Qui se souvient du meilleur Rookie en NASCAR Sprint Cup en 2010? Certainement pas moi...
On ne va pas se le cacher : la fin des années 2000 et le tout début des années 2010 est une période délicate pour la NASCAR avec une baisse de popularité du coté des tribunes et de la TV, des nouvelles voitures (les « Car Of Tommorow » depuis 2007) diversement appréciées, un spectacle un peu moins fun, mais aussi des teams qui galèrent à trouver des sponsors ou qui peinent à arrondir leurs fins de mois avec la crise financière de 2008 (entre-autres). Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si le start and park commence à se généraliser chez certaines petites structures en NASCAR Cup et se multiplie dans les divisions inférieures…
Du coté des jeunes pilotes, c’est également la soupe aux chou avec certains qui n’arrivent pas à trouver un volant raisonnable pour au moins une demi-saison ou même moins faute de moyens et-ou de sponsors, d’autres qui ne confirment pas leurs espoirs placés (faut-il parler d’une génération également moins véloce ?) en eux ou bien les meilleures places en Nationwide Series notamment (aujourd’hui Xfinity, la deuxième division de la NASCAR), sont totalement occupées par les pilotes de Cup à temps complet. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si les champions en Nationwide depuis 2006 qui courent full-time en Cup en parallèle (comme…Kevin Harvick, Clint Bowyer, Kyle Busch ou Carl Edwards. Oui, du gros calibre en plus) provoquent un certain mécontentement auprès de la NASCAR ou du public même. Parallèlement à ceci, les inscrits au titre du Rookie of the Year en Cup manquent un peu de qualité et de réel talent depuis 2008. A part Joey Logano (en 2009) ou Juan-Pablo Montoya ainsi que Brad Keselowski, voire Marcos Ambrose dans une moindre mesure, il n’y a pas grand-chose à dire sur le reste des pilotes ayant débuté en Cup à cette période, qu’ils soient inscrits au titre du Rookie of the Year ou non et de tout age. Regan Smith et Sam Hornish Jr ne sont pas des cadors en puissance, Scott Speed a bien galéré en 2009, Dario Franchitti et Patrick Carpentier n’ont pas fait long feu en 2008, Michael McDowell n’en parlons pas…Bref, le tableau est loin d’être élogieux…
Pour 2010, et pendant que Jimmie Johnson est prêt à viser un cinquième titre d’affilé, on ne sait pas encore quels pilotes seront officiellement inscrits au titre du rookie de l’année en NASCAR Sprint Cup. Peut-on craindre qu’il y’en ait au final aucun prétendant à ce titre symbolique ? Eh bien non. On apprend au tout début du mois de janvier que Kevin Conway sera le premier rookie enregistré pour la saison. Il conduira la troisième voiture de la Front Row Motorsports, la Ford numéro 37. Kevin Conway ? Un pilote qui roulait de temps en temps en Nationwide depuis 2007, sans jamais briller (malgré le fait d’avoir piloté pour la Joe Gibbs Racing à ses débuts) même si ses quelques courses fin-2009 sont plutôt honnêtes. Bref, pas un cador en puissance en somme, mais tant qu’il apporte un peu argent frais et de sponsor, ça passe avec une équipe du fond du peloton bien qu’elle a bien progressée en 2009.
Ça tombe bien : le pilote de 31 ans emmène dans ses bagages ExtenZe, une compagnie qui produit des pilules au fonctionnement à peu près similaire au Viagra et comme par hasard, Conway détient des parts dans la boite.
Et ce n’est pas fini, on annonce quelques semaines après qu’un second pilote s’inscrira pour ce titre : il s’agit de Terry Cook qui signez chez la Whitney Motorsports, plus précisément avec une Dodge Charger #46, seule voiture engagée par l’équipe. A 42 ans, il s’agit d’une figure plus connue dans les garages et après plus d’une dizaine d’années en Truck et des performances solides (6 victoires), il va enfin débuter en Cup Series. Mais n’ayant jamais piloté ces machines et avec une team qui débute également dans cette série et sans moyens ni sponsors, on ne voit pas trop comment ce duo va etre performant cette saison. Du start & park n’est pas à exclure pour certaines épreuves…
Voila, on a fait le tour des prétendants au Rookie de l’année. Pas de gros talent pour l’un et pas un espoir pour l’autre en plus du fait qu’ils ne roulent pas pour de grosses équipes, le cru 2010 s’annonce très prometteur : qui va réussir à se qualifier le plus ? Qui évitera le start & park ?
Premier souci pour les 500 miles de Daytona, épreuve mythique qui ouvre la saison de la NASCAR : Kevin Conway ne peut pas participer à cette course en raison de son manque d’expérience sur les superspeedway. Terry Cook ne peut également en profiter puisqu’il n’est tout simplement pas qualifié ! Match nul.
En fait, la Dodge #46 ne réussira qu’à se placer sur la grille de départ qu’à la cinquième manche de l’année, à Bristol. Il n’y aura pas grand-chose à dire sinon que Cook se contente du Start & Park. Après une non-qualification à Martinsville, il finira 34e à Phoenix. Deux DNQ et un start & park à Richmond plus tard, le pilote originaire de l’Ohio décide de partir de la Whitney Motorsports juste après le meeting de Richmond justement, en début du mois de mai. Sauf scénario apocalyptique, Kevin Conway est assuré d’être le débutant de l’année.
Mais que dire de la saison du pilote de la Front Row Motorsports ? Eh bien….rien de bien spectaculaire. Le natif de Cornelius signait généralement les deux ou trois derniers temps en essais ou en qualifications, mais le fait que la Ford Fusion #37 aux couleurs d’ExtenZe sera toujours sur la grille de départ au alentours de la 40e place.
Il faut préciser que la troisième voiture de la Front Row (comme les deux autres inscrites cette saison) est dans le top-35 au classement des propriétaires (ou classement des voitures via leur « numéro » en somme…). Puis quand la 37 est hors du top-35, Conway passe dans la seconde voiture, la 38, et enfin, la 34 plusieurs courses après…
Très rarement au-delà du top-30 en course, le pilote a au moins le mérite de ramener la voiture à l’arrivée en un seul morceau, sans erreur notable malgré une certaine lenteur sur la piste.
Quelques résultats notables apparaissent en juillet : 28e à Sonoma et surtout 14e au Daytona 400 en évitant les quelques incidents de course tout en étant dans le rythme du peloton principal, c’est pas mal. Mais hormis ceci, retour à la médiocrité absolue. Hors-piste, la situation est tendue entre Conway et l’équipe : si cette dernière n’est pas satisfaite des performances du pilote (quelle surprise), il semblerait que le sponsor ExtenZe est dans le viseur du team pour des manquements dans le payement depuis le début de la saison.
Et juste à la veille des premiers essais de la seconde venue au Michigan, au mois d’aout, on apprend que la Front Row Motorsports se sépare de Kevin Conway et d’ExtenZe. Le team va dans les semaines qui suivent, poursuivre le pilote et le sponsor à cause de ces soucis de payement.
Totalement à pied pour les treize dernières manches ? Point du tout, Conway trouvera un volant deux semaines plus-tard. Il s’agit de l’équipe de Robby Gordon qui cherche à tout prix des liquidités pour terminer la saison. C’est ainsi qu’à partir de la course nocturne de Bristol, on verra la Toyota numéro 7 peinte en bleu et sponsorisée par ExtenZe. Conway pilotera cette voiture un weekend sur deux en la partageant avec Gordon himself, prêt à laisser sa place et également occupé à disputer des épreuves offroad en parallèle à la NASCAR.
On ne sait pas quelle est la somme déboursé par le pilote et le sponsor pour obtenir ce volant, mais ce qui est sur, c’est que le montant ne doit pas être élevé : la première course de Conway dans la #7, à Bristol justement, se solde par un abandon peu avant la mi-course : il a tout simplement fait du start & park. Le scénario se répétera encore sur toutes les autres courses auxquelles il est inscrit. Seule exception à Fontana : il verra l’arrivée de cette épreuve de 400 miles à une 30e place. Une semaine après cette course, il échouera à se qualifier pour la première fois de la saison, à Charlotte, avec la seconde voiture (#07) engagée à titre exceptionnel.
L’ultime course de la saison, sur l’oval d’Homestead, voit Jimmie Johnson titré pour la cinquième fois d’affilée tandis que Kevin Conway tombera en panne d’essence à trois tours du but après avoir provoqué un yellow flag un peu plus tôt en partant à la faute. Tout un symbole…
Plus problématique que les start & park effectués les trois quarts du temps, Robby Gordon accuse son pilote et son sponsor de ne pas apporter l’argent prévu. L’affaire continuera jusqu’en hiver et même en 2011 quand le bouillant patron-pilote s’en prend physiquement à son ancien pilote dans les garages de Las Vegas pour cette histoire !
Hormis tous ces soucis, on peut chaleureusement féliciter Conway pour son titre de rookie de l’année 2010 en NASCAR Sprint Cup si on excepte le fait qu’il n’a pas participé à toutes les courses et qu’il a signé un petit top-15 comme unique résultat ! Bon, on est mauvaise langue chez Fail-Auto puisqu'il a mené UN TOUR à Indianapolis pendant le drapeau jaune et au gré des ravitaillements.
C’était tout ce qu’il y’avait à dire sur ce sujet. Avec un seul prétendant après dix courses, on ne voyait pas comment ne pas réussir à obtenir ce titre symbolique. De toutes manières, qui en avait véritablement parlé à l’époque et qui s’en souvient aujourd’hui de ce titre symbolique en 2010, considérée comme la moins compétitive de l’histoire de la NASCAR Cup. Qu’on se rassure : 2011 et 2012 étaient à peu près du même acabit…
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