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Photo du rédacteurGoodstone

Pescarolo 03 Judd, ultime machine du Team Pescarolo (2012)

Dernière mise à jour : 20 déc. 2020

Jetons un coup d’œil sur la Pescarolo 03, elle-même une « descendante » de la diabolique Aston-Martin AMR-One. On évoquera également (et assez rapidement) les soucis et la fin de l’équipe d’Henri Pescarolo.





Quadruple vainqueur aux 24h du Mans, en 33 participations, vainqueur des 24h de Daytona en 1991, un podium en F1…voilà un modeste résumé de la carrière d’Henri Pescarolo. Plus que son parcours en tant que pilote, c’est également dans le rôle de directeur de sa propre équipe que le grand Henri est connu.


Après avoir été en quelque sorte un mentor pour les jeunes pilotes de la Fillière Elf au milieu-fin des 90s. Il crée Pescarolo Sport en 2000. Avec les protos Courage puis ses propres voitures à partir de 2005. La fameuse équipe basée au Mans se battra avec toutes ses forces contre la terrible machine Audi et leurs R8 puis les R10 TDI dans la classique mancelle, manquant de peu la victoire absolue à plusieurs reprises. Mais face à la marque aux anneaux et à Peugeot, rien à faire, ces ogres sont bien trop forts pour la vaillante structure.


Pas évident de tenir tete à Audi, ici en 2005 (DR Images)


Rachetée par Jean Py (qui dirigeait également Sora Composites) en 2009, l’équipe ferme ses portes à la fin de l’année, on pensait l’histoire de Pescarolo Sport définitivement terminée…



Renaissance


…Jusqu’au jour où, en fin d’année 2010, deux investisseurs au nom de Joel Rivière (collectioneur) et de Jacques Nicolet (propriétaire du OAK Racing et détenteur du nom Pescarolo pour ses protos en LMP2) vont ressusciter l’équipe et soutenir Henri Pescarolo dans l’histoire ! La renaissance est en marche !


Celle que l’on nomme désormais Pescarolo Team fait son come-back sur la scène de l’endurance en 2011. Avec la 01 à moteur Judd engagée en LMP1, les résultats sont bons et l’équipe manque de peu le titre en European Le Mans Series face à Rebellion. Aux 24h du Mans, le prototype était très bien classé avant qu’une sortie de piste mette fin à l’aventure à deux heures de l’arrivée…


Un retour réussi au Mans en 2011 avant que la voiture sorte de la piste à deux heures de la fin...(lemans-history)


Pour 2012, les ambitions sont en hausse : participation dans le nouveau championnat mondial d’endurance, le WEC (24h du Mans inclus). Le sponsor principal Autovision ne sera pas de retour, il faut également trouver des partenaires pour financer cette saison. Enfin, la 01 commence à prendre de l’âge (ses premiers tours de roues datent de 2007), une nouvelle machine est nécessaire pour au moins se battre avec les autres LMP1 privées…




Dérivée de l’AMR-One


Mais face au manque de temps, il faudra utiliser une voiture issue d’une autre équipe ou constructeur. Le choix se portera sur l’Aston Martin AMR-One, oui, le même proto qui a lamentablement échoué au Mans en 2011 (voir article consacré à ce proto : https://fail-auto.wixsite.com/website/post-1/amr-one)


La "fameuse" AMR One ! (ACO)

Deux exemplaires de ce proto appartiennent désormais à l’homme d’affaires allemand Roald Goethe. Celui-ci est également collectionneur et pilote à ses heures. Ayant reçu un appel de Pescarolo pour obtenir ces voitures, il accepte l’offre.


Pour des questions de temps et d’homologation, la future Pescarolo 03 garde la coque de l’AMR-One ainsi que plusieurs éléments mécaniques. Idem en ce qui concerne la boite séquentielle venant de chez Xtrac.


C’est dans l’aéro qu’intervient le changement principal suite à quelques modifications imposées par l’ACO et la FIA afin que les protos évitent de décoller assez facilement sur les pistes bosselées. Le châssis a été renforcé, entrainant également la modification des trains roulants.



Coté moteur, point de 6 cylindres en ligne made in Aston, mais plutôt un V8 Judd atmo’ qui équipait déjà la 01. Sa puissance dépasse les 520 chevaux.


Le V8 Judd qui causera des soucis...(Ultimatecarpage)

Bien sûr, tout ceci a été décidé et réalisé tardivement, et la bonne vieille 01 reprend du service pour la première manche du WEC, les 12 heures de Sebring (épreuve qui fait également cause commune avec l’American le Mans Series) en mars. Entre temps, Pescarolo annonce un partenariat avec le Luxury Racing (également présent dans ce championnat, en exploitant des Ferrari 458 GTE).



C'est également sur les parties latérales du proto que les modifications sont présentes, avec les prises d'air réaménagés (Sam Collins)


Gros problèmes.


En avril, Pescarolo reçoit également une Dome S102. L’équipe mancelle fera courir deux voitures différentes dans ce championnat. Concernant la 03, le trio de pilotes est connu : les expérimentés Emmanuel Collard et Jean-Christophe Boullion sont de la partie tout comme le jeune Julien Jousse. Un lineup intéressant et à ne pas sous-estimer pour la suite !


Toutefois, les gros soucis apparaissent dès ce printemps : la 03 ne sera pas la début-mai pour la seconde manche du WEC à Spa. Le proto n’est toujours pas prêt, certaines pièces manquantes pour sa construction n’ont pu être livrées à temps.


Photo Sam Collins/ Racecar Engineering

En fait, il semblerait que l’équipe a des impayés envers quelques fournisseurs. Dans la foulée, le partenariat entre Pescarolo et Luxury Racing prend fin avec effet immédiat. Les promesses financières n’auraient pas été tenues. En tout cas, voila une situation bien compliquée pour l’équipe d’Henri Pescarolo malgré sa présence pour les 6h de Spa, avec la Dome.


Sans partenaire ni d’argent, la situation devient critique, d’autant plus que les 24h du Mans auront lieu dans un mois. Roald Goethe acceptera d’aider Pescarolo financièrement. Toutefois, l’homme d’affaires allemand impose une chose : de placer son « protégé », le britannique Stuart Hall, sur le baquet de la 03. Pescarolo est bien obligé d’accepter la chose, et ce sera Julien Jousse qui en fera les frais…


En parlant du prototype, celui-ci fera enfin ses premiers tours de roue à la fin du mois de mai. Les essais se sont déroulés sur le circuit de Magny-Cours, puis sur l’aérodrome de Châteauroux. Pas grand-chose de particulier à dire, le but pour les pilotes Boullion, Collard et Hall était d’accumuler les kilomètres.




En route pour le Mans


L’équipe Pescarolo se prépare pour la journée test des 24h du Mans le 3 Juin. Mais à deux jours de ces essais, coup de théâtre : les voitures (la 03 et la Dome) et le matériel sont saisies par la justice ! Julien Jousse est à l’origine de tout ceci. Grosso-modo il attaque Pescarolo pour manquement de l’employeur sur le contrat initial. Une situation bien délicate pour l’équipe sarthoise, mais obtient gain de cause le lendemain. Les deux voitures peuvent rouler durant la journée test…


Durant ces essais préliminaires, le manque de roulage et de mise au point se fait sentir, mais le bilan reste satisfaisant au vu des circonstances. Toutefois, le comportement du proto est assez piégeur, et le V8 Judd, déjà pas le plus puissant du lot ni le plus robuste, est le souci majeur de la voiture. Outre les soucis d’alternateur, ce sont les vibrations générées par le bloc qui fragilisent la 03 dans l’ensemble.


Photo Christian Junca

Au terme de cette journée, la Pescarolo 03 est la plus lente parmi les LMP1, et à plus de 15 secondes derrière les Audi R18 e-tron. D’ailleurs, la Dome exploitée par Pescarolo est juste devant la 03 en termes de chrono.


L’épreuve des 24h arrivent la semaine suivante. L’objectif de la 03 est de tout simplement rejoindre l’arrivée, ce qui sera délicat au vu de la faiblesse du moteur Judd. Pas question donc d’aller titiller les autres LMP1 privées comme les Lola de chez Rebellion, les HPD de chez Strakka et JRM ou encore de la « vieille » Pescarolo 01 exploitée par OAK. Idem pour la Dome pilotée par Sébastien Bourdais, Nicolas Minassian et Seiji Ara.


A droite de la 03, la Dome S102.5 équipée du moteur Judd également (photo ACO)

Mais dès la première journée d’essais officiels, Jean-Christophe Boullion sort violemment de la piste dans la deuxième chicane des Hunaudières, probablement surpris par le comportement délicat du proto. Souffrant de douleurs aux cotes et à la tête, il doit déclarer forfait pour la course, Collard et Hall vont devoir faire les 24 heures à deux…Comme si cela ne suffisait pas, l’autre voiture exploitée par le team, la Dome S102, sort également de la piste dans la soirée. Heureusement sans blessures pour Seiji Ara.


Auteur inconnu

Reconstruite juste à temps pour les qualifications, la 03 est comme prévu, la LMP1 la moins performante du lot : 13e temps en 3 :37 :485, à plus de huit secondes de la HPD du Strakka Racing si on veut la comparer aux autres LMP1 privées.


Durant la séance de warmup, donc quelques heures avant la course, le moteur Judd casse. Le temps de remplacer le bloc et de l’installer sous la 03, il est déjà trop tard pour l’aligner sur la grille de départ et le proto doit partir depuis la voie des stands.


Auteur?

Lorsqu’elle est enfin prête, les concurrents ont déjà entamé le troisième tour de course ! Bien évidemment, tout bon résultat est déjà compromis mais on espérait au moins la voir à l’arrivée. Malheureusement, des soucis moteur apparaissent après une heure d’épreuve et la 03 passe pas mal de temps au garage.


Finalement, après 20 tours bouclés et plus de 4 heures de course, la Pescarolo 03 alors conduite par Collard rentre définitivement au garage : colonne de direction cassée.


photo: Kevin Decherf

En ce qui concerne l’autre voiture de Pescarolo Team, la Dome, le moteur Judd va également connaitre des soucis moteur. Le proto fermé verra le drapeau à damiers, mais non-classée.



Après ceci, on apprend au cours du mois de juillet que l’équipe ne fera pas les courses restantes en WEC, les difficultés financières sont trop importantes et Roald Goethe ne veut plus investir davantage. Ce dernier (toujours propriétaires des châssis Aston AMR-One) va reprendre la 03 et l’autre AMR-One non modifiée par Pescarolo pour le ranger dans sa collection. Le 8 janvier 2013, l’équipe est placée en liquidation judiciaire.


Une triste fin pour une structure qui a tant fait vibrer le public manceau dans les années 2000 et qui aura un temps énormément affecté le fondateur dans l’histoire. Le nom sera bien présent (et "utilisé") plus tard via des prototypes supposés courir en VdeV, mais tout ceci n'a rien à voir avec notre sujet.



La Pescarolo 03 n'aura jamais vraiment dévoilé son potentiel en course (photo Thierry Chargé)


Fiche technique



Moteur : Judd DB V8 3397cc

Aspiration : atmosphérique

Implantation : central-arrière

Puissance : 520 chevaux à 10 000 tr/min

Couple : 541 NM à 9000 tr/min


Châssis : monocoque en carbone composite et repris sur l’Aston Martin AMR-One

Freins : en carbone céramique

Boite de vitesses : séquentielle 6 vitesses de chez Xtrac

Transmission : à l’arrière

Poids : 900kg mini.

Dimensions : 4,65 m (L) * 1,98 m (m)

Pneumatiques : Michelin

Sources


Endurance Info, Dailysportscars, Racecar Engineering, Le Mans Magazine, Autohebdo, Autonews…

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