La Jordan EJ13 n'était pas compétitive, celle qui courra en 2004 en F1 fera t-elle mieux?
Jordan aura beau décrocher une victoire dans des circonstances incroyables, la saison 2003 aura été catastrophique dans l’ensemble avec une neuvième place finale et 13 petits points marqués. Et 2004 ne s’annonce pas meilleure pour l’écurie basée à Silverstone qui voit sa réputation descendre en flèche, son budget de plus en plus réduit et ses infrastructures vieillissantes…
Du coté de l’effectif, ce n’est pas la joie non-plus. Le nombre se réduit une fois encore et certains cadres (comme l’ingénieur Gary Anderson) quittent le navire. Ce sera John McQuilliam qui aura la charge de finaliser la toute nouvelle monoplace pour la future saison, ou presque…
En réalité, celle-ci est proche de sa devancière, la EJ13, elle-même basée sur la EJ12 de 2002 qui n’était pas une foudre de guerre. Révélée en février 2004, la nouvelle EJ14 se distingue par le nez et l’aileron arrière redessinés ainsi qu’un nouveau capot-moteur afin de satisfaire à la nouvelle réglementation. Comparé aux autres voitures, la Jordan parait cubique et moins soignée.
Pour le moteur, faute d’avoir pu séduire d’autres constructeurs, il va falloir se contenter du V10 Ford-Cosworth payant (on parle de 18 millions de dollars à l’année), au grand désespoir d’Eddie qui n’a pas été impressionné par les performances et la fiabilité du bloc en 2003. Toutefois, il ‘agit d’une nouvelle version qui se logera sous le capot de l’EJ14. Plus moderne, plus fiable et plus compact, il sera certainement plus performant que celui de 2003. Coté pneumatiques, Bridgestone fournira les gommes.
Pour les pilotes, on fait place à deux nouveaux venus. Ancien pilote Sauber, l’allemand Nick Heidfeld est nommé premier pilote. Il sera épaulé par un autre pilote expérimenté en la personne de Jos Verstappen. Enfin, c’est ce qui avait été annoncé/espéré initialement, car le pilote néerlandais (qui avait bel et bien essayé l’EJ14) ne sera pas de la partie pour cette saison. Ce sera le jeune Giorgio Pantano, troisième de F3000 en 2003, qui épaulera Heidfeld.
Avec une voiture annoncée tardivement et peu d’essais réalisés, il va être difficile pour la désormais modeste équipe Jordan d’espérer quoi que ce soit cette saison bien que ce bon vieux Eddie promettait que les pilotes se battront dans le milieu du peloton et que la sixième place au championnat est l’objectif. La réalité est toute autre.
Dès Melbourne, les EJ14 se traineront et se qualifient généralement autour de la huitième ligne. Rendant au mieux trois secondes ou plus en qualifications, les monoplaces jaunes sont tout aussi à la ramasse en course et terminent à deux ou trois tours des Ferrari quand ça ne tombe pas en panne. Oui, car la fiabilité mécanique est tout aussi problématique qu’avec la EJ13 : hydraulique, transmission, boite…rien n’était robuste tout au long de la saison. Il faudra attendre Monaco pour voir les premiers points grâce à Heidfeld qui finira septième après une épreuve marquée par de multiples abandons.
D’autres points seront marqués au Canada, où grâce à la disqualification des Williams et de Toyota, Timo Glock (qui remplaçait Pantano pour ce weekend, souci de budget) et Heidfeld finissent respectivement septième et huitième. A ce moment et après huit manches, Jordan est septième du championnat, devant Toyota, Jaguar et Minardi.
Ce seront toutefois les derniers points récoltés durant la saison. Le reste des GP se suivent et se ressemblent pour l’écurie. L’EJ14 n’évoluera pratiquement pas de l’année et se contentera de terminer les épreuves devant les Minardi s’il n’y a pas de pépins mécaniques. Chose courante de GP en GP, les pilotes se plaignent d’une EJ14 imprévisible à piloter et manquant totalement de grip sur n’importe quel circuit. On peut penser que les gommes Bridgestone (qui se focalisent surtout sur le travail avec Ferrari) ne contribuent pas non-plus. Notons enfin que l’écart avec le milieu du peloton s’agrandit progressivement au fur et à mesure que la saison avançait : l’écart pouvait atteindre une seconde pleine sur un tour !
Du coté des pilotes, Heidfeld est celui qui s’en sort le mieux bien évidemment. Ne déméritant pas malgré une voiture pas du tout à la hauteur, ses trois points marqués, sa 13e place en qualifications au Nurburgring sont les (rares) bons moments de l’année, lui qui pensait pouvoir remplacer Ralf Schumacher blessé (chez Williams) dès cet été avant qu’Eddie Jordan met son véto. L’allemand aura parfois fait illusion au départ avant de rentrer dans le rang où de renoncer sur la piste (sept abandons). Et encore, on ne compte pas le nombre de fois où il a franchi la ligne d’arrivée avec une monoplace malade : soucis de freins à Bahrein, électriques à Spa qui le relèguent à quatre tours de retard…Ca fait déjà pas mal pour quelqu’un qui a cru au paroles d’Eddie…
Quant à Pantano, les débuts sont bien évidemment difficiles avec un matériel pas au niveau et un premier pilote performant. Pas non plus épargné par les casses (huit au total en course) et parfois impliqué dans les accrochages, l’italien cédera définitivement son volant à Glock pour les trois dernières manches de la saison, faute de budget.
Durant la seconde partie de la saison, les Jordan ne feront pas mieux qu’une onzième place, obtenue par Heidfeld à Spa justement. La saison se conclut par cinq petits points marqués et une neuvième place finale (comme en 2003), derrière tout le monde…sauf Minardi.
La fin semble proche pour l’écurie d’Eddie Jordan car outre les moyens qui manquent cruellement, Ford se retire officiellement de la F1 (avec le retrait de Jaguar et la fin du partenariat avec l’écurie irlandaise). On parle de Renault ou de Toyota, mais rien ne se concrétise pour le moment. Certaines rumeurs évoquent l’arrivée d’investisseurs venus des Emirats Arabes-Unis pour racheter l’équipe. Mais là encore, ce ne sont juste que des bruits. Bref, il y’a beaucoup d’interrogations pour 2005…bien qu’un homme d’affaires russe va s’intéresser de très près à l’entité Jordan GP.
Liens / sources
STATS F1, Zone F1, F1i Magazine, Autosport
Comments