On ne va pas se le cacher, la période entre la fin des années 2000 et début-2010s n’était pas facile au sein du monde de la NASCAR. C’est surtout du coté des petites structures que la situation était compliquée, voire très compliquée. La solution était parfois simple, on zappait des manches du calendrier du championnat ou on misait sur un programme réduit à l’année, on cherchait des pilotes ayant un budget intéressant pour la course suivante, on pouvait s’allier avec une autre équipe pour la saison ou pour quelques manches histoire de partager les couts. Ou tout simplement on se contentait de pratiquer du Start and Park en attendant des jours meilleurs. C’est bien beau tout ceci, mais encore faut-il pour ces dernières qu’elles survivent pour la saison suivante et ce n’est pas gagné pour au moins la moitié des teams concernés.
Ça n’empêche pas certains motivés de se lancer avec parfois les poches vides dans les divisions principales de la NASCAR, parfois directement en Cup, le championnat principal. Ce n’est pas une nouveauté, même si ça passe et surtout, ça casse. Cet article va traiter d’une de ces structures pratiquement venues de nul-part : la SS Motorsports.
Commençons par un peu d’histoire : pilote depuis les années 1980 dans le monde du short-track, du Stock Series et des Modified Tour où il a remporté plusieurs courses et de temps à autre en drag, Steven Scharr est également à la tête de sa propre structure basée à Kannapolis, en Caroline du Nord (le « cœur » de la NASCAR). Celle-ci ne se contente pas uniquement de s’engager avec son patron-pilote, elle prépare et construit également des machines destinées au Stock Series, au Modified Tour(entre autres) et parfois même des châssis pour différentes équipes inscrites dans l’une des divisions majeures de la NASCAR (ca allait au maximum jusqu’à celles qui couraient en Xfinity Series, anciennement Nationwide ou Busch Series, la seconde division).
Mais entre tout ceci, Scharr aimerait bien s’engager dans les grands championnats de NASCAR, certainement pas comme pilote, mais en emmenant sa structure dans les hautes divisions du stock-car américain. Reste à trouver une voiture opérationnelle, des personnes motivées et un peu d’argent…Le projet débute durant l’année 2011, et l’équipe qui se nomme SS Motorsports (des initiales de son fondateur) a déjà trouvé l’équipement nécessaire pour faire quelques tours de manège dans l’un des trois séries principales de la NASCAR, non pas en Truck, ni en Nationwide Series, mais directement dans la Sprint Cup Series !! Après tout, Scharr n’est pas le premier, ni le dernier à démarrer de tout en haut dans l’histoire.
Les châssis sont facilement trouvés pour l’équipe : il s’agit des Toyota Camry précédemment utilisées par la JTG-Daugherty Racing et de la Michael Waltrip Racing. Conformément à la réglementation du championnat à cette époque, les voitures sont conformes à la réglementation « COT » alias « Cor Of Tommorow » qui aura laissé un souvenir mitigé pour certains fans au vu de leur esthétique. Pour le moteur, on fait confiance à Pro Motor Engines pour l’entretien et le développement des V8 dont certains récupérés proviennent d’anciens châssis Dodge (selon l’histoire !).
Une page Facebook au nom du team est créée dans le même temps. Malheureusement, celle-ci est désormais supprimée et il est impossible de trouver une quelconque archive. SS Motorsports publiait régulièrement des photos et images de l’avancement de leurs voitures en cours de préparation. Les premiers tours de roue se déroulaient en mai 2012 en privé, sur le short-track du Caraway Speedway. Pilote plus ou moins actif en Nationwide Series, Stephen Leicht a effectué plusieurs tours avec la Toyota avant de finalement signer dans une autre équipe en Cup. Quelques temps après, un partenariat est trouvé avec la compagnie Blue Ox pour le sponsoring. La Camry est peinte en bleu et blanc.
La SS Motorsports fait son apparition durant le mois de septembre, lors de la seconde venue sur le short-track de Richmond de la saison 2012 de la NASCAR Sprint Cup. S’il s’agit de la dernière course « régulière » avant les playoffs (ou le « Chase »), c’est également les grands débuts du team dans l’élite. Avec 45 voitures engagées pour 43 places, la Toyota ornée du numéro zéro n’aura pas le droit à l’erreur. Pour mettre toutes les chances de leurs coté, Scharr mise sur un vétéran du peloton en la personne de Mark Green. Ce pilote semi-retiré a surtout roulé dans les divisions inférieures de la NASCAR et plus précisément en Nationwide (où il a essentiellement fait du Start & Park à partir de 2008), mais n’a jamais piloté en Cup, enfin presque. Il a tenté à deux reprises de participer, mais n’a jamais réussi à se qualifier dans chacune de ses tentatives. Le voila de retour neuf ans après sa dernière apparition en Cup…
Du coté du team, la motivation ne manque pas, mais le budget est mince, le staff réduit et pas expérimenté et la Toyota manque certainement de roulage et de réglage. Se qualifier sera déjà pas mal, c’est l’objectif en tout cas et il est prévu de se contenter de faire du Start & Park pour la course.
Sauf qu’il n’y a pas de miracle : Mark Green est le moins rapide durant les premiers essais et en qualifications, l’histoire se répète. Le frère de Jeff et David Green (tous deux champions en Busch/Nationwide/Xfinity Series) est une seconde moins rapide que Dale Earnhardt Jr. La numéro zéro passe donc logiquement à la trappe…
Il est prévu que l’équipe fasse son retour le mois suivant, à Martinsville. Mais aucune nouvelle n’a circulé et elle n’apparait pas dans les garages. On pensait qu’elle se préparait pour 2013, mais à la fin de l’année, on apprend que la SS Motorsports est dissoute…Une tentative et puis s’en va, comme tant d’autres.
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