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  • Photo du rédacteurGoodstone

Spyker en F1

Bien avant que l’écurie basée à Silverstone s’appelle aujourd’hui Aston-Martin et après que celle-ci se nommait Jordan et Midland, elle était brièvement passé sous pavillon néerlandais…




A la fin de l’année 2005, et alors que le nom de Jordan Grand-Prix disparait définitivement du paysage de la F1, on pensait que Midland, équipe qui lui succède en 2006, allait prendre le relais pour un bout de temps…


Mais après avoir passé une bonne partie de l’année à se promener sur la piste dans le fond du peloton, Alex Shnaider, lui-même homme d’affaires, industriel et fondateur de Midland, veut se débarrasser de son joujou encombrant au plus vite ; il n’attend même pas la fin de la saison pour refiler le bébé à quelqu’un d’autre. D’ailleurs qui sont ces nouveaux venus ? On sait que c’est un consortium venu des Pays-Bas et qui est mené par l’homme d’affaires Michiel Mol, qui a également fondé la société informatique Lost Boys.


Même pas une saison complète et voila que Midland devient Spyker fin-2006 (enfin, plutot Midland-Spyker) (©Midland)

Plus intéressant est que Victor Muller est également de la partie dans l’affaire. Victor Muller ? C’est celui qui a co-fondé Spyker Cars, compagnie automobile du pays qui a vu naitre Jan Lammers, Jos & Max Verstappen ou encore Edwin Van der Sar (rayez l’intrus). Vous savez, le petit constructeur de supercars au look étrange…non toujours pas ? Bon peut-être que le nom de Spyker (aucun lien avec la marque éponyme crée en 1914 et disparue en 1929, celle menée par Muller est plus revival) aujourd’hui est davantage synonyme de comeback raté et de faillite à répétition ces dernières années, mais au milieu des 2000s, celle-ci voulait vraiment s’agrandir (tentative d’élargissement de la gamme, etc). On voit d’ailleurs des C8 GT2 courir au Mans et en Le Mans Series à cette période, preuve d’une certaine ambition au sein du constructeur…Très vite, utiliser le nom de Spyker sera plus attractif, dirons-nous, pour reprendre le team.


Le 10 septembre 2006, soit durant le GP d’Italie, il est annoncé que Midland devient Spyker F1 Team à partir de maintenant. Toutefois, l’équipe garde son nom originel pour les trois derniers GP, toujours avec les mêmes pilotes qu’en début de saison, à savoir Tiago Monteiro et Christijan Albers. Aucun point n’a été récolté tout au long de l’année…


Nouvelle couleur et nouveau nom à partir du GP de Chine 2006, à Shanghai

En coulisses, Spyker ne chôme pas : Mike Gascoyne (ex-Toyota) rejoint l’équipe en tant que directeur technique et cette dernière signe un contrat une Ferrari pour la fourniture des moteurs dès 2007, rien que ça ! L’annonce a été rendue officiel durant le GP de Chine, deux semaines après le rachat de Midland.


Pour l’hiver 2006-2007, il y’aura un changement principal du coté des pilotes. Le portugais Tiago Monteiro ne sera plus de la partie, il sera remplacé par un jeune allemand de 24 ans au nom d’Adrian Sutil, ancien pensionnaire en F3 Euroseries et champion 2006 de la F3 nippon, il a également été un des pilote-essayeurs chez Midland la saison passée. Le voilà désormais qu’il débarque en Formule 1 avec un potentiel plutôt intéressant et avec quelques petits sponsors en poche.




Sans surprise, le néerlandais Christijan Albers est toujours de la partie. En dehors du fait qu’il apporte des sponsors (dont Lost Boys), il a montré quelques prestations intéressantes, notamment en qualifs. Enfin, comme l’an passé, Spyker recrute plusieurs pilote-essayeurs, que ça soit en début d’année ou en cours de saison. Citons Markus Winkelhock, Adrian Valles, Fairuz Fauzy ou encore Giedo Van der Garde.


A part les changements évoqués ci-dessus, le staff n’évolue peu. Colin Kolles (présent depuis 2005) reste toujours le manager du team et les ingénieurs John McQuillam, Mark Smith & James Key sont en charge de lu développement de la monoplace.


En parlant de la monoplace, la F8-VII, celle-ci est globalement identique à la Midland M16, elle-meme basée sur la Jordan EJ15…Il ne faut pas s’attendre à ce qu’elle soit compétitive en 2007 malgré quelques ajouts aérodynamiques et du bloc Ferrari (Gascoyne n’a pas eu le temps de s’occuper de cette voiture). Il ne faudra donc pas s’attendre à des miracles cette saison. Au moins se battre avec les Toro-Rosso ou les Super-Aguri est déjà pas mal.





De toutes manières, Spyker a la tête tournée vers le long terme, l’objectif est ici, de tout simplement tenir le coup, et malgré des moyens techniques et financiers globalement limités. Car malgré le nom d’un constructeur (enfin presque, vu la taille de la compagnie) et le soutien de quelques compagne comme Etihad, Aldar ou Medion Mobile, Spyker F1 est plus une entité séparée de Spyker Cars et ne partageant que quelques liens (outre le nom bien évidemment). Notons que des rumeurs affirment l’arrivée d’une version plus évoluée de la machine qui arrivera en cours de saison, surement à partir de l’été. De plus, l’équipe prévoit également de rendre opérationnel sa propre soufflerie, il faudra attendre encore un peu pour qu’elle soit à 100% fonctionnelle.


A l'arrière: Christijan Albers et Adrian Sutil, et devant la F8-VII de gauche à droite: Fairuz Fauzy, Adrian Valles, Markus Winkelhock et Giedo Van der Garde. (©Motorsport Images)


Dès le début de saison, pas de miracle : les Spyker sont les moins véloces du plateau et se contentent de la dernière ligne au départ (avec plus de 2 secondes, voire 3 d’écart avec le poleman). Bien sûr, la monoplace reste toujours une brouette (lacunes aero, comportement délicat à certains moments…), mais la fiabilité, quoique correcte, est elle aussi pas exceptionnelle face aux autres. Les rivales Toro-Rosso et surtout, Super Aguri sont hors de portée. Il faut dire que la première est une copie conforme de la Red-Bull et l’autre recycle les Honda de 2006, ce qui mécontente énormément Kolles à ce sujet, estimant le combat inégal d’entrée de jeu…



Mais vouloir incriminer uniquement la monoplace serait quelque peu injuste. Les pilotes également ne sont pas exempts de tout reproches. Le GP du Canada est un exemple parfait d’une association entre des monoplaces fracassées et une grosse opportunité manquée de marquer des points vu le déroulement chaotique de cette épreuve.


La F8-VII a beau s'envoler sur la piste, ici Sutil à Montréal, les résultats ne décollent pas plus qu'à l'époque Midland...(©Motorsport Images)

Assez souvent dominé par Sutil, Albers déçoit même si son expérience face à son jeune partenaire l’avantage à quelques moments en course. Quelques moments « marquants » de sa saison : une sortie de piste à Melbourne en tentant de rebrancher sa radio, une autre sortie à Montreal puis un incident-gag à Magny-Cours où, durant son arrêt aux stands, il part sans que celui-ci soit terminé. Bilan le tuyau de ravitaillement arraché et attaché à sa monoplace, causant son abandon.


Oops...

Après une 15e place à Silverstone, le pilote néerlandais, lâché par un de ses sponsors, quitte l’équipe. Sur l’autre Spyker, le débutant Sutil a certes chiffonné sa voiture à quelques occasions, mais a fait bonne impression dans l’ensemble…


L’été ne changera pas grand-chose à l’histoire, malgré des petits progrès. Cela dit, impossible de zapper cette période sans évoquer la course au Nurburgring et notamment de « l’exploit » de Markus Winkelhock, qui remplaçait Albers dans la voiture # 21.


Quelques erreurs, mais de bonnes choses pour Adrian Sutil pour ses débuts. Cerise sur le gâteau le meilleur chrono lors de la 3e séance d'essais à Monaco...sous la pluie (©Peter J. Fox)

Pas la peine de refaire toute l’histoire : parti bon dernier, le pilote allemand rentre aux stands à la fin du tour de formation pour utiliser les pneus pluie. Ça tombe bien : la piste commence à être détrempée passé le départ. Une aubaine pour Winkelhock qui va mener la course à l’issue du second tour ! La pluie diluvienne, combinée à la sortie de piste de plusieurs voitures dans la première épingle, est telle que la course est interrompue au quatrième tour.


Celle-ci reprendra lorsque le soleil reviendra. Après avoir mené six boucles, Winkelhock est logiquement dépassé par les autres pilotes au restart. Il abandonnera au 13e tour sur panne hydraulique, mais on se souviendra tous de l’unique GP du fils de Manfred…N’étant qu’un remplaçant temporaire, ce sera le riche Sakon Yamamoto (qui a déjà roulé en F1 la saison précédente, sur Super-Aguri) qui finira la saison sur cette voiture.


Un seul GP pour Markus Winkelhock en F1, mais on s'en souviendra encore ! (©?)


L’été passe, la nouvelle version se fait attendre. Celle-ci devait faire ses débuts au GP de Turquie fin-aout, mais après avoir échoué au crash-test (selon plusieurs sources), elle fera ses premiers véritables tours de roue la semaine suivante, à Monza. Plus stable et mieux finie aérodynamiquement, la F8-VII B ne permet toutefois pas à Spyker de quitter les dernières lignes. Si Yamamoto se contente de franchir la ligne d’arrivée (c’est à peu près tout ce qu’on demande de lui..), Sutil lui ne démérite pas malgré la faible compétitivité de sa monture.


Isantbul 2007 (©F1-Fanatic/ XPB Images)

En Hongrie, le pilote allemand se bat avec les Honda à la régulière. A Spa, il signe une jolie course en étant capable de se battre dans le milieu du peloton, dépassant notamment la Williams d’Alex Wurz et la Red-Bull de David Coulthard à la régulière. Le premier point arrive enfin au GP du Japon, sur la piste (très) détrempée de Fuji : initialement 9e, Sutil profite de la pénalité après-course de la Toro-Rosso de Liuzzi pour lui chiper le dernier point. Voilà Spyker devant l’écurie italienne à deux GP de la fin….mais cette dernière va très vite passer devant dès le GP de Chine.


L’équipe finit 10e et dernière au championnat (McLaren a vu tous ses points retirés, sauf leurs pilotes, suite au Spygate). Plus que cette saison initiale assez délicate, c’est en coulisses que ça s’agite. C’est à partir de l’été que tout s’agite avec des rumeurs de retrait de la marque (et du nom) Spyker en F1. La raison est que la compagnie cumule les dettes et les soucis financiers (il y’en aura d’autres !), un rachat par d’autres investisseurs est évoqué, même Alex Shnaider est évoqué pour reprendre le team ! Michiel Mol himself est prêt à racheter Spyker F1 bien que depuis le printemps, il est directeur-général de Spyker Cars, poste qu’il a décidé de quitter à ce moment-là pour éviter tout conflit d’intérêt.



©Charles Coates

Finalement, on apprend qu’au mois de septembre, l’entité Spyker F1 Team est rachetée pour 80 millions d'euros par Mol et surtout, par un homme d’affaires indien multimillionnaire au nom de Vijay Mallya. Il est également le fondateur de la compagnie aérienne Kingfisher dont celle-ci apparait déjà au milieu des 1990s en sponsorisant des équipes comme Benetton ou Toyota. De l’orange des Pays-Bas, on passera aux couleurs indiennes dès 2008.


Dernière apparition de Spyker au GP du Brésil, avec un joli cadeau de la part de Sakon Yamamoto venu escalader la Renaut d'un Giancarlo Fisichella revenu trop brutalement sur la piste après etre sorti trop large au premier virage (©Reuters

Le GP du Brésil 2007, marqué par un double-abandon en course, est la dernière course de Spyker F1 qui n’aura pas existé plus longtemps que Jordan…Au moins elle aura marqué un point durant sa brève existence, ce qui n’était pas le cas lorsque l’écurie basée à Silverstone s’appelait Midland.




Sutil ne sera pas plus verni que son partenaire nippon sur ce meme GP: accrochage avec la Super-Aguri de Davidson et abandon peu après...(©XPB Images)

Liens/sources:



Archives Motorsport.com, Autosport, STATS F1, Zone F1, F1i Magazine...




Adieu Spyker, bienvenue Force-India. Durant l'hiver 2007-2008, sept pilotes se partageaient le volant de cette F8-VII B pour le second baquet du team (aux cotés de Sutil, déja confirmé par le team qu'il restera dans la structure pour 2008). Parmi eux, Ralf Schumacher (photo) (©?)


K.N



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