusement, perte d’éléments aéro plombent la saison des pilotes alors qu’ils étaient le plus souvient assez bien classés. Ce dernier point va réellement perturber la saison de Mitsubishi, sacrifiant les développements attendus pour les prochaines épreuves au profit de la recherche de la robustesse.


Face à tout ceci, et après le rallye d’Allemagne soldé par un double abandon sur sortie de route, MMSP annonce stopper son programme en cours pour mieux se concentrer sur 2005 et améliorer sa machine. Après dix manches sur les 16 présentes, on ne reverra les Lancer WRC04 qu’à l’occasion du rallye de Catalogne où Sola signe une sixième place à l’issue de la douzième manche du WRC 2004, égalant le meilleur résultat de la voiture depuis le Monte-Carlo.




Mitsubishi termine à la cinquième et dernière place des constructeurs, avec 17 points.




WRC05


Développée quasi dans l’immédiat après le rallye d’Allemagne 2004, la nouvelle version de la Lancer a subi quelques transformations, outre la fiabilité qui a été améliorée, les ouvertures favorisant l’aéro au niveau des ailes sont supprimées et la voiture gagne 3 cm en largeur suite à la nouvelle réglementation qui impose de nouvelles dimensions minimales à respecter.



Le disgracieux aileron arrière est toujours là, cette-fois le comportement de celle que l’on appelle désormais la Lancer WRC05 est amélioré. Enfin, la boite 5 rapports est désormais semi-automatique tandis que l’embrayage est intégralement automatique.


Nouveauté principale, Pirelli remplace Michelin en ce qui concerne les pneumatiques.


Le turbo a également été amélioré sous le capot de la Lancer WRC05


Du coté des pilotes, Gilles Panizzi est toujours de la partie, mais opte désormais pour un programme à temps partiel. Le finlandais Harri Rovanpera courra à toutes les manches pour cette saison, accompagné à plusieurs occasions de Giggi Galli.


Le premier rallye de l’année commence très bien : profitant d’une édition peu enneigée, Gilles Panizzi se montre dans les spéciales sur asphalte sèche et finit troisième à l’issue du rallye ! Premier podium pour Mitsubishi depuis le Safari 2001 ! Un mois de janvier idéal pour la marque nippone quelques temps après sa victoire au Paris-Dakar.



Podium au Monte-Carlo pour la première sortie de la WRC05, grace à Gilles et Hervé Panizzi !

La suite de la saison sera constante, peu de soucis techniques à signaler et les Lancer terminent toujours entre la 4e et la 6e place. Mais malgré le talent d’Harri Rovanpera (qui aurait pu terminer sur le podium au Mexique) et la fougue de Giggi Galli (au prix de quelques fracas, et son copilote Guido d’Amore en sait quelque chose !), on sent que les WRC05 ont du mal à faire mieux que les places d’honneur durant la saison. Les améliorations tardaient quelque peu à venir et le budget consacré au programme WRC cette saison a été revu à la baisse, ce qui expliquerait les raisons de cette stagnation, d’autant plus que le comportement de la voiture n’est pas parfait à cause de ses suspensions.


La hargne (pas souvent bien maitrisée!) de Giggi Galli, ici en Allemagne 05, ne suffit pas à propulser la Lancer au niveau des ses rivales...(©Kristian Lindberg)

Durant le mois de juin, Mario Fornaris quitte l’équipe, il est remplacé par Yasuo Tanaka au même poste de directeur technique, mais pas d’amélioration coté performances.


Lors de la 16e et dernière manche du championnat 2005 de WRC, Harri Rovanpera signe une superbe deuxième place en Australie grâce à ses belles performances et à l’efficacité des pneus Pirelli. Au final, Mitsubishi/ MMSP termine 5e au classement des constructeurs, avec 76 points.


Harri Rovanpera (en Chypre) fera mieux que se défendre tout au long de l'année (©Marios Raptis)

Cependant, en décembre 2005, la marque nippone annonce son retrait officiel du monde des rallyes. Cette dernière n’est pas convaincue par le potentiel de la WRC05 pour continuer, et le fait qu’elle se remet doucement d’une période difficile financièrement parlant a eu raison sur le programme WRC. Avec Skoda, Peugeot et Citroen (pour une seule année certes concernant la marque aux chevrons), cela fait quatre constructeurs qui quittent officiellement le championnat mondial des rallyes.


Plus évoluées et optant pour des solutions aéro originales en dépit de leur encombrement, les Lancer WRC04/05 n’ont jamais vraiment dévoilé leur véritable potentiel pour diverses raisons. Les voitures seront encore présentes à plusieurs manches du WRC 2006 grâce à Ralliart (qui apportera quelques améliorations du coté de la transmission) et aux concessionnaires locaux de la marque.


Tour de Corse 2005 (©?Christian Bernard)

Malgré ce retrait officiel, les voitures signeront encore quelques résultats significations, comme la 3e et 4e place en Suède 2006 avec Daniel Carlsson et Giggi Galli ainsi que des places d’honneur que ça soit dans d’autres manches du WRC ou dans les rallyes locaux. Les Lancer WRC05 poursuivront une nouvelle fois leur chemin en 2007 mais avec moins de réussite, les voitures commencent à prendre l’âge…



Mitsubishi prévoyait de revenir en 2008, malgré l’apparition de plusieurs Lancer en Groupe-N encore aujourd’hui dans le monde du rallye, on attend toujours un éventuel comeback de la marque aux trois diamants…


Daniel Carlsson signera une troisième place à domicile: en Suède en 2006, sans l'aide officielle de Mitsubishi (©juwra)

Fiche technique de la Lancer WRC05 :


Moteur : 2 litres de 4-cylindres

Aspiration : Turbo

Implantation : à l’avant

Puissance : 300 chevaux à 5500 tr/min

Couple : 540 NM à 3500 tr/min



Châssis : en acier et basée sur la Lancer WRC2

Suspensions : McPhaerson modifiées par Ohlins

Boite de vitesses : séquentielle semi-automatique à 5 vitesses, conçue par Ricardo (manuelle sur la WRC04)

Transmission : intégrale, 4 roues motrices

Poids : 1230kg

Dimensions : 4,36m (L) * 1,8m (l)

Pneumatiques : Pirelli (WRC04 : Michelin)



Résultats en compétition :


Engagement officiel en WRC 2004 et 2005, sous le nom de Mitsubishi Motors Motorsports (MMSP)


En 2004 avec la Lancer WRC04 :

6e au Monte-Carlo et en Catalogne

Retrait après le rallye d’Allemagne, 10e manche du championnat (et retour pour la Catalogne)

Pilotes : Gilles Panizzi, Giggi Galli, Kristian Sohlberg, Daniel Sola



En 2005 avec la WRC05 :

Deux podiums : 3e au Monte-Carlo, 2e en Australie

Pilotes : Harri Rovanpera, Giggi Galli, Gilles Panizzi

Engagement non officiel, mais avec l’aide de Ralliart entre 2006 et 2007. 3e au rallye de Suède en 2006 avec Daniel Carlsson.



Liens/sources :









Résumé des rallyes entre 2004 et 2006 (sur Youtube)



Xevi Pons au Monte-Carlo 2007, il se classera 26e du rallye avec cette Lancer WRC05 exploitée par Ralliart (©Rainer Nyberg)

K.N

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