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  • Photo du rédacteurGoodstone

Toyota Supra GT-LM (1995-96)

Dernière mise à jour : 6 mars 2023

Bien connue pour ses performances en Super-GT ou pour ses apparitions « virtuelles », la Toyota Supra de quatrième génération a également participé aux 24h du Mans via la version GT LM. Que valait -elle face aux autres GT1 de l'époque ?



Lancée en 1993, la Supra IV (code A80) tranche radicalement avec sa devancière en se présentant comme un coupé sportif avec des lignes rondouillardes et bien dans l’air du temps. Reprenant le châssis de la Soarer (Lexus SC, apparue en 1991), la voiture est dotée de nouveaux moteurs également : des 6-cylindres de 3 litres certes, mais rien à voir avec ceux de l’ancienne Supra, place à des nouveaux blocs nommés 2JZ GE pour la version atmo ou 2JZ GTE en ce qui concerne la version à double-turbo.


C’est cette dernière version qui est la plus intéressante car outre sa puissance (280 chevaux au Japon, plus de 300 à l’export), sa fiabilité et ses performances s’associent très bien à la Supra. Si elle n’a connu qu’un succès modeste hors-Japon, elle n’en a pas moins fait forte impression du coté des préparateurs, des amateurs de tuning ou encore des inconditionnels de Gran Turismo en passant par les fans du film Fast & Furious…


Une voiture qui aura de nombreux fans.

Mais si cette Supra est performante, pourquoi ne pas l’engager en compétition ? C’est le préparateur Blitz qui a eu l’idée en premier en l’engageant en 1994 dans le récent championnat nippon de GT, le JGTC (futur Super-GT). Toutefois, sans le soutien du constructeur nippon, impossible de briller face à ses rivales, ses performances décevantes et sa fiabilité sur ce type d’épreuves ne permet pas à la Supra IV de se démarquer…


A la fin de cette même année, Toyota décide de s’intéresser à ce championnat avec une Supra radicalement modifiée face à celle de Blitz fait ses débuts à Sugo. Engagée par SARD, alors une des équipes de pointe et toujours affiliée à la marque, la voiture abandonnera en course, mais l’histoire est réellement en marche…


Sugo 1994: Bien que Blitz exploite déja une Supra en début de saison, les débuts officiels de la Supra en JGTC débute réellement sur ce tracé. La voiture est confiée à SARD (©SARD)

Petit retour en arrière


Bien que présente dans les championnats de sport-proto depuis les années 1960, il faut attendre 1985 pour voir l’engagement officiel de la marque aux 24h du Mans, avec une 85C sponsorisée par Leyton House, puis les participations se multiplièrent année après année, même si les machines marquent le pas face aux Sauber-Mercedes, aux Porsche ou au Jaguar à l’époque des fameuses Groupe-C.


Avant que Toyota s'engage officiellement au Mans. Le nom de la marque nippone apparaissait déjà dans la Sarthe en 1975 via la Sigma (connue aujourd'hui sous le nom de ...SARD) MC75. Ce proto du Groupe-5 était justement motorisé par un bloc Toyota. La voiture ne verra pas l'arrivée (©?)

A partir de 1990, SARD et TOM’S deviennent les fers de lance de Toyota dans le monde de l’endurance, que ça soit dans le championnat nippon de sport-proto (JSPC) ou aux 24 heures du Mans. En 1994, alors représentante principale de la marque dans la Sarthe et que le Groupe-C est mort (échec de la formule des moteurs 3.5L atmo…), la « vieille » Toyota 94CV aurait dû remporter cette épreuve avant qu’un souci de boite de vitesses ruine toutes les chances de l’équipe à moins de deux heures de la fin…La voiture pilotée par Mauro Martini, Jeff Krosnoff et Eddie Irvine finira second derrière la Dauer 962.


Peu après ceci, SARD participe en JGTC avec une Supra, et comme on l’a évoqué au-dessus, ceci marque véritablement les grands débuts officiels (Toyota soutient l’affaire) de cette voiture dans cette série.


La 94CV qui aurait du gagner l'édition 1994 des 24h du Mans. Les vieilles Groupe-C à moteur turbo étaient encore autorisées pour cette édition (©lemans-history)

GT LM


Il convient de préciser que le moteur présent dans la Supra de compétition n’est pas le 2JZ-GTE comme sur le modèle de série car trop lourd et pas adapté à ce type de compétitions. A la place, le 4 cylindres de 2,1 litres toujours turbocompressé et déjà installé pour le JGTC est installé sous le capot. Ce bloc est déjà connu dans d’autres modèles Toyota de compétition comme les Celica de rallye (à l’époque du Groupe B puis, le Groupe A) ou bien dans les Eagle Mk III qui couraient en IMSA au début des 90s.




Parallèlement à ce programme, SARD et Toyota cherchent à participer une nouvelle fois aux 24h du Mans pour 1995. Les protos du Groupe-C sont désormais morts et enterrés, les GT arrivent sur le devant de la scène (avec le championnat BPR notamment) et attirent pas mal de constructeurs plus ou moins impliqués de manière officielle. Plus précisément, la fameuse catégorie GT1 (classe-reine parmi les GT) est visée, jugée plus performante et moins restrictive coté règlement.


Celle courant en JGTC sera choisie comme "base" pour Le Mans, même si les différences sont minimes (©?)

En fait, il y’aura deux modèles qui seront créés simultanément pour le Mans. Une sera une pure création de chez SARD avec une MR2 sous hormones : la MC8-R, et l’autre sera tout simplement la Supra, qui est un projet mené à la fois par Toyota elle-même , via sa propre division TRD, et SARD justement.


C’est cette dernière voiture qui nous intéresse pour cet article. Après le JGTC, pourquoi ne pas également l’essayer dans une épreuve de longue haleine ? Pour cela, on utilise comme base celle qui court en JGTC. Le bon vieux moteur 2,1L turbocompressé affiche 650 chevaux, contre 480 pour la version JGTC.



Pour le reste, cette Supra en version « GT LM » est dotée d’une boite de vitesses X-Trac séquentielle et de pneus Dunlop. Coté freins, et contrairement à celle courant en JGTC, les disques sont en carbone et les suspensions sont reprises à la TS010, un proto du Groupe-C à moteur atmo’. Enfin, cette Supra pèse environ 1245 kg, 200 de moins que celle de série.


Une livrée bien connue des connaisseurs

Sur le papier, c’est séduisant, mais il y’a comme un gout de « pas assez » pour se démarquer face aux autres GT1 : machine pas très radicale, trop classique face aux concurrentes, moteur toujours installé à l’avant... Manque de temps ou d’ambitions de la part des deux acteurs ? Nous verrons ça lorsque la Supra effectuera ses premiers tours de roue.


Les premiers essais ont débuté au début du printemps 1995 sur le circuit de Fuji. Deux voitures étaient présentes sur ce tracé rapide avec des pilotes intéressants, le lineup est déjà confirmé pour le Mans :


La première, confiée et engagée directement par SARD, est pilotée par deux habitués de la marque, avec Jeff Krosnoff et Mauro Martini. Ils seront accompagnés par le champion 1994 de F3000 nippon, Marco Apicella.


La seconde voiture, aux couleurs de Nisso, est en réalité exploitée par le Team Trust. Elle est composée par d’autres pilotes connus de la marque avec George Fouche, Steven Andskar et du pilote de F3000 nippon, Thomas Danielsson.


Les essais ont montré que la Supra a rencontré des soucis de fiabilité (qui ne concernent pas le moteur) et souffre d’un comportement imparfait. Durant ces séances, la seconde voiture est accidentée et doit déjà déclarer forfait pour la classique mancelle…


Rare image de la Supra LM de l'équipe Nisso Trust. Elle finira accidentée durant les essais sur le circuit de Fuji...(©?)

1995


Engagée par le Team SARD, mais bien évidemment soutenue par Toyota, l’unique Supra GT LM engagée est dispensée des préqualifications pour cette édition puisqu’elle participe en tant qu’équipe d’usine. Rendez-vous en juin pour voir la voiture dans la Sarthe.


Cette 63e édition de ces 24 heures du Mans fait la part belle aux GT. Jetons un coup d’œil parmi le plateau des GT1 : outre la SARD MC8-R, on a plusieurs Ferrari F40, de Porsche 911, des Venturi 600LM ainsi que quelques originalités comme la Jaguar XJ220 ou une Corvette ZR1. Autres voitures à surveiller, les McLaren F1 GTR qui se sont montrées performantes en BPR. Chez les rivaux nippons, il y’a du monde également avec Nissan qui répond présent via deux Skyline GTR-LM et Honda qui engage deux NSX GT1, turbocompressé ou non. Sur le papier, ni la Supra ni les GT ne sont supposées jouer la gagne en 1995 face aux protos ouverts comme la Courage C36, la Kremer K8 ou la WR LM…Mais qui sait…


A gauche: la SARD MC8-R (©?)

Lors des premiers essais chronométrés, la voiture confirme les problèmes aperçus sur le circuit de Fuji. Quelques difficultés de mise au point sont également recensées, mais l’objectif pour SARD est de se concentrer pour la course. Au final, le trio Martini-Krosnoff-Apicella enregistre le 30e temps juste devant la MC8-R, et à plus de 15 secondes de celui effectué par la Ferrari F40 de Gary Ayles, meilleure représentante des GT1 en qualifs’. Pas extraordinaire, mais la Supra a fait mieux qu’une Skyline et la NSX GT1 atmo’.


Pour la course, la voiture grimpe progressivement au classement et l’apparition de la pluie après une heure d’épreuve n’entrave pas sa remontée.


Début du tour de lancement, ici derrière la Honda NSX GT1 Turbo (©autosport)


Mais à l’issue de la septième heure, des soucis de boite vont faire plonger la voiture aux dernières places. Ensuite, ce seront les freins, le moteur et à nouveau la boite qui vont souffrir pour la suite. Mais les pilotes et la Supra tiennent le coup et finissent l’épreuve au 14e rang final (derrière quelques GT2), 8e parmi les GT1. Pour l’histoire, c’est la McLaren de Yannick Dalmas, JJ Lehto et Masanori Sekiya qui remportent l’épreuve.



Pour une première sortie, c’est correcte mais pas non plus exceptionnelle, la Supra manquait de compétitivité (en ignorant ses soucis) pour espérer un bon résultat à la régulière. Il y’a du travail à faire pour faire mieux l’année prochaine. Au moins ca reste mieux que la création de SARD : la MC8-R a rapidement abandonné…


©Fernando Ribeiro

Ces 24h du Mans ne marquent pas l’unique participation de la Supra GT LM, on retrouvera deux voitures en novembre dans le cadre de l’ultime manche du championnat BPR, dans les rues de Zhuhai (et non sur le tracé permanent, pas encore crée), en Chine. A cette occasion, les deux Supra sont officiellement exploitées par le Team TOM’S, autre préparateur et équipe soutenue par Toyota, mais SARD suit également l'engagement de ces deux voitures la. L’équipage est lui-aussi différent et intéressant :


La #36 avec deux des trois vainqueurs des derniers 24h du Mans sur McLaren, à savoir JJ Lehto et Yannick Dalmas.

La #37 avec l’habituel pilote chez GTC (McLaren) dans ce championnat, Pierre-Henri Raphanel. Il sera épaulé par l’ancien pilote Peugeot, Philippe Alliot.


Deux voitures et nouvelle équipe qui exploite les Supra (TOM'S) pour Zhuhai, le tout sous les couleurs de Marlboro (©Ma Chai / Photogrid)


La Supra n’a que peu évolué pour cette épreuve, hormis le fait qu’elle est chaussée de pneus Michelin à cette occasion. Dès les essais, ça commence mal : la 36 se crashe bien que cela soit rapidement réparé pour l’épreuve. Hormis ceci, les voitures ne sont pas à l'aise sur ce circuit urbain : 11e et 13e sur la grille (avantage à la 37), à sept secondes de la F40 du Team Italia !


La course de trois heures n’est guère meilleure : la 36 abandonne rapidement sur un souci de suspension (conséquence de l'accident la veille) tandis que la voiture sœur termine péniblement l’épreuve à une 11e et avant-dernière place au général.



1996


Toyota va sensiblement améliorer la Supra en commençant par diminuer son poids de près de 100kg : la voiture ne pèse plus que 1150 kg sur la balance. La fiabilité a été longuement améliorée de même que pour son comportement jugé délicat à haute vitesse. Le turbo est devenu un peu plus fiable et moins « désagréable » au volant. Pour le reste, et hormis le fait que la voiture est légèrement abaissée, de nouveaux éléments aéro ont été ajoutés et l’arrière subit un lifting pour rendre la chose plus aérodynamique et compétitive. Suffisant pour faire mieux au Mans cette année ? Notons également que la version courant au Japon connait à peu près les mêmes améliorations.


Le spoiler avant est également modifié (©?)

Une seule Supra sera présente pour cette épreuve mythique, et ce sera à nouveau SARD qui sera chargé d’exploiter cette voiture. La concurrence est plus féroce que l’année précédente car outre les prototypes (Kremer, Courage ou la Joest-Porsche/TWR), les autres GT1 peuvent encore rêver d’un très bon résultat comme avec McLaren, Ferrari, Nissan ou Venturi.


Plus encore, Porsche a dévoilé son arme ultime : la 911 GT1 qui va bouleverser cette catégorie tant cette machine fait davantage figure de « GT Prototype » qu’à une pure Grand-Tourisme. En tout cas, son apparition fait grincer pas mal de dents dans la catégorie.


Pour les préqualifications, SARD (qui engage également la MC8-R en parallèle) confie la Supra à Alain Ferté. Bien que qualifié d’office, toujours grâce à son engagement en tant qu’équipe officielle, celle-ci participe tout de même à cette séance afin de mettre au point la voiture.


©Paul Kooyman


La Supra se montrait plutôt en retrait malgré les efforts de Ferté (qui pilotait en même temps la MC8-R, oui on pouvait conduire des voitures différentes tant qu’elles sont engagées par la même équipe). Les performances sont meilleures, mais ça reste insuffisant face aux autres GT1. Bon elle fait jeu égal avec la Skyline GTR LM (et mieux que la Callaway C7R qui n’a pu se préqualifier ou des Renault Spider GT1), c’est déjà ça…


Pour la course, l’équipage est tout nouveau et 100% nippon (Ferté lui, sera sur la MC8) : le vainqueur de l’édition 1995 Masanori Sekiya sera accompagné de Masami Kageyama et d’Hidetoshi Mitsusada.


©Takagiri Tadashi

Pour les qualifs’, il va falloir se contenter du 37e rang en 4 :06 (c’est 4 secondes de mieux qu’en ’95 malgré tout), juste devant la MC8-R et à vingt secondes pleines du proto Joest et de la 911 GT1 ! Plus que ça, une Porsche 911 GT2 (du Roock Racing) se place devant la voiture japonaise !


En course, pas de miracles, la Supra reste dans le ventre mou du peloton et n’évite pas les quelques ennuis mécaniques (de turbo, d’échappement, de freins…) durant la nuit. Peu avant 9 heures du matin, Mitsusada sort de la piste au virage Porsche et plie la voiture : game-over après 205 tours. Consolation pour SARD : la MC8-R voit l’arrivée, même si elle est très loin derrière.


Seule au monde durant toute l'épreuve, ou presque...(©Motorsport Images)

Ceci marque la fin du programme de la Supra GT LM. Déjà dépassée à ses débuts, elle était rapidement condamnée face à la nouvelle génération des GT1 emmenée par Porsche. Toyota va d’ailleurs préparer un autre programme : toujours en GT1 mais avec quelque chose de bien plus ambitieux et en confiant ce projet à la branche européenne du département compétition (Toyota Team Europe), ce qui veut dire que SARD ou TOM’S ne sont plus de la partie, du moins pour la classique mancelle.


Seconde et ultime apparition au Mans pour la Supra, en 96 (©Jerry Lewis Evans)

Si la Supra n’a pu briller au Mans, elle se forgera un palmarès très enviable en JGTC/Super-GT, avec l’aide de TOM’S, SARD etc…Depuis 2020, le nom de Supra revient dans ce championnat (bien évidemment avec la dernière génération) et reste toujours en lutte pour la gagne face à Honda et Nissan.


Fiche auto


(données de 1996)



Moteur : bloc 3S-GT de 2,1L, 4 cylindres en ligne

Aspiration : turbocompréssé, de chez Garrett

Implantation : à l’avant

Puissance : 650 chevaux



Voiture : basée sur la Supra de série et courant dans le championnat nippon de GT (JGTC)

Freins : en carbone, de chez Brembo

Suspensions : issues de la TS010

Boite de vitesses : séquentielle 6 vitesses provenant de chez X-Trac

Poids : 1150 kg

Pneumatiques : Dunlop



Troisième et dernière participation de Jeff Krosnoff au Mans, en 1995. L'année suivante, il perdra la vie dans une course en CART, à Toronto (©Philippe Moriniere)

Liens/sources













Si elle n'a pu réussir au Mans, la Supra fera bien mieux dans le championnat nippon de GT (JGTC / Super-GT) en se battant férocement face à ses rivales en GT500 comme la Skyline GTR et la NSX.


K.N






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